Hervé Bazin - Lève-toi et marche

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Lève-toi et marche: краткое содержание, описание и аннотация

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« Non, je ne suis pas, je ne serai pas une infirme ordinaire, que mon orgueil bouleverse mes défaillances ! » Ordinaire, la vie de Constance, vingt ans, ne le sera pas. Paralysée, elle aura une influence décisive sur les êtres qu'elle a choisis pour agir à sa place. Mais le mal dont elle est atteinte empirera et, malgré sa volonté farouche, il ne lui sera même pas accordé de vivre par personnes interposées.
Contre une morale formelle et consacrée, Constance est le champion de la sincérité et de la générosité constructive. Elle incarne le courage personnel, et se raillant elle-même avec un désespoir discret, elle remplace ce premier devoir humain : dominer les servitudes du destin.
Courageux, poignant, tendre et sensible,
est un des grands romans d'Hervé Bazin.

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INTERDICTION DE SE BAIGNER

Arrêtons. Faisons demi-tour pour nous ranger à vingt ou trente mètres de l'endroit choisi. La précaution est superflue, mais la distance à franchir corse l'affaire. Voilà un bon exercice supplémentaire, une mise en train. Après tout je ne suis qu'une demi-paralytique. Il y a beau temps que je remarche appuyée sur des béquillons, moins odieux que des béquilles (et qu'il convient d'ailleurs d'appeler cannes). Mais je n'ai pas encore tout à fait éliminé cette rotation du tronc, cette démarche fauchante, ces trépidations du pied qui rendent pitoyables les promenades d'infirmes. Il reste surtout des opérations délicates, notamment celle de passer d'un équilibre à l'autre, de la station assise à la station debout ou vice-versa, sans faire de grotesques contorsions, naturellement, comme si on était une fille peu différente des autres, une de ces jouvencelles qui dépensent sans compter leur souplesse. Quelle économie des forces, quelle expérience de la pesanteur nous sont nécessaires, à nous, pour les imiter ! Plus exactement : pour les singer ! Un paralytique qui se respecte a son catalogue de trucs et son plus grand plaisir est d'en trouver de nouveaux, de parfaire ses petites méthodes. On en arrive à jalonner rapidement le terrain, à l'examiner comme une épure, pour repérer le moindre appui et trouver la manière la plus élégante, c'est-à-dire la moins voyante de s'en servir.

Longer ce parapet sera un jeu d'enfant. Une seule canne suffit. Il n'y a qu'à poser la main sur la murette. Mieux : à pianoter du bout des doigts sur la pierre. Comme d'habitude, marchons d'abord avec les yeux. Dix-huit poses du regard, dix-huit mesures : cela fait dix-huit pas. Arrivée au petit escalier, je cacherai ma canne dans un coin. Puis je descendrai, assise, degré par degré. C'est une mise à l'eau en trempette. Moi qui me lançais, à huit ans, du haut du grand plongeoir ! Au fait, si j'étais vraiment courageuse, je devrais tenter le groupé puisque, dans ce plongeon-là, on se tient les pattes.

* * *

Papa, les petits bateaux qui vont sur l'eau ont-ils des jambes ?… Pedcs habent et non ambulabunt… T'en fais pas, la Marie… Quel harmonieux mélange ! A vrai dire peu importe le sens des mots. Il s'agit de me donner du cœur au ventre. Il s'agit d'une chanson de marche. N'est-il pas souhaitable, au surplus, qu'une décision grave soit exécutée avec les grâces du jeu ? Me voilà debout, au bord du quai. La pointe de la canne fait des trous réguliers dans le sablon. Progressant sur la pierre de taille du parapet, l'index, le médius et l'annulaire en éprouvent la rugosité. Tout compte fait, l'annulaire est inutile. Le médius aussi. L'index suffira. Et même l'ongle de cet index, que meule le grès. Mon dix-neuvième pas (dix-neuf et non dix-huit. Pour l'erreur de calcul… hou, Constance, hou !)… mon dix-neuvième pas m'amène au sommet de l'escalier dont la Marne noie la huitième marche. La première reçoit mon derrière, un peu rudement, parce que j'ai lâché ma canne trop tôt. Autre petit malheur : j'ai oublié ma serviette. A la réflexion, j'ai aussi oublié mon casque. Mais ces détails sont secondaires. Descendons, degré par degré, en fredonnant toujours, en feignant la rigolade, comme s'il s'agissait de jouer au tapecul des mignonnes sur le fond blanc d'une culotte Petit-Bateau. L'eau est maintenant à portée de ma main. J'y plonge un doigt, puis deux, puis tout l'avant-hras. Mais chose curieuse — et que j'ai déjà remarquée devant mon lavabo — ma main n'a pas d'avis, ne peut pas dire si l'eau est chaude ou froide. J'ôte mes sandales, et mes jambes plus sensibles la trouvent bonne. Bonne ou pas bonne, d'ailleurs, cela ne change rien, ma Constance ! Même s'il fallait casser la glace pour te foutre dedans, je te la casserais, sois-en sûre ! Allons ! Un, deux, trois, quatre, cinq… sautez, petits boutons ! Cette robe de plage, qui s'ouvre sur le devant, je la dépouille en me tortillant comme une couleuvre qui abandonne sa peau. Et pour la première fois depuis des années, j'apparais en maillot.

