Hervé Bazin - Un feu dévore un autre feu

Здесь есть возможность читать онлайн «Hervé Bazin - Un feu dévore un autre feu» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Город: Paris, Год выпуска: 1980, ISBN: 1980, Издательство: Éditions Le Livre de Poche, Жанр: Современная проза, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Un feu dévore un autre feu: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Un feu dévore un autre feu»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

Un feu dévore un autre feu, un grand roman d'amour, un drame de la passion, enchâssé dans un drame social dont les vingt dernières années nous ont fourni de bouleversants exemples. Imaginaire, se déroulant dans un pays non précisé, en vingt-six jours, cette histoire, où l'amour triomphe malgré tout, emprunte ses passages les plus intenses au tragique le plus réel de notre temps.

Un feu dévore un autre feu — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Un feu dévore un autre feu», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

— L’épuration a dû sévir parmi les techniciens, dit Manuel.

Enfin défilent des visages piquetés de barbe, percés d’yeux caves, offerts de face, puis de profil selon les meilleures traditions de l’identité judiciaire. Chacun, bien sûr, a droit à son couplet :

— Celui-ci, hein ! vous le reconnaissez ? J’entends d’ici gronder les ménagères dont il était l’ennemi public. L’affreux Valverde, le grand patron de la pénurie, où croyez-vous qu’on l’ait trouvé ? Je vous le donne en mille ! Il se cachait sous le lit d’une prostituée.

— Voilà des gens qui connaissent leurs classiques, dit Manuel. Machiavel, déjà, recommandait de déshonorer l’adversaire.

Mais ce n’est rien, le meilleur arrive. Un quidam à visage aplati prend le relais, proclame que trop d’affreux ont pu se soustraire au châtiment, que les débusquer est un devoir national, d’ailleurs très bien récompensé :

— Un demi-million de prime ! Vous me direz que ces gens-là vont encore une fois nous coûter cher, mais au moins ce sera la dernière. Regardez bien. Le client du jour…

Panne. L’écran devient noir. Il y passe une cavalcade de points, de traits, de zigzags accompagnés d’éructations confuses. Et puis soudain Maria s’écrie : « Non ! » Le client du jour est en face d’elle ; le client du jour est à côté d’elle et le vrai regarde son double.

— Ohé, Manuel Alcovar, chante le poste, où êtes-vous donc ? Que dites-vous donc ? Seriez-vous devenu aphone ? C’est curieux, je ne vous entends plus.

En effet le son est coupé ; l’ébouriffé qui en plein air harangue on ne sait qui, ouvre la bouche, la referme, lance un bras en l’air, semble se mimer lui-même, Démosthène ridicule au pays du silence. Le quidam exulte :

— Eh bien quoi, Sénateur ! Vous me faites penser à votre petit copain qu’on avait surnommé le rossignol de la Révolution. Pour le bonheur de la canaille celui-là, aussi, soufflait du vent. Mais couic, le rossignol a ravalé ses doubles croches ! Les oreilles nous bourdonnent encore, Alcovar, de vos appels à l’émeute, et bientôt, soyez-en sûr, nous prendrons soin de vos cordes vocales.

*

Fin de l’émission qui, en capitales noires sur fond de drapeau national, répète son titre : AIDEZ-NOUS. Le titre s’efface pour livrer l’écran à l’intermède publicitaire qui précède les Actualités. Manuel va les regarder jusqu’au bout sans piper. Hors du monde, relié à lui par ce qu’ont décidé d’en montrer les maîtres du jour, il est le prisonnier de cette boîte à le dénoncer comme il l’est de cette boîte à le cacher où la première fait en vain son office, ressassé par d’innombrables autres. Il est un peu blanc, mais sous un sourire satisfait. Oui, satisfait. On le menace, donc il existe encore. L’information coule sur lui comme la pluie sur la pelouse. Acclamations, déclamations de commande, enfants à bouquets, pucelles honorées de baisers officiels, bons vieillards exprimant leur joie patriotique, ambassadeur expliquant que son pays est le seizième qui reconnaît la Junte, grand-messe à la cathédrale où le cardinal va chercher à la porte le général-président entouré de douze autres étoilés plus ou moins ministres de quelque chose. Manuel réagit enfin :

— Douze généraux, douze apôtres, le compte y est ! Quel beau peloton pour fusiller Jésus, ce factieux ! murmure-t-il, jetant un coup d’œil à Maria, fort gênée.

Mais aussitôt il change de ton :

— Vous avez reconnu le bout de film qu’ils ont truqué ? C’est un extrait du discours que j’ai prononcé le jour où nous nous sommes connus.

