Jean-Marie Le Clézio - Coeur brûle et autres romances

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Coeur brûle et autres romances: краткое содержание, описание и аннотация

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« Il avait fait chaud cet été-là en Provence, une chaleur tyrannique, menaçante. Vers juillet, Pervenche est partie. Elle ne s'était même pas présentée au bac, à quoi bon ? Elle n'avait rien fait, elle savait bien qu'elle ne pouvait pas réussir. Toute l'année, elle avait traîné, surtout avec “Red” Laurent, dans les bistros, les boîtes, les fêtes, ou simplement dans la rue. Elle buvait des bières, elle fumait. L'après-midi, elle retrouvait Laurent devant le garage abandonné, au pied de la colline. Laurent soulevait le rideau de tôle, et ils se glissaient à l'intérieur. Ça sentait le cambouis, et une autre odeur plus piquante, comme de la paille, ou de l'herbe qui fermente. Ils faisaient l'amour par terre, sur une couverture. »
« La moitié de tout ce qui dans le monde est vraie beauté, vertu ou
a été mise au cœur des gens simples, cachée dans les corps ordinaires » (Louisa M. Alcott, Mrs Podger’s teapot).

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Une fois, Hélène était allée la voir dans le quartier des Parachutistes. Chita habitait une baraque que son père avait construite lui-même, avec des briques posées sans mortier, et un toit de planches et de bouts de tôle. À chaque saison des pluies, les allées étaient transformées en ruisseaux de boue. Quand le canal débordait, l’eau pourrie coulait dans les maisons. Hélène n’avait pas vu les parents de Chita, mais dans la baraque il y avait une jeune fille un peu plus âgée que Chita, le visage marqué de plaques grises. « C’est ma sœur Tina. » Chita avait ajouté simplement : « Elle est malade. Elle a l’épilepsie. »

Tout cela paraît si lointain. Pourquoi Hélène pense-t-elle maintenant à Chita ? C’est comme si tout ce qui s’était passé là-bas avait un sens pour aujourd’hui, non pas dans le genre d’une explication, mais plutôt comme une prophétie.

Le temps a passé loin du Mexique, Pervenche a eu il n’y a pas très longtemps l’âge de Chita quand elle est venue s’asseoir pour la première fois sur le muret, devant la maison des Tulipanes. Hélène s’en souvient bien, peut-être c’est la chaleur de la Provence, dans la petite maison de Ganagobie où elle a trouvé refuge après la mort de sa belle-mère, une chambre crépie à la chaux pareille à sa chambre là-bas. La rue n’est pas la même, il n’y a pas d’enfants qui jouent le soir sur le trottoir, seulement des vieux absurdes qui lancent leurs boules sur la place.

Le temps du Mexique n’était pas le même, les années étaient à la fois très longues et pleines, tous ces jours brûlants, débordant de bruit, de violence, d’émotions.

La solitude aussi. Peut-être que c’est là que tout a commencé, à la manière d’un orage qui se prépare, couvre le ciel sans qu’on sache jusqu’où il ira, jusqu’à quelle profondeur du cœur. Édouard s’absentait chaque soir, il allait passer la nuit dans la zone rose, dans les bordels de Nacho le terrible, c’était ainsi qu’on l’avait surnommé. Un petit homme à la peau jaune, l’air d’un rat, un pourri qui recrutait les filles dans les quartiers misérables et les enfermait dans ses bars minables.

Au début, Hélène ne voulait rien savoir, elle pensait qu’il restait au dispensaire après le travail, elle ne voulait pas que tout recommence comme avec Vincent Lauro, les querelles, la jalousie, un puits sans fond.

Et puis quelqu’un l’avait prévenue. Comme toujours, à mots couverts, Lupe, une femme qu’elle allait voir de temps à autre l’après-midi, parce que son mari l’avait quittée. Hélène croyait que cette femme l’aimait bien, pas seulement à cause des services qu’elle lui avait rendus, elle lui avait prêté de l’argent, et par Édouard elle lui faisait donner des médicaments, des échantillons, des crèmes pour son eczéma. Elle croyait que c’était une bonne voisine.

Lupe avait dit, et soudain sa voix était devenue bizarre, un peu grinçante, et ses yeux brillaient de malignité : « Mais tu ne connais pas le quartier de Nacho le terrible ? En tout cas le docteur lui le connaît bien. »

Hélène n’avait pas posé de questions, elle sentait bien que ça lui faisait plaisir, à cette demi-folle, que les autres femmes perdent aussi leur mari.

