Hervé Bazin - Lève-toi et marche

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Lève-toi et marche: краткое содержание, описание и аннотация

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« Non, je ne suis pas, je ne serai pas une infirme ordinaire, que mon orgueil bouleverse mes défaillances ! » Ordinaire, la vie de Constance, vingt ans, ne le sera pas. Paralysée, elle aura une influence décisive sur les êtres qu'elle a choisis pour agir à sa place. Mais le mal dont elle est atteinte empirera et, malgré sa volonté farouche, il ne lui sera même pas accordé de vivre par personnes interposées.
Contre une morale formelle et consacrée, Constance est le champion de la sincérité et de la générosité constructive. Elle incarne le courage personnel, et se raillant elle-même avec un désespoir discret, elle remplace ce premier devoir humain : dominer les servitudes du destin.
Courageux, poignant, tendre et sensible,
est un des grands romans d'Hervé Bazin.

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— Orglaise ! Tu es folle ?

De tuile en tuile. Malgré mes cheveux qui, faute de casque, se sont répandus autour de moi comme des algues, malgré les glouglous, les bourdonnements qui me remplissent les oreilles, j'ai bien entendu. Allongée en travers du courant et tournant le dos à la berge, je n'ai pas encore vu le gêneur. Ce n'est pas le voisin de palier, l'affreux père Roquault, qui m'a surnommée « Frasquette ». Lui, il aurait crié de sa voix fêlée : « Encore une, Frasquette, encore une ! » Il ne peut s'agir que de Milandre. Lui seul a cette manie de me jeter mon nom de famille à la tête, comme il le jetait à Marcel, son condisciple. Lui seul a un tel génie de l'inopportunité. L'expérience ne tournait déjà pas si bien. En présence du barbouilleur, elle risque de tourner tout à fait mal. Car enfin ce garçon a des yeux. C'est même son métier d'avoir des yeux. Je ne peux pas lui offrir le spectacle de mes cuisses, entre lesquelles on peut glisser le poing. L'en informer verbalement, passe encore ! Mais dégoûter son regard est une autre affaire. Impossible de continuer à faire la planche devant lui. Je laisse couler mes jambes et je me retourne pour crier :

— Je t'ai dit cent fois, Luc, que j'avais un prénom.

— Tu es folle, répète Milandre. Folle. Toi qui ne dois prendre que des bains chauds !

La boite de peinture en bandoulière, les mains crispées sur le parapet, toutes ses mèches au vent, la bouche de travers — comme un prédicateur en train de parler des peines de l'enfer — Luc frissonne dans son blouson maculé, assorti à ce visage criblé de taches de rousseur rassemblées autour des yeux : particularité qui au collège lui valait le surnom de « la Chouette ». En fait d'oiseau, il joue en ce moment le rôle de la poule qui a couvé un canard. Son inquiétude et son dépit se liguent, son front se fripe, ses poings martèlent le parapet.

— Tu vas me faire le plaisir de remonter illico.

Je n'en crois pas mes oreilles ; bientôt, je n'en crois pas mes yeux. Milandre dégringole l'escalier, entre dans l'eau jusqu'au genou, essaie de me saisir un bras.

— Ton pantalon !

Je me suis jetée en arrière, je patauge un peu plus loin, non sans mal. Mais trois secondes plus tard ce damné garçon m'oblige à crier, d'une voix bien différente :

— Mon soutien-gorge !

C'est que Milandre, affolé ou spéculant sur ma pudeur, vient de ramasser ma canne et a réussi à l'accrocher dans une bride. Mauvais calcul, si c'en est un : une fille peut offenser sa pudeur pour ménager sa fierté, pudeur plus haute. Plutôt que de me laisser harponner, je glisse un bras derrière mon dos, je détache le bouton. C'est un trophée ridicule, un soutien-gorge vide que Luc ramène à lui, tandis que je m'enfonce jusqu'au raz du nez, toute rouge et brouillant l'eau devant moi. Précaution d'ailleurs inutile, car il n'y a pas grand-chose à voir et Milandre se détourne pieusement.

Mais il est temps d'en finir. Je n'en peux plus. Mes reins deviennent douloureux. L'eau semble changer de température, se mélanger à quelque source glacée, jaillie du fond. Elle est aussi plus épaisse et comme métallique, elle prend la consistance du mercure, elle oppose une étrange résistance aux mouvements de mes bras. Je me soutiens à peine, je coule, je remonte, je suffoque.

— Vite, vite, vite ! répète Luc d'une voix pointue, que je ne lui connais pas.

— Fous-moi la paix !

Cet excès d'orgueil mérite bien une punition. Je bois une première tasse, puis une seconde. Mais c'est plus fort que moi : il faut encore que je crâne, que je bredouille :

— Je me… Je me…

Troisième tasse. Pendant quelques instants j'ai l'impression d'être suspendue à cette touffe de cheveux que lessive une légère houle.

