Andreas Eschbach - Des milliards de tapis de cheveux

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« Citoyens de Yahannochia, voyez les tapis qui orneront le palais de l’Empereur ! »

Comme chaque année, des murmures empreints de respect parcoururent la foule lorsque les tisseurs dévoilèrent leur tapis, l’œuvre de leur vie.

Mais, cette année, dans l’harmonie des voix s’insinuait la note discordante du doute.

« N’avez-vous pas entendu dire que l’Empereur aurait abdiqué ? »

La question revenait sur bien des lèvres.

Le photographe qui faisait route avec la suite du marchand monta sur l’estrade pour proposer ses services. Ainsi que l’exigeait la tradition, chaque tapis fut photographié séparément, et chaque tisseur, les doigts tremblants, reçut le cliché que le photographe avait pris sur un appareil usagé au boîtier tout éraflé.

Puis le maître de cérémonie ouvrit les bras ; d’un geste large, il imposa le silence et ferma les yeux jusqu’à ce que le calme soit revenu sur la Grand-Place. Chacun s’interrompit et suivit en retenant son souffle ce qui se passait sur l’estrade. Toutes les conversations cessèrent, les artisans qui travaillaient aux étals abandonnèrent leurs outils ; chacun resta debout à sa place, et le silence s’établit, un silence perturbé seulement par le bruissement des vêtements et les gémissements du vent dans les solives des hautes maisons.

« Nous témoignons notre reconnaissance à l’Empereur par tout ce que nous possédons et tout ce que nous sommes, dit-il alors solennellement en prononçant la formule rituelle. Nous faisons offrande de l’œuvre de notre vie pour remercier celui par qui nous vivons et sans qui nous ne serions rien. Et, à l’instar des autres mondes de ce royaume, le nôtre apporte sa contribution à l’ornement du palais impérial ; ainsi sommes-nous particulièrement fiers et heureux d’avoir l’honneur de réjouir de notre art l’œil de l’Empereur. Lui, le créateur des étoiles les plus brillantes et de l’obscurité profonde du ciel, lui nous fait l’insigne honneur de poser le pied sur l’œuvre de nos mains. Gloire lui soit rendue, maintenant et pour toujours.

— Gloire lui soit rendue », murmurèrent en inclinant la tête les hommes et les femmes rassemblés sur la Grand-Place.

Au signal du maître de cérémonie, le gong retentit.

« L’heure est venue, dit-il à l’adresse des jeunes hommes, que soit renouvelé le cercle éternel des tisseurs. Chaque génération a une dette envers la génération précédente et doit s’en acquitter auprès de ses propres enfants. Êtes-vous disposés à rejoindre ce cercle ?

— Nous le sommes, répondirent-ils en chœur.

— Recevez alors l’œuvre de vos pères, et acceptez la dette qui vous lie à eux. »

Cette formule de clôture prononcée, le maître de cérémonie ordonna d’un geste le second coup de gong.

Chaque vieux tisseur sortit un couteau et trancha précautionneusement les liens qui maintenaient son tapis sur le châssis. Libérer le tapis de son châssis : par cet acte symbolique chacun d’entre eux mettait un terme à l’œuvre de sa vie. L’un après l’autre, chacun des fils s’approcha de son père, qui roula avec soin son tapis et le lui déposa dans les bras, souvent les larmes aux yeux.

Lorsque le dernier tapis fut remis, une déferlante d’applaudissements s’abattit sur la place, la musique commença de jouer et, comme si une digue venait de céder, la bruyante agitation du marché reprit de plus belle. La fête pouvait commencer.

Dirilja, la jolie fille du marchand, avait suivi de sa fenêtre le rituel de la remise des tapis, et, lorsque la musique retentit, des larmes perlaient également à ses yeux. Mais dans son cas c’étaient des larmes de douleur. En pleurs, elle appuya la tête contre la vitre et plongea les doigts dans sa longue chevelure d’un blond vénitien.

Moarkan se tenait devant la glace, occupé à soigner le somptueux drapé de son étincelant manteau ; il souffla bruyamment, la rage aux lèvres.

