Daniel Pennac - Journal d'un corps

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13 ans, 1 mois, 8 jours
Mercredi 18 novembre 1936
Je veux écrire le journal de mon corps parce que tout le monde parle d'autre chose.
50 ans et 3 mois
Jeudi 10 janvier 1974
Si je devais rendre ce journal public, je le destinerais d'abord aux femmes. En retour, j'aimerais lire le journal qu'une femme aurait tenu de son corps. Histoire de lever un coin du mystère. En quoi consiste le mystère ? En ceci par exemple qu'un homme ignore tout de ce que ressent une femme quant au volume et au poids de ses seins, et que les femmes ne savent rien de ce que ressentent les hommes quant à l'encombrement de leur sexe.
86 ans, 9 mois, 16 jours
Lundi 26 juillet 2010
Nous sommes jusqu'au bout l'enfant de notre corps. Un enfant déconcerté.

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86 ans, 8 mois, 26 jours

Mardi 6 juillet 2010

Attente du myélogramme. C’est pour après-demain. Demandé à Frédéric la description précise de cet examen. On enfonce un trocart dans le sternum du patient et on pompe sa moelle osseuse à des fins d’analyse. Me voilà donc envisagé comme un os à moelle. J’ai demandé à voir le trocart. C’est une aiguille creuse, d’un acier ferme, longue de quelques centimètres, avec une garde pour l’empêcher de s’enfoncer trop profondément. Ça ressemble à un de ces stylets avec lesquels les courtisans de la Renaissance se zigouillaient en douce. L’opération en elle-même évoque les innombrables morts de Dracula. On se propose de m’enfoncer un pieu dans la poitrine, ni plus ni moins. Le « trocart de Mallarmé », c’est le nom exact du pieu. Quel rapport avec le poète ? Tout ce que je crois savoir de Mallarmé en matière de médecine c’est qu’il serait mort en mimant devant son toubib les symptômes du trouble qui l’avait poussé à le consulter. Mort burlesque. Comme si le vrai meurtre avait eu lieu pendant sa reconstitution.

Bien entendu, la réflexion de Frédéric sur mon indifférence aux choses du corps m’a fait sourire. Il serait amusant de lui refiler ce journal ! Encore qu’il n’ait pas tout à fait tort. Je n’ai jamais envisagé mon corps comme objet de curiosité scientifique. Je n’ai pas cherché à le décrypter dans les livres. Je ne l’ai pas flanqué sous surveillance médicale. Je lui ai laissé la liberté de me surprendre. Ce journal m’a juste mis en état d’accueillir ces surprises. De ce point de vue, oui, j’ai opté pour l’ignorance médicale. Quelle tête, d’ailleurs, feraient les médecins s’ils nous voyaient débarquer dans leur cabinet, savants de leur savoir et maîtres de leurs diagnostics ? Ils ont voulu couper Condorcet en deux pour empêcher cela, Frédéric devrait s’en souvenir !

86 ans, 8 mois, 28 jours

Jeudi 8 juillet 2010

Myélogramme, donc. Anesthésie locale. Après s’être plus ou moins assuré que ma carcasse tiendra le choc, on me plante ce trocart de Mallarmé dans la poitrine. Un coup de boutoir. Gare à la fracture du sternum ! Ma cage thoracique ploie mais ne rompt pas. Bien. Le médecin opérant — lui aussi ancien élève de Frédéric — m’explique obligeamment que la garde du trocart permet de ne pas traverser l’os. Je ne serai donc pas cloué à la table d’opération, tant mieux. (Les papillons d’Étienne… Sa précieuse collection de papillons… Je fronçais toujours les sourcils quand l’aiguille les transperçait. Mais ils sont morts ! disait Étienne. Je me rétractais quand même. Atavique terreur du pal et de la croix.) En avant pour l’aspiration du suc médullaire, à présent. J’y vais, dit le toubib. Remontée du piston. Un peu désagréable, m’a prévenu Frédéric, mais à quatre-vingt-six ans, a-t-il ajouté avec un enjouement suspect, on voit moins bien, on entend moins bien, on pisse moins loin, on a moins de tonicité musculaire, on est tout ralenti, ergo on souffre moins ; ce sont les jeunots qui morflent dans cet examen. Erreur, cette douleur a gardé toute sa jeunesse : atroce. Une douleur d’arrachement. La moelle hurle de toutes ses fibres. Elle ne veut pas quitter son os. Ça va ? demande mon bourreau. Oui, dis-je, une larme coulant sur ma joue. Alors j’y retourne.

86 ans, 8 mois, 29 jours

Vendredi 9 juillet 2010

Ce matin sensation de poitrine défoncée. Respiration courte. Plus mort que vif. Notre âme est dans nos os. On m’a arraché à moi-même et la douleur persiste. Resté au lit, j’écris sur un plateau. Je songe à cet euphémisme, « désagrément », dans la bouche des médecins quand ils nous parlent de la douleur. Pas de la douleur irrémédiable qui jaillit de notre corps, toujours surprenante, toujours incalculable, toujours nôtre, mais de la douleur prévisible, ordinaire, cette douleur opératoire qu’ils infligent eux-mêmes à leurs patients. Méchage, sondage, retrait des sondes, trocart de Mallarmé… Douloureux ? demande le malade. Un peu « désagréable », répond le médecin… Ils ont pourtant le loisir d’essayer sans danger ces désagréments sur eux-mêmes (ce serait la moindre des choses), mais ils ne le font jamais, car leurs maîtres ne l’ont jamais fait, ni les maîtres de leurs maîtres, personne n’a jamais inscrit le médecin à l’école de la douleur qu’il inflige. Et c’est être douillet que d’oser seulement évoquer le sujet.

