Caryl Férey - Condor

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Condor: краткое содержание, описание и аннотация

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Condor Condor Condor Caryl Férey vit à Paris. Après s'être aventuré en Nouvelle-Zélande avec sa « saga maorie » (
et
), en Afrique du Sud avec
(récompensé entre autres par le
en 2008 et adapté au cinéma en 2013) puis en Argentine avec
, il nous entraîne avec
dans une exploration sombre du Chili, dans une course-poursuite sanglante transfigurée par l'amour. Le nouveau roman de Caryl Férey nous fait voyager et frémir autant que réfléchir et nous rappelle, s'il le fallait, que l'auteur s'est imposé comme le maître du thriller des grands espaces et de l'ailleurs.

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Le ciel s’en fut, fendu.

Un carnage : ils tombaient par grappes sous les poings du Colosse, des gosses aux yeux de morve qui n’avaient rien demandé pourtant. Chaque coup cassait, chaque cou cassé, le Colosse frappait sans discernement, les têtes et ce qui passait à portée, il frappait avec une colère de pierre, de ses grandes mains d’acier.

Catalina regarda un instant son amour qui se déchaînait, couvert du sang des autres, puis les petits êtres écrasés sous ses pas : elle arma le chien.

Ça fit d’abord comme un gémissement de nouveau-né, le baleineau qu’on harponne, un petit claquement de rien, mais les mâchoires s’étaient refermées sur leurs figures affolées ; ô tendre et douce peau effilochée… Ça fit ensuite comme les serres d’un aigle enfoncées dans le crâne d’un enfant et les grands battements d’ailes pour l’emporter, des coups de bec, une panique rouge.

Le Colosse frappait le monde et ses alentours, possédé ; Catalina aussi visait la tête. Les os éclataient sous l’impact. Des hurlements. De pauvres gosses.

Ce qu’ils avaient appris, ce qu’on leur avait dit, ce qu’ils avaient répété, rien ne servit. Ils tombaient morts, raides.

Des tas de golden boys s’amoncelèrent autour d’eux : on vit même des sommets, des graphiques imprévisibles, de nouvelles catastrophes. Enfin il n’y eut plus rien qu’un râle enseveli, une rumeur noire comme venant du fond d’un puits, et pas un debout…

Les corps formaient des ravines, des chemins impossibles où filaient des rigoles. Des rhizomes.

Catalina ne disait rien. Elle avait rangé son arme dans la ceinture du Colosse et laissait balancer son corps sous la brise, la tête ailleurs.

À quoi elle pensait, ce qu’elle avait envie d’être, il n’en savait rien. Il songeait à tous ces gosses qu’il avait détruits, à l’odeur de sa peau sous sa robe, et bien d’autres choses encore… Un voile d’or passa dans le bleu du ciel.

Catalina embrassa les mains cassées de son Colosse, et doucement lui dit :

Viens…

Ça sentait la terre après la pluie. Il donna un dernier coup de pied dans une des têtes qui traînaient là avant de filer avec elle, droit devant.

* * *

— Tu crois qu’ils nous cherchent ?

— Qui ça ?

— Je ne sais pas… Les responsables de tout ce carnage.

Le Colosse haussa les épaules :

Bah… Ils ne savent même pas ce qu’ils sont…

Catalina sourit. Elle était loin, la brebis qui devait traverser les yeux du Crucifié : son amour à elle avait des ailes en fer articulées, de ces machines qu’on croisait au hasard des cinémathèques, un amour au désespoir démesuré. Que c’en devenait sillage de balles traçantes… Ils marchèrent sur le dos des blés morts, le soleil comme des lignes de feu sous l’horizon.

Quand même, dit-elle au bout d’un moment, ils pourraient chercher à se débarrasser de nous.

— Impossible.

Ils enjambèrent un village.

Les bombes avaient laissé des cratères comme des poumons crevés dans la terre, de la dentelle brodée au fil des barbelés. On les voyait courir le long des champs, des fossés, on les voyait courir et ne jamais s’arrêter.