« Cela fait plus de trois ans, Dirilja ! Il en aura trouvé une autre, et toutes les larmes du monde n’y pourront rien changer.

— Mais il a promis de m’attendre ! murmura la jeune fille dans un sanglot.

— Bah ! On dit n’importe quoi quand on est amoureux, répliqua le marchand. Et on oublie tout aussi vite. Pour un garçon au sang chaud, c’est sans incidence : trois jours après, il peut promettre exactement la même chose à une autre.

— Ce n’est pas vrai. Tu ne me feras jamais croire cela. Nous nous sommes juré de nous aimer jusqu’à la mort d’un amour éternel, et c’était un serment aussi sacré que celui du cercle. »

Moarkan observa sa fille un instant en silence, puis il secoua la tête en soupirant.

« Mais tu le connaissais à peine, Dirilja. Et, crois-moi, un jour tu te réjouiras que les choses aient pris cette tournure. Tu imagines un instant la vie d’une femme de tisseur ? Tu ne peux pas te peigner sans qu’il soit là, dans ton dos, à retirer le moindre de tes cheveux accrochés à la brosse. Tu dois le partager avec une, deux ou même plusieurs autres femmes. Et, lorsque que tu lui offres un enfant, tu dois t’attendre à ce qu’il te l’arrache. Si tu choisis Buarati, par contre…

— Je ne veux pas devenir la femme d’un gros marchand obèse, pas pour tous les tapis du monde ! hurla Dirilja, laissant éclater sa colère.

— Comme tu voudras », répliqua Moarkan. Il se retourna vers le miroir et passa à son cou la lourde chaîne d’argent, symbole de son rang. « Je dois te quitter maintenant. » Il ouvrit la porte et le vacarme du marché s’engouffra aussitôt à l’intérieur. « Du reste, dit-il en sortant, il semblerait pourtant que le destin soit de mon côté : l’Empereur soit loué ! »

Accompagné du maître de la Guilde des tisseurs, le marchand monta sur l’estrade afin de faire une estimation des tapis et de les acheter. Moarkan s’avança majestueusement vers le premier héritier et se fit montrer le tapis que celui-ci avait reçu ; de ses doigts grassouillets, il palpa la texture de l’ouvrage et considéra minutieusement les motifs avant de donner son prix. La musique continuait, imperturbable ; les éventuels badauds qui assistaient à la scène ne pouvaient saisir que les gestes du marchand et les réactions du tisseur lorsqu’un prix lui était finalement proposé. Les mots échangés, quant à eux, étaient à jamais engloutis dans le tumulte du marché.

En général, les jeunes hommes se contentaient de hocher la tête en signe de consentement, le visage pâle mais ne laissant transparaître aucune émotion. Puis le marchand enjoignait à l’un de ses serviteurs de s’approcher à quelques pas et lui donnait des ordres concis. Alors celui-ci, aidé d’un petit nombre de soldats, se chargeait des formalités d’usage : l’argent était apporté, compté, le tapis transporté dans la voiture blindée, tandis que Moarkan négociait déjà l’acquisition du suivant.

Quant au maître de la Guilde, il intervenait lorsque le prix proposé par le marchand lui semblait injustement bas. Parfois, le ton montait et les esprits s’échauffaient, mais, au bout du compte, le marchand était certain d’avoir le dessus. Pour les tisseurs, le choix était simple : faire affaire avec lui ou bien attendre l’année suivante, en espérant que son successeur leur ferait une meilleure offre.

Soudain, l’un des vieux tisseurs s’effondra à l’annonce du prix proposé par Moarkan ; il mourut quelques instants plus tard. Le marchand attendit que l’on évacue le corps de l’estrade, puis il reprit la transaction comme si de rien n’était. La foule massée en contrebas s’était à peine rendu compte de l’incident. Cela arrivait à peu près chaque année, et parmi les tisseurs on considérait cette façon de mourir comme un grand honneur. La musique ne s’était même pas tue.

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