Karine Giébel - De force

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De force: краткое содержание, описание и аннотация

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Le temps de l'impunité est révolu. Le temps des souffrances est venu. Elle ne m'aimait pas.
Pourtant, je suis la aujourd'hui.
Debout face au cercueil premier prix sur lequel j'ai pose une couronne de fleurs commandée sur internet.
Car moi, j'ai voulu l'aimer.
De toutes mes forces. De force.
Lorsque j'arrive devant la porte de mon ancienne chambre, ma main hésite a tourner la poignée. Je respire longuement avant d'entrer.
En allumant la lumière, je reste bouche bée.
Pièce vide, tout a disparu.
Il ne reste qu'un tabouret au centre de la pièce.
Sur le tabouret, une enveloppe.
Sur l'enveloppe, mon prénom écrit en lettres capitales.
Deux feuilles, écrites il y a trois mois.
Son testament, ses dernières volontés.
Je voulais savoir.
Maintenant, je sais.
Et ma douleur n'a plus aucune limite.
La haine.
Voila l'héritage qu'elle me laisse.

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— Mais pourquoi tu dis ça ? sanglote-t-elle.

— Parce que je le sais. Et je voudrais que tu arrêtes de souffrir à cause de moi… Je le voudrais, plus que tout au monde.

Il la regarde se noyer dans ses larmes et ne peut se résoudre à rester éloigné d’elle. Alors, il la serre à nouveau contre lui et elle se laisse faire.

— Un jour, tu verras que j’ai raison, murmure-t-il.

— Non !

— Si, Maud. Fais-moi confiance.

Elle s’accroche désespérément à lui.

— Nous deux, ce n’est pas possible. Pas comme ça… Il faut que tu le comprennes. Que tu l’acceptes.

Il l’accompagne jusqu’au lit et la fait asseoir. Il reste près d’elle, passe un bras autour de ses épaules.

— Déteste-moi si tu veux. Insulte-moi, si ça peut te soulager ! Mais arrête d’avoir mal à cause de moi, je t’en supplie…

* * *

La journée a été éprouvante. Épuisante, même. Il a enchaîné les opérations, malgré le manque de sommeil, malgré l’angoisse. Encore un jour où il aurait pu provoquer l’irréparable.

Comme le jour où il a tué le petit Dimitri.

Reynier n’arrête pas d’y penser. Alors qu’il avait refoulé cette histoire au plus profond de son âme, voilà que désormais elle le hante. Jour et nuit.

Sans doute parce qu’il n’a pas payé pour son crime.

Mais cela ne tardera plus.

Il est sur la route, il vient de dépasser Grasse. Il scrute chaque intersection, ne cesse de regarder dans son rétroviseur, craignant à chaque instant de voir un utilitaire blanc.

Un homme armé.

La mort au tournant.

La peur au ventre.

Enfin, le portail apparaît et la Porsche remonte l’allée jusqu’au garage. Armand se rend directement chez son garde du corps. Les deux hommes s’installent à l’intérieur, par souci de discrétion. Armand commence par lui retranscrire en détail la conversation qu’il a eue le matin même avec l’inconnu.

— Il dit qu’il n’a pas peur de vous, précise-t-il. Que vous êtes un avorton , un petit gars qui a peur de son ombre … Je cite.

Luc sourit, un peu crânement.

— Eh bien qu’il vienne me le dire en face. Je me ferai un plaisir de lui faire ravaler ses belles paroles, à ce connard.

— Luc, acceptez-vous de m’accompagner pour la remise de l’argent ?

Le jeune homme met quelques secondes à répondre. Laissent planer un terrible doute dans l’esprit du chirurgien.

— Oui, dit-il finalement. Je serai là.

— Merci… Merci beaucoup.

— Quand va-t-il dicter ses instructions ?

— Il doit me rappeler demain soir pour me le dire.

— Et l’argent, vous l’aurez ?

— Pas le choix. J’ai déjà contacté ma banque, ils me le fileront demain en fin d’après-midi. Ils ont rechigné, mais je les ai menacés de clôturer tous mes comptes. Ça les a décidés !

— Je viendrai avec vous à la banque. Mieux vaut ne pas vous balader seul avec une telle somme.

Reynier hoche la tête.

— Ceci dit, reprend Luc, je trouve qu’il n’est pas très gourmand. Deux cent cinquante mille euros… il aurait pu demander plus !

— On voit que c’est pas vous qui payez ! s’offusque le professeur.

— Pardon, je sais bien que c’est une somme, mais…

— Vous n’avez pas tort, concède Armand. Et qu’est-ce que vous en concluez ?

