Daniel Pennac - La petite marchande de prose

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« „L'amour, Malaussène, je vous propose l'amour !“ L'amour ? J'ai Julie, j'ai Louna, j'ai Thérèse, j'ai Clara, Verdun, le Petit et Jérémy. J'ai Julius et j'ai Belleville…
„Entendons-nous bien, mon petit, je ne vous propose pas la botte ; c'est l'amour avec un grand A que je vous offre : tout l'amour du monde !“
Aussi incroyable que cela puisse paraître, j'ai accepté. J'ai eu tort. »
Transformé en objet d'adoration universelle par la reine Zabo, éditeur de génie, Benjamin Malaussène va payer au prix fort toutes les passions déchaînées par la parution d'un best-seller dont il est censé être l'auteur.
Vol de manuscrit, vengeance, passion de l'écriture, frénésie des lecteurs, ébullition éditoriale, délires publicitaires,
est un feu d'artifice tiré à la gloire du roman. De tous les romans.

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D’autres protecteurs s’étaient joints spontanément aux flics : les quatorze copains du rugbyman Calignac lui faisaient une citadelle ambulante. Une mêlée qu’un enchanteur celte aurait soudée à vie. Le Quinze se déplaçait comme un crabe suspicieux. Cela flanquait Calignac en rogne. Ses prières montaient moins légèrement. Il avait besoin d’un demi d’ouverture pour expédier à Gauthier ses bons vœux d’éternité. Des sentiments fraternels comme un ballon ovale. Calignac avait couvé Gauthier d’une affection protectrice. Calignac avait aimé Malaussène, aussi. Tout ce qui était étranger au rugby lui semblait d’une fragilité bouleversante. Ni Malaussène ni Gauthier n’avaient jamais pratiqué le rugby… et voilà. Calignac n’était pas idiot ; il savait bien que cela n’avait aucun rapport, mais tout de même… tout de même.

On enterrait le jeune Gauthier. On avait allongé ce garçon de papier dans un cercueil : goupillon. Il y pleuvait de l’eau sacrée : goupillon. Au nom de la Sainte Trinité : goupillon. Loussa de Casamance, pourtant, ne s’était pas muni de l’arme que ses hauts faits de Résistance l’autorisaient à porter dans une décoration venimeuse. Il était un nègre rescapé de Monte Cassino. Tomber sous les balles d’une femme amoureuse, même injustement, lui semblait une mort inespérée. Loussa de Casamance se refusait à mériter de la Patrie. En la personne de feu le maréchal Juin, la Patrie l’avait envoyé se faire hacher menu sur une aimable colline italienne dominée par une citadelle imprenable. Nègres en tête. Et tirailleurs bougnoules dont la Patrie s’offusqua que, la paix venue, ils exigeassent leur indépendance. Ceux qui étaient redescendus vivants de cette colline, la Patrie les avait couchés un beau matin, dans la poussière de Sétif : mitrailleuses. Le même jour, les enfants de Cassino jouaient avec les têtes des morts qu’ils ne cessaient de découvrir dans les ruines encore chaudes de la citadelle — un haut lieu de prière avant que la guerre n’y fît son nid. Loussa ne voulait pas mériter de la Patrie. Loussa ne voulait mériter que des femmes. Il en avait aimé quelques-unes. Passionnément, toutes. Admirables, toutes. Une balle de Julie Corrençon, c’était bien la moindre des choses qu’il estimait leur devoir. Et cela amuserait Malaussène. Loussa et Malaussène s’étaient bien amusés ensemble. Ce garçon était arrivé vingt ans trop tard dans la vie de Loussa, et voilà qu’il en était sorti trop tôt. Mais le temps qu’avait duré leur collaboration, ils s’étaient bien amusés, vraiment. Pourtant, Loussa n’avait pas poussé le pion de l’intimité. Il n’était jamais allé voir Malaussène chez lui. Ils ne se croisaient que dans les couloirs du Talion. Cela suffisait à la drôlerie. À quoi tenait-elle, cette rigolade intime entre Loussa et Malaussène ? À leur amour commun des livres, peut-être, un amour particulier, un amour à eux, un amour de voyous. Ils aimaient les livres comme des voyous. Ils n’avaient jamais pensé qu’un bouquin pût améliorer une canaille. Et de voir que les livres confirmaient les autres dans l’illusion de leur humanité, cela les amusait beaucoup. Mais ils aimaient les livres. Ils aimaient à travailler pour cette illusion. C’était tout de même plus drôle que de bosser pour la certitude des balles 22 long rifle à forte pénétration… Et puis, dans les moments de déprime, on pouvait toujours se consoler en se disant que les plus belles bibliothèques trônent chez les plus beaux marchands de canons. Loussa et Malaussène en avaient souvent débattu derrière leurs canons à eux : des sidi-brahim, calibre 13°5.

