Hervé Bazin - Lève-toi et marche

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« Non, je ne suis pas, je ne serai pas une infirme ordinaire, que mon orgueil bouleverse mes défaillances ! » Ordinaire, la vie de Constance, vingt ans, ne le sera pas. Paralysée, elle aura une influence décisive sur les êtres qu'elle a choisis pour agir à sa place. Mais le mal dont elle est atteinte empirera et, malgré sa volonté farouche, il ne lui sera même pas accordé de vivre par personnes interposées.
Contre une morale formelle et consacrée, Constance est le champion de la sincérité et de la générosité constructive. Elle incarne le courage personnel, et se raillant elle-même avec un désespoir discret, elle remplace ce premier devoir humain : dominer les servitudes du destin.
Courageux, poignant, tendre et sensible,
est un des grands romans d'Hervé Bazin.

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En l'absence de Mathilde — convoquée à l'improviste par un client pressé — celle-ci me débitait depuis un quart d'heure les consolations d'usage, d'une voix de source, tiédasse, imbuvable. Comme d'habitude, je restais sur la défensive, recroquevillée dans mon ingratitude, muette, polie, branlant du chef et admirant une fois de plus combien la pitié, déjà pénible quand nous la subissons de la part de nos proches, peut devenir intolérable quand elle n'a plus l'excuse ni les façons de l'intimité.

— Alors, vraiment, vous ne voulez pas de mon chat ? Le chat, voilà pourtant le compagnon idéal de l'infirme : fidèle, pas remuant, affectueux… Mon chat est celui d'une octogénaire, atteinte d'un cancer et que nous sommes obligés de transférer aux incurables.

Un chat d'octogénaire et pas remuant ! Un chat sur mesure pour paralytique. D'une pierre, trois coups : voilà un chat sauvé, une incurable tranquillisée, une Constance comblée ! La providence insistait :

— Un très beau chat, vous savez, très doux, très propre, en très bonne santé…

La plaisanterie avait assez duré. J'ouvris enfin la bouche.

— Non, merci. Si votre chat était affreux ou malade, je pourrais à la rigueur m'y intéresser. Mais un chat parfait trouvera facilement preneur. Il n'a pas besoin de moi.

Mlle Calien parut interloquée. Il n'a pas besoin de moi… Cette petite renversait les rôles, mettait à l'épreuve une patience exercée.

— Alors, je vous apporterai des livres ? Nous avons de bons romans et quelques ouvrages rééducatifs, sérieux, qui pourraient vous être profitables. Vous lisez ?

— Je ne lis presque rien : quatre ou cinq livres par an. Si vous préférez, je lis presque tout, tout ce qui est valable : ce qui revient au même. La littérature moderne s'embarrasse de problèmes qui m'ennuient ou qui me semblent inexistants. Quant aux publications spécialisées pour infirmes, je n'y touche jamais… Que l'amateur de melons lise Le Petit Jardinier et le bouif du coin La Cordonnerie française… soit ! Mais la paralysie n'est pas une profession. Encore moins un amateurisme, je vous en réponds ! Ce qui me parle de mon état ne m'intéresse pas : je le connais trop.

Sursaut. Nervosité des gants gris. Indignation des ailes du nez qui flairent une révolte. Mais la fermeté, n'est-ce pas, peut devenir une des formes de la compassion.

— Vous vous connaissez, mais vous ne vous acceptez pas. Ce serait pourtant plus facile…

Hélas ! Le tac au tac est mon pire défaut.

— Plus facile, en effet. Je n'aime pas la facilité. Et je me demande pourquoi on exige toujours des infirmes ou des pauvres qu'il s'acceptent, au lieu de s'oublier.

— S'accepter, c'est se mériter.

— Le beau mérite que de dire oui à tout ce qui nous diminue !

— Ne faites donc pas de phrases.

Par bonheur je pus retenir la riposte : « Et vous, épargnez-moi les phrases toutes faites. Cette personne, qui après tout me voulait du bien, n'en méritait pas tant. De son côté, Mlle Calien, essoufflée par cet échange de balles auquel ne l'avaient point accoutumée les bénédictions cauteleuses et les pleurnicheries de sa clientèle ordinaire, laissait tomber des paupières de sainte découragée. Prête à partir, elle vérifiait ses boutons. Un scrupule la retint, elle aussi.

— Voyons, mon enfant, on m'a envoyée ici pour vous aider. Du moins je le croyais. Nous ne faisons pas de miracle, mais parfois nous soulageons. Si vous avez besoin de quelque chose, dites-le.

— Je n'ai besoin de rien.

