Hervé Bazin - Lève-toi et marche

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« Non, je ne suis pas, je ne serai pas une infirme ordinaire, que mon orgueil bouleverse mes défaillances ! » Ordinaire, la vie de Constance, vingt ans, ne le sera pas. Paralysée, elle aura une influence décisive sur les êtres qu'elle a choisis pour agir à sa place. Mais le mal dont elle est atteinte empirera et, malgré sa volonté farouche, il ne lui sera même pas accordé de vivre par personnes interposées.
Contre une morale formelle et consacrée, Constance est le champion de la sincérité et de la générosité constructive. Elle incarne le courage personnel, et se raillant elle-même avec un désespoir discret, elle remplace ce premier devoir humain : dominer les servitudes du destin.
Courageux, poignant, tendre et sensible,
est un des grands romans d'Hervé Bazin.

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HERVÉ BAZIN

Lève-toi et marche

RÉCIT DE CONSTANCE

1

Et allez donc les manivelles ! A quoi bon regarder derrière soi… Une fille, à plus forte raison une fille infirme, a toujours priorité. Je tourne. Au bout du pont de Charenton, je tourne. Je penche sur le côté comme je faisais naguère sur mon vélo, et je vous réussis un virage bien sec qui me lance sur le quai d'Alfort. Bruiteur obstiné, le barrage à claire-voie de l'écluse enfonce dans le courant ses cinquante-six potelets rouillés. Je dis bien cinquante-six : quand j'étais gosse, je les recomptais chaque semaine. De larges masses d'eau se renversent, se divisent comme la terre entre les socs multiples d'une charrue américaine, étirent vers l'aval des sillons d'écume. En amont, au contraire, cette bonne vieille Marne miroite vaguement, mollasse, gênée par ces feuilles et ces ombres de nuages qui font ressembler les rivières de septembre au tain pustuleux des glaces d'hôtel.

Le quai est presque désert. Un excès de papier gras et de journaux chiffonnés rappelle seulement que la veille, comme tous les dimanches, y ont déambulé des centaines de dactylos accrochées au bras des aides-comptables qui les menaient vers les guinguettes, les canots ou les fourrés des îles. A plus de cent mètres on ne voit personne sur la chaussée, sauf deux sinueux et nonchalants cyclistes juchés sur ces tout-en-dural à petits boyaux et guidons en cornes de bélier qui sont l'honneur des petits gars de banlieue. Ils avancent à la papa, le torse perpendiculaire à la selle, une main sur l'écrou de la fourche et l'autre en l'air, éloquente, passionnée, commentant le dernier match de rugby. Agacée par leur lenteur, j'accélère, je les rattrape, j'allonge le bras pour leur expédier un aigre coin-coin, un coup de trompe si impératif qu'ils sont persuadés d'avoir affaire à une auto. Les voilà qui se jettent sur leurs poignées et font un piteux crochet vers le trottoir. Mais en apercevant cette fille, bien assise dans sa petite voiture et qui double d'un air candide, le plus âgé fait le gros dos et torture ses cale-pieds nickelés. Je l'entends grogner :

— Culotté, ce mal de Pott !

Un sprint rageur, scandé à grands coups de talons, l'emporte parmi les nids de poule, tandis que son équipier me dévisage d'un air sidéré. Désolée de ne pas avoir de moteur auxiliaire, je m'acharne sur mes manivelles. Je me tiens si droite dans ma robe blanche où mes seins sautent avec entrain, j'ai tant de rose aux pommettes et mes jambes nues, bien croisées (je les mets en place, soigneusement, avant le départ), donnent une telle impression de santé que le petit jeune homme croit flairer une supercherie :

— Je vois ce que c'est, crie-t-il. On s'amuse avec la bancaline de papa !

A son tour de filer, tanguant et soufflant, le derrière haut, le nez en étrave. Ne répondons pas. N'accordons même pas un regard à son chandail écussonné. D'ailleurs je m'essouffle et il va bien falloir ralentir. Ralentir seulement, car je ne m'arrêterai pour rien au monde : je suis encore assez sotte pour croire à la « mauvaise volonté » de mes muscles et pour sourire quand je n'en ai pas envie. Sourions donc. Du côté droit seulement. C'est une convention passée avec moi-même, un tic, un rite. L'autre moitié de mon visage ne doit pas sourire pour les mêmes motifs. Sourions et passons la langue sur ces lèvres gercées, un peu violettes, que Mathilde assure être couleur de fraise gâtée. Puis que cette langue rentre dans sa bouche et qu'elle continue à s'y agiter, bravement, poussant entre les dents le fredon réglementaire : T'en fais pas, la Marie, tutu-tu !… T'en fais pas, tu, tu, tu, tututu… La rengaine faiblit très vite parce que je vais passer, parce qu'il faut passer devant l'ancienne maison, devant la maison de cette petite Constance Orglaise, qui avait des parents et des jambes. Pourtant je ne la regarde pas, je tourne la tête de l'autre côté, je sais seulement qu'elle est là, je donnerais l'emplacement à dix centimètres près, sans voir. Fredonnons, fredonnons. Chantons presque. Pourquoi faut-il que je me vante, pourquoi faut-il que mes fausses notes cèdent la place à ce lambeau de phrase :