Luc soupire.

— Rien de précis, dit-il. J’ai seulement peur qu’il revienne à la charge plus tard.

— Vous pensez qu’il va me faire chanter jusqu’à la fin de mes jours, c’est ça ?

— On ne peut pas l’exclure, malheureusement.

Les épaules de Reynier s’affaissent subitement.

— Manquerait plus que ça…

Puis le professeur se redresse et ajoute :

— Bon Dieu, si jamais il ne nous laisse pas tranquilles après ça, je vous garantis que je lui fous un contrat sur la tête !

Luc ne répond pas. Il sait Reynier capable de ça et de beaucoup d’autres choses.

— Et vous ne voulez toujours pas prévenir la police ? essaie-t-il.

— Excellente idée, Luc. Je vais les appeler et leur dire que j’ai causé la mort d’un petit garçon de neuf ans. Je vais aussi leur expliquer qu’il y a cinq ans, j’ai fait un faux témoignage, que j’ai menti à un juge et incité trois de mes collaborateurs à faire pareil. Pendant que j’y suis, je vais leur dire que j’ai planqué du fric à l’étranger et que j’ai trafiqué les comptes de la clinique… Vous croyez qu’ils vont réagir comment ?

— OK, oubliez ce que je viens de dire.

— Ça vaut mieux, en effet. Vous avez une bière au frigo ?

Luc se lève et rapporte deux canettes.

— Vous voulez un verre ?

— Ça ira, merci… Avez-vous des nouvelles de vos amis ? Ceux qui pourraient vous permettre de loger Michel Abramov.

— Oui, j’allais justement vous en parler… Malheureusement, ils ont fait chou blanc. Abramov a disparu de la circulation.

— Comment est-ce possible ? On ne disparaît pas comme ça, bon sang !

— Si, dit Luc, on peut très bien disparaître… Il a sans doute changé d’identité. Niveau Sécurité sociale, ses droits ont été fermés il y a plusieurs mois. Il n’a plus de compte client chez les fournisseurs d’énergie non plus…

— Mais il habite bien quelque part ! Il reçoit bien des factures, non ?

— Il loue peut-être un appartement au black, sous un faux nom. Ou alors, il sous-loue à quelqu’un qu’il règle en liquide. Ça se fait, vous savez…

— Quelle merde ! Impossible de le retrouver, alors ?

— Mes connaissances continuent à chercher et il y a encore quelqu’un qui pourrait nous aider mais que je n’ai pas réussi à joindre pour le moment parce qu’il est en mission à l’étranger… Toutefois, mieux vaut cesser d’espérer de ce côté-là.

Reynier pousse un soupir de lassitude.

— Luc, j’aimerais que vous dormiez dans la maison.

Le jeune homme le considère avec étonnement.

— Il y a une chambre d’amis très confortable, ajoute Reynier.

— Vous savez, je peux être sur place en moins de deux minutes.

— Ça me rassurerait beaucoup, insiste Armand. En deux minutes, on a le temps d’assassiner quelqu’un…

— D’accord.

— Parfait. Ce soir, vous dînerez avec nous. Et à partir de maintenant, vous passerez vos nuits dans la maison.

En regardant le chirurgien s’éloigner, Luc songe qu’il doit vraiment être mort de trouille pour souhaiter le voir s’immiscer entre Maud et lui.

* * *

Maud pénètre dans le bureau et son père lui sourit.

Un sourire un peu crispé.

Un regard un peu différent.

Mais son père n’est pas dans son état normal, ces derniers temps.

— Tu n’as toujours pas récupéré tes masques ? demande-t-elle en s’asseyant en face de lui.

— Non, l’expert n’a pas terminé.

— Tu as l’air fatigué…

— Non, pas du tout… Ne t’inquiète pas. Et toi ? Comment ça va ?

Elle hausse les épaules. Puis elle fixe ses pieds, comme une petite fille qui a quelque chose à avouer mais n’ose pas.

— Qu’est-ce qu’il y a, ma chérie ? Tu as des problèmes ?

— Non, mais… Je crois que tu devrais virer Amanda.

Reynier écarquille les yeux.

— Pourquoi tu dis ça ?

Maud hésite.

— Elle couche avec Luc.

— Pardon ?

— Elle couche avec Luc, je te dis !

— Et comment tu sais ça ?

— Je regardais par la fenêtre, hier soir, et je les ai vus. Aucun doute possible.

Reynier fait basculer son fauteuil vers l’arrière, visiblement contrarié par les propos de sa fille.

— Et alors ? Qu’est-ce que tu en as à faire, qu’ils couchent ensemble ?

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