Daniel Pennac - Journal d'un corps

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Journal d'un corps: краткое содержание, описание и аннотация

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13 ans, 1 mois, 8 jours
Mercredi 18 novembre 1936
Je veux écrire le journal de mon corps parce que tout le monde parle d'autre chose.
50 ans et 3 mois
Jeudi 10 janvier 1974
Si je devais rendre ce journal public, je le destinerais d'abord aux femmes. En retour, j'aimerais lire le journal qu'une femme aurait tenu de son corps. Histoire de lever un coin du mystère. En quoi consiste le mystère ? En ceci par exemple qu'un homme ignore tout de ce que ressent une femme quant au volume et au poids de ses seins, et que les femmes ne savent rien de ce que ressentent les hommes quant à l'encombrement de leur sexe.
86 ans, 9 mois, 16 jours
Lundi 26 juillet 2010
Nous sommes jusqu'au bout l'enfant de notre corps. Un enfant déconcerté.

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73 ans, 7 mois, 11 jours

Mercredi 21 mai 1997

Depuis quand me suis-je convaincu que je n’avais plus envie des femmes ? Depuis mon opération de la prostate ? Depuis que je ne bande plus, ou si peu que pas ? Depuis plus longtemps encore ? Depuis que ma rencontre avec Mona m’a fait entrer en monogamie ? Le fait est que je ne l’ai jamais trompée, comme on dit. Et que, ne la trompant pas, j’ai assez peu désiré ailleurs. Nous nous sommes comblés, au sens propre. Et durablement. Mais, l’âge venant, le désir de Mona s’estompant, devait-il aller de soi que le mien s’éteigne aussi ? Le fait qu’elle ne veuille plus impliquait-il que je ne puisse plus ? Sagesse d’un corps commun, en quelque sorte ? Voire ! Du « je ne peux plus » au « je n’en ai plus envie », il n’y a qu’un pas à franchir. Mais il faut le franchir les yeux fermés. Hermétiquement. Si nous les ouvrons si peu que ce soit pendant ce passage, ils nous montrent, sous nos pieds, l’insondable précipice du n’être plus. Hemingway, Gary, et une foule d’anonymes s’y sont jetés plutôt que de continuer la route.

Enfin, désir ou non, j’ai l’œil fermé, la moitié de la gueule tuméfiée, ce qui ne fait pas précisément de moi un objet de désir.

73 ans, 7 mois, 12 jours

Jeudi 22 mai 1997

Tijo : Je n’aurais jamais pu être monogame. En présentant ma femme j’aurais eu l’impression d’exhiber mon sexe.

73 ans, 7 mois, 14 jours

Samedi 24 mai 1997

Dîner chez le fils N. Dîner prévu de longue date. Le garçon tient à me remercier. Service rendu. Déjà repoussé une fois. Impossible de différer à nouveau, même pour cause de tête au carré. Tête dont il n’a d’ailleurs pas été question de toute la soirée. Dieu sait qu’elle est spectaculaire, pourtant ! Arc-en-ciel en trois dimensions. Ce genre de blessures gagne en couleurs au fur et à mesure de la guérison. Toute la palette et toutes les intensités y passent. Nous entrons dans la période des violets flamboyants et des jaunes hépatiques. Le creux de l’orbite, saturé d’un sang mort, est pratiquement noir. Mais, personne autour de la table n’a fait la moindre allusion à ce chef-d’œuvre. On ne parle pas de la tronche du monsieur. Ça me va. Pourtant, en deuxième partie de soirée, la question du corps (de ce qu’on lui fait subir) a opéré une contre-attaque tout à fait inattendue. La jeune Lise, fille cadette des N., d’habitude si bavarde au dire de sa mère, si prompte à charmer les invités en dévidant le chapelet des griefs qu’elle nourrit contre ses parents («n’est-ce pas, ma chérie ? »), est restée muette tout au long du dîner. Pas un mot et pas une bouchée. Table desservie, la gamine disparue dans sa chambre, sa mère s’empresse d’aller au pire en chuchotant : La petite nous fait de l’anorexie, diagnostic que son mari révise tranquillement à la baisse. Mais non, mais non, ma chérie, la petite me fait chier et toi aussi, ce n’est pas grave. Suffocation de l’épouse, engueulade conjugale, décibels, jusqu’à ce que Lise, surgissant de sa chambre, hurle qu’elle en a marre, marre, mais « maaaaarre » ! et que sa bouche, largement ouverte par cet aveu, exhibe un piercing dont la petite tête d’acier tremblote comme une bille de mercure au creux d’une langue tumescente. Horreur ! Qu’est-ce que c’est que ça, Lise ? Qu’as-tu dans la bouche ? Viens ici tout de suite ! Mais Lise s’enferme à double tour. La mère, scandalisée, s’inquiète moins pour la langue de sa fille que pour la qualité de ses fréquentations. Ici intervient un certain D.G., avocat de son état, même génération que nos hôtes. Il aiguille la conversation sur le thème de l’influence.

— Dites-moi, Geneviève, portez-vous un string ?

— Je vous demande pardon ?

— Un string, un de ces petits slips ficelle que Claudel aurait appelés le partage de midi et que les Brésiliens désignent sous le sobriquet de fil dentaire.

Silence d’autant plus éloquent que la maîtresse de maison, si on en juge par la chute lisse de sa jupe sur l’impeccable partition de ses hémisphères, porte un string, oui, et du plus bel effet.

— Et vous êtes-vous demandé, poursuit l’avocat, d’où vous est venue cette influence puisque vos fréquentations sont irréprochables ?

Silence.

