Caryl Férey - Condor

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Condor: краткое содержание, описание и аннотация

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Condor Condor Condor Caryl Férey vit à Paris. Après s'être aventuré en Nouvelle-Zélande avec sa « saga maorie » (
et
), en Afrique du Sud avec
(récompensé entre autres par le
en 2008 et adapté au cinéma en 2013) puis en Argentine avec
, il nous entraîne avec
dans une exploration sombre du Chili, dans une course-poursuite sanglante transfigurée par l'amour. Le nouveau roman de Caryl Férey nous fait voyager et frémir autant que réfléchir et nous rappelle, s'il le fallait, que l'auteur s'est imposé comme le maître du thriller des grands espaces et de l'ailleurs.

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— Celle que je préfère, c’est quand même ma mère, déclara Esteban, installé avec elle devant un pisco sour .

— Celle qui chiale tout le temps ?

— Ma mère est une star, elle n’a jamais eu le temps de s’occuper de nous, dit-il comme pour la disculper. Mais je trouve sa façon de faire naufrage assez touchante.

— Ah oui.

— Elle ne pense qu’à arrêter de vieillir, expliqua-t-il devant sa moue dubitative. C’est un peu une cause perdue.

— Une petite névrose aussi peut-être, releva-t-elle.

— Oui. Et parfaitement inutile : c’est ce qui est touchant…

Esteban manqua son sourire. Du coup, c’est lui qui était touchant.

— Tu n’as pas dû avoir une enfance très heureuse, dit Gabriela.

— Au contraire, je ne pensais à rien. La belle vie, entouré d’abrutis.

L’étudiante dévoila deux petites canines blanches, qu’il imagina un instant chatons mordillant les pompons du fauteuil.

— Tu méprises ta sœur, le griffa Gabriela, mais c’est quoi la différence au juste entre elle et toi ?

— À part le gras ?

Il faisait l’imbécile.

— Mais ton frère, reprit Gabriela, ton père… Même le majordome te déteste !

— Ah, Nestor… Il m’a surpris dans le boudoir avec sa fille lors de la fête de baptême de je ne sais plus quelle nièce. Sophia était majeure, je précise.

Gabriela grimaça.

— Le boudoir ?

— Oui… Tu sais, il y a des gens qui se sentent incapables de faire l’amour chez leurs parents, ça les inhibe, d’autres qui trouvent ça super.

Gabriela laissa échapper un rire gai, spontané, plein de vie : Esteban n’avait jamais rien entendu de semblable, le monde devint alors subitement joyeux .

— Tu croyais vraiment que ton père allait nous aider, ou c’est juste une façon de te rappeler à eux ? poursuivit-elle.

— Les deux, sans doute.

— Tu ne dis jamais la vérité.

— Tu sais ce que disait Nietzsche, se déroba-t-il, « La vérité est une illusion dont on a oublié que c’était une illusion »… Et puis, tout dépend où l’on se place. Par exemple, à mes yeux, il suffisait que mon père lève le petit doigt pour que toutes les rédactions se positionnent sur une série de morts inexpliquées. Fameuse énigme pour les vendeurs de papier, non ?

— Hum. L’énigme aurait plutôt été de trouver le ressort pour inciter ton père à lever le petit doigt, lui retourna-t-elle. On ne peut pas dire que tu t’y sois très bien pris.

— Comme un manche.

Une fausse joie inondait ses yeux. Un deuxième pisco sour arriva comme un biplan sur la table.

— Pourquoi me présenter ta mère, reprit Gabriela, elle n’a rien à voir avec l’affaire de La Victoria ?

— Juste pour que tu voies où tu mettais les pieds.

— Je n’ai pas besoin d’aller dans un manoir pour me faire une idée des gens qui y vivent, déclara Gabriela.

— Je parlais de moi.

Les ceviches arrivaient à leur tour, baignant dans le citron et la coriandre. Esteban ne la laissa pas s’engouffrer dans la brèche qu’il avait ouverte.

— Ta famille est aussi chaleureuse que la mienne ? demanda-t-il.

— Pourquoi tu dis ça ?

