Daniel Pennac - Journal d'un corps

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Journal d'un corps: краткое содержание, описание и аннотация

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13 ans, 1 mois, 8 jours
Mercredi 18 novembre 1936
Je veux écrire le journal de mon corps parce que tout le monde parle d'autre chose.
50 ans et 3 mois
Jeudi 10 janvier 1974
Si je devais rendre ce journal public, je le destinerais d'abord aux femmes. En retour, j'aimerais lire le journal qu'une femme aurait tenu de son corps. Histoire de lever un coin du mystère. En quoi consiste le mystère ? En ceci par exemple qu'un homme ignore tout de ce que ressent une femme quant au volume et au poids de ses seins, et que les femmes ne savent rien de ce que ressentent les hommes quant à l'encombrement de leur sexe.
86 ans, 9 mois, 16 jours
Lundi 26 juillet 2010
Nous sommes jusqu'au bout l'enfant de notre corps. Un enfant déconcerté.

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74 ans, 5 mois, 7 jours

Mardi 17 mars 1998

Relisant ce que j’ai écrit hier soir, je songe au rôle joué par les pronoms compléments dans les descriptions érotiques : sa langue me soupèse, ses lèvres m’ engloutissent, me voici dans sa bouche… Ce n’est pas un effet de la pudeur (il s’agit bien de mes couilles et de ma verge, je le confirme) ni une quête de style (à la rigueur un indice de mon incompétence en la matière), non, c’est bel et bien le signe d’une identité retrouvée. Là est l’homme pleinement vivant, quoi qu’il en dise une fois dégrisé : me c’est moi. Il en va de même pour les métaphores désignant le sexe de Nazaré, Nazaré chez qui je me rends, la maison des origines , c’est d’elle que je parle, de son identité de femme.

74 ans, 5 mois, 9 jours

Jeudi 19 mars 1998

La peau noire de Nazaré, insondable profondeur chromatique, les bruns, les ocres, les bleus, les rouges, le pourpre violet qui ourle son sexe, le rose chair de sa langue, le blond rosé de ses paumes, je ne sais jamais de quelle nuance s’émerveille mon regard, de quelle profondeur il remonte ; regarder le corps nu de Nazaré c’est plonger dans sa peau. Pour la première fois je m’avise que la mienne n’est qu’un habit de surface. La peau lisse de Nazaré, aux pores si resserrés qu’ils en deviennent imperceptibles, peau de caillou mouillé, ses robes y dansent à chaque pas. Les seins, les fesses, le ventre, les cuisses, le dos de Nazaré, si denses que son corps paraît l’énergie même. L’érotisme de Nazaré… Comme je me plains de ne pas ressusciter à tous coups (loin s’en faut !), monsieur, observe-t-elle, vous limitez le sexe à sa fonction de… panache. S’ensuit un festival de caresses périphériques, une profusion d’étreintes inédites qu’applaudissent les orgasmes de Nazaré. Les seins de Nazaré, deux îles à la surface laiteuse de notre bain : je vous présente mes pays émergeants ! La saveur poivre et miel de Nazaré, son parfum ambré, le sablé de sa voix, l’afro explosion de sa tignasse où se perdent mes doigts. La philosophie de Nazaré : Pas mal, dis-je au comble de l’extase. Très bien ! vous voulez dire, objecte-t-elle, tout à fait merveilleux ! Et de me faire observer que la litote et l’euphémisme, pratiqués par nous autres Européens comme le summum de l’éducation, réduisent nos facultés d’enthousiasme, rabougrissent nos outils de perception, que notre style a pris le dessus et que nous en périssons. Le tendre humour de Nazaré : Ah ! monsieuuuuur, dans un long soupir d’endormissement ; et je ne veux pas d’autre nom que cette moquerie. Les larmes de Nazaré à mon départ, sans que bouge un trait de son visage, larmes silencieuses glissant sur le caillou de ses joues. Le creux laissé dans ma poitrine par ce trésor si fort serré contre moi.

74 ans, 5 mois, 15 jours

Mercredi 25 mars 1998

Moi qui face à maître R. me montrais tellement sensible au contraste de nos visages («Jeune pomme, vieille pomme »), moi qui célébrais la mort de ma sexualité quand me soignait la petite étudiante aux seins libres, moi qui pensais que mon opération avait sonné le glas de l’érection, moi qui ne comptais plus les décennies, je n’arrive pas, pensant à Nazaré, à nous envisager du point de vue de notre différence d’âge. Qu’en serait-il si, me transportant hors de moi-même, une instance morale me forçait à regarder ma vieille chair contre son jeune corps ? Image grotesque ? Scandaleuse ? Vieux dégueulasse ? Une sorte de miracle interdit cette objectivation. Vous ne croyez pas à la résurrection, murmurait Nazaré. C’est chose faite, désormais. Ce que ressentent les ressuscités, je le sais à présent, c’est l’avènement de ce corps exultant, fusion de tous les âges.

