Hervé Bazin - Lève-toi et marche

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Lève-toi et marche: краткое содержание, описание и аннотация

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« Non, je ne suis pas, je ne serai pas une infirme ordinaire, que mon orgueil bouleverse mes défaillances ! » Ordinaire, la vie de Constance, vingt ans, ne le sera pas. Paralysée, elle aura une influence décisive sur les êtres qu'elle a choisis pour agir à sa place. Mais le mal dont elle est atteinte empirera et, malgré sa volonté farouche, il ne lui sera même pas accordé de vivre par personnes interposées.
Contre une morale formelle et consacrée, Constance est le champion de la sincérité et de la générosité constructive. Elle incarne le courage personnel, et se raillant elle-même avec un désespoir discret, elle remplace ce premier devoir humain : dominer les servitudes du destin.
Courageux, poignant, tendre et sensible,
est un des grands romans d'Hervé Bazin.

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Exceptionnellement — et sans doute parce que, la veille, au cimetière, mes souvenirs s'étaient réveillés — je consentis à tourner la tête en passant devant la maison. Notre maison. Celle que j'appelle « la maison des trois morts et demi ». Me croira qui voudra, je ne l'avais jamais regardée depuis des années. En la revoyant, je respirai. Le nouveau propriétaire l'avait fait surélever. Ce vandale avait transformé le toit en terrasse, changé la grille, barbouillé la façade d'un rose vineux. Heureux sacrilège ! Nul n'avait conquis mon grenier, joui après moi de l'obstination des oiseaux, de l'odeur de plume et de foin dégagée par leurs nids sous les solives, des filtres à poussière tendus par les toiles d'araignée, des épingles de bois disposées comme des notes sur la portée du séchoir. J'étais bien bête d'avoir peur. Malgré sa pierre et son poids, elle avait filé, la villa de ma jeunesse ingambe. Les maisons elles-mêmes n'acceptent pas de rendez-vous, pour dix ans plus tard. Les choses ne sont pas plus fidèles que les gens. Je repartis plus vite. Trop vite. Si bien qu'en arrivant au Centre j'eus un éblouissement et dus souffler une minute avant de gravir le perron.

* * *

Une infirmière et la femme du gardien me saluèrent, l'une d'un clin d'œil, l'autre d'un bref plongeon du nez, avec la négligence des personnes affairées qui croisent une collègue. On commençait à me connaître, au Centre, depuis un mois. Malades, ou solliciteurs eux-mêmes, du moins les abonnés, m'offraient ce bonjour obséquieux, agaçant, qu'ils réservent aux distributeurs de manne et à leurs acolytes. Sauf de rares gaffeurs, nul ne s'empressait plus pour m'aider et on me laissait glisser seule sur les dalles du couloir où mes cannes, garnies d'embouts de caoutchouc, laissaient des ronds humides. J'ouvris sans frapper, en lançant dans la pièce un « salut » laconique, à partager entre les occupants. Mlle Calien, éternellement chapeautée, était assise à son bureau, songeuse, l'index fourrageant dans le tuyau de l'oreille. Derrière elle, debout, se tenait sa collègue de Créteil, Mme Dugas, une petite femme rousse dont les cheveux incendiaient les épaules.

— Une chance ! Justement, la voilà.

On devait parler de moi. Quésaco ? J'avais pris soin d'entrer sans mon matériel, abandonné contre la porte. Un paquet dans une main (mon travail) et de l'autre prenant directement appui sur la cloison, je glissai vers le bureau. Mme Dugas, croyant bien faire, amorça le geste de pousser une chaise dans ma direction. Mlle Calien, plus fine — ou mieux renseignée, — lui prit le poignet : ce n'est pas, en effet, le genre d'attentions qui me fait plaisir.

— Pas foule, ce matin, observai-je.

— Non, fit l'assistante, mais un problème insoluble prend plus de temps à lui seul que vingt affaires courantes… Bonjour, Constance. Oh ! comme vous avez la main chaude !

— Voici vos fiches, mises à jour. Ce n'était pas sorcier.

— J'aurais peut-être mieux, aujourd'hui, à vous offrir.

Elle me l'avait déjà dit vingt fois. Mais les deux femmes se regardaient d'un air bizarre. Leur silence était instructif. J'eus tout le temps de me pencher, de voir ce dossier que Mlle Calien feuilletait nerveusement et dont la chemise de cartoline rose portait simplement un nom : Alanec Claude, tracé au crayon rouge. Dossier rose : un enfant. Crayon rouge : un malade.