— Tu n’as pas grandi à Santiago, tu as donc dû la quitter un jour.

— Oui…

Un voile de mélancolie ternit le regard de la Mapuche.

— J’ai encore perdu l’occasion de me taire, on dirait.

— Non… Non. Mes frères sont en prison, dit-elle tout de go.

— Ah.

— Tu connais la situation en Araucanie, poursuivit Gabriela, les multinationales rasent les forêts, assèchent les nappes phréatiques et bousillent un des écosystèmes les plus riches au monde… Mes frères font partie du Conseil assesseur indigène, l’organisme qui centralise les revendications mapuches. Ils ont participé à des récupérations de terres, brûlé quelques clôtures, mais ils n’ont jamais fait de mal à personne. L’État les traite comme des criminels.

Occupation illégale d’une propriété privée, violences et actes de résistance envers les forces de l’ordre — ses frères avaient jeté des pierres contre les véhicules blindés —, incendies de camions forestiers, détention d’armes : José et Nawuel avaient écopé de sept ans de prison chacun, après un procès où des témoins à charge anonymes s’étaient présentés cagoulés « par peur des représailles » — en fait des délinquants de droit commun à qui on promettait des remises de peine.

— Ils sont enfermés à Angol, dit Gabriela. C’est comme ça qu’on traite les militants écologistes dans notre pays. C’est aussi pour ça que j’ai quitté la communauté : trop de douleurs là-bas… (Une saine rage irriguait ses veines indiennes.) Tu sais le plus drôle ? Quand un jour il y aura une pandémie mondiale, un virus inconnu ou je ne sais quoi, et que la médecine occidentale restera impuissante, c’est peut-être dans une de ces forêts vieilles de milliers d’années qu’on pourrait trouver le remède miracle. Mais s’il n’y a plus de forêts originelles ? Plus de biodiversité, d’insectes ou de plantes inconnues pour soigner le mal ? Ils auront l’air malin tous ces vautours…

Esteban opina, le nez dans son cocktail. Il avait défendu des Mapuches spoliés, fauchés, dont les titres de propriété dataient de Valdivia et ne valaient pas le torchon qu’on leur tendait pour sécher les larmes de leurs âmes, mais il n’allait pas se faciliter la tâche.

— Cristián est un ami de mes frères, c’est comme ça que j’ai débarqué à Santiago, reprit Gabriela en entamant son plat. Sa grand-mère est mapuche et vit à Cañete, pas loin de notre communauté. Tout le monde se connaît par là-bas. Et puis, tout est lié. Mapuches considérés comme terroristes sur leur propre territoire, poblaciones oubliées par le pouvoir ou luttes étudiantes, on partage tous l’héritage d’Allende… ou plutôt son rêve testamentaire.

Gabriela reprenait des couleurs au-dessus de la nappe à carreaux de la brasserie — l’effet dynamisant du pisco sour , de ses yeux bleu pétrole, du temps qui doucement se délitait.

— Tes parents habitent toujours dans le Sud ?

— Ils ont un lopin de terre, près du lac Lleu-Lleu. Mais comme ma sœur, je n’ai pas l’âme d’une paysanne. Et puis, il n’y a pas beaucoup de cinémas par là-bas, fit Gabriela dans un euphémisme.

— Tu as aussi une sœur ?

— Oui… Elle est partie il y a longtemps en Argentine, à Buenos Aires… Elle est sculptrice.

Aux dernières nouvelles, Jana filait le parfait amour avec un Porteño et attendait un bébé.

— Ils doivent te manquer.

— Oui, parfois… souvent.

Esteban ne fit pas celui qui comprenait.

— Et toi, dit-elle pour changer de sujet, à part défendre des causes perdues et dépenser l’argent des autres, il y a quoi dans ta vie ?

— Oh ! moi, tu sais…

— Non, justement : ceviche , pisco sour , c’est un peu court.

— Bah…

— Une femme ?

— Bah…

— Des femmes ?

Esteban sourit pour la galerie. Il ne voulait pas parler de ses écrits, encore moins de Catalina. Il piocha dans les lamelles de poisson, commanda une nouvelle tournée au serveur qui passait et dit comme une évidence :

— Tu connais Víctor Jara…

— Oui… (Gabriela se souvenait de quelques chansons, qu’elle n’écoutait plus.) Quel rapport avec les femmes ?

