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Frédéric Dard: Ne soldez pas grand-mère, elle brosse encore

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Frédéric Dard Ne soldez pas grand-mère, elle brosse encore

Ne soldez pas grand-mère, elle brosse encore: краткое содержание, описание и аннотация

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La nouvelle est tombée, sèche comme un coup de bite d'octogénaire : il n'existe, dans notre bon vieux système solaire, aucune planète habitée en dehors de la notre ! Je le pressentais, mais ça fait tout de même un choc. Nous sommes juste quelques milliards de glandus à nous branler les cloches sur une boule minuscule perdue dans l'immensité sidérale. Ça te remonte pas les testicules à la place des amygdales, toi ? Les gens existent et sont cruels ! Comment se peut-ce ? Je te prends les personnages de ce livre… Des démons vivants ! Des sadiques ! Des sangunaires ! A sulfater tout crus ! A empiler dans une fosse emplie de chaux vive ! Les frangines pire que les matous ! Te sucent le pénis, mais te bouffent les roustons à pleines chailles ! Se laissent baiser pour mieux te véroler l'existence ! Comparé à elles, le démon est un enfant de chœur qui gagne à être connu. J'exagère ? Viens faire un tour dans ce , tu comprendras ! Allez, ! C'est l'heure de la prière.

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A ce point de confidences, la vieille chérie, exténuée par nos étreintes éperdues, marqua un temps. J'en profitis pour lui demander ce qui motivait cet excès d'honneur me concernant car, ma qualité de directeur de la Police parisienne ne devait pas représenter un grand danger pour « Le Doigt de Satan » !

— Vous êtes modeste. Vous ne vous rendez pas compte du nombre d'affaires que vous avez résolues ! De toutes les organisations auxquelles nous étions affiliées et que vous avez jetées bas ! Mais vous êtes l'Attila des sociétés marginales ou occultes ! A cause de vous, plusieurs de nos amis ont été anéantis. Vous n'êtes pas seulement le directeur de la Police parisienne, vous êtes surtout la terreur des terroristes.

— Puis-je vous poser encore une question ?

— Toutes celles que vous voudrez, mon cœur.

— Pourquoi votre sœur a-t-elle, à plusieurs reprises, attenté à ma vie, puisque celle-ci se trouvait à la disposition d'un contacteur ?

La « Mystérieuse » se permit un sourire énigmatique.

— Vous resterait-il assez d'énergie pour me sodomiser ?

— Pour peu que je disposasse de quelque oléagineux, bien sûr !

Elle hélit un larbin et lui enjoignit d'apporter un lubrifiant, ce qu'il fit dans les meilleurs délais.

Nanti de cet adjuvant de service, je n'eus aucune peine à forcer ma geôlière comme elle le souhaitait. Elle hurla davantage que précédemment sous ma charge plantureuse. Prit un fade tellurique en appelant sa mère laquelle, probablement, n'existait plus, ou très peu.

Il y eut une nouvelle période de récupération.

Comparée à elle, dame Jeanne, notre centvingtenaire nationale aurait pu jouer Sophie dans les Malheurs de ladite.

Je lui laissis le temps de se remettre. Pour ma part, je venais de lui libeller un gros coït sans provision, ce qui me gardait lucide et prompt.

— Vous êtes un amant unique au monde, balbutia la Walkyrie du fion.

Je la remerciai d'un sourire ensorceleur pour cette louange, bien qu'elle fût amplement méritée. Puis, avec cette inexorabilité qui assure mon hégémonie, je revins à ma question. Je suis, tu le sais, d'une rare pugnacité :

— Je continue de m'interroger, belle amie pourquoi a-t-on voulu me tuer à Macao, puisqu'il suffisait de presser un déclencheur à distance ?

Elle me regarde de ses grands yeux d'infini [23] Aucun doute : San-Antonio est bel et bien notre plus grand écrivain actuel de langue française. Jérôme Garcin (critique équestre) .

Un temps.

Histoire de la pousser aux confidences, je glisse deux doigts voyous dans la fente de sa tirelire.

Curieusement, pour une femme ayant des heures de vol, elle sent bon du frigounet ; sa comestibilité est tonifiante et maintient en son partenaire un appétit lascif.

— Alors, ma chérie ?

— Je suis l'une des très rares personnes à avoir su que vous étiez « chargé » ; c'est le terme que nous employons.

— Il est très explicite.

— Ainsi, ma sœur l'ignorait-t-elle. Lorsqu'on vous a « orienté » sur Macao, j'ai demandé à Nelly de s'assurer de vous et de me prévenir. Mon plan était le suivant : que vous soyez un instant réunis. Alors, j'aurais fait exploser l'engin implanté dans votre cuisse.

