Daniel Pennac - La fée carabine

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« Si les vieilles dames se mettent à buter les jeunots, si les doyens du troisième âge se shootent comme des collégiens, si les commissaires divisionnaires enseignent le vol à la tire à leurs petits-enfants, et si on prétend que tout ça c'est ma faute, moi, je pose la question : où va-t-on ? »
Ainsi s'interroge Benjamin Malaussène, bouc émissaire professionnel, payé pour endosser nos erreurs à tous, frère de famille élevant les innombrables enfants de sa mère, cœur extensible abritant chez lui les vieillards les plus drogués de la capitale, amant fidèle, ami infaillible, maître affectueux d'un chien épileptique, Benjamin Malaussène, l'innocence même (« l'innocence m'aime ») et pourtant… pourtant, le coupable idéal pour tous les flics de la capitale.

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Ça y est, Verdun s’est rendormie. Elle nous laisse debout, hébétés, chancelants, l’œil vide fixé sur l’ample sourire de sa digestion. C’est le sablier de son visage, ce sourire. Il va se rétrécir peu à peu, imperceptiblement, les commissures vont se rapprocher, et, quand la bouche toute rose ne sera plus qu’un poing noué, le clairon sonnera le réveil des troupes fraîches. De nouveau, le long hurlement vorace jaillira des tranchées pour investir les cieux. Et les cieux répondront par le pilonnage de toutes les artilleries : voisins cognant au plafond, martelant à la porte, jurons explosant dans la cour de l’immeuble… Les guerres sont comme les feux de broussailles, si on n’y prend garde, elles se mondialisent. Trois fois rien d’abord, une petite explosion dans le crâne d’un Duc, à Sarajevo, et cinq minutes après tout le monde se fout sur la gueule.

Et ça dure…

Verdun n’en finit pas.

Trois jours déjà.

Ce que Jérémy, les yeux au milieu de la figure, résume par cette question exténuée en se penchant sur le berceau de Verdun :

— Mais ça ne grandit donc jamais ?

* * *

La seule à passer indemne au travers de la tourmente, c’est maman. Elle dort, maman. Les légions innombrables lâchées par Verdun sur notre territoire familial l’épargnent ! Convention de Genève. Maman dort. Aussi loin que je me souvienne, après chaque naissance, maman a toujours dormi. Elle a dormi six jours après la naissance de Jérémy. Son record. Tout le contraire du bon Dieu, elle s’est réveillée le septième. Et elle m’a demandé :

— Alors mon grand, à quoi ressemble-t-il, ce petit ?

Aussi bien, comme on dit dans les beaux livres, aucun des enfants Malaussène ne peut-il se vanter d’avoir connu les seins de sa mère. Julia y voit l’origine de ma vénération pour ses propres mamelles. « Julie, prête-moi tes mamelles ! » Rire de Julia, jaillissement de ses blanches collines par l’ouverture de sa robe croisée : « Viens là, mon doux chéri, tu es chez toi. » (« Mon doux chéri »… oui, c’est moi. Où te caches-tu, Julie ?)

Or donc, la petite Verdun envoie ses divisions affamées à l’assaut, et maman dort. On serait légitimement en droit de lui en vouloir. Des équipages se sont mutinés pour moins que ça. Pourtant, notre seul souci, lorsque nous calmons Verdun, c’est de ne pas réveiller maman. Et, quand nous craquons vraiment, c’est à contempler son sommeil que nous reprenons nos forces. Maman ne se contente pas de dormir. Maman redevient. Appuyé au chambranle de sa porte, chaque combattant exténué peut assister là au retour en force de la beauté paisible.

— Elle est belle comme une bouteille de Coca remplie de lait.

Jérémy a murmuré ça les larmes aux yeux. Risson a froncé ses vieux sourcils dans un effort louable pour donner corps à cette image. Clara a pris une photo. Oui, Jérémy, elle est belle comme une bouteille de Coca-Cola remplie de lait. Je la connais bien, cette beauté-là ! Irrésistible. Le genre Bois Dormant, Vénus sortant de Shell, indicible candeur, naissance à l’amour. Vous connaissez la suite, les enfants ? Le Prince Charmant nous pend au nez. Dès son réveil, maman ne sera plus que disponibilité candide à la passion. Et si par malheur un beau tsigane (ou un gentil comptable, peu importe) passe à ce moment-là…

Jérémy, qui est branché sur la même longueur d’onde, murmure tout à coup :

— Oh ! non, merde, Ben, on va pas encore nous l’enlever ?

