Hervé Bazin - Un feu dévore un autre feu

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Un feu dévore un autre feu: краткое содержание, описание и аннотация

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Un feu dévore un autre feu, un grand roman d'amour, un drame de la passion, enchâssé dans un drame social dont les vingt dernières années nous ont fourni de bouleversants exemples. Imaginaire, se déroulant dans un pays non précisé, en vingt-six jours, cette histoire, où l'amour triomphe malgré tout, emprunte ses passages les plus intenses au tragique le plus réel de notre temps.

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*

Manuel s’est soulevé, s’est écarté, patient, mais frémissant de ce qui lui court dans le sang. Il s’est mis à genoux devant l’espèce d’œilleton qu’il a pratiqué dans le toit, côté rue, en déposant un panneau du doublage et en relevant une tuile dont il a calé le talon avec un bout de bois. C’est l’observatoire qui lui permet de savoir qui entre, qui sort, d’assister au passage des rondes quand retentit leur pas cadencé, de surveiller la relève des factionnaires, les sorties et les rentrées des riverains aux heures prévues par le couvre-feu. Souvent il ne va chercher là qu’un prétexte à se servir de ses yeux, à disposer de la longueur du regard, plus libre que lui-même, tandis qu’en fait c’est son personnage qu’il espionne, qu’il décrit à mi-voix. Cette fois, il murmure :

— Je me méfie des romantiques, Maria, et je crois que chacun se doit de se conserver pour sa cause. Mais quand on a tout perdu, sauf soi-même, on n’aime pas sa sécurité. J’ai honte de ne rien faire, j’ai honte de ne rien subir.

Une minute plus tard il reprend :

— D’ailleurs toi aussi tu penses que nous n’avons pas droit au bonheur.

Il attend, il souffle encore :

— Autour de nous c’est l’enfer. On ne se taille pas un paradis dans l’enfer.

— Chut ! fait Maria.

Elle a remarqué que Manuel venait de la tutoyer. Les commentaires — et Dieu sait s’il en débite toujours ! — , cela le soulage, mais il faut les arrêter tout de suite quand il hausse le ton. La pluie semble avoir cessé : son bruit fluide a fait place à un jeu de sautillements, de griffades légères. Manuel, qui observe les alentours, constate :

— C’est curieux, la voiture des Legarneau reste rangée contre le trottoir. Fidelia a au moins une heure de retard.

Il revient s’allonger sous l’étroite lucarne de verre teinté par où ne pénètre — côté jardin — qu’une lumière pourprée propice aux manipulations photographiques. Les plâtres de la cloison, le peignoir qu’a emprunté Maria, le chandail de Vic en sont comme teints en rose. Devant lui Maria est enfoncée dans ces cheveux que l’étroitesse du réduit transforme en tête de loup et dont il doit retirer chaque matin quelques toiles d’araignée. Manuel se tourne et se retourne sur les bosses d’air du matelas pneumatique. Il réfléchit, il sifflote, il plisse les yeux, il prend des notes sur son petit carnet dans la pénombre. Enfin montent des éclats de voix confus, moins riches apparemment d’explications que de lamentations. Une porte bat. Une voiture démarre. Un aspirateur se met en marche.

Pas pour longtemps ; un preste froufrou d’ailes dénonce l’envol des moineaux égratigneurs de zinc, donc l’approche d’un visiteur. Manuel, qui continuait d’écrire, se contente de tendre l’oreille. L’aspirateur apparemment est échangé contre un balai. Un pas d’homme tantôt sec (il marche sur le parquet), tantôt feutré (il marche sur du tapis) fait la navette dans la salle commune, puis dans le couloir où des chocs sur les plinthes, mêlés à des propos obscurs, révèlent que Fidelia discute en continuant son ménage. Peu à peu la conversation, ponctuée de gémissements, devient plus nette ; il y revient sans cesse le nom d’un certain Pablo. Enfin voilà, franchement audibles, Fidelia et son interlocuteur piétinant sous la trappe :

— Moi, dit l’homme, je retourne au village et je te conseille d’en faire autant.

— Pour vivre de quoi ? rétorque Fidelia. J’ai deux gamines à nourrir et je ne vais pas laisser Pablo seul dans son trou.

— Ne bougez pas, Manuel ! chuchote Maria.

