Daniel Pennac - Journal d'un corps

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Journal d'un corps: краткое содержание, описание и аннотация

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13 ans, 1 mois, 8 jours
Mercredi 18 novembre 1936
Je veux écrire le journal de mon corps parce que tout le monde parle d'autre chose.
50 ans et 3 mois
Jeudi 10 janvier 1974
Si je devais rendre ce journal public, je le destinerais d'abord aux femmes. En retour, j'aimerais lire le journal qu'une femme aurait tenu de son corps. Histoire de lever un coin du mystère. En quoi consiste le mystère ? En ceci par exemple qu'un homme ignore tout de ce que ressent une femme quant au volume et au poids de ses seins, et que les femmes ne savent rien de ce que ressentent les hommes quant à l'encombrement de leur sexe.
86 ans, 9 mois, 16 jours
Lundi 26 juillet 2010
Nous sommes jusqu'au bout l'enfant de notre corps. Un enfant déconcerté.

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J’étais absorbé par ce qui se jouait sur l’écran quand autre chose a capté mon attention, qui n’avait rien à voir avec le film mais regardait la machine elle-même, le projecteur. Mona et moi étions assis à côté de lui. C’est une boîte noire dans laquelle on insère le DVD par une fente et qui s’occupe de tout le reste : la projection, le son, la mise au point, le refroidissement du moteur, etc. Installée au milieu du salon la machine projetait l’image sur le drap, quatre mètres devant nous, une grande image noir et blanc, vieillie par l’âge du film mais suffisamment nette pour que je ne pense pas à ma cataracte. J’écoutais le vieil Isak et sa belle-fille Marianne, attentif à leur morne dispute — conflit de tempéraments et de générations —, quand tout à coup je me suis demandé d’où venait le son de ces voix. Elles semblaient provenir de l’écran, où l’on voyait parler les personnages. Or c’était tout à fait impossible puisque ces sons étaient émis par le vidéoprojecteur posé à côté de moi sur la table basse du salon. J’ai regardé l’appareil : aucun doute, les voix sortaient de ce cube de plastique noir, à cinquante centimètres de mon oreille gauche. Pourtant, dès que mes yeux se sont reportés sur le vieux drap, toutes les paroles ont retrouvé les bouches qui semblaient les émettre ! Sidéré par la puissance de cette illusion opticosonore, j’ai essayé de regarder l’écran en n’écoutant que le projecteur. Rien à faire, les voix continuaient à provenir des acteurs suédois, là-bas, sur le drap tendu à quatre mètres devant moi. Cette constatation m’a plongé dans une sorte d’extase primitive, comme si j’assistais au miracle de l’ubiquité. J’ai alors fermé les yeux, les voix ont regagné le ventre du projecteur. Je les ai rouverts, elles sont retournées sur l’écran.

Dans notre lit, j’ai longtemps songé à cette dissociation entre la source sonore réelle et les personnages qui nous parlaient depuis le vieux drap. Je commençais à y entrevoir une métaphore éclairante quand je me suis endormi. Ce matin au réveil, il ne m’en reste que l’impression… Tout se passe comme si le dit de mon corps s’entendait loin devant moi alors que j’en tiens la chronique silencieuse ici, assis à cette table où j’écris.

78 ans, 4 mois, 3 jours

Mercredi 13 février 2002

« Pourquoi un homme qui bâille en fait-il bâiller un autre ? » La question est posée, au XVI esiècle, par Robert Burton, à la page 431 de son Anatomie de la mélancolie , enfin traduite en français chez Corti. Sans proposer de réponse satisfaisante (Burton attribue cette contagiosité du bâillement aux esprits ), sa question me ramène quarante ans en arrière, à ces expériences de physiologie amusante que je faisais par ennui lors de réunions de travail particulièrement insipides : je n’avais qu’à simuler un bâillement pour voir la table entière se mettre à bâiller. Je croyais avoir fait une découverte, il n’en était rien. Notre existence physique s’écoule à défricher une forêt vierge qui l’a été mille et mille fois avant nous. Avec Montaigne ou Burton un livre, mais combien de découvertes non révélées, d’étonnements non communiqués, de surprises tues ? Tous ces hommes si seuls en leur silence !

