Daniel Pennac - Journal d'un corps

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13 ans, 1 mois, 8 jours
Mercredi 18 novembre 1936
Je veux écrire le journal de mon corps parce que tout le monde parle d'autre chose.
50 ans et 3 mois
Jeudi 10 janvier 1974
Si je devais rendre ce journal public, je le destinerais d'abord aux femmes. En retour, j'aimerais lire le journal qu'une femme aurait tenu de son corps. Histoire de lever un coin du mystère. En quoi consiste le mystère ? En ceci par exemple qu'un homme ignore tout de ce que ressent une femme quant au volume et au poids de ses seins, et que les femmes ne savent rien de ce que ressentent les hommes quant à l'encombrement de leur sexe.
86 ans, 9 mois, 16 jours
Lundi 26 juillet 2010
Nous sommes jusqu'au bout l'enfant de notre corps. Un enfant déconcerté.

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86 ans, 9 mois, 12 jours

Jeudi 22 juillet 2010

La transfusion sanguine colle bien à l’image de Dracula. Me voilà sur un lit d’hôpital, rempli goutte à goutte par le sang d’un autre. J’aurais préféré m’envoler dans la nuit, ivre d’avoir saigné à blanc trois infirmières de service, mais le vampirisme a perdu de son charme avec sa légalisation. Et puis, je n’ai plus les dents. Goutte-à-goutte, donc. Pour me faire patienter, Marguerite me propose de me planter son iPod dans les oreilles. Elle l’a préalablement gavé de Shakespeare et de Mahler. Non, non, ma petite chérie, pas de diversion, on ne m’a jamais fait de transfusion sanguine, vois-tu, je veux entendre tomber ces gouttes et guetter chaque mieux. On a une surprise pour toi, annonce Fanny, c’est maman qui va passer te prendre ! Ne dis pas que nous te l’avons dit, hein ! les surprises font surtout plaisir à ceux qui les font ! Maman ? Ah ! Lison ! Lison est rentrée de sa tournée ? Avant l’heure ? Dois-je m’attendre à la visite de Bruno, aussi ? Ça sent la fin de partie.

La transfusion se révèle lente, endormeuse. Ma résurrection ne sera pas immédiate. Elle a tout de même demandé trois jours au meilleur d’entre nous. Bêtises qui flottent en mon demi-sommeil, le cerveau jouant mollement avec lui-même. Revient ce nom de « blaste ». Je croyais qu’il désignait des ondes de choc. Mais non, blastos , des cellules meurtrières, des blastes… Une invasion de cafards sur les rayonnages de ma bibliothèque… Ils graissent leurs ailes au sang des livres et laissent poindre leurs antennes… Tu les vois, les blastes ?

86 ans, 9 mois, 15 jours

Dimanche 25 juillet 2010

Incidemment me revient la phrase de ce musicien — éphémère compagnon de Lison — qui se droguait à mort et à qui Mona avait demandé de décrire « avec précision » les effets d’un shoot à l’héroïne. Il avait réfléchi un long moment avant de répondre d’une voix douce (je n’ai jamais connu de garçon aussi radicalement dépourvu d’agressivité) : Un vrai shoot ? Ah ! On comprend tout ! C’est comme si on était bercé dans les bras du bon Dieu. Eh bien, c’est l’effet, sur moi, de cette transfusion sanguine. Un nouveau-né dans les bras du bon Dieu ! Comment décrire autrement ce retour en force de la vie dans un corps exsangue ? Une résurrection, bel et bien. Avec je ne sais quoi d’innocent, de tout neuf. Je ne m’y attendais pas plus qu’on ne s’attend à naître. Un mieux, ça ne veut rien dire un mieux, ils vous disent la transfusion vous apportera un mieux, mais je ne me sens pas mieux , je me sens vivre ! Vivant, lucide, confiant et sage. Dans les bras du bon Dieu. Avec une certaine envie d’en descendre, tout de même, pour grimper l’escalier et retrouver notre chambre. Ce que j’ai fait dès hier soir. Notre chambre, mon bureau, mes cahiers, noircir les pages qui précèdent, écrire mes commentaires à Lison. Parce que, bien entendu, ces jours derniers je n’avais pas la force de mettre un mot devant l’autre. Juste pris quelques notes. Résurrection ! Entendons-nous bien, je ne renais pas à mes vingt ans. Ils sont morts, et après eux les six décennies qui ont suivi. Non, je renais à moi-même aujourd’hui, en mon âge, et pourtant neuf. La guérison sans l’antichambre de la convalescence, sans le réapprentissage de la vie. Dopé, en somme. Un shoot !