VII

Il pleuvait toujours. Manuel, pour occuper cet après-midi où le rez-de-chaussée reste accessible, noircissait du papier, dans le bureau d’Olivier ; et près de lui Maria, comptant ses points pour les diminutions des emmanchures, s’occupait aussi de ses souvenirs.

Oui, ce fut bien le jour, puisqu’il nous faut des dates à cocher d’une étoile sur le calendrier : le jour ou, plus exactement, la nuit : à vingt-deux heures sept le samedi 20 juin sur le passage pour piétons coupant l’extrémité de l’avenue de l’Indépendance, comme en fit foi la déclaration annexée au dossier de la compagnie d’assurances.

Oui, ce fut bien le jour. Mais elle ne l’avait jamais avoué à Manuel : le fameux discours — qui le datait —, ce discours prononcé au lendemain d’une première tentative de coup d’État, lors d’une manifestation massive de soutien au gouvernement populaire, elle ne l’avait pas écouté. C’est le dimanche seulement qu’avec un intérêt soudain, devant le poste réservé aux accidentés de la salle 7, elle en avait entendu un passage repris par les Actualités. La voix était superbe, le geste sûr, et l’orateur transfigurant l’homme, le visage se médaillait sur l’écran. Ce que tonnait Manuel, elle ne s’en souvenait pas. Une phrase surnageait vaguement. C’était quelque chose comme :

— La loi, seulement la loi ! Mais nous irons jusqu’au bout de ce qu’elle nous permet, contre ceux que nous savons prêts à aller jusqu’au bout de ce qu’elle leur défend.

Ce samedi 20 juin en tout cas, revenant de dîner chez ses parents, elle était de fort méchante humeur. Embossée à l’angle de l’avenue et de la place de la Liberté, elle n’attendait qu’un taxi. Elle n’attendait rien d’autre et surtout pas un homme. L’éternel reproche : Pourquoi ne te maries-tu pas ? associé à l’autre : Sinon, pourquoi vivre toute seule ? (sous-entendant, il va de soi, le contraire), l’insistance d’un père vantant les vertus fonctionnaires de l’excellent petit cousin Raul, l’acrimonie d’une belle-mère furieuse de n’avoir plus de belle-fille à réduire en servage et, pour couronner le tout, les propositions gaillardes d’un suiveur l’avaient exaspérée. Et voilà que ce dernier, ni vieux ni jeune, ni beau ni laid, portrait robot du bonhomme quelconque dont le dégoût ne retient pas un seul trait, osait lui crocheter le bras. Et pif, et paf, la gauche, la droite parties en même temps lui remettaient la tête en place, le laissaient planté sur l’asphalte, furieux, mais criant tout de même :

— Attention, idiote !

Parce que, dans la hâte d’échapper, Maria traversait sans regarder. Au nez d’une voiture. Qui malgré le feu vert stoppa en deux mètres, les freins hurlant aussi fort que le chauffeur, mais ne put éviter de rouler sur un pied droit dont tourna la cheville. C’est en sautillant sur le pied gauche que Maria dut accueillir ce garçon trapu à visage carré, barré d’une moustache en trait, qui ouvrait la portière et se précipitait pour lui porter secours, la laissant balbutier plusieurs fois :

— C’est à cause de ce type…

Ce qu’on remarque en de tels instants, on ne saurait l’expliquer. Tandis qu’il se baissait, ce garçon, et à genoux, d’autorité, palpait le pied tordu, le déchaussait, mettait dans sa poche l’escarpin à talon cassé, Maria, en équilibre instable, observait à la lueur laiteuse d’un réverbère cette raie bien nette, partant d’une tonsure à peine grande comme une pièce de monnaie pour filer vers le front dans le même axe que la forte arête du nez. Mais la raie, le nez, la moustache, le menton carré remontaient déjà à sa hauteur et c’est la voix chaude, modulée, qui devint surprenante pour ne rien dire, cependant, qui le fût :

— Vu ! À mon avis il n’y a rien de cassé. Vous avez une belle entorse. Prenez mon bras. Bien entendu, le salaud qui vous importunait s’est éclipsé.

Du suiveur en effet, à plus de cinquante mètres, le dos s’enfonçait dans la nuit. Clopinant, accrochée au bras de l’inconnu, Maria se retrouva d’abord assise sur un banc dominé par la statue de la Liberté nourrissant dans l’ombre deux jumeaux symboliques, puis après quelques hésitations sur le siège arrière d’une Volvo filant vers l’hôpital. À la souffrance près, taraudant son pied nu, elle éprouvait surtout de la confusion : un vague sentiment d’avoir, sous prétexte de soins, consenti à son propre enlèvement.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Un feu dévore un autre feu»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Un feu dévore un autre feu» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Отзывы о книге «Un feu dévore un autre feu»

Обсуждение, отзывы о книге «Un feu dévore un autre feu» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x