Mais quand Édouard rentrait à l’aube et se couchait contre elle, elle ne pouvait pas s’empêcher de renifler l’odeur des autres femmes, une odeur poivrée, piquante qui se mêlait à la sueur. Elle se mettait en chien de fusil, après l’amour, elle écoutait la respiration profonde, et elle se demandait pourquoi les femmes ont tellement besoin de dormir avec un homme.

Et puis tout de même, un jour, en prenant sa douche, elle avait vu ces drôles de bêtes sur son pubis, transparentes, qui marchaient un peu de travers comme des crabes minuscules. Elle avait acheté un lit pliant au marché, et elle l’avait installé le plus loin possible, à l’autre bout de la pièce. Elle l’avait acheté pour elle, mais c’était Édouard qui y dormait. Il n’avait même pas demandé pourquoi !

Hélène l’avait agressé. « J’ai attrapé des poux », a-t-elle dit. Et lui, avec une froideur ironique : « Est-ce que ce sont des poux haïtiens ? » Elle a haussé les épaules : « Ils ne portent pas écrit leur nationalité. » Elle s’était complètement rasé le pubis, et passée au repelente. Édouard avait même trouvé ça érotique, et un instant elle a cru que c’était un accident, que tout redeviendrait comme avant. Mais il n’avait pas renoncé à la zone de Nacho le terrible. C’était dans sa nature, il ne pouvait pas s’empêcher d’aller voir des prostituées.

Donc, il y avait un orage chaque nuit, le tonnerre grondait sur les volcans, le ciel avait une couleur d’encre qui faisait battre le cœur. Pervenche était terrorisée, elle dormait dans le lit de sa mère, la tête sous l’oreiller. Édouard rentrait à l’aube, il se couchait sur le lit pliant tout habillé, il dormait jusqu’à une heure, et il repartait pour le dispensaire. Comment pouvait-il passer toutes ses nuits là-bas, avec des ivrognes ? Quand Hélène lui posait des questions, Édouard la regardait de son regard froid et sérieux, et dans le vert de ses iris il y avait un trouble, une angoisse qu’elle ne pouvait pas comprendre. Ou bien il se fâchait, il se détournait, l’air de dire : qu’est-ce que tu racontes, d’abord on n’est pas mariés. Elle se sentait prise au piège, très loin de tout, dans cette casemate de ciment que le soleil de l’après-midi avait chauffée comme un four, et la musique des moustiques jusqu’au petit matin, rôdant autour des moustiquaires des filles. Et les cris des geckos sur les murs.

Pervenche avait été gravement malade, le ventre gonflé par les amibes, elle vomissait et brûlait de fièvre. Édouard n’était pas là, il avait fallu courir sous la pluie jusqu’à la place pour trouver un taxi, et passer la nuit à l’hôpital, pendant que les infirmiers de service piquaient Pervenche avec des seringues de Flagyl douteuses. Édouard n’avait rien fait, il n’était pas au dispensaire, il était chez Nacho le terrible. D’ailleurs, quand Hélène avait voulu lui en faire le reproche, il avait répondu, toujours de sa voix calme : « Peut-être que tu devrais rentrer chez toi en France avec tes filles, moi je vais m’en aller de toute façon, j’ai demandé ma mutation. » Pour la première fois il a parlé de sa femme et de sa fille en Haïti, et tout ce qu’Hélène a pu dire, d’une toute petite voix, c’était : « Je ne savais pas que tu avais une fille, comment s’appelle-t-elle ? » Mais il n’a rien dit de plus.

Une nuit d’orage, Édouard n’était pas là, le Duero est sorti de son lit et a coulé à travers le village, s’engouffrant dans la rue principale et cascadant vers le bas, emportant tout sur son passage. C’est Pervenche qui l’avait réveillée, elle poussait des gémissements en dormant. Et quand Hélène s’était levée, elle avait posé le pied dans l’eau glacée qui remplissait déjà la maison. Encore aujourd’hui elle sent le frisson d’horreur qui l’a parcourue, la chaleur épuisante et cette eau glacée, obscure, lourde, qui entrait dans la maison en passant sous la porte. Fébrilement, à la lueur de sa torche électrique, Hélène avait tenté de boucher la fente sous la porte avec des papiers, des bouquins, du linge, mais le courant était trop fort. En même temps, c’était terrifiant, ce silence, cette lenteur partout. L’électricité avait sauté. Hélène a réveillé Clémence, elle a pris la petite Pervenche dans ses bras et elles ont grimpé sur la table du salon. Elles ont attendu là, presque sans parler, serrées les unes contre les autres comme des poules sur leur perchoir.

À l’aube, Hélène a entendu des cris dehors, des appels, et elle a pensé que c’était Édouard qui venait. Pervenche s’était endormie dans ses bras. Clémence était froide, les lèvres serrées, comme si elle était malade.

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