Daniel Pennac - La fée carabine

Здесь есть возможность читать онлайн «Daniel Pennac - La fée carabine» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Город: Paris, Год выпуска: 1987, ISBN: 1987, Издательство: Éditions Gallimard, Жанр: Иронический детектив, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

La fée carabine: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «La fée carabine»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

« Si les vieilles dames se mettent à buter les jeunots, si les doyens du troisième âge se shootent comme des collégiens, si les commissaires divisionnaires enseignent le vol à la tire à leurs petits-enfants, et si on prétend que tout ça c'est ma faute, moi, je pose la question : où va-t-on ? »
Ainsi s'interroge Benjamin Malaussène, bouc émissaire professionnel, payé pour endosser nos erreurs à tous, frère de famille élevant les innombrables enfants de sa mère, cœur extensible abritant chez lui les vieillards les plus drogués de la capitale, amant fidèle, ami infaillible, maître affectueux d'un chien épileptique, Benjamin Malaussène, l'innocence même (« l'innocence m'aime ») et pourtant… pourtant, le coupable idéal pour tous les flics de la capitale.

La fée carabine — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «La fée carabine», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать
* * *

Durant les soirées qui suivirent, allongé sur son lit de camp, Pastor s’envoya les œuvres complètes de la journaliste. Ce qui le frappa d’emblée, c’était la sagesse de l’écriture par opposition à la nature explosive des sujets traités. Une écriture scrupuleusement ponctuée, un style neutre, sujet-verbe-complément, qui semblait dire : « Laissons parler le réel, n’en rajoutons pas trop, il se défend très bien tout seul. » Cela tranchait avec le ton général de son journal et celui de l’époque.

Julie Corrençon avait roulé sa curiosité aux quatre coins du monde. Elle travaillait tout à fait comme Pastor l’avait imaginé, s’immergeant dans son sujet, vivant une vie entière à chaque article, repartant à zéro pour le suivant, une existence sans cesse remise en jeu. Enquêtant sur un trafic de cocaïne, elle s’était fait emprisonner volontairement en Thaïlande, dans une prison de femmes dont elle s’était évadée, camouflée sous un monceau de détenues mortes du choléra. Elle avait partagé l’intimité non moins dangereuse d’un ministre de l’Intérieur turc, le temps de mettre en carte l’itinéraire ultrasecret suivi par le pavot local jusqu’aux laboratoires marseillais où la morphine base devient l’héroïne de notre fin de siècle. Elle avait beaucoup écrit sur la drogue. Pastor le nota pour mémoire. Mais elle s’était aussi attaquée à d’autres sujets. Elle avait fait un tour du monde de l’amour, au terme duquel elle concluait que les dernières populations primitives et les révolutionnaires à la veille de leur victoire (mais ça se gâtait dès le lendemain) étaient les seuls à faire un amour qui fût digne de l’amour. Ici, Pastor rêva un instant dans la pénombre de son bureau. Il pensa au Conseiller son père et à Gabrielle. Si Gabrielle avait lu cet article, elle aurait sans aucun doute invité Julie Corrençon à venir les voir pratiquer, son superbe chauve et elle, malgré leur âge avancé. Un jour Pastor les avait surpris : on se serait cru à l’heure de tous les rendez-vous dans une jungle en éruption.

* * *

Le dernier article de la Corrençon se présentait sous la forme d’un reportage photographique effectué à Paris six mois plus tôt, et concernant un employé du Magasin, à l’époque où cette énorme boutique était périodiquement secouée par des explosions de bombes. L’employé en question était un type sans âge et curieusement transparent qui répondait au nom de Benjamin Malaussène. Il était salarié par le Magasin pour y remplir la fonction de Bouc Émissaire. Son boulot consistait à endosser tout ce qui clochait dans l’entreprise, et lorsque les clients venaient râler, il prenait une mine si tragiquement douloureuse que la colère faisait place à la pitié, et que les clients lésés repartaient sans demander le moindre dédommagement. Certaines photos montraient un Malaussène et un chef du personnel absolument ravis d’avoir couillonné la clientèle. Suivait une étude chiffrée des économies ainsi réalisées par le Magasin. (Le jeu en valait la chandelle.) Julie Corrençon indiquait aussi le salaire perçu par Malaussène. (Plus que confortable.) L’autre versant du reportage présentait Malaussène en famille. Il y paraissait beaucoup plus jeune et bien mieux défini. Fils aîné d’une famille nombreuse, on le voyait, entouré par les lits superposés de ses frères et de ses sœurs, racontant des histoires qui allumaient littéralement le regard des enfants.

