Jean-Marie Le Clézio - Coeur brûle et autres romances

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Coeur brûle et autres romances: краткое содержание, описание и аннотация

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« Il avait fait chaud cet été-là en Provence, une chaleur tyrannique, menaçante. Vers juillet, Pervenche est partie. Elle ne s'était même pas présentée au bac, à quoi bon ? Elle n'avait rien fait, elle savait bien qu'elle ne pouvait pas réussir. Toute l'année, elle avait traîné, surtout avec “Red” Laurent, dans les bistros, les boîtes, les fêtes, ou simplement dans la rue. Elle buvait des bières, elle fumait. L'après-midi, elle retrouvait Laurent devant le garage abandonné, au pied de la colline. Laurent soulevait le rideau de tôle, et ils se glissaient à l'intérieur. Ça sentait le cambouis, et une autre odeur plus piquante, comme de la paille, ou de l'herbe qui fermente. Ils faisaient l'amour par terre, sur une couverture. »
« La moitié de tout ce qui dans le monde est vraie beauté, vertu ou
a été mise au cœur des gens simples, cachée dans les corps ordinaires » (Louisa M. Alcott, Mrs Podger’s teapot).

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Est-ce qu’elle était malade ? Est-ce que c’était ça, tomber malade ? Pas comme la fièvre, elle se souvenait des après-midi au Mexique, la grande pièce au plafond à deux eaux, à regarder les toiles d’araignée qui dessinaient des étoiles, Hélène avait voulu les nettoyer à coups de balai et Pervenche avait crié : « Non, s’il te plaît, ne les tue pas, elles sont mes amies, je les aime. » Et ici, dans la chambre fermée, avec le soleil d’hiver qui luit au-dehors, les pins qui craquent, les écureuils ou les rats qui sautent de branche en branche, elle se sentait partir en arrière, dans ses souvenirs, elle n’avait rien à quoi s’accrocher.

Mais c’était peut-être ce qui se cachait dans son ventre, ce secret, cette indiscrétion. Pervenche se mettait en boule autour, pour ne pas le perdre, pour qu’on ne le lui prenne pas. Dax venait vers le soir, guindé dans son habit noir, son visage très blanc, il détestait le soleil, il n’allait jamais à la plage, jamais dans le jardin, il vivait les volets fermés tel un vampire.

Il se couchait tout habillé sur le matelas à côté d’elle, il ne la touchait pas, sauf une fois ou deux, il avait glissé ses mains froides sous sa chemise, il lui avait caressé les seins, le ventre. Il lui parlait, elle n’écoutait pas ce qu’il disait. Un jour, il l’avait trouvée près du téléphone. Il s’était mis en colère : « Tu veux partir, tu peux partir. Quand tu veux. Je te dépose en ville, tu n’as qu’à le dire. C’est facile. Pas besoin de téléphoner. » Il avait débranché le téléphone du couloir.

Au début, les premiers temps, les jours qui avaient suivi son arrivée à la villa, Dax avait présenté Pervenche à ses amis. C’était ridicule, vaguement menaçant. Il lui avait fait mettre une robe d’été, il voulait qu’elle se coiffe et se maquille comme une poupée. Mais maintenant, elle refusait. Elle lui avait dit que c’était à cause de son ventre, elle ne voulait pas qu’on la voie dans cet état. Alors il l’avait laissée seule dans la chambre, aller à ses rêves.

Elle ne voyait personne. De temps à autre, elle entendait des éclats de voix, dans le vestibule ou du côté de la cuisine. Des bruits de voiture dans le jardin. Elle regardait à travers les fentes des persiennes, elle ne pouvait voir qu’un bout de route en gravillons, un triangle d’herbe qui jaunissait au soleil. Elle écoutait les craquements, elle sentait l’odeur des pins grillés qui arrivait avec un souffle chaud, juste le temps de lui donner mal au cœur. C’était vivant, trop vivant. Elle se sentait comme morte. Elle restait assise sur le carrelage, sa chemise de nuit tirée jusqu’à ses chevilles, les bras noués autour de ses jambes.

Elle ne vivait pratiquement que de milk-shakes. Dax renouvelait les pots de glace à la vanille et les litres de lait, et elle n’allait à la cuisine que pour actionner le mixer. Par instants, elle pensait à Clémence, ou à sa mère, mais c’était une pensée lointaine, lente, diffuse. Elle ne ressentait plus de colère ni de rancœur quand elle se souvenait de Laurent. Il l’avait trahie, vendue à Dax. Maintenant, elle appartenait à ce petit homme ridicule et impuissant, elle et le bébé qui grandissait dans son ventre.