86 ans, 9 mois, 16 jours

Lundi 26 juillet 2010

Nous sommes jusqu’au bout l’enfant de notre corps. Un enfant déconcerté.

86 ans, 9 mois, 19 jours

Jeudi 29 juillet 2010

Ce matin un rire est remonté de mon enfance pendant que je me rasais en considérant, dans le miroir, cette oreille perpendiculaire que je n’ai jamais fait recoller — et dont je parle ici pour la première fois ! Je m’en étais plaint à papa. Il m’avait demandé ce que je lui reprochais, à cette oreille. De n’être pas comme l’autre ! Et que lui trouves-tu d’extraordinaire à l’autre ? C’est cette réponse qui m’avait fait rire. Puis, papa s’était mis à disserter sur la symétrie : La nature a horreur de la symétrie, mon garçon, elle ne commet jamais cette faute de goût. Tu serais surpris par l’ inexpression d’un visage symétrique si tu en rencontrais un ! Violette, qui écoutait notre conversation en arrangeant un bouquet sur la cheminée, était intervenue : Tu veux ressembler à une cheminée ? Cette fois, c’est papa qui avait ri. Le rire sifflant de ses dernières semaines… Il lui restait à vivre le temps que j’ai devant moi aujourd’hui.

86 ans, 9 mois, 21 jours

Samedi 31 juillet 2010

Au restaurant où nous fêtons ma résurrection, je félicite Frédéric sur le choix du donneur : un tout premier cru, ce sang ! Il échange un coup d’œil avec Lison. Mona et moi entendons la pensée tacite qui circule entre ces deux intelligences aimantes : laissons-le jouir de cette exaltation, les effets de la transfusion se dissiperont bien assez vite.

86 ans, 9 mois, 22 jours

Dimanche 1 eraoût 2010

Fanny jaillissant nue de la douche. Oh ! Pardon, s’exclame-t-elle. Mon émerveillement passé, je repense à la terreur qui s’était emparée de moi un soir de mes dix ans lorsque, rentrant dans la salle de bains pour me laver les dents, j’y avais surpris maman toute nue, sortant de la baignoire. La surprise, la frayeur peut-être, l’avait fait se tourner vers moi. Nue elle me faisait face, silhouette floue dans un nuage de vapeur. Je revois encore son corps mince aux seins lourds (qui maintenant me semble le corps d’une très jeune femme), sa peau rendue toute rose par la chaleur du bain, sa bouche ouverte, stupéfaite, ses yeux écarquillés, puis le miroir du lavabo derrière elle, terni par la buée. J’ai poussé un cri et vite refermé la porte. Je suis allé me coucher sans me brosser les dents, en proie à une terreur véritablement sacrée. Pourtant, j’ignorais tout, à l’époque, de Diane surprise au bain et d’Actéon par ses chiens dévoré. Ce soir-là maman ne s’est pas contentée de vérifier de loin si j’étais bien couché, elle est venue m’embrasser sur le front, puis elle a répété deux fois : « Mon petit bonhomme » en me passant la main dans les cheveux.

86 ans, 9 mois, 23 jours

Lundi 2 août 2010

Tout de même, tout de même, songer que le squelette est le symbole de la mort quand nos os sont le principe de la vie ! Car le cerveau qui cogite, le cœur qui pompe, les poumons qui ventilent, l’estomac qui dissout, le foie et les reins qui filtrent, les testicules qui prévoient font figure d’accessoires à côté de nos os. La vie, elle, le sang, les globules, le vivant , sourd de la moelle de nos os !

86 ans, 9 mois, 29 jours

Dimanche 8 août 2010

Grosse affaire. Le jeune Fabien, sept ou huit ans, grand copain de Louis et Stefano, a pété à la messe. Pendant le silence de l’élévation qui plus est ! Les enfants en sont tout chamboulés. Je les ai surpris en plein débat, requis par la préoccupation numéro un de l’enfance : trouver une corrélation entre les causes produites par leur petit monde et leurs conséquences sur la galaxie adulte. Évidemment Fabien « n’aurait pas dû » ; cette émanation du corps là où souffle l’Esprit saint, « ça ne se fait pas ». Mais Fabien « ne l’a pas fait exprès », son père a eu tort de « le gronder devant tout le monde » et la punition qu’il lui a infligée est « dégueulasse ». Le pauvre Fabien est consigné chez lui tout ce dimanche après-midi, alors qu’il était invité à l’anniversaire de Louis. (Au demeurant, le père de Fabien est un jeune crétin qui pratique avec un enthousiasme glacial une religion aussi irraisonnée que l’est mon athéisme. Son enfant est translucide comme une scolopendre élevée en sacristie. C’est un miracle s’il pète.)

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