Jean-Marie Le Clézio - Le procès-verbal

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«On me reprochera certainement des quantités de choses. D'avoir dormi là, par terre, pendant des jours; d'avoir sali la maison, dessiné des calmars sur les murs, d'avoir joué au billard. On m'accusera d'avoir coupé des roses dans le jardin, d'avoir bu de la bière en cassant le goulot des bouteilles contre l'appui de la fenêtre: il ne reste presque plus de peinture jaune sur le rebord en bois. J'imagine qu'il va falloir passer sous peu devant un tribunal d'hommes; je leur laisse ces ordures en guise de testament; sans orgueil, j'espère qu'on me condamnera à quelque chose, afin que je paye de tout mon corps la faute de vivre.
Prix Renaudot

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Maintenant, la jeune fille s’était redressée sur sa chaise. Ses yeux brillaient comme des lunettes; les sourcils froncés, elle semblait réfléchir. La lourdeur de son front et de ses sinus s’était quelque peu transformée: elle s’était infléchie en une sorte de plaisir snob, née du rapprochement incongru de deux éléments réputés inconciliables; c’était comme d’écrire au beau milieu d’une page blanche des associations de mots baroques. Dans le genre de:

   «proton-déjà»

    «jésus-baigneur»

     «brise-grand-mère»

      «île-ventre»

On aurait dit qu’elle montrait à présent la partie obverse de son masque; elle faisait, dieu sait quoi, figure d’une jeune fille méthodiste découvrant une faute d’orthographe dans un paragraphe de la Bible: entre, amusement et dégoût.

Le jeune garçon à lunettes se pencha en avant:

«Mais vous — vous n’êtes plus un enfant!» dit-il. Les autres rirent, nerveusement; le médecin-chef les arrêta:

«Je vous en prie. Voyons. Nous ne sommes pas là pour nous amuser. Allons, continuez plutôt votre interview. D’ailleurs je vous préviens que pour l’instant, ce n’est guère satisfaisant. Comment voulez-vous vous faire une idée intéressante si vous n’organisez pas mieux les questions et les réponses? Vous posez vos questions n’importe comment, vous ne tenez aucun compte du comportement du malade, et après vous vous étonnerez de ne pouvoir arriver à aucun diagnostic. Vous laissez passer les indices.»

Il se leva et prit un cahier des mains de l’étudiant à lunettes. Il le regarda un bref instant, puis le rendit à son propriétaire.

«Vous ne savez pas vous y prendre» dit-il; il se rassit. «Vous marquez sur vos cahiers des tas de choses inutiles. Vous mettez: «ne se rappelle plus depuis combien de temps il est entré à l’hôpital — trois ou quatre jours» et, plus loin: «ne se rappelle plus pourquoi il est parti de chez lui» et encore: «n’aime pas être vêtu. Raison: n’aime pas les boutons.» Tout ça est parfaitement inutile. Par contre, ce qui aurait pu être intéressant, vous ne le mettez pas: au lieu d’écrire tout ça, vous n’aviez qu’à mettre: troubles mnémoniques — obsession sexuelle avec rejet de responsabilité par affabulation — et vous aviez un début de diagnostic. Mais allez-y, continuez.»

Il ajouta, à l’adresse de Julienne R.:

«Voyons, continuez, mademoiselle. Vous étiez bien partie.»

Julienne R. réfléchit un moment. Pendant ce temps il n’y eut plus, outre le silence, que le craquement des chaises, le froissement d’une ou deux pages format écolier, les déglutitions de salive, et une bizarre odeur de sueur et d’urine se dégageant des murs de l’infirmerie, ou peut-être d’Adam lui-même. Il avait réussi à poser ses coudes sur ses genoux sans trop tasser le buste, et, ainsi disposé, le bras droit bien vertical, il tenait sa main à hauteur de menton, et le bout de sa cigarette finissante en face de sa bouche. Tout était calculé dans cette pose pour le minimum d’effort. Compte tenu de l’inconfort, que pouvait procurer, en cette société, un pyjama rayé, des cheveux trop courts, presque rasés, et l’air général de froidure qui régnait dans l’infirmerie, Adam ne s’en sortait pas trop mal. Son grand corps trop long, ses bras maigres, sa bouche fermée, témoignaient d’une faculté d’intelligence exceptionnelle et bizarre, ainsi que d’un léger goût pour la pose. En outre, ses pieds nus dans des pantoufles de feutre étaient strictement parallèles. On voyait qu’il n’attendait plus grand-chose, un souffle d’air, un peu de terreau retourné, le son d’un lavabo qui se vide; il était né depuis longtemps, il n’avait plus rien qui pût encore revivre, ou résister fermement au regard lourd de la jeune fille blonde, à ces deux yeux bleus, profonds comme des bouteilles, pénibles, avides d’entourer tout le monde et lui-même dans la puissance de la connaissance. Il lisait en elle, et en le reste du groupe, comme dans une carte postale. Mais il s’arrêtait là. Et il était surpassé, emporté sur un fleuve noir, dans des tourbillons de granit moulu, dans les couches mobiles d’immenses plaques de zinc qui répercutaient à l’infini sa silhouette d’homme seul, maigrelet.

