Karine Giébel - De force

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De force: краткое содержание, описание и аннотация

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Le temps de l'impunité est révolu. Le temps des souffrances est venu. Elle ne m'aimait pas.
Pourtant, je suis la aujourd'hui.
Debout face au cercueil premier prix sur lequel j'ai pose une couronne de fleurs commandée sur internet.
Car moi, j'ai voulu l'aimer.
De toutes mes forces. De force.
Lorsque j'arrive devant la porte de mon ancienne chambre, ma main hésite a tourner la poignée. Je respire longuement avant d'entrer.
En allumant la lumière, je reste bouche bée.
Pièce vide, tout a disparu.
Il ne reste qu'un tabouret au centre de la pièce.
Sur le tabouret, une enveloppe.
Sur l'enveloppe, mon prénom écrit en lettres capitales.
Deux feuilles, écrites il y a trois mois.
Son testament, ses dernières volontés.
Je voulais savoir.
Maintenant, je sais.
Et ma douleur n'a plus aucune limite.
La haine.
Voila l'héritage qu'elle me laisse.

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Reynier récupère quelque chose sur son bureau et le tend à Luc.

— En me réveillant, j’ai trouvé ça sur mon chevet, dit-il.

Un vieux livre de poche, corné et jauni.

— Vous avez vu le titre ? poursuit Reynier.

Vengeance mortelle

Luc feuillette le bouquin et, bien sûr, il manque la page 332.

— C’était sur votre table de nuit ? s’étonne le jeune homme.

Reynier hoche la tête.

— Ce fumier est entré chez moi et il est venu jusque dans ma chambre.

— Mais… vous aviez enclenché l’alarme ?

— Bien sûr.

— Merde…

Luc prend son pistolet et ôte la sécurité.

— Restez là et enfermez-vous, dit-il. Je vais inspecter la maison.

— Je viens de le faire, confesse Reynier.

— Hein ? Mais vous êtes malade, ou quoi ? C’est à moi de le faire, pas à vous !

— Il n’est plus là… Visiblement, il est entré par le garage, la serrure a été forcée. Et je ne sais pas comment il a fait pour neutraliser l’alarme.

Luc range son arme.

— Apparemment, nous avons affaire à un spécialiste… Quelqu’un d’entraîné. Peut-être un ancien flic ou quelque chose dans le genre.

Reynier se laisse tomber dans son fauteuil en cuir et secoue la tête.

— Vous n’avez rien entendu ? s’étonne Luc.

— Non, rien.

— Et votre épouse ?

— Charlotte prend des somnifères pour dormir. Même une explosion ne la réveillerait pas.

— Et Maud ? Vous êtes allé voir si…

— Bien sûr. Je suis entré dans sa chambre. Elle va bien, elle dort.

— Tant mieux, dit Luc. Je suis désolé pour votre collection de masques, je sais que vous y teniez beaucoup…

Reynier a la gorge si serrée qu’il ne peut répondre tout de suite. Et c’est d’une voix déformée qu’il ajoute :

— Vous vous rendez compte, Luc ? Ce salopard est venu jusque dans ma chambre ! Si ça se trouve, il est allé dans celle de ma fille…

Soudain, le professeur frappe du poing sur son bureau. Luc sursaute.

— Je comprends ce que vous ressentez, assure-t-il.

— Ça m’étonnerait !

— Écoutez, il faut appeler la société qui a posé l’alarme, il faut renforcer le système.

— Je vous donnerai les coordonnées, si vous voulez bien vous en occuper…

— Bien sûr, dit Luc. Je le ferai.

— Vous voulez un café ?

— Volontiers.

En plus du bar, Reynier a une cafetière dans son bureau et il fait couler deux petites tasses dans un silence pesant.

— En arrivant à la clinique, je vous donnerai l’adresse du père de Dimitri et vous irez le voir…

Luc acquiesce d’un simple signe de tête.

— J’espère qu’il n’aura pas déménagé depuis que son fils est mort, dit le professeur.

— Avec son identité, j’arriverai sans doute à le retrouver, assure Luc. Et nous saurons très vite si c’est lui.

— Comment allez-vous procéder ? Si c’est notre homme, il connaît votre visage…

— Je vais me faire passer pour un livreur et je garderai mon casque sur la tête.

— Je vous laisse gérer ça, Luc. Il faut que je me prépare pour aller bosser. Je vous appelle dès que j’ai retrouvé l’adresse.

— Très bien, monsieur. Et pour vos masques, qu’allez-vous dire à votre femme ?