Ils enjambèrent une rivière, ce qu’il en restait, un ruban de boue où émergeaient quelques mines oubliées ; les enfants qui jadis y avaient pêché aujourd’hui flottaient dans les souvenirs des aînés mais leurs ricochets hantaient encore les rives, les marais…

Pour elle-même, Catalina récita un petit poème :

Animal
Mécanique
Sur la dalle
Allongée,
C’est l’eau rare
De mes cuisses
Sur la pierre
Anthracite
Qui glisse
Sur tes lèvres
Et tes nerfs
Mécaniques
Qui s’enfuient
Ventre à terre
À ma suite,
S’en sortir
Vivant
Peut-être
Vivant…

Ils errèrent par la terre désolée, avançaient au hasard, comme si les mines avaient troué leurs pas.

De cette marelle hypnotique, ils sortirent épuisés.

Le Colosse épiait les reliefs, ses yeux de glacier bleu scintillant dans le soir. De guerre lasse, ils se réfugièrent dans un bois en bord de route. Catalina trouva un nid d’épines où reposer ses pieds nus.

Il faisait nuit sans doute ; ils distinguaient à peine le paysage mâché.

Le Colosse alluma un feu pour éloigner les hordes, et s’assit en soupirant. Catalina aussi était fatiguée.

Ils avaient trouvé un charnier tout à l’heure : comme il était encore tiède, ils l’avaient remué de leurs mains mais personne n’avait répondu. Ni la petite fille dans les corps de femme, ni rien.

Il avait fallu les abandonner.

— Tu crois qu’il en reste beaucoup ?

— Je ne crois rien du tout.

Mais il mentait : elle dansait sur le reflet des braises qui couvaient dans ses yeux. Catalina fourra sa tête contre son Colosse et un instant cessa de respirer. Elle en aimait les flancs brûlants, les incendies et les branches qui la tenaient.

Elle l’avait ramassé comme une arme sur le bord de la route, et depuis ils ne s’étaient plus quittés.

Inutile.

Il y avait bien longtemps maintenant que tout le monde s’était séparé.

Mais il était tard : Catalina s’endormit là, bercée par le doux ronronnement de la vapeur qui s’échappait de lui, son Colosse d’argent, aux yeux de glacier bleu…

Personne ne rêva cette nuit-là. Ni celles d’avant, ni celles d’après.

Il y avait d’autres urgences.

Par exemple courir devant le lièvre.

Par exemple s’ignorer passionnément.

Par exemple…

Tais-toi.

* * *

Ils se réveillèrent sans savoir si c’était le matin. Et puis toujours cette impression de vivre un autre jour, toujours le même…

Ils se mirent en route mais ça n’allait pas.

L’air était devenu si rare que le vent en crevait ventre ouvert dans les fosses, avec les soldats, les réfugiés, pour ainsi dire pêle-mêle, mais on le voyait encore qui respirait ; il fallut les mains du Colosse pour le sortir de là.

— Le pauvre, fit-elle. Regarde : il est tout cabossé.

Le Colosse hocha la tête :

— N’écoute pas ce qu’elle dit, petit. Allez va…

Ils aimaient la nature, même si ça ne servait à rien.

Ils partirent, des hématomes plein les bras.

— C’est encore loin ?

Le bout du monde, répondit le Colosse.

Ça va faire long…

— Ça dépend du chemin, s’il reste un passage, on a peut-être une chance de s’échapper.

Un trou dans le territoire : deux échappés !

Ils s’aimaient, parce que ça ne servait à rien.

* * *

Chapitre suivant : le malheur.

Les bombes, on avait l’habitude ; après tout, c’est conçu pour exploser. Le malheur, c’est qu’on n’était pas préparés…

* * *

Chapitre suivant : les fleurs.

Y en a plus on t’a dit !

* * *

Il faisait nuit le jour : des marées noires comme du charbon, qui vous salissaient les doigts. Le gras du gaz, filles du grisou.

Pour ça il en était mort par comités, tous les derniers ouvriers, des maigres à n’y plus voir, des emportés par le courant, des nés victimes qui n’avaient pas eu le choix, des qui n’étaient même pas au courant.

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