Julienne R. ne regarda plus les autres. Il était difficile de savoir si elle avait honte, peur, ou quoi. Elle dit:

«Pourquoi êtes-vous ici? Pourquoi êtes-vous ici?»

Ce pouvait être une question comme les autres; mais c’était presque un appel clément, presque une formule d’amour diffuse. Elle répéta:

«Pouvez-vous nous dire — Voulez-vous me dire pourquoi? Pourquoi vous êtes ici? Je vous en prie, essayez de m’expliquer…»

Adam refusa. Il prit une autre cigarette du paquet et l’alluma à ce qui restait de la première; puis, il laissa tomber le mégot par terre et l’écrasa longtemps avec le bout de sa pantoufle. La jeune fille le regarda faire en serrant son cahier d’écolier entre ses doigts.

«Vous ne voulez pas — me dire pourquoi vous êtes ici?»

L’autre fille, Martin, parla:

«Vous ne vous souvenez pas.»

Un des types mordilla son crayon.

«Vous nous avez dit, tout à l’heure, quelque chose d’intéressant. Vous nous avez parlé d’enfants, de complexes de minimisation, etc. Est-ce que — est-ce que ça ne serait pas une obsession chez vous? Je veux dire, est-ce que ça ne serait pas parce que vous vous assimilez à ces enfants? Enfin — je veux dire —»

«Quel âge avez-vous?» demanda le garçon à lunettes noires.

«29 ans» dit Adam. Il s’adressa à l’autre:

«Je vois ce que vous voulez dire. Mais je n’ai pas l’impression qu’on peut répondre à ce genre de questions. Je pense — À moins que ça ne soit dans l’attitude générale d’un fou, d’un cinglé. Dans quel cas, je vous dirais oui, ou non, ou rien, peu importe.»

«Alors, pourquoi nous avoir parlé de ça?» dit le type.

«Pour m’expliquer» dit Adam. «J’avais parlé de solitude infantile. Je voulais expliquer ça. Ce n’était peut-être pas utile.»

«Mais c’était de vous qu’il était question.»

«Si — en tout cas ça répondait à votre question.»

«Parce que vous faites de la micromanie.»

«Ou parce que, enfin, dans la mesure où, à 29 ans, on peut avoir quelque chose d’infantile.» La jeune fille ouvrit la bouche pour dire quelque chose; elle fut devancée:

«Vous avez fait le service?»

«Oui»

«Et comme travail?»

«Vous travailliez à quoi?»

«Avant?»

«Oui, avant?»

«Je faisais un peu de tout» dit Adam.

«Vous n’aviez rien de fixe?»

«Non —»

«Qu’est-ce que vous avez fait?»

«Je ne sais pas, moi…»

«Qu’est-ce que vous avez fait comme travail qui vous a plu?»

«Les petites choses, ça me plaisait.»

«Quelles petites choses?»

«Eh bien, laver les voitures, par exemple.»

«Mais v—»

«Garçon de plage, aussi, ça me plaisait. Mais je n’ai jamais pu faire les trucs que je voulais. J’aurais voulu être ramoneur, ou fossoyeur, ou camionneur. Il faut des références.»

«Vous vouliez faire ça toute votre vie?»

«Pourquoi pas? Des fossoyeurs, il y en a des vieux, vous savez…»

«Mais vous avez fait des études, non?»

«Oui»

«Vous avez des diplômes?»

«Deux ou trois, oui»

«Qu’—»

«J’ai des certificats de Géographie régionale…» «Pourquoi ne vous en êtes-vous pas servi?»

«Je voulais être archéologue — ou inspecteur des fouilles, je ne me souviens plus très bien…»

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