86 ans, 9 mois, 6 jours

Vendredi 16 juillet 2010

Comme il fallait s’y attendre, les résultats ne sont pas fameux. L’hémoglobine a encore chuté et il s’avère que ma moelle est riche en blastes, des cellules inaptes à la production de globules, les rouges comme les blancs. Des « blastes », donc. (Tout porte un nom.) Ma moelle est riche en blastes. Invasion pétrifiante. L’usine s’arrête. Fin de production. Plus de globules. Plus de carburant. Plus d’oxygène. Plus d’énergie. Je vis désormais sur mon capital sanguin. Lequel fond à vue d’œil. Et mes forces avec lui. Ce soir j’ai calé à la mi-pente de l’escalier. Mona a décidé de faire notre lit en bas, dans la bibliothèque. C’est provisoire, dit-elle à la cantonade. Et nous échangeons un sourire définitif.

*
NOTE À LISON

Ta mère sortant de la bibliothèque : l’ondoiement de son corps entre le battant de la porte et le pan de la bibliothèque. Je peux bien l’avouer aujourd’hui, si je n’ai jamais voulu déplacer ce meuble, c’est pour jouir de ce mouvement félin. (Un félin de quatre-ving-six ans, tu te rends compte, ma fille, dans quel état d’hypnose Mona m’aura flanqué !) Je m’avise tout à coup qu’un journal intime aurait donné une tout autre image de notre couple. Nos agacements conjugaux, les supputations où me plongeaient ses silences, cette distance mystérieuse qu’elle cultivait entre elle et toi, son opacité en somme, auraient probablement dominé. Tu aurais eu droit à de lourdes tartines sur les affres de la « communication ». Ici, non. Le point de vue du corps est tout autre. J’ai aimé le sien jusqu’à la célébration. Si les décennies ont tout de même eu raison de notre sexualité, ce qui est resté de Mona en Mona n’a cessé de me ravir. Dès son apparition dans ma vie j’ai cultivé l’art de la regarder. Pas seulement de la voir, mais de la regarder. Provoquer son sourire pour son éblouissante soudaineté, la suivre dans la rue à son insu pour l’imperceptible lévitation de sa démarche, la regarder rêver quand elle s’abîmait dans certaines tâches répétitives, contempler sa main posée sur un accoudoir, la courbe de sa nuque ployée sur une lecture, la blancheur de sa peau que rosissait à peine la chaleur du bain, la griffure des premières rides au coin de ses paupières, ses rides verticales elles-mêmes, l’âge venu, comme la saisie en quelques traits du souvenir d’un chef-d’œuvre. Bref, quand j’aurai cassé ma pipe, vous pourrez élargir le passage entre la porte et la bibliothèque.

*

86 ans, 9 mois, 8 jours

Dimanche 18 juillet 2010

Pauvre Frédéric, il est venu ce matin (jour de sa fête !) faire à mon chevet la part insupportable de son métier : avouer le pronostic. De quelque façon qu’on s’y prenne, passé un certain âge, c’est décréter une sentence de mort. Je lui ai facilité la tâche : Alors, Frédéric, nous en avons pour combien de temps ? C’était un nous associatif, il est mon médecin, tout de même. Un an avec chimiothérapie, six mois sans. Plus ou moins. Nous avons envisagé la chimiothérapie sous l’angle des avantages et des inconvénients. Après tout, c’est un produit de consommation comme un autre. Six mois de survie, ce qui est appréciable, mais une aplasie épuisante, la perte de mes derniers cheveux (soit), d’éventuels vomissements et la garantie plus ou moins assurée que mon vieux sang aura la force de se régénérer sans blastes. Les vomissements, que Frédéric considère comme quantité négligeable, ont réglé la question. J’ai horreur de vomir. Ce retournement de soi comme une peau de lapin m’a toujours rempli de honte et de fureur. Je ne prendrai donc pas ce risque. Mona ne mérite pas que je la quitte de mauvais poil. Pas de chimio, donc. Mais il existe une autre solution : la transfusion sanguine. Elle me donnera un coup de fouet. Son bénéfice durera jusqu’à la suivante, tant qu’il y aura une suite possible. Quant à la fin, la vraie, que je choisisse la chimio ou la transfusion — c’est tout choisi —, le hasard décidera entre une hémorragie due à la chute des plaquettes, une infection quelconque, pneumonie par exemple, due à la faillite des globules blancs ( pneumonia is the old man’s friend disent les Anglais) ou la lente agonie cachectique avec son cortège d’escarres, sur un lit médicalisé qui me privera de la compagnie de Mona. Je préférerais la banalité d’un arrêt nocturne de mon cœur. Mourir dans mon sommeil, la fin rêvée pour un type qui, toute sa vie, a cultivé l’art de l’endormissement.

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