Caryl Férey - Condor

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Condor: краткое содержание, описание и аннотация

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Condor Condor Condor Caryl Férey vit à Paris. Après s'être aventuré en Nouvelle-Zélande avec sa « saga maorie » (
et
), en Afrique du Sud avec
(récompensé entre autres par le
en 2008 et adapté au cinéma en 2013) puis en Argentine avec
, il nous entraîne avec
dans une exploration sombre du Chili, dans une course-poursuite sanglante transfigurée par l'amour. Le nouveau roman de Caryl Férey nous fait voyager et frémir autant que réfléchir et nous rappelle, s'il le fallait, que l'auteur s'est imposé comme le maître du thriller des grands espaces et de l'ailleurs.

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Les forces de police avaient bien tenté de déloger les squatteurs mais il aurait fallu les tuer sur place. Vivre était déjà une victoire ; « La Victoria », une verrue urbaine dans une vallée encaissée où les Espagnols avaient posé leurs armes quatre siècles plus tôt.

La révolution sans morts d’Allende allait tout changer : pour la première fois de leur vie, les gens purent participer aux syndicats, aux associations de quartier, aux centres sociaux ou d’entraide qui voyaient le jour un peu partout dans le pays. On aménagea même une petite place au cœur de la población , avec des arbres et une ébauche de jardin public où les gens se retrouvaient. Des commissions de surveillance, de subsistance ou d’hygiène florissaient, soutenant l’action du Parti populaire. Cette brève éclaircie ne dura pas : le putsch entériné, les militaires rasèrent l’esplanade au bulldozer sitôt levé le couvre-feu, recouvrirent le sol de ciment et déroulèrent des barbelés, transformant la première place publique de La Victoria en camp de concentration.

On y enfermait les hommes de plus de dix ans pendant les perquisitions, ceux qui l’ouvraient étaient battus, ou tués. La Victoria était la población la plus pauvre de Santiago, celle où la répression s’était acharnée. Pour mater les révoltes, on l’avait plongée tête la première dans la misère, appliquant la technique du sous-marin des tortionnaires à une population entière. Une asphyxie. Quand la détresse menaçait d’exploser en émeutes, les carabiniers jetaient des grenades lacrymogènes par les fenêtres des bicoques, tiraient sur tout ce qui bougeait, les hommes, les femmes, les chiens. Soixante-quinze morts, un millier de blessés, six mille arrestations, La Victoria avait payé cher sa résistance à Pinochet.

Ils étaient des dizaines de milliers, entassés dans des maisons exiguës. Chômage de masse, alcoolisme, drogue, la fin de la dictature n’avait pas engendré de grands soirs. Non seulement la Concertation avait accouché d’une amnistie générale pour les crimes passés mais elle n’avait pas eu un mot de reconnaissance pour le combat des poblaciones . Le nouveau pouvoir les avait niés, démobilisant une société civile déjà meurtrie.

L’électricité privatisée changeant d’actionnaires, on avait coupé le courant pour remplacer les vieux compteurs de La Victoria par des boîtes contenant des fusibles haute sécurité envoyant de violentes décharges à ceux qui voulaient se brancher illégalement. Ici les affiches électorales ne restaient pas longtemps aux murs — le papier se vendait au kilo. Et puis ça changerait quoi ? Les rêves étaient des mensonges.

«Ils » avaient privatisé la santé, l’éducation, les retraites, les transports, les communications, l’eau, l’électricité, les mines, et puis ils avaient privatisé la Concertation.

Tout avait été vendu, même le présent était à crédit. Alors non, les gens de La Victoria ne voulaient plus rêver : ça les mettait en colère.

Dans cet océan de rancœurs, le père Patricio faisait figure d’exception. Le curé avait l’Amour chevillé au corps « comme Bach à Dieu », aimait-il répéter.

Patricio Arias appartenait à la Congrégation des Frères de Foucauld, une fraternité catholique extraterritoriale proche des plus pauvres : le curé avait travaillé en Afrique, au Congo, où l’on repêchait les cadavres à demi dévorés par les crocodiles, au Soudan, où les gens tombaient aveugles de malnutrition, avant de se voir parachuté à La Victoria au début de la dictature. Misère et répression y faisaient bon ménage ; via le Vicariat de la Solidarité et des groupes de mères, Patricio avait mis en place des cantines populaires, des aides pour les chômeurs et même un dispensaire où, avec les moyens du bord et des volontaires qualifiés, ils avaient pu soigner des centaines de personnes livrées à elles-mêmes.