Un jour, Dax lui a dit : « Il y a ta sœur qui te cherche, elle a téléphoné à l’appartement, Sacha lui a dit que tu ne voulais pas lui parler. Il faut que tu lui écrives. » Il lui a donné une carte postale assez laide qui représentait un bord de mer, une plage. Elle a dessiné sur l’image un cow-boy en train de tirer sur les baigneuses, et de l’autre côté elle a écrit : Wish you were here. Dax a regardé le dessin, il a ricané : « C’est ça qui va la rassurer. » C’est lui qui a marqué l’adresse, Pervenche ne se rappelait même plus où Clémence habitait. Là-bas, à Bordeaux, avec cet homme, Paul, un avocat, ou bien un juge comme elle, elle ne s’en souvenait plus, elle s’en fichait. Peut-être qu’ils avaient déménagé, ou qu’ils s’étaient séparés. Plus rien ne l’intéressait.

Celle qu’elle aurait voulu voir à la rigueur, c’est Chita. Elle n’avait plus pensé à Chita depuis des années et maintenant, dans le silence de cette villa abandonnée, squattée par ces voyous pour une saison, Chita est revenue. Quand Clémence partait pour l’école, Hélène parcourait la ville au volant de la vieille R16 emboutie de Perrine. Alors Chita était seule à la maison avec Pervenche. Elle sortait le carton à jouets dans la grande salle à manger un peu sombre, et elle s’amusait avec Pervenche, doucement, gentiment, comme elle n’avait sans doute jamais joué avec personne.

Chita la bougonne, la muette, quand elle restait seule avec Pervenche son visage tout à coup s’éclairait, elle riait aux éclats en déshabillant les poupées, en rangeant les meubles miniatures, les tasses, les flacons, les savonnettes, les brosses à cheveux minuscules. Elle avait sept ans, huit ans, l’âge de Pervenche, elle faisait parler les poupées, elle leur chantonnait des comptines, des chantefables, des devinettes. Quand elle riait, ses dents blanches jetaient un éclair dans l’ombre. Le carrelage du sol était vert et froid, la lumière dans les feuilles des goyaviers faisait bouger des taches sur les dalles, au passage des nuages. Jamais plus Pervenche n’avait connu des moments comme ceux-là.

Quand Hélène a décidé qu’elles devaient partir, Pervenche a compris que c’était fini, elle ne reverrait plus Chita. Elle s’en souvient, après l’inondation, tout s’est effondré. Elle a su qu’elle ne serait plus la même. Peut-être que Chita était morte.

Elle n’a pas pleuré, elle s’est refermée sur elle-même, elle a détesté sa mère. Clémence elle-même ne pouvait pas comprendre. Ça n’était pas une crise de colère qu’on oublie, c’était un mal au fond d’elle que chaque instant, chaque jour rendait plus tenace, enfonçait plus profond. Peut-être que c’est à cet instant-là qu’elle a compris le monstrueux égoïsme d’Hélène, qui faisait fluctuer la vie de ses enfants au gré de ses amours successifs.

Un après-midi, vers le soir, Pervenche était seule dans la villa, dans la cuisine, en train de faire bouillir de l’eau dans une casserole pour des pâtes, elle a entendu des éclats de voix au-dehors. Il faisait encore jour, il y avait une lumière chaude qui passait à travers les volets, plus brillante que la barre de néon au-dessus de la cuisinière.

Quelqu’un qui criait, avec une drôle de voix aiguë, on aurait dit qu’il pleurait. Ça venait de l’autre côté de la maison, dans le jardin, sur la façade. Pervenche a marché vers la chambre, elle est passée sur le matelas et elle a collé sa figure sur le volet fermé. Et d’un coup, avant de rien voir, elle a reconnu la voix de Laurent, et c’était son prénom qu’il criait. Elle n’arrivait pas à l’apercevoir à travers les fentes des persiennes, il était caché par la haie de fusains. Elle voyait seulement l’allée de gravier, et des carrosseries de voitures arrêtées. Les gardes de Dax devaient le repousser, parce qu’ils s’éloignaient et revenaient en arrière, et lui criait le nom de Pervenche avec une voix aiguë, étranglée. Elle entendait sa voix ridicule, elle en ressentait de l’horreur, son cœur battait trop vite, mais ça n’était pas de la peur, plutôt du dégoût, comme si tout allait recommencer, et qu’elle allait être à nouveau dans la rue, avec cette chaleur trop forte, la brume sur la mer, les reflets sur les voitures, la nuit qui arrive et les vitrines qui s’éclairent et on ne sait pas où on va aller.

Pervenche restait sans bouger, le front appuyé contre le métal des volets. Après un moment, il y a eu un grand bruit, des portières qui ont claqué, et les voitures descendaient la colline vers la ville les unes derrière les autres. Puis le silence.

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