Hervé Bazin - Un feu dévore un autre feu

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Un feu dévore un autre feu: краткое содержание, описание и аннотация

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Un feu dévore un autre feu, un grand roman d'amour, un drame de la passion, enchâssé dans un drame social dont les vingt dernières années nous ont fourni de bouleversants exemples. Imaginaire, se déroulant dans un pays non précisé, en vingt-six jours, cette histoire, où l'amour triomphe malgré tout, emprunte ses passages les plus intenses au tragique le plus réel de notre temps.

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— À la rigueur le dimanche nous pourrons inventer des sorties, mais le jeudi c’est Fidelia qui, en notre absence, garde le petit toute la journée…

Brave, mais non rassurée, c’était Selma qui avait mis l’horaire au point. Rentrée juste une minute avant le couvre-feu, elle avait approuvé son mari en respirant tout de même un peu court. Mais elle avait écarté la suggestion :

— Dans ton état si tu demandais quinze jours de repos…

— Non, n’attirons pas l’attention. Il y a deux cents personnes à l’ambassade…

Deux cents personnes là-bas, deux ici. Manuel en avait le rouge au front ; et ce malaise n’avait cessé de croître. Sur l’instant, talonné par l’urgence, il ne s’était guère tracassé pour ses hôtes. Mais en dehors des complications apportées à leur vie, de l’obligation de parler constamment une langue pour eux étrangère — Manuel parlant le français, mais non Maria —, des difficultés de ravitaillement, des frais occasionnés par deux bouches supplémentaires, il ne pouvait plus se défendre du sentiment d’avoir apporté dans cette maison quelque chose d’aussi dangereux que le choléra. L’humiliation de se retrouver dans un état proche de la mendicité l’étouffait ; mais bien davantage encore la honte de s’imposer, de parasiter la générosité d’un couple incapable de refuser une aide qui pouvait lui attirer les pires ennuis.

À l’idée de compromettre pour son propre salut la sécurité d’une famille — exactement comme il avait compromis celle de Maria —, à l’idée que cette jeune femme enceinte aurait dû lui dire : « Écoutez, monsieur, j’ai trois vies plus précieuses pour moi que la vôtre à préserver », Manuel pouvait sans doute opposer un fait : l’initiative de l’accueil appartenait à Olivier. Mais le soir même de son arrivée, en face de la télévision, quand le général entouré de ses acolytes était venu justifier son action devant le peuple et devant l’histoire, quand, après avoir parlé de la grande pitié de nos frères rongés par une idéologie d’importation, il avait haussé le ton, répudié toute indulgence, promis des châtiments exemplaires aux responsables, aux irréductibles, comme à toute personne qui, hébergeant un ennemi public, fait cause commune avec lui et doit être traitée aussi sévèrement… Manuel l’avait surpris, le coup d’œil échangé entre les époux ! Pas de regret, mais du frisson. Une estimation plus juste des conséquences de leur geste. Elle sonnait faux, l’ironie d’Olivier, murmurant :

— C’est curieux, les dictateurs ont rarement la gueule de l’emploi. Hitler s’était fait la tête de Charlot. Avec son képi sur l’oreille, celui-ci ressemble à un douanier.

Elle sonnait encore plus faux, son encourageante remarque destinée à Selma, trop pâle et passant constamment un bout de langue sèche sur des lèvres mauves :

— Tu sais, tes compatriotes ont fait mieux que nous : il paraît qu’à l’ambassade de Suède on est obligé de rester debout, tellement il y a de monde.

Mais il avait eu raison d’ajouter :

— Je vous en prie, Sénateur, ne faites pas de complexes. Le devoir d’assistance à personne en danger ne s’inverse pas au gré d’un traîneur de sabre. Ce n’est pas seulement à vous que nous donnons asile, mais au proscrit que nous pourrions être si nous nous trouvions un jour dans votre situation… Excusez l’emphase et laissez-moi d’ailleurs préciser : si je trouve normal de partager vos risques, je ne partage en aucune façon vos idées.

— Moi, j’avoue que j’ai un peu froid dans le dos, avait ajouté Selma. Mais de toute façon…

Manuel avait aimé ces trois mots. De toute façon Selma n’avait pas le choix. Olivier ne lui avait pas demandé son avis. La générosité, le courage ne sont jamais si vrais qu’en montrant leurs limites. Manuel avait aimé aussi le bond de Selma allant soudain embrasser Maria, autre femme anxieuse de protéger un homme dont la seule présence aventurait le sien.