— Parce que si je ne m’abuse, à l’origine, le string était un outil de pute, non ? un vêtement de travail, comme le képi ? Comment se fait-il qu’il soit aujourd’hui monnaie courante dans les familles les mieux nées ? D’où vient l’ influence ?

La conversation abordant les effets transversaux de la mondialisation, Mona et moi avons discrètement pris congé.

73 ans, 7 mois, 15 jours

Dimanche 25 mai 1997

Le nombre de barbus de trois jours à cette soirée de quadragénaires ! Curieuse époque, tout de même, la moins aventurière qui soit, assureurs, avocats d’affaires, banquiers, communicants, informaticiens, boursicoteurs, tous salariés d’un monde virtuel, tous en surcharge pondérale, sédentaires à en trouer le plancher, le cerveau confit dans leur sabir d’entreprise, mais des têtes de baroudeurs, tous, retour d’expédition, fraîchement revenus du Ténéré ou redescendus de l’Annapurna, au moins. Le string joue le même rôle chez la jeune madame N., plus vertueuse, j’en mettrais ma main au feu, que ma regrettée tante Noémie. Bref, la mode par antiphrase. Quant à leurs enfants, ces petits tatoués, ces petits percés, ils sont, au sens propre, marqués par cette époque désincarnée.

74 ans, 4 mois, 15 jours

Mercredi 25 février 1998

Dîner chez les V. Le goût effroyable d’une bouchée manque me la faire recracher dans mon assiette. J’en suis empêché par la conversation particulière que le maître de maison entretient avec moi. J’avale donc tout rond, sans analyse préalable. C’est alors que mon interlocuteur recrache bruyamment sa propre bouchée en s’écriant : Mais chérie, quelle horreur ! Chérie confirme : les coquilles Saint-Jacques sont pourries.

74 ans, 5 mois, 6 jours

Lundi 16 mars 1998

Fin de ma conférence, à Belém. La main de Nazaré, mon interprète, se pose sur la mienne, s’y attarde, deux doigts sous ma chemise caressant mon poignet. J’aimerais passer la nuit avec vous, dit-elle, et si possible les trois autres avant votre départ. La proposition est si naturelle que j’en suis à peine surpris. Honoré, mais pas surpris. Ému aussi, bien sûr. (Tout de même, après quelques secondes de réflexion, passablement sidéré.) Nazaré et moi avons travaillé ensemble à la diffusion de cette conférence, elle en a préparé la réception, rameutant les militants, suppléant dans tous les domaines à une organisation enthousiaste mais déficiente. São Paulo, Rio, Recife, Porto Alegre, São Luis, elle a su m’épargner la plupart des dîners officiels pour m’entraîner dans les quartiers de son choix, m’ouvrir les cercles de musique et de philosophie qu’elle voulait me faire connaître, et voici sa main sur la mienne. Ma petite Nazaré dis-je (elle a vingt-cinq ans), merci, vraiment, mais ce serait en pure perte, les décennies ont rendu la chose impossible. C’est que vous ne croyez pas en la résurrection, objecte-t-elle. C’est aussi que le bistouri est passé par là, que désir est mort, que je suis monogame, que j’ai trois fois son âge, que depuis toutes ces années sans pratique j’ai cessé de placer mon identité dans ma sexualité, qu’elle s’ennuierait dans mon lit et que je me regretterais dans le sien. Objections si peu convaincantes qu’une chambre nous accueille avant que j’en aie fini l’inventaire. Laissons-nous glisser dit-elle en ôtant nos vêtements, et c’est bien de glissement qu’il s’agit, soie sur peau, lenteur sur lenteur, nue sur nu, effleurements si délicats que s’évanouissent la durée, la pesanteur et la crainte. Nazaré, dis-je sans conviction, monsieur, murmure-t-elle en piquetant mon cou de minuscules baisers, l’heure n’est plus aux conférences, il n’y a plus rien à maîtriser. Et de baiser légèrement ma poitrine, et mon ventre, et le dos de mon sexe, qui n’en frémit pas, l’imbécile, ce dont je me fiche, libre à toi de ne pas jouer avec nous, vieille chose, les petits baisers gagnant l’intérieur de mes cuisses où la langue de Nazaré ouvre le passage à son visage tandis que ses mains glissent sous mes fesses, que je me cambre, que mes doigts se perdent dans sa formidable chevelure, que sa langue me soupèse, que ses lèvres m’engloutissent, et que me voici dans sa bouche, sa langue entamant un lent travail d’enroulement, ses lèvres leur va-et-vient de sculpteur, et moi m’épanouissant, ma foi, oui, modestement mais tout de même, Nazaré, Nazaré, et durcissant, ma foi, peu à peu mais bel et bien, Nazaré, ô Nazaré, dont j’attire le visage à mes lèvres tandis que nous roulons sur nous-mêmes, Nazaré qui s’ouvre et m’accueille, Nazaré chez qui je me rends comme on retourne enfin chez soi, timide un peu, il y a si longtemps, immobile d’abord sur le seuil, ça ne va pas durer me dis-je, et ne vous dites pas que ça ne va pas durer murmure Nazaré à mon oreille, je vous aime monsieur, et me voilà pénétrant tout entier chez elle et chez moi, dans la maison des origines, glissant dans la moite et souple chaleur retrouvée, grandissant encore, tout confiant, temps aboli, au point que je vois venir l’explosion de loin, que je profite pleinement de son ascension, que je peux la retenir, jouir de sa promesse, la sentir grimper et la contraindre encore, avant de jaillir enfin. Vous voilà, me dit Nazaré en me serrant dans ses bras, me voilà oui, qui jouis comme un ressuscité.

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