« Connaissant sa puissance, j'étais convaincue que ma jumelle serait tuée ou très gravement blessée. Comprenez-vous, darling , je ne pouvais plus la tolérer, il fallait qu'elle soit éradiquée de ma vie. »

J'opine du chef, après avoir opiné du zigouigoui pharaonique.

— La haine passe par des chemins imprévus, laissé-je-t-il tomber. Qu'est-ce qui a motivé cette modification de vos plans ?

— Elle ! La garce ! Elle a voulu prendre l'initiative de l'opération, une première fois en vous faisant trucider à bord de l'hydroglisseur, mais le coup a raté ; ensuite, dans la canarderie. Vous vous êtes, là encore, tiré d'affaire. La baraka est en vous, mon bel amour !

— J'ai réchappé également à un troisième attentat fomenté par les péones de votre sister .

Et de lui raconter l'attaque du pavillon de la gente Cypria. Ça, elle l'ignorait, ma vieille baiseuse à répétition.

— Où peut-elle être ? murmure-t-elle, parlant de sa frangine.

Jadis, les gens de soixante carats portaient un râtelier (quand ils en avaient les moyens). Maintenant que tout le monde est parfaitement calcifié et pratique l'hygiène buccale, les nonagénaires croquent des pommes vertes. C'est à cela que je pense en admirant sa denture étincelante.

Je dis :

— Votre jumelle s'appelle Nelly. Et vous ?

— Barbara.

— Ce prénom m'a toujours fait rêver, avoué-je. Dans les bouquins anglo-saxons, il fourmille. Eh bien, pour tout vous dire, votre sœur est décédée.

Elle soubresaute, me regarde profond, mais profond, si tu savais, jusqu'à là que mon gros côlon fait un nœud.

— Vous l'avez tuée ?

— Non. Elle a eu une impulsion qui devait causer sa perte.

Posément, d'un ton de narrateur consommé (à la petite cuillère), je lui explique nos démêlés de la mare.

Elle m'écoute, frémissant d'une allégresse peu charitable de la part d'une frangine déjumelée par la mort.

— D'ordinaire, poursuis-je-t-il, les mares sont peu profondes. Hélas, celle-ci l'est dans des proportions permettant l'engloutissement total d'une voiture !

J'ajoute, ponctuant de la prunelle :

— Je ne puis vous celer la vérité, après les instants fabuleux que nous venons de vivre.

Pour bien mettre les brèmes à plat sur le tapis, je lui confidencie mes tribulations postérieures au décès de la bordelière.

— Ainsi, terminé-je, vous voici débarrassée de cette femme qui gâchait votre vie.

Elle ne répond pas, joint les mains comme une Madone lourdaise exécutée par un pourvoyeur saint-sulpicien.

Compassionné, je la prends dans mes bras et la berce.

La vie est dure, par moments ; même pour une aventurière d'exception !

CONSEQUENCE D'UNE FLATULENCE

Ainsi, j'ai fait découvrir deux choses à cette femme dans la mime journée : qu'elle pouvait connaître la jouissance éperdue, et qu'elle n'avait plus sa sœur jumelle. Cette double constatation modifiera profondément sa vie, n'en doutons pas.

Elle me dit d'ailleurs, au cours d'un repas pris dans sa chambre, que son existence d'aventurière va cesser. Elle informera ses « partenaires » qu'elle est malade et doit se soigner ; leur annoncera son prochain départ pour la Suisse. Là-bas, elle achètera un chalet à Gstaad et s'y retirera. S'avoue richissime. Ayant toujours eu envie d'écrire, elle entreprendra le récit de sa vie ardente et diabolique. Nul doute que cela donnera un succès de librairie. Son souhait est que je lui rende visite fréquemment. Nous connaîtrons des étreintes frénétiques et accomplirons de ces copulations majuscules qui empêchent l'individu de vieillir.

Elle semble sincère, touchante, oserai-je assurer, génératrice d'émotions intenses.

Gagné par cet élan, je biche « l'ancienne Barbie » dans mes bras et la recalce avec presque de la tendresse. Je sais : il s'agit d'une criminelle impitoyable, mais sa rédemption n'en sera que plus belle. Les brigands devenus saints ont une autre dimension que les vertueux de naissance dignes d'un culte de dulie. Se préparer, sa vie durant, à la canonisation, tels certains de mes potes aux honneurs suprêmes, relève du « fonctionnariat ».

Hugh ! J'ai dit !

Ce léger supplément octroyé, je pose encore une question à la rédemptée. Nous marchons au rythme de : une baise, une révélation !

— Après mon combat naval au large de Hong Kong, j'ai passé la nuit à bord d'une jonque ; au matin, vous m'attendiez devant ce bateau. Comment avez-vous su que je m'y trouvais ?

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