Hervé Bazin - Un feu dévore un autre feu

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Un feu dévore un autre feu: краткое содержание, описание и аннотация

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Un feu dévore un autre feu, un grand roman d'amour, un drame de la passion, enchâssé dans un drame social dont les vingt dernières années nous ont fourni de bouleversants exemples. Imaginaire, se déroulant dans un pays non précisé, en vingt-six jours, cette histoire, où l'amour triomphe malgré tout, emprunte ses passages les plus intenses au tragique le plus réel de notre temps.

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Cette fois elle n’en aura pas le temps. Le discret bourdonnement de la foule s’éteint, son piétinement s’accélère pour la disperser. Qui braille ? Une très belle queue s’allonge devant un magasin dont quatre policiers sont en train d’extraire deux courtes femmes au teint foncé, aux cheveux plantés à mi-front et qui osent contester le prix du poisson. On les embarque, déjà muettes, et la queue se rabat contre le mur, peureuse, rigide, alignée comme une série de bâtons sur un cahier d’enfant, pour laisser passer ce blondinet escorté par une fidèle servante :

Que han hecho, estas ninas ? dit Vic, passant à l’espagnol.

Fidelia prend son temps. Il est préférable de s’éloigner, de tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de fournir à la petite classe un vague début d’explication :

— Elles sont pauvres, dit-elle enfin. Elles trouvent que c’est trop cher.

— Et alors ? dit Vic. Maman s’en plaint aussi.

— On peut le dire chez soi, rétorque Fidelia. Pas dehors : ça devient de la politique.

L’avenue remonte. Fidelia allonge le pas, cherchant ses mots :

— Les pauvres, ces temps derniers, ont voulu se débarrasser des riches. Maintenant, tu comprends, c’est le contraire.

— Hé ! dit Vic, superbe de logique. On ne peut tout de même pas arrêter tous les pauvres. Qui est-ce qui travaillerait pour les riches ?

Fidelia rouvre la bouche, hésite et finalement se tait. On ne sait jamais : un enfant a vite fait de trahir une confidence, et la plus anodine, en ce moment, peut coûter cher. Surtout dans sa situation. La pente devient raide : elle souffle un peu, elle se voûte, elle se recroqueville si bien que l’épaule de Vic lui arrive presque au menton. Oui, mieux vaut ne rien dire. Mieux vaut ne rien voir, ne rien savoir.

Elle aurait pourtant bien envie de poser des questions. Elle l’a encore remarqué tout à l’heure, avant de sortir : la maison sentait le tabac et pourtant ni M. ni M me Legarneau n’ont jamais fumé devant elle. La chemise qui séchait sur la corde à linge, dans la cour, était beaucoup trop étroite pour Monsieur et la culotte, pincée par deux épingles de plastique, n’était pas l’une de celles de Madame. Depuis quelques jours d’ailleurs le réfrigérateur est anormalement plein. Il est hors de question de recevoir quiconque, le soir, de braver le couvre-feu ; et si Madame a voulu faire des provisions de sécurité, comment malgré son travail, malgré son état, a-t-elle pu s’imposer les queues que cela suppose ?

— Nous y voilà, dit Fidelia.

D’un quartier à l’autre, passé le raidillon, la coupure est brutale. Les arbres du parc pointent ; les jardins s’élargissent, gardés par des chiens gras, aux abois graves, ou hantés par des chats bien fourrés ; les toits chapeautent largement des pavillons que les pick-up transforment pour la plupart en grandes boîtes à musique déversant par les fenêtres ouvertes un salmis de doubles croches. Pourtant Fidelia sursaute et Vic lui-même s’arrête, médusé. D’une rue adjacente débouche une colonne de gamins, coûteusement affublés, qui en indiens, qui en carabiniers, qui en David Crockett, mais tous armés de fusils de plastique moulé. Ils sont une douzaine, encadrant six prisonniers d’âges divers aux mains croisées sur la tête. Ils piquent droit sur le mur d’enceinte, ils bandent les yeux des condamnés avec leurs mouchoirs, les collent contre la maçonnerie et se regroupent devant eux pour former un peloton d’exécution. Le chef s’écarte : ce n’est pas le plus grand, mais le porteur de la plus belle panoplie qui lui confère le grade de général.

— Vous ne pourriez pas jouer à autre chose, non ? proteste la sentinelle la plus proche.