Trop tard. Manuel rampe déjà vers la trappe séparée du plafond par un faible interstice qu’il a aussi un peu bricolé : l’encoche laisserait difficilement passer une allumette, mais elle permet quand même de distinguer une tache noire, qui est une fanchon, se détachant sur la tache jaune d’une robe à proximité d’une tache gris clair, probablement un fond de casquette appartenant au propriétaire des deux bras qui gesticulent alentour. Mais Manuel n’en verra pas davantage : il a oublié de retenir sa respiration et, le nez au ras du sol, il inhale d’un coup tant de poussière qu’il ne peut retenir un éternuement :

— Quoi ? Qu’est-ce que c’est ? fait le visiteur.

Le silence qui suit, figeant les uns et les autres, leur apprendra au moins qu’ils partagent la même frousse.

— Ce doit être le chat, dit Fidelia, au bout d’une minute.

Le ton n’est pas celui de la conviction et il ne saurait l’être, car il n’y a pas de chat dans la maison. Des souliers craquent. On s’éloigne :

— Tout compte fait, dit encore Fidelia dont la voix s’estompe, je griffonne un mot pour Madame et je m’en vais. Il faut que j’essaie de voir Pablo…

*

Midi : Fidelia n’a pas reparu. L’escalier s’est déplié sans le moindre grincement grâce à l’huile de voiture trouvée dans le garage et dont Manuel a oint ses articulations. La première chose qui saute aux yeux dans la cuisine, c’est une feuille de papier quadrillé arrachée au livre de comptes et qui se trouve épinglée sur le rideau à fleurs. Pas de scrupules ! Si les cinq lignes tracées au crayon bleu, d’une écriture torse, collant les mots, sans points, sans virgules, sans signature, ne leur sont pas destinées, elles intéressent au moins autant les reclus que le vrai destinataire. Sans même bouger les lèvres ils déchiffrent ensemble :

Madame mon frère arrive Pablo dont je vous ai dit qu’il n’était pas rentré a bien été arrêté avec d’autres camarades on croit qu’il est à la prison centrale pardonnez moi je laisse tout en plan je meurs d’inquiétude j’y vais voir.

— Pour nous c’est plutôt rassurant, avoue Maria. Si Fidelia se doute de notre présence, elle a de bonnes raisons pour ne pas la trahir.

— Oui, dit Manuel, mais si les enquêteurs, après le mari, veulent entendre la femme, ils peuvent l’interroger assez méchamment pour lui faire lâcher le morceau.

L’œil aux aguets, il glisse vers le living et stoppe aussitôt sur le pas de la porte : Fidelia, en partant, a refermé les fenêtres, mais n’a pas tiré les rideaux. Par bonheur il recommence à pleuvoir : il n’y a personne dans les jardins proches. Reste la sentinelle plantée le long du mur du parc et qui s’est déportée sur sa gauche pour s’abriter sous le paulownia. Seule solution : ramper sur le parquet pour atteindre les cordons de tirage. L’opération a quelque chose de si cocasse que Maria ne peut s’empêcher de rire.

*

L’enjeu, c’était l’accès au poste. Manuel vient de tourner le bouton et les premières images vont tout de suite le punir. Rafle dans une filature, rafle dans les docks, rafle dans un centre agraire : aussi brutales les unes que les autres et cyniquement filmées pour que nul n’en ignore.

— En ville comme à la campagne, commente allègrement l’annonceur, l’armée poursuit la recherche des suspects.

Poussés à coups de crosse dans les reins, les suspects, en bleus, en poncho, en complet veston, basculent à plat ventre sur les plateaux des camions, tandis que leur marchent dessus de jeunes recrues dont le visage poupin disparaît à moitié sous le casque à bride et qui vont, le doigt sur la gâchette, s’accoter aux ridelles. Les spectateurs, gâtés, auront même droit à une fournée de femmes pilonnées de la même façon par leurs gardes, égrillards, ceux-là, et rigolant ferme, mitraillettes braquées sur les fonds de culotte qui apparaissent sous des jupes retroussées. Mais l’annonceur enchaîne :

— Maintenant, voyons le gros gibier.

L’écran papillote. Un premier portrait passe à l’envers. On le retourne, si mal cadré qu’il se trouve coupé en deux :

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