— Ça dépend où l’on situe son regard.

Celui de Gabriela commençait à légèrement chavirer — elle avait chaud aux joues et le brouhaha du restaurant lui semblait de plus en plus lointain.

Esteban profita d’un nouvel arrivage de pisco pour lui raconter le père de Víctor Jara, un métayer amer et éreinté par le travail qui voyait ses enfants comme de la main-d’œuvre, Víctor qui à six ans aidait aux champs, à la charrue, cette vie de misère où seules les chansons lui donnaient du plaisir — l’instituteur en pension chez eux lui avait appris les premiers accords sur sa guitare —, et puis l’exil de la famille à Santiago dans le quartier mal famé derrière la gare centrale, Chicago Chico comme on l’appelait, le père alcoolique qui disparaît, ses frères enrôlés dans les bandes locales, sa sœur ébouillantée qui s’échappe pour devenir infirmière, sa mère qui meurt d’une crise cardiaque l’année de ses quinze ans, Víctor au séminaire pour fuir sa condition misérable. Exalté, Esteban lui raconta l’armée puis l’université où il avait rencontré sa femme, une danseuse d’origine anglaise alors enceinte d’un metteur en scène qui l’avait abandonnée, les fleurs que Víctor lui apportait à la maternité pour la sortir de sa dépression, leur amour naissant et l’adoption de l’enfant qu’elle portait car c’était son tempérament, généreux, entier, ses premières mises en scène et actions politiques en faveur d’Allende, le voyage en Californie où il avait rencontré le mouvement hippie et son retour déçu quand il avait compris que les jeunes Américains ne feraient jamais la révolution, même pas celle des fleurs, sûr que les drogues se chargeraient d’eux, Víctor bientôt leader de l’Université du Chili et du mouvement musical qui soutenait l’Unité populaire, les concerts qu’il donnait partout, des mines de sel du Nord au Sud paysan où, petit, il avait subi la répression des milices des grands propriétaires terriens lors de la première tentative de réforme agraire. Il lui raconta l’école de danse que Víctor Jara avait montée pour les pauvres, le théâtre, l’art pour tous, à commencer par ces gamins qu’il accueillait à l’université crevant de dysenterie et qui n’avaient jamais vu un lavabo de leur vie, enfin la contre-attaque de la droite dure, les milices, la violence quotidienne dans les rues, les agressions auxquelles le chanteur échappait après les concerts, Víctor Jara déclaré « pédé » par la presse à scandale et appréhendé lors d’une fête pour homosexuels en compagnie de jeunes enfants, des calomnies reprises partout sans aucun moyen d’y répondre puisque tous les médias appartenaient à la droite. Il lui raconta son enthousiasme contagieux quand il déchargeait les camions qui réussissaient à forcer le blocus des routiers, son sourire infatigable malgré les rumeurs de coup d’État, les cauchemars lorsque sa voiture s’arrêtait au feu rouge et que les miliciens d’extrême droite le cherchaient, la prémonition de sa mort qui l’obligeait à plaisanter sur le sujet, « profitez bien de moi ! », et puis la trahison de Pinochet, Víctor Jara arrêté à l’université, enfermé avec des milliers d’autres civils dans le stade de Santiago, la joie des militaires quand ils l’avaient reconnu, les coups de rangers au visage et dans les côtes, ses doigts brisés à coups de crosse pour que jamais plus il ne joue de la guitare, Víctor renvoyé les mains broyées parmi les détenus qui se met à chanter a cappella dans le stade, Víctor invaincu qui fait chanter les gradins sous les yeux furieux des militaires, enfin les cris quand on l’avait poussé dans un vestiaire pour le liquider, « Le Prince », son ultime bourreau, et la balle dans la nuque qui avait propulsé Víctor face contre terre, puis la curée des mitraillettes lorsqu’ils avaient criblé son cadavre de balles, à bout portant. Quarante et un ans, quarante-quatre impacts dans le corps : Víctor Jara…

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