Karine Giébel - Meurtres pour rédemption

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Meurtres pour rédemption: краткое содержание, описание и аннотация

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Vingt ans. Le bel âge ?
Pas pour Marianne. En prison. Pour perpète. Pour meurtres.
« Ils ne m'ont laissé aucune chance (…) Mais j'existe encore (…) Ça leur ferait trop plaisir que je cesse le combat… Je ne leur ferai pas cette joie (…) » Alors, nourrir la haine, l'instinct de survie, même si l'on ne désire qu'aimer, être aimée ; pour lutter malgré tout, contre les coups, les brimades, l'ignoble.
La liberté. Inaccessible. Sauf à se laisser bercer par le chant des trains, pas si loin, là, derrière les barreaux, à se laisser emporter dans leur sillage.
Jusqu'au jour où… En taule, même l'inimaginable peut surgir.
Une porte s'ouvre…
« La liberté, Marianne,tu dois en rêver chaque jour, chaque minute, non ? » Mais le prix à payer pour transformer ce rêve en réalité est terrifiant.
Marianne ira-t-elle jusqu'au bout ? Jusqu'au bout de cette voie de sang ? Mais, peut-être, aussi, de rédemption ?…

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Elle parvint à se maîtriser mais s’accorda encore un instant pour actionner la machine de guerre.

Enfin, elle se décida. Il était tellement occupé qu’il ne la vit pas fendre la pénombre. Surtout, ne pas le tuer avant d’avoir le dossier. Sinon, Franck serait furieux.

— Bonsoir, monsieur l’avocat général…

Un sursaut grotesque l’éjecta du lit. Il s’écrasa sur la moquette avec un bruit sourd. Marianne bondit sur le matelas, le mit en joue.

— Debout !

Il avait la bouche ouverte. Une terreur grandissante enlaidissait son visage déjà ingrat.

— Allez, lève-toi ! ordonna-t-elle.

Il se redressa, tendit les bras devant lui. La bouche toujours ouverte. Ça devait faire courant d’air avec sa braguette. D’ailleurs le pyjama glissa jusqu’à ses chevilles.

— Rhabille-toi ! ajouta Marianne avec dégoût.

Il remonta son pantalon. Oublia encore de refermer la bouche. Leva les mains à nouveau.

Elle descendit du lit et, tout en le gardant dans sa ligne de mire, recula jusqu’à l’interrupteur. La lumière inonda la scène.

— Tu me reconnais ? Non ?… Regarde-moi bien, monsieur l’avocat général…

Il plissa les yeux dans une mimique affreuse. Son menton, ses bras tremblèrent. Elle crut qu’il allait s’évanouir.

— Ça y est, je vois que tu te rappelles ! dit-elle avec un sourire féroce.

Elle ne pouvait s’empêcher de jouir de la terreur qu’elle lui inspirait…

Je requiers la réclusion criminelle à perpétuité, avec une peine de sûreté de vingt-deux ans. Comprenez-moi, mesdames et messieurs les jurés… Il faut nous assurer que Marianne de Gréville ne pourra plus jamais perpétrer de telles horreurs

— Qu’est-ce que vous me voulez ? demanda le procureur d’une voix chancelante.

Elle eut un tressaillement. Retomba brutalement dans le présent.

— J’ai eu envie de rendre visite à mes anciens amis… Ceux qui m’ont aidée quand j’étais dans la merde… Comme toi.

Nous ne pouvons lui accorder la moindre circonstance atténuante

Elle se prenait au jeu. Comme réellement là pour exécuter sa propre vengeance. Le monstre était sorti de l’ombre. Il tenait l’arme. La braquait sur celui qui avait grandement contribué à lui donner naissance. La vie est si espiègle, parfois…

Le film continuait, des gémissements ridicules de femelle en chaleur qui sonnaient faux. Elle tourna la tête vers la télé, Aubert aussi. Une fille très jeune avec cinq types. Cinq. Comme dans le cachot. Les intestins de Marianne se nouèrent.

— Ça te plaît de voir ça ? cracha-t-elle avec violence.

Il ne répondit pas malgré sa bouche continuellement béante.

— Coupe-moi cette merde tout de suite ! Tout de suite, sinon…

Il marcha en crabe jusqu’au poste. Le silence s’abattit sur le décor, avec juste le bruit du lecteur DVD qui tournait dans le vide. Un immense soulagement pour Marianne.

— Maintenant, tu vas me rendre un petit service, Xav’… Je cherche un dossier… Le dossier Charon.

Sa bouche s’ouvrit encore plus. On aurait dit un poisson-lune en pyjama.

— Je sais pas de quoi vous…

— Joue pas à ça avec moi ! Tu vois ce que j’ai dans les mains ?

