Karine Giébel - Meurtres pour rédemption

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Meurtres pour rédemption: краткое содержание, описание и аннотация

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Vingt ans. Le bel âge ?
Pas pour Marianne. En prison. Pour perpète. Pour meurtres.
« Ils ne m'ont laissé aucune chance (…) Mais j'existe encore (…) Ça leur ferait trop plaisir que je cesse le combat… Je ne leur ferai pas cette joie (…) » Alors, nourrir la haine, l'instinct de survie, même si l'on ne désire qu'aimer, être aimée ; pour lutter malgré tout, contre les coups, les brimades, l'ignoble.
La liberté. Inaccessible. Sauf à se laisser bercer par le chant des trains, pas si loin, là, derrière les barreaux, à se laisser emporter dans leur sillage.
Jusqu'au jour où… En taule, même l'inimaginable peut surgir.
Une porte s'ouvre…
« La liberté, Marianne,tu dois en rêver chaque jour, chaque minute, non ? » Mais le prix à payer pour transformer ce rêve en réalité est terrifiant.
Marianne ira-t-elle jusqu'au bout ? Jusqu'au bout de cette voie de sang ? Mais, peut-être, aussi, de rédemption ?…

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— Oui… On va vous donner la voiture.

— Très bien. Rappelez-moi quand elle sera prête.

Marianne raccrocha. Prit son front entre ses mains.

— Putain de merde ! Je vais pas m’en sortir ! Je vais pas m’en sortir…

Elle jeta un œil par la fenêtre. Un fourgon venait de s’arrêter. Six hommes cagoulés en surgirent. Armés jusqu’aux dents. GIGN ou RAID. De mieux en mieux ! Elle imaginait le même fourgon derrière le Palais. Ta dernière heure est là, Marianne ! Tu as toujours su que tu finirais mal. Elle fondit en larmes, se recroquevilla sur le sol. Resta ainsi de longues minutes. S’attendant à voir débouler les hommes en noir dans le bureau. À recevoir une rafale d’arme automatique en pleine tête. Mais ce fut la sonnerie du téléphone qui trancha le silence.

— Marianne ?

— Je vous écoute, commandant…

— La voiture est en bas.

— Parfait. Et les hommes du GIGN, ils sont où ? Dites-leur de se casser, commandant. J’ai un œil sur eux.

— OK. Mais je vous conseille de ne pas toucher à mademoiselle Weygand…

— Si vous ne m’y forcez pas, je ne lui ferai aucun mal. Je descends dès que vos molosses sont retournés à la niche.

Elle ouvrit le cagibi. Clarisse était ratatinée au fond du placard. Une sorte d’amas de chairs vibrantes.

— Amène-toi…

— Qu’est-ce que vous me voulez ?

— Amène-toi ! gronda Marianne.

La greffière marcha lentement vers Marianne, louchant sur son arme. Lorsqu’elle arriva dans le bureau, elle buta sur le cadavre de Forestier, poussa un cri hystérique.

— Ta gueule !

Marianne la saisit par un bras et la força à s’asseoir sous la fenêtre. À l’abri derrière le mur, elle épia les hommes du GIGN qui remontaient dans leur véhicule et partaient. Sans doute cinquante mètres plus loin. Mais c’était toujours ça.

— On va faire une petite balade, toutes les deux… Prends la pochette mauve sur le bureau. T’as pas intérêt à la lâcher ! C’est précieux pour moi, tu piges ?

— Oui… Oui…

— On va y aller. J’espère pour toi que les flics ne vont pas nous canarder… Tu sais conduire ?

— Oui… Oui, j’ai une voiture…

— Une voiture ? Elle est où ?

— Dans le parking… Au sous-sol.

Un spot lumineux clignota soudain dans son cerveau.

— On y accède comment ?

— Il… Il faut descendre dans le hall et… Il y a un ascenseur avec une clef.

— C’est dans la même direction que la porte de derrière ?

— Oui… Juste avant dans le couloir…

— Parfait. Prends les clefs de ta bagnole et celle de l’ascenseur.

La greffière obéissait, un peu mécaniquement. Marianne lui passa un bras autour de la gorge et la força à avancer.

— Ouvre… Doucement… Tu vois quelque chose ?

— Non… Y a personne, on dirait…

— Ne joue pas aux héroïnes, Clarisse. J’ai déjà tué des tas de gens… J’ai vraiment plus rien à perdre. Sauf la vie, tu saisis ?

— Oui… Je ferai rien ! Ne me tuez pas !

— Si t’es bien sage, je ne te ferai aucun mal… Allez, c’est parti !

Le couloir, désert complet. Elles étaient tout au bout, ils ne pouvaient donc pas surgir dans leur dos. Marianne tenait le pistolet braqué dans la nuque de son otage.