Puis, après un coup d’œil angoissé au berceau de la petite, très provisoirement assoupie :

— Verdun, c’est la Der des Ders, non ?

Va savoir… Les amours ont justement ça de commun avec les guerres…

* * *

Bref, trois jours et trois nuits d’enfer mondial. On a beau établir des tours, les mômes, les filles et les grands-pères sont sur les genoux. Clara, surtout, qui s’appuie l’essentiel du boulot. Déprime générale. Baby-blouse, quoi. C’est fréquent, à ce qu’il paraît. Merlan a même menacé de se remettre sous perfusion :

— Je te le jure, Benjamin, si ça continue, je replonge à la piquouse !

Penché sur le berceau, Risson, qu’on ne peut pourtant pas soupçonner de détester l’enfance, hoche interminablement la tête :

— Je me demande si je ne préférais pas la version 14/18.

Quant à Rognon, j’ai l’impression qu’il louche d’un air féroce sur ses couteaux de boucher. Il comprend pas l’évolution des mœurs, Rognon : pour lui, un rôti n’a jamais eu droit à la parole.

Les moins atteints sont Thérèse, Julius et le Petit. Depuis la mort de Verdun (l’autre, le paisible), Thérèse a entrepris de mettre au point un véritable horoscope du troisième âge. Un truc pour les journaux, qui donnerait aux vieux des nouvelles de leurs lendemains immédiats. Thérèse bosse d’arrache-pied, la baraque pourrait bien s’effondrer, elle n’y est pour personne. Julius le chien, lui, les yeux braqués sur le berceau de Verdun du matin au soir, est plongé dans un profond étonnement. Mais ce n’est qu’une apparence. Cette tête penchée sur le côté (sa langue pendant de l’autre) est une séquelle de sa dernière crise. D’après Laurent, le toubib adoré de Louna, il conservera toute sa vie cet air de stupéfaction intense. En fait, comme tout clébard conscient de ses responsabilités, Julius est tout bonnement ravi d’avoir un mouflet de plus at home. Le Petit réagit comme Julius, en être responsable. Il a entrepris de bercer Verdun, de la calmer coûte que coûte. Il raconte à Verdun-la-Nouvelle les histoires héritées de Verdun-l’Ancien. Dès que sa petite sœur ouvre l’œil, il reprend où il l’avait laissée l’interminable litanie des métrages de tissu engloutis par la Der des Ders. Et plus elle gueule, plus il monte le son, refusant avec un bel héroïsme de laisser recouvrir sa voix par le vacarme du champ de bataille…

Mais rien au monde ne peut apaiser Verdun. Jusqu’au jour où se produit ce qu’il est convenu d’appeler un miracle.

* * *

Ça s’est passé tout à l’heure. Verdun venait justement de se réveiller. Il était sept heures. (19 heures.) L’heure de son énième biberon. Comme ça n’allait pas assez vite à son goût, elle l’a fait savoir avec un peu plus de véhémence que d’habitude. Jérémy, qui était de quart, a foutu une casserole sur le feu et a pris la sirène dans ses bras. Le Petit a aussitôt remis son disque sur le plateau :

— 250 000 cache-nez à 1,65 franc et 100 000 passe-montagnes, plus de 2 400 000 mètres de drap en 140 pour les uniformes…

C’est alors qu’on a frappé à la porte. On a d’abord pensé que c’étaient les voisins et on a continué à mener notre paisible petite vie familiale, mais ça frappait toujours. Jérémy a dit merde et il est allé ouvrir, Verdun manifestant toujours dans ses bras. Verdun et Jérémy se sont alors retrouvés devant une minuscule Vietnamienne qui souriait d’un air sceptique, debout dans des socques de bois. La Vietnamienne a demandé :

— Malôtzène ?

Pour cause de Verdun, Jérémy a dit :

— Quoi ?

La Vietnamienne a répété plus fort :

— Malôtzène ?

Jérémy a gueulé :

— Quoi, Malaussène ?

La Vietnamienne a demandé :

— Itzi, maïdson Malôtzène ?

— Oui, vous êtes bien chez la tribu Malaussène, oui, a fait Jérémy en secouant Verdun comme un shaker.

— Dje peuh pargler Bendjamin Malôtzène ?

— Quoi ?

Verdun hurlait de plus en plus fort. D’une patience réellement mythique, la Vietnamienne a entrepris de reposer sa question :

— Dje peuh pargler…

Et le lait, là-bas, sur la cuisinière, s’est mis à déborder de la casserole.

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