— Je ne sais pas…. Que je les ai mis dans un coffre à la banque ? Ou bien que je les ai filés à un expert pour connaître leur valeur exacte. Je trouverai bien une explication.

24

Samedi matin, huit heures et demie.

Luc enfile son casque et ses gants. Il met le contact et s’amuse à faire rugir le moteur de sa Kawasaki Ninja, histoire de réveiller Charlotte.

Avant de quitter la propriété, il lève la tête vers la maison. Ainsi qu’il l’aurait parié, Maud est à la fenêtre en train de l’observer. Prise sur le fait, elle n’a d’autre choix que de lui adresser un petit signe de la main auquel il répond en faisant hurler les quatre cylindres en ligne.

Le portail s’ouvre, la moto s’élance sur le bitume.

Luc a appris l’adresse par cœur. Celle de Michel Abramov, le père de Dimitri. Celle que Reynier a trouvée dans le dossier et lui a donnée, une demi-heure plus tôt.

Au travers de la visière fumée, les kilomètres défilent à une vitesse hallucinante. Marianne est assise derrière lui. Luc peut sentir ses bras autour de sa taille. Entendre ses petits cris lorsqu’il penche un peu trop la moto dans un virage.

Maud, pourquoi passes-tu des heures et des heures à me regarder ? N’as-tu donc pas compris qui je suis ?

Qui je suis vraiment ?

Et toi, monsieur le grand professeur , comment peux-tu aimer ta fille de cette manière ?

Pas comme un père. Plutôt comme un mari possessif et jaloux.

Luc accélère encore.

Se jouant de l’équilibre. Et de la mort.

J’ai bien vu comment tu la regardes. Comment tes yeux se posent sur elle, à la dérobée. Comme si elle t’appartenait.

Car tel est ton désir. Que les gens t’appartiennent. Qu’ils te craignent, t’admirent et t’envient.

Mais ce n’est pas à toi que Maud pense à longueur de journée.

Malgré tes belles paroles. Malgré tout le fric que tu gagnes et que tu dépenses pour elle. Malgré tes gestes tendres et tes inquiétudes pathétiques.

Peu t’importe son bonheur.

Peu t’importent les autres, d’ailleurs. Du moment qu’ils sont à toi.

Si je le voulais, Maud serait à moi.

Quand je le voudrai, elle sera à moi.

Luc prend l’autoroute, ralentit à l’approche d’un radar, accélère juste après. Le compteur de son bolide flirte avec les deux cents kilomètres à l’heure. Les voitures s’écartent en l’entendant arriver, il s’enivre de vitesse et de danger.

Tu vois, professeur, moi je n’ai rien eu à faire pour qu’elle m’aime.

Tu verras, un jour, elle t’abandonnera.

Et tu seras le plus malheureux des hommes.

* * *

Armand Reynier compose le numéro de Maud et sort dans le parc qui entoure la clinique de l’Espérance.

— Bonjour, ma chérie, c’est papa.

— Salut.

— Ça va ? Tu es où ?

— Dans ma chambre.

— Je ne te réveille pas au moins ?

— Non. Je me suis levée de bonne heure… Qu’est-ce qu’il y a ?

— Rien, je voulais juste voir comment tu allais… Luc va s’absenter aujourd’hui.

— Il est déjà parti, répond Maud dans une sorte de soupir.

— Je l’ai envoyé me faire une course, dit Reynier.

Une course ? Tu le prends pour ton domestique ?

— Pas du tout… Il a accepté d’aller voir quelqu’un pour moi, pour me rendre service. Je ne sais pas quand il va revenir à la maison, alors je voudrais que tu ne sortes pas. D’accord, ma chérie ?

— OK, dit-elle.

— Très bien… je te fais confiance, ma puce. Faut que je retourne bosser. À ce soir.

— Ouais, à ce soir.

— Je t’embrasse très fort.

— Moi aussi.

Dès qu’elle a raccroché, Maud soulève la porte du garage et grimpe dans sa Mini. Elle enlève le frein à main et la Cooper descend en roue libre jusqu’au portail.

Derrière les rideaux de sa chambre, Charlotte regarde la voiture de Maud disparaître. Un sourire se dessine sur ses lèvres charnues.

Elle enlève son peignoir, ouvre le dressing. Les piles de vêtements propres et repassés sont parfaitement alignées.

Elle n’imagine pas qu’il puisse en être autrement.

Elle choisit un pantalon large en matière fluide, un débardeur en soie sauvage et s’habille devant la psyché. Puis elle se maquille et attache ses cheveux.

Elle descend ensuite au rez-de-chaussée et se rend directement dans la cuisine.

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