Ils avaient évacué le Palais. Aucune mauvaise rencontre jusqu’au hall, désert, lui aussi. Mais, sur le parvis, un bon paquet d’uniformes. Armes au poing, Marianne dans leurs viseurs.

Elle planta le canon du Glock dans la gorge de la greffière. Continua de protéger sa fuite, planquée derrière son bouclier. Dans un silence irréel. Elles bifurquèrent dans un couloir, avancèrent dos au mur, en crabe, de façon à ce que Marianne puisse surveiller les deux côtés de la coursive. Il fallut passer une porte fermée par un digicode. La greffière enfonça son badge dans la fente. Sésame, ouvre-toi.

— Tu es parfaite, murmura Marianne qui la sentait défaillir dans ses bras. Continue comme ça…

L’ascenseur, enfin. Marianne l’appela d’un coup d’épaule. Elles s’engouffrèrent à l’intérieur. Clarisse introduisit la clef dans la serrure, la cabine plongea vers le sous-sol. Marianne la serrait contre elle au cas où les flics l’attendraient à l’arrivée. Les portes s’ouvrirent à nouveau sur une pénombre peu engageante. Clarisse alluma la lumière.

Apparemment, les képis n’étaient pas descendus jusque-là. Forcément, ils l’attendaient ailleurs.

— C’est laquelle ta bagnole ?

— La… Golf… grise…

Clarisse appuya sur la clef, les clignotants de la Volkswagen s’agitèrent avec un bruit de haute technologie.

— Tu conduis, moi je grimpe à l’arrière…

— Je… vous donne la voiture ! Mais laissez-moi partir !

— Tu conduis ! menaça Marianne en enfonçant l’arme dans ses côtes.

Clarisse s’installa au volant, Marianne s’allongea sur la banquette arrière.

— J’ai le flingue pointé dans ton dos. À la moindre connerie de ta part, je te descends. La sortie donne où ?

— Dans la rue de derrière…

— Là où il y a la porte ?

— Oui… Mais beaucoup plus loin…

— OK… Tu sors, tu prends dans la direction opposée à celle de la porte… Parce qu’il y aura une caisse garée en plein milieu.

— Mais… Je ne peux aller qu’à droite. À gauche, c’est interdit…

— Tu fonces à gauche, d’accord ? S’il y a des keufs, ils se pousseront. Fonce et ne te pose pas de questions ! Tu as compris, Clarisse ? Allez, démarre !

Elle mit le contact puis activa le portail électrique. Marianne ne voyait pas grand-chose.

— Fonce ! ordonna-t-elle. Surtout, t’arrête pas ! Sinon, on est mortes toutes les deux !

La greffière pressa l’accélérateur avec l’énergie de la peur et la Golf s’élança dans un dérapage à peine contrôlé. Marianne voyait défiler des bouts de ciel, des fenêtres d’immeubles. Des lampadaires.

— Tu vois des flics ?

— J’ai forcé le passage !

Marianne se redressa un peu, restant tout de même pliée en deux pour ne pas offrir une cible parfaite aux tireurs d’élite.

— Ils nous suivent ! hurla soudain Clarisse en se cramponnant au volant.

Deux voitures banalisées leur filaient le train, à cinquante mètres. Bien en vue.

— Reste calme. C’était prévisible. Il faut se débarrasser d’eux. Tu vas prendre à droite et là, tu accélères…

Clarisse était un as du volant, une chance ! Elle bifurqua, appuya sur le champignon, projetant Marianne sur le dossier. Les flics toujours aux fesses.

— Faut les semer ! gueula Marianne. Démerde-toi comme tu veux ! Sinon, tu vas crever avec moi !

Les policiers restaient à distance, cherchant seulement à ne pas les perdre de vue. Peu enclins à acculer une tueuse de l’envergure de Marianne dans une souricière qui pourrait coûter la vie à une greffière. Ils avaient déjà perdu un proc’ et un juge.

La Golf s’engouffra dans une ruelle, tomba nez à cul avec une benne à ordures qui avançait au ralenti.

— Qu’est-ce que je fais ? gémit Clarisse.

— Double ! Par le trottoir !

— Ça passera jamais !

— Double ! somma Marianne en plantant le canon dans sa gorge.

La Golf grimpa sur le trottoir, sous les regards ébahis des hommes en combinaison verte.

— Plus vite ! brailla Marianne.

La voiture renversa un container, le traîna sur dix mètres, puis retrouva la chaussée. Les flics prirent le même chemin. Mais la benne avait continué d’avancer. Le passage s’avérait désormais impossible. Le véhicule de police s’encastra entre un immeuble et une camionnette mal stationnée.

— Ouais ! jubila Marianne. Fonce, fonce, fonce !

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