En maillot. Me voilà tout chose. Mon maillot ! Mon deux-pièces ! Oui, j'avais dix-neuf ans lorsque maman se mit en quête de quatre pelotes de laine récupérée et les obtint contre un kilo de beurre. Du beurre de la ferme qui appartenait aux cousins de Normandie. De cette même ferme où toute la famille Orglaise serait plus tard anéantie. Tous les miens. Tous les miens à l'exception de tante Mathilde et de ça !…

De ça ! Ça, c'est moi. La belle loque ! La belle fille à la poitrine rare, aux hanches plates, aux jambes de carton-pâte ! Regardez-moi ces orteils, qui remuaient, qui grouillaient avec vivacité et qui ont l'air aujourd'hui d'une rangée de petits cailloux. Je me soulève sur les mains, je descends encore, je m'assieds sur une marche submergée. L'eau, qui me mouille jusqu'au nombril, semble sale et glaireuse. Elle sent l'herbe, la vase et l'anguille. Elle clapote : « Tu as peur, ma fille. Tu essaies de faire passer ta peur pour du chagrin. Mais tu as peur… » Ce n'est pas vrai, je n'ai pas peur. Je crains seulement d'être idiote. Ou, qui pis est, sacrilège. Cette vaine acrobatie n'a-t-elle pas quelque chose d'égoïste, de provocant, envers la rigidité définitive de nos morts ? Papa, maman, Marcel… Qu'en penseraient-ils tous trois ?

« Ils en penseraient que tu les honores ! » Non, je ne suis pas, je ne serai pas une infirme ordinaire. Que mon orgueil bouscule mes défaillances ! Il lui faut cette revanche, ce test. Mon pauvre deux-pièces de laine récupérée, qui pue l'antimite, n'est qu'un argument de plus. Aujourd'hui, c'est moi qui suis récupérée. Je me dope, naïve et pompeuse. Vulcain, Couthon, Talleyrand, Corinne… Corinne surtout puisqu'elle était femme… Inspirez-moi, les grands bancals ! Je me souviens du grand titre, à la une, encadré de noir : F. D. R. est mort ! Je me souviens de l'article nécrologique, de ce passage que j'avais lu et relu, que je connais encore par cœur : Foudroyé par la paralysie infantile, Roosevelt ne renonça point. A force de volonté, ce sportif parvint à se tenir debout, à marcher presque normalement en s'appuyant discrètement au bras d'Eleanor. Parfois il se faisait conduire à la piscine et, nageant avec les bras, tenait encore sa place dans une partie de water-polo… Te-nait-en-co-re-sa-pla-ce, Constance, entends-tu ?

Et plouf ! Je tiendrai la mienne.

La prudence me conseillait de continuer à descendre dans l'eau, marche par marche, de faire un essai de brasse avant de perdre tout contact avec l'escalier. Mais la prudence… Il est bien question de prudence !

Sous un mètre de Marne, je me débats, je m'embrouille, je récite un long chapelet de bulles. J'ai bien commandé à mes jambes, instinctivement, cette double détente, ce vigoureux « coup de pied aux antipodes » qui renvoie les plongeurs à la surface. Mais elles n'ont pas pu m'obéir. A peine ont-elles esquissé une molle grenouillade. Certes, les bras vont sauver la situation. J'émerge, je souffle, je crache, je recrache. J'ose même, par bravade, gâcher de l'oxygène en reprenant : T'en fais pas, la Marie…

Mais rien à faire pour coordonner mes mouvements. Vaine ambition. Comme un aveugle de guerre cherche à voir en se référant à ses souvenirs, je fais de la nage cérébrale. Joli brassage de flotte qui, vu du rivage, doit ressembler au barbotage affolé d'une débutante ! Qui oserait penser que cette ridicule ondine laissait sur place, jadis, les copines du club ? La planche s'impose. Avec des cuisses qui ne valent rien, il n'y a plus qu'à faire du fil-de-l'eau, comme le poisson crevé, en attendant de trouver une solution plus élégante. Tous les animaux ne nagent pas de la même façon et je suis devenue un autre animal, une sorte d'apode. Les couleuvres d'eau, qui nagent si bien, sont aussi des apodes : il faudra m'inspirer de leurs ondulations. Il doit être possible de tenir les jambes soudées, l'une contre l'autre, de se servir des hanches, de transformer tout le bas du corps en godille…

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