— En définitive, Marie, que pouvons-nous faire ? murmura Mme Dugas, qui faisait tourner son alliance autour de son doigt.

— Rien.

Question et réponse donnaient l'impression d'avoir été préparées à l'avance. Marie Calien repoussa le dossier. Je venais de poser une fesse sur le coin du bureau. Je pointai l'index.

— Peut-on savoir ?

— Il s'agit d'un enfant de cinq ans, atteint d'une maladie de Little.

Little… Ça ne me disait rien. L'assistante se leva.

— Au fait, Geneviève, nous ne pouvons pas le laisser indéfiniment dans la salle d'attente, avec sa mère. Il faut leur dire ce qu'il en est et les renvoyer chez eux.

Le scénario se déroula sans anicroche. Trois secondes plus tard les acteurs sortaient de la coulisse. La mère parut d'abord. Sous le couvercle d'un chapeau-cloche d'où s'échappait une maigre vapeur de cheveux, sa tête ronde de Bretonne ressemblait à un légumier. Elle portait un affreux trois-quarts verdâtre, jeté par-dessus la blouse de satinette noire à petites fleurs mauves qu'affectionnent les femmes de la campagne. A l'insistance de son regard et de son sourire, je compris aussitôt ce qu'elle attendait de moi. Mes sourcils protestèrent : je n'aime pas qu'on me force la main. Mais déjà l'enfant s'avançait, tanguant, flageolant, soutenu dans le dos par Mlle Calien. Les genoux collés l'un contre l'autre, les jambes écartées, fléchies en équerre, les pieds rentrés en dedans, il ne touchait le sol que par l'extrémité de la chaussure. Le menton fiché dans la poitrine, il ne parvenait pas à soulever sa tête, ce qui l'obligeait à regarder par en dessous et mettait en relief la raie très droite, très blanche qui divisait ses cheveux d'un blond fade. Bien tenu, poupin, sanglé dans un tablier de toile grise à liséré rouge, il ressemblait pour le reste à tous les autres gamins et ne devait pas éveiller l'attention quand il était couché. Habitué sans doute à passer entre les mains des médecins, il ne manifestait aucune inquiétude et tenait devant lui, comme une courte lance, une sucette encore enveloppée de papier de cellophane. Cependant Mlle Calien regagnait son bureau, prenait le gosse sur ses genoux.

— Résumons la situation. Vous êtes, madame, seule avec cet enfant…

« Oui », avoua le chapeau-cloche, tandis que Mme Dugas branlait aussi le chef, approuvant l'euphémisme. Seule avec un enfant, c'est-à-dire en langage charitable : fille mère.

— Vous habitez ici et vous étiez plongeuse dans un restaurant populaire du XIII eoù vous pouviez emmener le petit. Mais cette maison va fermer dans quinze jours. Mme Dugas vous a trouvé une place similaire à Créteil, où vous débuterez le 20 novembre. Malheureusement Claude n'y sera pas toléré. Vous n'avez ni parents ni voisins qui puissent se charger de lui dans la journée. Vous ne pouvez pas payer une garde et vous ne voulez pas le mettre dans une institution…

« Non », fit la mère, toujours silencieuse, mais secouant la tête et la main. Mme Dugas prit le relais.

— Bref, vous nous avez demandé de trouver aux environs une œuvre susceptible de vous le garder, six jours sur sept, de dix heures du matin à neuf heures du soir. A première vue, je vous ai répondu que ce serait difficile. Une œuvre peut en effet le prendre en charge, mais pas à moitié. Quant à trouver une personne…

Mme Dugas laissa l'hypothèse se dissoudre dans l'air. Malgré ce souci de tactique, le problème était clair, l'invite pressante. Epaisse, inerte, incapable de former une phrase digne d'être jetée dans ce débat d'où dépendait son sort, Berthe Alanec nous regardait l'une après l'autre. L'enfant léchait sa sucette, à petits coups. Maussade, perchée sur mon coin de bureau, je ne bougeais pas. Par loyauté (et par habileté : il n'est jamais vain de faire appel à l'esprit de contradiction) Mlle Calien se fit l'avocat du diable :

— Il ne faut pas songer à un particulier. Les gens qui adoptent des enfants malades sont déjà rares et ceux qui le font ont tout de même une satisfaction : ils s'assurent l'exclusivité d'une tendresse. Mais là ! Soigner un enfant, supporter tous les désagréments de son état… pour le rendre tous les soirs à sa mère ! C'est trop demander. D'autant plus que le pronostic de la maladie de Little est toujours réservé…

— Ça, c'est un détail.

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