— Feu ! crie le chef, abattant le bras avec conviction.

Douze bouches crachent une rafale d’onomatopées. Les victimes tombent, avec prudence d’abord, puis en prenant soin, une fois à terre, de paraître très mortes, de s’étaler les bras en croix, les jambes en équerre, de retenir leur respiration, tandis que le chef, six fois, crie Pan ! en leur appuyant sur la tempe un revolver à bouchon. Mais bientôt elles n’y tiennent plus ; elles ressuscitent en criant :

— Maintenant on change ! C’est toujours nous, les fusillés.

Fidelia, indignée, a déjà entraîné Vic, atteint la grille, sorti sa clef. Ayant levé les yeux — et de nouveau sursauté —, elle va laisser tomber son trousseau, le ramasser, s’offrir une quinte de toux avant d’ouvrir. Ainsi le coin du rideau aura le temps de retomber et l’ombre entrevue celui de disparaître.

VI

À fleur de toit que rend sonore la frappe incessante des gouttes, il pleut sans que rien n’en paraisse dans ce réduit au poutrage si sec et pourtant animé par cette eau qui glisse sur la tuile, qui cascade menu avant d’aller glouglouter plus bas dans le chéneau. Pour Maria ce serait plutôt l’inverse : c’est en dedans qu’elle se sent fondre. Encore heureux qu’elle ait pour se donner contenance mission d’achever le pull de laine blanche commencé par Selma à l’intention de son fils. Ses coudes, ses grosses aiguilles de plastique forment un hérisson défensif : contre Manuel, très encombré de son corps et qui se replie et qui se déplie et qui palpe une pelote et qui touche une épaule en grognant :

— Je ne supporte plus cette cage. Il y a deux bicyclettes dans le garage : j’irais bien faire un tour avec vous !

— Auriez-vous assez de la vie ? dit Maria.

Pur encouragement : elle aussi se risquerait volontiers dans la rue. Un refuge, quand le danger presse, on s’y recroqueville avec soulagement ; mais très vite on s’y sent frustré de sa vie. Si pour ses ennemis Manuel a disparu, il ne l’est pas moins à ses propres yeux. Ce réduit est devenu prison : une prison paradoxalement destinée à lui éviter la véritable, à lui conserver la liberté à condition de ne plus s’en servir.

Encore dolente et s’en voulant de l’être et s’en voulant de penser qu’elle pourrait cesser de l’être, Maria tricote de plus belle, s’embrouille dans ses mailles, ses regrets, ses espoirs. Ses morts l’ont pourchassée toute la nuit, ramenant avec eux une coupable stupeur. Comment a-t-elle pu les abandonner, comment a-t-elle pu renoncer à leur rendre les derniers devoirs pour suivre Manuel ? Comment peut-elle s’avouer qu’en épargnant celui-ci, celui-ci seulement, l’abominable hasard lui a fait comme une grâce ?

— Maria ! murmure Manuel dont la main, lentement, redescendue le long du bras de Maria, cherche maintenant à dénouer sa ceinture.

Maria se rétracte, mais ne se formalise pas. Est-ce sa faute si la promiscuité devient l’insistante occasion du désir ? Est-ce sa faute si dans l’absolue défaite, annulant vingt ans d’âpres efforts qu’il a pu croire un moment victorieux, Manuel cherche où il peut sa revanche ? Elle a penché la tête contre la sienne. Il ne faut pas qu’il se figure qu’on lui résiste parce qu’il est diminué, alors que tout au contraire il semble plus accessible à une fille depuis trois mois soucieuse de n’avoir rien ajouté — si même elle n’a rien ôté — à la dimension d’une vie publique. Il ne faut pas qu’il se figure qu’on est si glorieuse de ce que du reste il ignore et qui a tant étonné Selma, quand il a fallu lui avouer, confuse, que les pilules proposées — avec la même confusion — n’étaient pas nécessaires. Certes, sans se donner trop de prix, on ne s’en donne pas trop peu ; on préférerait ne pas céder, pour la première fois, à la surprise. Mais ne comprend-il pas, Manuel, qu’on veut respecter son chagrin, qu’on s’interdit de réincarner Carmen, qu’on se punit ?

— Excusez-moi, dit Maria, détournant la main qui s’égarait.

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