— Je me sauverai bien toute seule !

Dernier gargarisme d'eau sale. Je rassemble mes forces, je me rapproche de l'escalier, j'expédie un bras hors de la Marne, j'agrippe quelque chose. Non, je le lâche. Ce quelque chose était le pied de Luc et, si peu que ce soit, je ne veux pas me servir de lui. Par bonheur l'angle de la marche est au-dessous de ce pied et je peux m'y cramponner sans honte.

— Ouf !

Ce n'est pas moi, c'est Luc, évidemment, qui vient de proférer cette pauvre exclamation et qui enchaîne, avec une belle indignation :

— Tes seins, Orglaise ! Veux-tu mon mouchoir ?

Et comme je ne réponds pas.

— Oh ! là, là, ce que tu peux être crispante !

Je sais. Je sais cela, mon bonhomme, depuis l'âge de dix ans. Ce que tu peux être crispante ! Mes parents, mon frère, mes amies me l'ont dit cent fois. La phrase est devenue le leitmotiv de Mathilde, depuis qu'elle m'a recueillie. Crispante, oui. Peut-être aussi crispée. Mais quoi ! C'est fini, la partie est gagnée. J'enfile ma robe, à même la peau, sans m'essuyer. Je me soulève, je me hisse sur une autre marche, j'étends les jambes et je joue des hanches pour me débarrasser de mon caleçon sans montrer trop de cuisse. Le caleçon roule, glisse jusqu'aux chevilles, reste accroché au pied gauche. Du bout de ma canne, je l'envoie rejoindre dans la Marne l'autre partie du deux-pièces, maintenant inutile. Puis grelottant un peu — car le vent s'est levé et je suis nue sous ma robe — je remets mes sandales, je remonte l'escalier, en feignant d'ignorer Luc qui s'entête à ne pas vouloir comprendre qu'il est, lui aussi, désormais superflu.

— Je te ramène à Saint-Maurice, propose-t-il à voix basse.

— Si tu veux. Mais en rentrant pas un mot à ma tante. Elle en ferait une maladie.

* * *

De la même façon qu'à l'aller, sans aide, j'ai rejoint ma voiture, je me suis assise — point trop vite ! — j'ai saisi la manivelle. Devançant le geste de Milandre, je précise :

— Pas de poussette, hein ! Quand j'étais petite, j'adorais tourner le moulin à café. Trois kilomètres à moudre, la belle affaire !

Je souris de toutes mes dents, je me tiens à peu près droite. A peu près seulement, parce que mon dos me fait mal et surtout parce que je suis moins satisfaite de moi-même. J'avance lentement, la roue contre le trottoir. Sans fredonner. Le charme est rompu, l'exaltation tombée. Championne des paralysées dans le cinquante centimètres-brasse, quel sujet d'orgueil ! Voilà qui rejoint dans le ridicule bien d'autres expériences. Toutes ces « expériences » qui, après coup, ne me semblent plus que des fantaisies. L'autre jour, ho ! hisse ! c'était un essai à la corde à nœuds. Parlons-en de la Mère-Pendouille ! Le surlendemain on décidait comme ça, pour voir, de marcher sur les mains. « On » s'est d'ailleurs effondré, le nez dans une bassine d'eau de vaisselle abandonnée à terre par Mathilde. En vérité, que veut-on, que peut-on se prouver ? Il y a longtemps que je les connais, mes limites ! Il y a longtemps que j'ai pu les apprécier, les moyens qui me restent ! Chacun peut se donner des leçons d'énergie, bien sûr : c'est même la seule matière dont s'accommodent parfaitement les autodidactes. Mais de la leçon à cette sorte de démonstration, de la volonté au goût du miracle, il y a une marge. Et si j'avais échoué, cette fois-ci ? Si je m'étais stupidement noyée, offrant quarante-huit kilos de viande violette aux pales d'hélices et aux vannes de l'écluse ? Pis encore : s'il avait fallu être sauvée par le canot rouge des secouristes, leur fournir d'impossibles explications, passer pour une espèce de folle ? Je me retourne, je jette un coup d'œil à Milandre qui me suit, effacé, silencieux et se bornant — le gros malin ! — à raccourcir son pas.

— Tu me trouves idiote, hein ?

Luc hausse faiblement une épaule et répond, prudent :

— Tu t'ennuies.

Je serre les dents. L'ennui est une affreuse excuse. L'ennui ! Comme le mot et la chose sont loin de moi, si elles sont proches de lui ! Il me prête son mal. Il ne comprend décidément rien à rien, ce pauvre Luc, médiocre en tout sauf en amitié et qui ne possède même pas l'intelligence de cette amitié. Essayons de lui expliquer :

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