Caryl Férey - Pourvu que ça brûle

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Pourvu que ça brûle: краткое содержание, описание и аннотация

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De la Nouvelle-Zélande à l'Australie en passant par l'Indonésie, la Jordanie, le Chili ou les Etats-Unis, un carnet de route très rock, l'autoportrait en noir et blanc de l'auteur de
et
, Caryl Férey, chantre du thriller engagé, avec qui la réalité devient fiction survoltée.
Caryl Férey a grandi en Bretagne, près de Rennes, une terre qu'il aime pour ses côtes déchiquetées, ses concerts dans les bistrots et ses tempêtes. Grand voyageur, il a bourlingué en Europe à moto et fait un tour du monde à 20 ans. Depuis, il n'a plus cessé de le parcourir. En 1998,
a marqué ses débuts d'auteur de polar. Suivront
(grand prix des lectrices de Elle policier, prix Quais du polar, etc.), adapté au cinéma, et
, paru en mars 2016.

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Conquérants du bonheur, on avait sorti la hache de guerre.

*

Il est toujours assez curieux de revenir sur les lieux du crime. Ceux de Mapuche en l’occurrence. Parmi les quartiers du grand centre-ville de Buenos Aires, celui de La Boca était le plus populaire. Si on s’y faisait facilement détrousser dès la nuit tombée, de jour on pouvait se promener le long du vieux port de commerce, dont l’eau croupie près de l’ancien transbordeur offrait la première scène de crime. Je la peaufinai in situ , attrapai les détails au vol, avant d’amener ma troupe dans l’atelier de Jana.

Les sculptures de Regazzoni prenaient le frais dans les herbes folles de l’ancienne gare de Retiro. Des avions déglingués de l’Aéropostale, des varans à clous, rivets, écrous géants, des monstres en rails ferroviaires tordus, des machines fantastiques : l’artiste était parti en France, abandonnant son atelier aux aléas du temps. Deux ans étaient passés depuis ma première venue et, hormis la végétation et la rouille qui rongeait les œuvres, la friche n’avait pas changé. Grimpé à ma suite dans un avion fait de traverses, le Libraire-qui-trouvait-ça-nul passa à travers le plancher vermoulu de l’appareil, manqua de s’éventrer sur un bout de ferraille, croyant peut-être mimer les Vols de la mort de la dictature : mes équipiers s’impliquaient à fond dans le trip écrivain-voyageur.

« Las putas al poder, sus hijos ya están en él ! » (« les putes au pouvoir, leurs fils y sont déjà ! ») — même les slogans sur les murs y mettaient du leur.

La crise financière qui avait ravagé le pays neuf ans plus tôt était encore visible dans les rues, pas seulement sous la forme de graffitis, autre spécialité locale. Des familles mendiaient toujours sur des cartons le long des avenues du microcentro , des bataillons de cartoneros sortaient à la nuit tombée pour remplir leurs charrettes de rebuts, les travailleurs pauvres manifestaient en masse, cernés de camions blindés. Certains d’entre eux, traînant la nuit dans des endroits glauques, auraient leur place dans Mapuche , sniffant de la colle à rustine à l’ombre du stade de Boca Junior.

Avais-je bien préparé mon voyage ou la chance nous souriait-elle ? J’avais l’impression de vivre mon livre en direct, d’y croiser les personnages qui me manquaient. Nous rencontrâmes ainsi Miss Bolivia, une minuscule rappeuse inca, dans un ancien théâtre (fermé depuis la crise) devenu un bar associatif avec scène musicale gratuite. « Buenos Aires restera toujours Buenos Aires », assurent les porteños , amoureux de la culture. Clope-Dur enregistra un tube avec la chanteuse dans notre appartement magique transformé en studio : l’occasion pour la petite miss de devenir un témoin pour Rubén, la dernière personne à avoir vu vivante la photographe disparue…

Le quartier de Palermo offrait des lieux idéaux pour l’enquête de Rubén, lui aussi un oiseau de nuit. On y collectionnait les fêtes au gré des amis d’amis argentins venus grossir la vague. Les nuits étaient courtes en sommeil, longues en bouche.

Les vieux qui s’embrassaient dans la rue, les tangos de la « Catedral » — une milonga du centre sans trop de touristes où Rubén traînait la nuit sur la piste de la photographe —, la poésie des sculptures dans les parcs du centre-ville, la beauté décrépite du quartier de San Telmo où résidait mon détective, l’amour des arts partout présent, les librairies de Corrientes, les rencontres encore : Buenos Aires était jeune et belle, tonique, tentant de ravaler les démons de la dictature à des souvenirs jaunis dans une tête frappée d’Alzheimer.