74 ans, 5 mois, 16 jours

Jeudi 26 mars 1998

Il me sera plus doux de mourir en qualité de ressuscité.

74 ans, 6 mois, 2 jours

Dimanche 12 avril 1998

Eh oui, me dit Tijo sur son lit d’hôpital, tu as commencé dans un corps de vieillard, c’est justice que tu finisses dans celui d’un jouvenceau. Et puis, ajoute-t-il dans un rire toussé, les colloques ont toujours fait plus de cocus que de savants ! Nous rions, il s’étouffe, l’infirmière qui lui apporte ses cachets le gronde. Ils me traitent , dit-il après son départ.

75 ans, 1 mois, 17 jours

Vendredi 27 novembre 1998

Tijo est mort ce soir. Il m’a fait ses adieux hier en m’interdisant de venir aujourd’hui. Ne me complique pas la mort… À chacune de mes visites, j’ai vu progresser la maladie et les ravages du traitement ; ils ont fait de ce Méridional sec et noiraud un machin blanchâtre, chauve et dépigmenté, gonflé comme une outre, les doigts boudinés par l’eau que ses reins n’éliminent plus. Contrairement à la plupart des mourants qui rapetissent, il est devenu trop volumineux pour son corps. Mais ni la maladie (cancer des poumons généralisé à tout le reste) ni la médecine et sa morale (S’il n’avait pas tant bu et fumé, monsieur !) n’ont eu raison de ce dédain rieur qui tenait la mort en respect et la vie pour ce qu’elle est : juste une promenade captivante. Avant que je sorte, il m’a fait signe de m’approcher. Sa bouche contre mon oreille, il m’a demandé : Tu la connais, l’histoire du sanglier qui ne voulait pas quitter sa forêt ? Sa voix n’était plus qu’un souffle mais elle charriait toujours le même fatalisme rigolard et — comment dire ? — un sens aigu de son interlocuteur.

HISTOIRE DU SANGLIER QUI NE VOULAIT PAS SORTIR DE LA FORÊT

C’est un vieux sanglier, tu vois ? Plutôt ta génération que la mienne, vraiment vieux, quoi, les couilles vides et les crocs usés. Il s’est fait virer de la harde par les jeunes. Du coup, le pauvre se retrouve tout seul dans la forêt, comme un con. Il entend les jeunots faire la java avec ses femelles. Alors, il se dit qu’il devrait quitter cette forêt, aller voir ailleurs. Seulement, il est né sous ces arbres, il y a passé toute sa vie. « Ailleurs » lui fout la trouille. Mais d’entendre les jeunes laies exprimer leur contentement, ça l’achève. Il prend sa décision tout soudain. Je pars ! Le voilà qui fonce tête baissée, droit devant lui, à travers buissons, boqueteaux, fourrés, taillis, ronciers, jusqu’à déboucher à l’orée de la forêt. Et là, qu’est-ce qu’il voit ? Un champ sous le soleil ! Tout vert ! Une merveille phosphorescente ! Et au milieu de ce champ, qu’est-ce qu’il voit ? Un enclos ! Un enclos tout carré ! Et dans l’enclos, qu’est-ce qu’il y a ? Un ÉNORME cochon. Tellement grozégras qu’il déborde de l’enclos, comme un soufflé de son moule, tu vois ? Un énorme cochon absolument rose, parfaitement glabre, déjà un jambon ! Estomaqué, le vieux sanglier appelle le cochon.

— Eh ! Oh ! Toi !

Le gros jambon tourne lentement la tête vers lui.

Le vieux sanglier lui demande :

— C’est pas trop dur… la chimio ?

75 ans, 1 mois, 28 jours

Mardi 8 décembre 1998

Quelques jours avant la mort de Tijo, j’ai téléphoné à J.C., son « meilleur ami ». (Sur le plan de l’amitié Tijo fonctionnait avec des catégories juvéniles.) Le meilleur ami m’a répondu qu’il n’irait pas voir Tijo à l’hôpital ; il préférait garder de lui l’image de sa « vitalité indestructible ». Délicatesse immonde, qui vous abandonne tout un chacun à son agonie. Je hais les amis en esprit. Je n’aime que les amis de chair et d’os.

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