*

Mais la cohabitation avec des étrangers, dans une maison où deux personnes sont libres, où deux sont recluses et néanmoins contraintes de faire les gestes élémentaires de l’existence, tandis que dans le même espace deux autres, visibles pour les premières, invisibles pour les secondes, doivent continuer à vivre sans soupçonner un instant la présence de résidents fantômes, c’est forcément un délicat exercice. La plupart des gens ont une divination confuse des signes et des traces. Rien de plus tenace qu’un reste de parfum, qui trouble celui de la maîtresse de maison. Rien de plus anodin, mais de plus repérable, que de légers déplacements d’objets usuels : celui de la brosse, par exemple, que Selma pose toujours sur le dos et dont il devient singulier que s’y faufile un cheveu roux. Et que dire de cette tranche de jambon que Vic réclame et dont Maman assure d’abord :

— Elle est dans le frigo sur la troisième tablette.

Puis, très vite, après réflexion :

— Non, c’est vrai, mon chéri, je l’ai mangée hier, alors que Vic se souvient bien d’avoir vu sa mère piocher dans l’omelette.

Dans le quotidien, nul n’est constamment à la hauteur de ses intentions. On a beau être sur le qui-vive, un ballet d’apparitions et de disparitions, dont aucune ne doit être ratée, ne se règle pas aisément. La connaissance des lieux, la maîtrise des horaires, le remplacement de l’œil par l’oreille dressée à l’appréciation des bruits et des voix ne s’acquièrent pas en un jour. Un détail oublié prend l’aspect d’une imprudence et provoque de petites remarques, de légères frictions et, surtout, une tension nerveuse, une inquiétude d’autrui qui peut devenir une fatigue d’autrui.

Cependant, la plus sérieuse, la plus immédiate aventure, pour Manuel, s’appelait Maria et, pour Maria, elle s’appelait Manuel. Une chose est de se rencontrer de temps à autre, aiguisés par l’attente, pour un moment privilégié choisi parmi ces heures, ces jours où ne sont « ouvrables » que les bras et qu’exalte déjà, avec celle des retrouvailles, la petite féerie du férié ; une autre est de se retrouver en l’espace d’une heure déracinés de tout et jetés dans une vie ou plutôt une survie commune, précaire, réduite d’ailleurs à la seule communauté des sentiments, en l’absence de tout ce qui assure d’ordinaire l’insertion, la subsistance, l’enchantement et la pérennité d’un couple, y compris — puisqu’il était toujours blanc — le lien le plus puissant de tous, celui de la possession. Le tragique, certes, est un extraordinaire adjuvant de l’amour et, dans le deuil même, il apporte une sorte d’analgésique. Mais il retombe vite et, pour peu que s’allonge une relégation, les belles angoisses s’enlisent dans les petits soucis, les besoins, les peurs, les récriminations. Ce mutin le savait qui, abordant son île, criait à ses comparses :

— Vous voilà sauvés, mais attention ! vous ne l’êtes pas de vous-mêmes.

Époux sans l’être, contraints au face à face, Manuel et Maria connaissaient d’abord cette gêne banale, un peu bête des campings mixtes où filles et garçons se contorsionnent pour se déshabiller dans l’ombre. Mince épreuve, à la vérité. Les jeunes ménages savent bien que la vraie plaie de l’intimité, c’est la brusque découverte des défauts, des manques, des tics, des faiblesses du conjoint (mais ils ont, eux, la ressource d’envelopper ça dans la peau triomphante où frémit la jeunesse du plaisir).

Que faire à deux, à longueur de journée, dans ce refuge, sinon se regarder, s’écouter, se surprendre ? À ce jeu-là Maria risquait moins que Manuel, bien qu’elle crût le contraire. Se dire : « Pour cet homme important qui a tout perdu, je suis une maigre consolation », se dire : « Avec un petit bac, un poste de secrétaire chez Gallego import-export, comment puis-je l’intéresser ? », c’était oublier que si les femmes se prennent par les oreilles, les hommes se prennent par les yeux et qu’ils ne détestent pas les bouches closes, par le baiser comme par l’admiration. Mais l’humilité chez Maria ne laissait pas reculer d’un pouce ses convictions ; son silence se rassemblait longuement sur des remarques, parfois pointues ; et dans les choses pratiques elle décidait avec une assurance conjugale, agaçante pour un célibataire habitué à son autonomie :

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