Elle baissa le canon, visa son entrejambe.

— Tu veux y goûter ? Je serais curieuse de voir les dégâts que ça causerait dans ton slip… À mon avis, tu pourrais plus jamais te branler devant tes films débiles. Alors file-moi ce dossier, et vite !

— Je ne comprends pas ! Je vous jure que…

— Arrête de faire le con, Aubert ! Ce joujou est hyper sensible et mon doigt a une crampe… Et là, tu commences à me gonfler ! Je sais que tu as la copie de ce dossier ici…

— Non !

Elle s’avança, il recula. Se heurta à une commode qui abrégea sa retraite. Marianne lui fila un coup de pied entre les jambes, il s’écroula à genoux en miaulant de douleur. Elle l’attrapa par le haut du pyjama, le plaqua sur le lit. Lui immergeant la tête dans l’édredon. Avant d’écraser le canon du Glock contre sa nuque.

— Tu vois, Aubert, y a deux ans, tu as démoli ma vie… Tu peux pas savoir comme c’est dur la taule… T’imagines même pas…

— Je vous en prie ! implora-t-il d’une voix étouffée.

— Tu te souviens de quoi je suis capable ? C’est toi-même qui l’as dit, pendant le procès : capable des pires horreurs , Xavier… Je n’ai aucune conscience…

Un individu tel que cette jeune femme n’a pas sa place dans notre société. Il faut l’empêcher de nuire, l’en empêcher pendant longtemps. Aussi longtemps que la loi nous y autorise

Elle lui administra un coup de pistolet sur le crâne, il bava à nouveau sur la couette.

— Si tu ne me donnes pas ce que je veux, je te jure que je vais exercer mes talents sur toi… Il est où, ce dossier ?

Elle lui emprisonna la main gauche, commença à plier son index dans le mauvais sens. Puis accentua la torsion, avec force. Il hurla de douleur, elle venait de lui briser le doigt.

— Tu veux vraiment que je continue ? Tu as dix doigts, mon vieux… Ça peut durer longtemps…

Elle attrapa son majeur, il s’égosilla à nouveau.

— Arrêtez ! Je vais vous le donner ! Arrêtez !

Elle recula un peu, le laissa se remettre debout.

— Où il est ?

— Dans… Dans… mon… mon… bégaya-t-il en tenant son doigt désarticulé.

— Dans ton quoi ?!

— Mon jardin…

— Ton jardin ? Tu te fiches de moi ou quoi ?

— Non ! Je l’ai caché dans la serre, au fond du jardin…

— OK, on y va… Si jamais tu as menti… Passe devant !

Il posa les mains sur le haut de son crâne. Seul un de ses doigts restait en l’air. Elle l’incita à accélérer la cadence en plantant le Glock dans son dos.

Dehors, pieds nus, il se dandina comme s’il marchait sur des braises. Après la traversée du parc, ils arrivèrent à destination. Il poussa la porte, alluma la lumière. Marianne s’émerveilla malgré les circonstances. Plantes magnifiques, fleurs multicolores, exotiques. Parfums enivrants.

— J’ai enterré le dossier, là…

— Alors déterre-le et vite !

— Vous ne savez pas dans quoi vous mettez les pieds, Marianne… Je ne sais pas pourquoi vous le voulez, mais vous serez en danger tant que vous l’aurez…

— T’inquiète, c’est pas pour moi. Je suis juste payée pour le récupérer… File-moi ce putain de dossier avant que je m’énerve !

Elle le garda dans son viseur, tandis qu’il creusait la terre de sa main valide. Il fut obligé de déraciner quelques plantes puis exhuma enfin un sac poubelle noir.

— Vide-le par terre…

Il obéit, une pochette et une cassette vidéo en tombèrent. Tout en le braquant, elle consulta le fameux dossier. Cherchant désespérément le nom. Charon . Mais elle avait soudain du mal à lire. Les lettres se mélangeaient, n’avaient plus aucun sens.

Elle continua de tourner les pages. Sans vraiment regarder ce qui s’étalait sous ses yeux. Jusqu’à ce qu’enfin, elle décode les six lettres. CHARON. Juste en haut d’une page. Puis elle sortit la cassette de sa boîte. Le même nom inscrit dessus. Elle poussa un soupir de soulagement.

— OK, on retourne chez toi, maintenant.

— Pourquoi vous ne partez pas ?

— Avance, magne…

Ils retournèrent à l’intérieur. Marianne suivait les conseils de Franck. S’il a un coffre chez lui, pique des trucs dedans, ça fera plus vrai . Elle le poussa dans le salon.

— Il est où ton coffre ?

— Mon coffre ?

— Ouais, ton coffre ! Où il est ?

— Là, indiqua-t-il en pointant son doigt vers une croûte infâme.

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