Radoucie (malgré le « mon enfant »), un peu confuse et ne me sentant pas trop bonne conscience, je voulus envelopper ce refus :

— Evidemment, depuis la mort de mon père, notre situation a changé. Mais ma tante a pu se procurer cette machine à écrire et cette ronéo, qui nous font vivre. J'ai aussi une petite pension de victime civile. Avec un faible loyer, un peu d'adresse et des menus de femmes seules…

Excellente réaction : la visiteuse s'assied plus largement sur sa chaise. Nos sourires se rencontrèrent. « J'ai bien fait de rester », avouait l'un. « Hé, oui ! disait l'autre. Une seconde de moins, ma brave demoiselle, et j'allais rater votre estime. Comprenez ce fichu caractère sur qui n'a aucune prise votre petit laïus passe-partout. Pour m'apprivoiser, il faut parler ma langue. » Soudain, Mlle Calien ferma un œil, comme pour viser.

— Vous ne vivez pas seule, dit-elle. Ne soyez pas trop désintéressée.

Mouche ! Elle venait de faire mouche, cette maladroite. Rien ne m'a jamais plus embarrassée que le dévouement de Mathilde. Décidément inspirée, Mlle Calien poussa son avantage :

— Je ne vous apporte rien, c'est entendu. Vous, alors, donnez-moi quelque chose à remporter. Un peu de confiance…

Comme il est facile de m'avoir ainsi ! Je me sentis moins raide. J'hésitai une seconde. Puis, comme je l'avais fait dans la Marne, je piquai une tête dans l'éloquence.

— Eh bien ! voilà : la seule façon de m'être utile, ce serait de m'indiquer comment je puis l'être encore moi-même.

Long silence… L'assistante n'en finissait pas de hocher la tête, d'un air pénétré (ou sceptique). Comme j'en ai la détestable habitude, je réservais mes commentaires… Et alors ? Qu'est-ce qui vous étonne, mademoiselle ? Si lasse que vous soyez, si blasée, vous devez reconnaître ce boniment. Il a dù vous traverser les dents, jadis, quand vous étiez plus jeune, quand votre vocation de servir ne s'était pas enlisée dans les routines d'un service. Je vois… Ce qui vous ahurit, c'est qu'une telle prétention puisse naître chez une bancroche qui a déjà du mal à s'occuper d'elle-même. Mais rappelez-vous les derniers slogans de la philanthropie à l'usage des personnes susceptibles : Le don paie toujours une dette (un peu ébouriffant, hein !), ou : La charité n'est qu'un troc, ou encore : Aidez-vous de ceux que vous aidez, formule dont je me recommande…

— J'imagine que, déjà, vous secondez votre tante, fit enfin Mlle Calien, prudente et désignant du menton la machine à écrire.

Rappel discret : d'abord, ma petite fille, il y a le devoir d'état. Des tas de choses ennuyeuses, disait l'humoriste. On peut ajouter : qui suffisent d'ordinaire à décourager les gens bien portants. Mais mon devoir d'état, selon Mathilde, est de n'en point avoir et je suis de ces infirmes qu'afflige une terrible santé. Ah ! comment exprimer tout cela sans tomber dans l'édification, l'hypocrisie ou la naïveté, trois genres que j'abhorre ? Il y a bien ce que la directrice du cours Sévigné appelait « la politique de la châtaigne et dont elle se plaignait en gémissant : « Cette génération ! Elle a honte de sa bonne volonté, elle se hérisse, elle fait de l'ironie, elle a l'air de se moquer des gens et d'elle-même. Je ne sais plus comment la prendre. » Après tout, Mlle Calien savait peut-être, elle, qu'il ne faut pas toucher la bogue et laisser tout bêtement éclater la châtaigne.

— Je sais bien qu'en ne vous demandant rien je vous en demande trop. Excusez-moi d'être aussi exigeante.

— Oh ! fit l'assistante, bonasse.

Puis, tirant son sourire de biais :

— Heureusement, avoua-t-elle, que ça ne m'arrive pas tous les jours !

Un bon point. Elle ne faisait pas une tête grave, ni une tête effarouchée, ni même une tête de mystifiée qui garde son quant-à-soi. Comme il est imprudent de juger trop vite ! Des gens que l'on croyait ternes ont des ressources de caméléon. Renseignée sur mon compte, Mlle Calien changeait d'expression, s'ajustait sur le visage un nouveau masque : celui de la bonhomie. Une bonhomie sérieuse, certes ! mais relevée par ce rien d'impertinence qui rend le sérieux supportable. Dodelinant du chapeau, elle philosophait, sur le ton badin :

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