78 ans, 6 mois, 14 jours

Mercredi 24 avril 2002

Autant me l’avouer tout de suite, après certains repas trop copieux le pet toussé a tendance à se muer en une véritable respiration anale. Aspiration des gaz pendant quatre ou cinq pas, expulsion pendant les quatre ou cinq suivants, avec une régularité pulmonaire. Ce collier de perles n’est pas toujours aussi silencieux que le souhaiteraient mon statut social, ma distinction naturelle et ma dignité d’ancêtre. Une toux brève ne suffisant plus à le couvrir, me voilà contraint, si je suis accompagné, à lâcher de longues phrases dont l’enthousiasme a pour mission de dissimuler ce morne contrepoint.

78 ans, 11 mois, 29 jours

Mercredi 9 octobre 2002

Grégoire, qui s’était invité à mon anniversaire, me téléphone qu’une varicelle, attrapée à l’hôpital, le cloue au lit. La varicelle, à vingt-cinq ans, tu te rends compte, grand-père ? Toi qui répètes depuis toujours que je suis en avance pour mon âge ! Tu me verrais, je ressemble à une passoire ! Une passoire surdouée, d’accord, mais une passoire. Sa voix n’est pas atteinte, un peu voilée peut-être, et pour la première fois je me demande si mon affection pour ce garçon ne tient pas à la musicalité si rassurante de sa voix ! Avant la mue déjà, tout enfant, Grégoire avait la voix la plus apaisante qui soit. L’avons-nous d’ailleurs jamais vu en colère ?

79 ans

Jeudi 10 octobre 2002

Mon cœur, mon cœur fidèle. Moins costaud qu’avant, certes, mais ô combien fidèle ! La nuit dernière, je me suis livré à un exercice enfantin : calculer le nombre de fois où mon cœur a battu depuis ma naissance. Soit une moyenne de soixante-douze battements par minute que multiplient soixante minutes par heure, que multiplient vingt-quatre heures par jour, que multiplient trois cent soixante-cinq jours par an, que multiplient soixante-dix-neuf années. Plus fichu, évidemment, de calculer ça mentalement. Calculette, donc. Près de trois milliards de battements ! Sans tenir compte des années bissextiles ni des accélérations de l’émotion ! J’ai posé la main sur ma poitrine et j’ai senti mon cœur battre, paisible, régulier, les coups qui me restent. Bon anniversaire, mon cœur !