Le jeune Gauthier avait commencé sa lévitation. Quatre paires de jambes avaient poussé au bois de son cercueil. Il remontait l’allée avec une dignité horizontale qui courbait les têtes sur son passage. Il entraînait les foules comme le joueur de flûte. Parents d’abord, amis ensuite, on s’arrachait aux travées, on suivait le petit Gauthier, si peu meneur de son vivant. Loussa avait pris soin de se placer devant Isabelle. Il ne voulait pas que la Corrençon lui tuât Isabelle. Isabelle, que les employés du Talion appelaient la reine Zabo (Malaussène ouvertement) mais qui, pour Loussa, son nègre de Casamance, n’avait jamais été qu’Isabelle, cette petite marchande de prose qui, depuis les temps immémoriaux de leur enfance, envisageait le livre comme l’indispensable matelas de l’âme. Un après-midi de juin 54, peu après la chute de Diên Biên Phu (Loussa avait raconté l’anecdote à Malaussène), Isabelle l’avait appelé dans son bureau et lui avait dit : « Loussa, nous venons de perdre l’Indochine, je ne donne pas vingt ans à la diaspora chinoise pour quitter l’Asie du Sud-Est et venir s’installer ici, à Paris. Alors, tu vas m’apprendre le chinois vite fait et me faire traduire tout ce qui compte dans leur littérature. Quand ils arriveront, leurs bouquins les auront précédés, leur lit sera fait. » (Et Loussa avait conclu, en levant son verre à l’intention de Benjamin : « Voilà pourquoi tu m’entends chinoiser couramment, petit con. Gānbēi ! Santé ! »)

Non, quelle que fût son amitié pour Malaussène, Loussa ne laisserait pas sa Julie farcir son Isabelle. Loussa n’avait plus touché un canon de sidi depuis le début du massacre. Tous ses réflexes ainsi récupérés, il comptait bien se jeter entre Isabelle et la tueuse, l’instant venu… périr comme il l’avait toujours souhaité : pour une femme — et, comble de félicité, par une femme !

* * *

L’attaque les surprit tous autant qu’ils étaient. Elle ne vint pas d’une femme, elle vint du ciel. Au moment où l’on chargeait Gauthier dans son dernier taxi, Calignac sentit son épaule gauche exploser. Tous les autres entendirent la détonation. Calignac était entouré. On ne pouvait l’attaquer à hauteur d’homme, on l’avait flingué d’un perchoir. Les quatorze le plaquèrent instantanément au sol.

— Lâchez-moi, bordel, je veux voir d’où ça vient.

— Si tu bouges, on t’encule.

Avant qu’il fût parfaitement recouvert, une seconde balle lui perfora le mollet. D’une détente, le demi d’ouverture Lamaison plongea sur le mollet ensanglanté.

— Elle vise bien, la salope !

Plus de Calignac. Ni plus personne debout sur les marches de Saint-Roch. Les uns sur les autres. Loussa sur Isabelle.

— Cinquante ans que tu en crevais d’envie… avoue.

— Ne bouge pas.

Tous couchés. Sauf le mort. Abandonné à lui-même, le petit Gauthier avait glissé du fourgon. Il dressait crânement sa boîte au beau milieu des vivants allongés.

Le ciel hésita un instant.

L’hésitation lui fut fatale.

Un être double jaillit d’entre les aplatis. Il avait le visage paisible d’Hô Chi Minh, doublé d’une tête de bébé furieux. Solidement campé sur ses deux jambes écartées, il brandissait un énorme Manhurin dont il vidait méthodiquement le chargeur sur la fenêtre d’une chambre de bonne : immeuble face, sixième étage, troisième fenêtre sur la droite. Le regard du bébé accroché à son dos semblait lui désigner l’objectif. Le bébé portait aux oreilles ces tampons de feutre qui protègent les tympans professionnels de l’éclat des détonations. Les vitres de la chambre explosaient, les montants de la fenêtre s’éparpillaient en esquilles. Thian tirait comme un bataillon de Mexicains sur une cible unique.

— Pardonne-moi, Julie.

Thian tirait en parlant à Julie.

— Tu te sentiras mieux après.

Thian savait la douleur d’être veuf. Il avait perdu sa femme, en son temps, la grande Janine, et Gervaise, la fille de Janine, que Thian avait portée comme Verdun, dans un baudrier de cuir, avait quitté Thian pour Dieu : nonne. À l’époque, Thian aurait souhaité qu’un bataillon de Mexicains abrégeât son supplice.

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