Comme dans tous les autres articles de Julie Corrençon, l’auteur ne s’autorisait pas le moindre jugement de valeur, pas le plus petit point d’exclamation. Sujet, verbe, complément.

* * *

L’État Civil apprit à Pastor que Julie Corrençon était la fille unique de Jacques-Émile Corrençon, né le 2 janvier 1901 dans le petit village du Dauphiné qui, près Villard-de-Lans, porte le même nom (Corrençon), et d’Emilia Mellini, ressortissante italienne, née à Bologne, le 17 février 1923. Malgré leur différence d’âge, la maman meurt la première, en 1951, et le papa en 1969.

L’inspecteur Van Thian connaissait le nom de Jacques-Émile Corrençon.

— C’est un type qui ressemblait à ma mère, annonça-t-il à brûle-pourpoint.

(Le vieux Thian aimait surprendre le jeune Pastor. Il y parvenait quelquefois.)

— Il a grandi dans le pinard, lui aussi ? demanda Pastor.

— Non, c’était un gouverneur colonial qui ne croyait pas à la colonisation.

Thian expliqua que le nom de Corrençon avait affleuré pour la première fois l’actualité en 1954, à côté de celui de Mendès France, lors des négociations avec le Viêt Minh, et qu’il avait aussi joué un rôle actif pour l’obtention, la même année, du statut d’autonomie interne en Tunisie. Sous de Gaulle, Corrençon avait continué à travailler dans ce sens en multipliant les contacts avec toutes les clandestinités africaines en quête d’indépendance.

— Et cet article de la Corrençon tu l’as lu ? demanda Pastor à Van Thian.

Pastor n’aimait pas se laisser surprendre par Thian sans contre-attaquer. Il lança au vieil inspecteur un article agrémenté de photos qui firent passer Thian du jaune au vert.

L’article racontait comment, trimbalée en mer de Chine à la recherche de boat-people sur une embarcation qui ne valait guère mieux que celles des fuyards (photo), Julie Corrençon avait été terrassée par une crise d’appendicite aiguë. (Photo.) On avait dû l’opérer sur place sans anesthésie (photo), et comme tous ses copains tournaient de l’œil les uns après les autres (photo), elle avait fini elle-même ce qu’ils avaient commencé, tenant le bistouri d’une main et un petit miroir de l’autre (photo).

— Ça nous apprend au moins une chose, dit Pastor, quand Thian se fut administré un calmant, c’est que les gars qui l’ont cuisinée avant de la jeter dans la péniche n’ont certainement rien tiré d’elle.

* * *

L’après-midi du même jour, l’inspecteur Pastor essaya pour la dixième fois de dégainer plus vite que son collègue Van Thian. Son arme de service se prit à une maille de son chandail et lui échappa des mains. Le coup partit quand elle toucha le sol. Une balle réglementaire de 7,65 mm frôla les omoplates de Thian, ricocha sur le plafond, arracha au mur une touffe de polyester insonorisant et se calma.

— On recommence, dit Thian.

— On ne recommence pas, dit Pastor.

Au tir posé, quatre des huit balles de Pastor firent un score honorable dans la cible de Van Thian. La cible de Pastor (elle représentait un tireur de carton en position agressive) était intacte.

— Comment fais-tu pour tirer si mal ? demanda Thian avec admiration.

— De toute façon, s’il faut tirer, c’est qu’il est déjà trop tard, répondit Pastor avec philosophie.

* * *

Sur quoi, Pastor fut convoqué dans le bureau du commissaire divisionnaire Coudrier, son patron. Comme à l’accoutumée, le bureau, rideaux tirés, baignait dans sa verte pénombre impériale. Une secrétaire longue comme un jour sans pain, qui répondait (silencieusement) au prénom d’Élisabeth, servit à Pastor une tasse de café. Élisabeth éprouvait pour le divisionnaire Coudrier une vénération muette dont celui-ci n’abusait pas. Elle entrait et sortait sans le moindre bruit. Elle laissait toujours la cafetière derrière elle.

17

COUDRIER : Merci, Élisabeth. Dites-moi, Pastor…

PASTOR : Monsieur ?

COUDRIER : Que pensez-vous du divisionnaire Cercaire ?

PASTOR : Le patron des stupéfiants ? Eh ! bien, monsieur…

COUDRIER : Oui ?

PASTOR : Disons que je le trouve assez stupéfiant.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «La fée carabine»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «La fée carabine» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Отзывы о книге «La fée carabine»

Обсуждение, отзывы о книге «La fée carabine» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x