Les années 1980 n’avaient pas desserré l’étau sur le quartier rebelle : son ami français, le père André Jarlan, avait été tué d’une balle perdue tirée par les carabiniers lors d’une énième manifestation, alors qu’il lisait sa Bible à la table de son bureau. Aujourd’hui, André Jarlan était le nom du parc voisin, le visage du curé français peint sur les murs comme étendard de la non-violence. Patricio suivait son exemple, sûr que ces gens maintenus dans la misère risquaient de perdre foi en Dieu, et en eux-mêmes. Ce genre de considération ne lui avait pas apporté que des amis dans le milieu ecclésiastique (l’Église était pour ainsi dire coupée en deux lors de la dictature) mais une popularité inoxydable parmi les habitants.

À bientôt quatre-vingts ans, le père Patricio jouait encore au football avec les gamins du quartier (goal, une vraie passoire), aidait les élèves en difficulté après l’école, soutenait les familles. Il leur servait aussi de relais auprès des institutions dont beaucoup se sentaient exclus, de conseil et d’arbitre quand les choses tournaient mal. C’était aujourd’hui le cas, et Patricio connaissait assez les lieux pour ne pas prendre les menaces de Popper au sérieux : échauffé par la détérioration de leur véhicule, le chef des carabiniers était venu en personne sommer le prêtre de calmer ses ouailles s’ils ne voulaient pas se retrouver avec des patrouilles de l’armée dans les rues.

— Faites votre travail, capitaine, et je ferai le mien, avait rétorqué l’intéressé.

Le prêtre attendait devant l’église en compagnie de Stefano, qui fumait à l’ombre, et de leur ami Cristián. Ils l’avaient sorti de sa torpeur mais l’amitié ne valait pas grand-chose face à la perte d’un enfant.

Señal 3 n’émettait plus depuis trois jours, Cristián se nourrissait à peine, pétrifié de chagrin à l’idée des obsèques. À quarante-deux ans, sa vie était foutue. Lui non plus ne comprenait pas ce qui avait pu arriver : il était parti tôt le dimanche matin pour interviewer un ponte de la pédiatrie dans le centre-ville, persuadé qu’Enrique dormait encore, et avait appris l’horrible nouvelle en rallumant son portable. Enrique jouait sur sa console quand il lui avait dit bonsoir la veille, Cristián croyait qu’il dormait quand il avait quitté la maison, pas que son fils avait fait le mur… La douleur de sa disparition se mêlait à une rage plus sourde. Les carabiniers traitaient les jeunes du quartier comme des délinquants en puissance ; à travers la télé communautaire, Cristián s’efforçait de donner une image positive de La Victoria, de ses habitants, et son fils avait été retrouvé mort dans un terrain vague, comme un vulgaire malfrat victime de règlements de comptes…

Le soleil se réfléchissait sur l’église blanche et les symboles de paix peints sur la façade juraient avec l’attente morose des trois hommes. Fidel, le chien de Patricio, se tenait à leurs côtés, quémandant une caresse dont le rédacteur n’était d’ordinaire pas avare. Bourré d’anxiolytiques, Cristián se demandait seulement si ça valait le coup de continuer à vivre : il était déjà veuf, il lui restait quoi ?

— Roz-Tagle doit avoir le bras long, fit Stefano sur le trottoir. Son père est multimillionnaire, d’après ce que j’ai pu voir.

— Oui. Et si Camila nous le conseille, on peut lui faire confiance, renchérit le père Patricio.

Leurs mots sonnaient faux, Cristián n’était pas dupe mais leur présence, même malhabile, le touchait.

— J’ai préparé du maté, fit sœur María Inés dans son dos. Tu en veux ?

— Hum… Pourquoi pas ?

La sœur prit Cristián par le bras pour l’inviter à se rafraîchir. Stefano et Patricio ne firent pas de commentaires. La détresse de leur ami se suffisait à elle-même. Fidel agita bientôt sa queue de bâtard, puis se mit à trépigner sur le trottoir comme s’il était brûlant. Une voiture bleue décapotée apparut au bout de la rue.

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