79 ans, 1 mois, 2 jours

Mardi 12 novembre 2002

Notre Grégoire est mort. Le surlendemain de son dernier appel il était dans le coma. Frédéric a d’abord pensé qu’il s’agissait d’une encéphalite varicelleuse, dont on peut éventuellement se remettre, mais non, c’était une saloperie bien pire, un syndrome de Reye. Il s’est greffé sur la varicelle et a provoqué une insuffisance hépatique foudroyante. D’après Frédéric, ce syndrome a probablement été déclenché par une prise d’aspirine, il en a trouvé dans la poche de Grégoire. Grégoire a dû vouloir lutter contre sa fièvre en prenant de l’aspirine dont il ignorait cet effet secondaire rarissime. Quand Frédéric l’a fait admettre en réanimation, il n’y avait déjà plus rien à faire. Mona et moi sommes venus le plus vite possible. D’abord, nous ne l’avons pas reconnu. Malgré la présence de Sylvie et de Frédéric un fol espoir m’a, une seconde, fait croire à une erreur. Ce corps de cire jaune, criblé de pustules du haut du front jusqu’à l’extrémité des doigts, ne pouvait être celui de mon petit-fils. J’ai pensé à un de ces films où l’égyptologue frappé de malédiction est momifié devant la sépulture qu’il vient de profaner. Mais non c’était bien Grégoire, sur ce lit d’hôpital, c’était mon Grégoire. En plissant les yeux, j’ai opéré une mise au point qui a gommé le réalisme atroce des pustules et j’ai retrouvé mon Grégoire, dont le corps a toujours exprimé je ne sais quelle grâce ludique, et même à présent, allongé dans ce brouillard jaune. Quand Grégoire joue au tennis, il joue d’abord à jouer, il mime les champions qu’on voit à l’écran, et pendant que son adversaire s’amuse à les reconnaître, Grégoire marque des points, gagne des matchs. L’adversaire finalement exaspéré réclame un peu de sérieux, quoi, merde, ou quitte le terrain en jetant sa raquette, comme le fils W., il y a trois ans. C’est ainsi — il pouvait avoir dix ou douze ans — que je lui ai appris à jouer, car c’était ainsi, lui ai-je dit, que dans ma jeunesse je pratiquais le tennis, ce jeu raffiné devenu, télévision oblige, un duel de brutes démonstratives. Je ne voulais pas que Grégoire cède au grotesque de la gestuelle sportive. Dieu que j’ai aimé cet enfant ! Et comme ma plume cherche vainement à éluder sa mort. Quelle injustice nous fait à ce point préférer un être à tant d’autres ? Jouissait-il vraiment, Grégoire, de toutes les qualités que lui prêtait mon amour ? Deux ou trois défauts tout de même, en cherchant bien, non ? Autour de quelle manie détestable se serait-il racorni, s’il avait atteint mon âge ? Il faut bien que les meilleurs pourrissent ! Si j’écris n’importe quoi, c’est pour combler le silence où m’abandonne le deuil mutique de Mona. À quoi pense-t-elle, Mona, soudain saisie d’une frénésie ménagère ? Songe-t-elle comme moi que Grégoire serait vivant si Bruno avait accepté de nous l’envoyer, l’été de la varicelle ? Si Bruno avait accepté cette vaccination naturelle ? Mais il fallait être un peu joueur, pour cela, et Bruno a très tôt cessé de jouer. Les enfants étaient nus, ils ne supportaient même pas le frôlement d’une chemisette. Quand l’un d’eux se plaignait trop de ses démangeaisons, tous les autres soufflaient ensemble sur ses petits boutons à tête translucide puis les lui caressaient délicatement. C’est Lison, je crois, qui avait inventé ce jeu. Les enfants incarnaient les huit vents de Venise, mais ils n’étaient que sept, Grégoire manquait, qui aurait été le grand vent rieur de ce jeu, et serait vivant aujourd’hui ! Bruno a mis deux jours à rentrer d’Australie. Il est arrivé juste à l’heure de l’enterrement. On ne pouvait conserver le corps plus longtemps. En étreignant Bruno j’ai constaté qu’il avait forci. Du gras dans les biceps. Le décalage horaire et le chagrin lui faisaient les joues lourdes, le visage fermé. Il n’a pas salué Sylvie qui a opté contre son avis pour des funérailles religieuses. Embarras familial. Personne ne s’est beaucoup parlé. Après la cérémonie, chez Lison, les jumelles pleuraient sans un mot dans les bras l’une de l’autre, Sylvie monologuait sur des riens, combien elle avait été une mère inquiète, et comme Grégoire savait taquiner ses inquiétudes — vous souvenez-vous, père, vous aussi d’ailleurs vous vous moquiez de moi ! — , petites phrases qu’elle laissait aller dans l’affliction générale, Frédéric en retrait, terriblement présent dans sa double solitude d’homosexuel et de veuf officieux, Lison à ses côtés, par principe et par amitié, et je me suis aperçu que Frédéric et Lison avaient sensiblement le même âge, en d’autres termes que Frédéric aurait pu être le père de Grégoire, dont les camarades (tous ses camarades médecins sont venus) raillaient l’homélie du prêtre. C’est à cela aussi que servent les enterrements religieux, conforter croyants et mécréants dans leurs certitudes respectives, détourner sur le curé les flèches du chagrin, transformer tout un chacun en critique autorisé, qui s’exprime au nom du mort, juge le portrait que le curé a tracé du mort, et le mort, partie prenante de ce débat théologique, le mort qu’on estime dignement célébré ou grossièrement insulté, est un peu moins mort, c’est comme un début de résurrection. Non, pour l’ambiance, il n’y a que Dieu.

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