— … Seraient bien épatés, mes types, si dans cinq minutes…

En fait de minutes, il m'en faudra bien une vingtaine pour atteindre l'endroit où je dois « épater ». Disons plutôt : où je dois m'épater moi-même, car j'ai justement choisi mon coin de berge pour être à l'abri de toute question, de toute curiosité et surtout de toute intervention. Quel établissement de bains, je vous le demande, laisserait une infirme tenter sa chance du haut de son plongeoir ? Quel maître nageur pourrait comprendre ses intentions, secrètes comme des amandes et, comme elles, amères ? Comment lui expliquer qu'il ne s'agit pas là d'une folie spectaculaire, ni d'un record imbécile, ni d'une variété de suicide, mais simplement d'un dangereux réconfort, d'une expérience intermédiaire entre le bain d'eau de Lourdes et le bain d'Achille ?

Tututu… Je sifflote maintenant. Discrètement. Je tourne plus lentement les manivelles. J'ai l'impression qu'un excès de vigueur paraîtrait suspect aux passants, pourtant de plus en plus rares et qui seront bien incapables de m'apercevoir quand j'aurai descendu les marches de l'autre côté du parapet. Oui, descendu les marches. Pour me foutre à l'eau. A l'eau. A ce qui s'appelle : l'eau, c'est-à-dire dans un trou bien connu pour sa profondeur et où je n'aurai aucune chance d'avoir pied. C'est extravagant, ridicule. Il est sans importance que cela puisse paraître extravagant. Il est plus ennuyeux que cela soit ridicule. Mais tant pis, car c'est aussi nécessaire ! Du reste, je n'ai pas l'habitude de me céder au dernier moment, de revenir sur mes décisions, même discutables. Or, cette décision, voilà des semaines que je la remâche. L'occasion est trop belle. Il n'est pas si facile de tromper la sollicitude acharnée de Mathilde, qui n'abandonne sa machine à écrire qu'une fois par mois pour aller se réapprovisionner en carbone et en papier pelure. Il est encore plus rare de pouvoir semer le barbouilleur, le doux, le sentimental, le décourageant Milandre.

Celui-là… Par prudence, regardons de tous côtés… Celui-là, parce qu'il est à la fois mon petit-cousin et mon ami d'enfance, parce qu'il reste amoureux des seize ans et des jambes que je n'ai plus, il se croit des droits sur moi. Je ne suis jamais sûre d'éviter ses fidèles intuitions, d'échapper à son guet patient et flâneur. Il est comme le pissenlit, il repousse entre les pavés, il dresse à l'improviste sa tête ronde dont les cheveux s'effilochent au vent. Cette fois pourtant, il semble bien distancé. Le quai d'Alfort, la rue des Deux-Moulins sont déjà derrière moi. Voici l'Ondine. Ne nous souvenons pas d'avoir été l'une de ses meilleures nageuses. Voici l'île de Charentonneau, parallèle à l'avenue Foch. Pas un chat sous les tonnelles. Une grande chemise de nuit et trois petites culottes roses, sournoisement pincées par leurs épingles à linge, sèchent sur un fil de fer tendu entre deux platanes. L'eau stagne, apparemment immobile, plate, estampillée de nénuphars. Côté terre, sévit le garde-à-vous des pavillons. Le décor n'inspire pas l'héroïsme. Seul le ciel, sec, à peine bleuté, net de pigeons et d'hirondelles, mais ravagé de soleil, peut satisfaire mes goûts. Un ciel, ça ! Levons les yeux, hissons les prunelles comme on hisse les couleurs et laissons-les flotter très haut, ton sur ton.

La bancaline va toujours, longe cette partie du chemin de halage qui s'appelle l'avenue Joffre. A droite, les villas s'espacent enfin. A gauche, clubs et plages artificielles se font plus rares. Le bassin réservé de l'A. S. A. eût été pratique, mais il est trop exposé aux regards des usagers de la grande passerelle. Le petit appontement de l'Elan est également désert. N'en parlons pas : c'est là que se dandine le canot rouge du poste de secours ! J'aurais du mérite ! Non, c'est un peu plus loin qu'il faut aller, en face de l'île des Corbeaux, là où la Marne n'est pas une rivière organisée, contrôlée, offerte à n'importe quel débutant, là où elle est en principe réservée aux poissons si l'on en croit ies objurgations municipales. Voici la première, largement peinte en noir au revers du parapet :

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