Le hasard du calendrier voulut que le procès de l’ESMA s’ouvrît à Buenos Aires lors de mon retour en Argentine, après des années de procédures : Videla, le chef de la junte, y était jugé avec des dizaines d’autres militaires incriminés dans la mort des trente mille disparus. Je lisais Página 12 (l’un des rares journaux de gauche) tous les matins sur la terrasse de notre loft, suivant les dépositions des accusés. Peu regrettaient les crimes commis, certains souriaient même, provoquant les familles de victimes. Le fascisme, sous toutes ses coutures, me fichait une salutaire nausée : j’avais des portraits de criminels à portée de main, pour mon livre, il suffisait de lire le journal et les témoignages poignants des survivants.

Je n’étais pas bien réveillé en me rendant au siège des Grands-Mères de la place de Mai, du côté d’Independencia. Clope-Dur, qui m’accompagnait comme interprète, avait lui aussi bien du mal à faire le point après la nuit passée.

Obtenir un rendez-vous avec les Grands-Mères surbookées n’avait pas été chose facile — un coup de fil de leur avocate française avait tout débloqué in extremis —, mon espagnol avait un peu progressé à force de traîner dans les bars mais j’avais préparé mes questions pour mon interview avec les infatigables militantes des droits de l’homme. Rosa, la vice-présidente des Grands-Mères, nous attendait comme convenu dans la maison où siégeait leur association, qu’elle commença par nous faire visiter. Avocats, journalistes, enquêteurs, spécialistes en informatique, ils étaient une vingtaine, travaillant à temps plein ou bénévoles, toujours à la recherche des enfants de disparus — bébés le plus souvent donnés à des couples stériles proches des militaires, parfois aux tortionnaires de leur propre mère…

Après trente années de labeur et d’acharnement, les Abuelas avaient retrouvé plus de cent bébés : il en manquait encore quatre cents, perdus dans la nature, des hommes et des femmes aujourd’hui âgés de trente-cinq à quarante ans, ignorant l’ignominie dont leurs parents adoptifs s’étaient montrés complices.

Rosa nous fit entrer dans son bureau et mon cœur se serra en voyant la photo accrochée au mur, le portrait noir et blanc d’une jolie jeune femme, sa fille, disparue à dix-sept ans. Clope-Dur, lui, en perdait son castillan. Je l’avais à peine briefé sur le sujet, beaucoup de termes propres au vol de bébés lui échappaient, il bafouillait du cerveau, analphabète de lui-même [7] « Ce qui veut dire ? » demande mon éditrice. Rien, justement. Clope-Dur était dans le dur, il aurait pu parler tout aussi bien chinois, ou avec des lettres de l’alphabet qui n’existent pas. .

Après une demi-heure d’interview poussive, la vice-présidente des Grands-Mères finit par s’amuser.

« Vous êtes sûrs que vous comprenez le castillan ? »

Rosa, en dépit de tout, avait gardé son sens de l’humour. Ce n’était pas la moindre de ses forces. Ces mères avaient vécu le pire dans leur chair, la disparition de leurs enfants ou de leurs maris, leur mort jamais officialisée, la certitude qu’ils avaient été torturés avant d’être exécutés, jetés à l’eau ou dans une fosse commune, anonyme, mais elles luttaient toujours avec le sourire.

« Les militaires ont peut-être volé et tué nos enfants, fit Rosa, mais ils ne voleront jamais notre amour. »

Fleur bleue sur le tas de fumiers humains, je contenais avec peine mes sentiments lame de rasoir. Avant de quitter l’antre des Grands-Mères, je leur confiai que mon livre ne sortirait pas avant deux ou trois ans en France, qu’une traduction en espagnol n’était pas assurée, mais la vice-présidente me rassura : chaque goutte apportée à leur moulin défendait leur cause contre l’oubli.

« La vérité est comme l’huile dans l’eau, conclut-elle, goguenarde : elle finit toujours par remonter ! »

Les rencontres de ce genre ne laissent pas indifférent, tant sur le plan personnel que sur celui de la fiction : truculente, acharnée, un brin aristocrate, la mère de Rubén prit aussitôt les traits de Rosa.

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