Jean-Marie Le Clézio - Le procès-verbal

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«On me reprochera certainement des quantités de choses. D'avoir dormi là, par terre, pendant des jours; d'avoir sali la maison, dessiné des calmars sur les murs, d'avoir joué au billard. On m'accusera d'avoir coupé des roses dans le jardin, d'avoir bu de la bière en cassant le goulot des bouteilles contre l'appui de la fenêtre: il ne reste presque plus de peinture jaune sur le rebord en bois. J'imagine qu'il va falloir passer sous peu devant un tribunal d'hommes; je leur laisse ces ordures en guise de testament; sans orgueil, j'espère qu'on me condamnera à quelque chose, afin que je paye de tout mon corps la faute de vivre.
Prix Renaudot

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Avant de dire quoi que ce soit, elle prit le cendrier en matière plastique par terre, là où Adam l’avait déposé, et le vida dans le seau à ordures. Le temps n’était déjà pas rapide en ces lieux: à la faveur de cette pose qu’elle adopta soudain, pour des raisons mal connues, vieilles peut-être de milliers d’heures consacrées au service des malades mentaux, elle sembla se contredire, gagner en absurde, se fixer par répercussion en quatre projections de diapositives sur les murs formant écran; le corps se cassa au niveau des hanches, et resta ainsi bloqué, pour une durée indéfinie. Réveillant des échos de travail et de peine dans le monde, des souvenirs de jours sans pain, de déchéance, de vieillesse. Abolissant tout relief chromatique par une succession de mouvements possibles, sur plans différents, où dominait la couleur gris-aquarelle. Rendant fou quiconque avait eu le malheur de l’apercevoir, et de fermer les yeux aussitôt après; car voilà que se produisait une inversion des couleurs — le blanc de sa face et de son tablier devenant noir d’encre, les murs autrefois jaunes se pulvérisant en une espèce de manteau d’ardoise âpre, et chaque ton de fraîcheur et de calme se changeant brusquement pour l’enfer et l’atrocité. Voilà qu’un cauchemar approchait, étreignait les tempes, rapetissait ou distendait chaque chose à son gré. La femme de tout à l’heure était un médium en train de parfaire le plus horrible des délires; la peur de devenir vraiment fou. Elle s’accrochait à la rétine comme une racine, multipliait ses visages à l’infini. Ses yeux étaient immenses, ouverts comme des cavernes. Elle surgissait d’une pyrosphère obscure, brisait comme du verre les remparts de l’arrière-plan, et restait là, à moitié jaillie, penchée sur un monde mimétisé à son image, dans l’attente de changements minuscules. Sa forme se desséchait lentement, jusqu’à laisser voir les os; elle ressemblait à quelque dessin tracé en appuyant sur la plume, quelque maroquinerie sur cuir de serpent; elle présentait un chiffre, non, plutôt une lettre étrange, un Gamma majuscule qui perçait le cerveau de part en part. En quelques secondes, elle avait brûlé d’un feu intense, elle avait renversé des limites; dans le va-et-vient en train de ralentir, elle se tenait immobile, se mécanisait, se métamorphosait en branche morte où l’incendie a passé. Elle donnait toutes les possibilités de s’enchaîner à sa torture; mille façons de perpétuer son geste; Adam choisit de s’asseoir sur le rebord du lit. Puis, vide de volonté, il attendit que l’infirmière recommence à bouger; au bout de ce mouvement, il y avait des mots, des paroles aimables; elle demanda:

«Alors? Vous avez bien dormi?»

Et il répondit:

«Oui, bien, merci…»

Il ajouta:

«Vous venez faire la chambre?»

La femme déplaça le seau à ordures de quelques centimètres:

«Mais non. Aujourd’hui vous allez travailler un peu vous aussi, n’est-ce pas? On n’a pas les moyens de vous payer des femmes de chambre ici, qu’est-ce que vous croyez? Alors, vous allez faire le lit gentiment, et puis vous balaierez un peu par terre. Je vous ai apporté un balai et une pelle. D’accord?»

«D’accord…» dit Adam; «Mais…» il dévisagea la jeune femme curieusement.

«Mais — est-ce qu’il faudra que je fasse ça tous les jours?»

«Je comprends» dit l’autre; «tous les matins. — Aujourd’hui, ç’a été un peu exceptionnel, parce que vous êtes nouveau venu. Mais à partir de maintenant, tous les matins, à 10 heures, au travail. Et si vous êtes sage, on vous laissera bientôt sortir comme tout le monde. Vous pourrez aller dans le jardin, pour lire, ou pour bêcher les plates-bandes, ou pour bavarder avec les autres. Vous voulez bien, aller dans le jardin? Hein? Vous verrez. Vous vous plairez ici. On vous donnera des petits travaux à faire, des petits paniers d’osier à tresser, des décorations. Il y a même un atelier, de menuiserie, avec tout ce qu’il faut, des rabots, des scies électriques et cætera. Vous verrez, ça vous plaira. À condition de faire tout ce qu’on vous dit, n’est-ce pas? En attendant, vous allez faire le lit, et donner un coup de balai sur le plancher. Comme ça tout sera propre pour la visite.»

Adam opina; il se leva et se mit tout de suite au travail. Il s’en tira bien, surveillé par la jeune femme en habit blanc. Quand il eut fini, il se tourna vers elle:

«Ça va comme ça?»

«Le vase est vide?»

«Oui» dit Adam.

«Bon. Alors, ça va. Nous allons bien nous entendre.»

Elle ramassa le seau à ordures et ajouta:

«Bon. Alors, dans une heure, pour la visite.»

«Il y a quelqu’un qui vient me voir?» questionna Adam.

«Je viendrai vous appeler à ce moment-là.»

Il répéta:

«Il y a quelqu’un qui vient pour me voir?»

«Je vous crois.»

«Oui? Ma mère? Hein?»

«Il y a une demi-douzaine de messieurs qui viendront vous voir, dans une heure, avec le médecin-chef.»

«De la police?» demanda Adam.

«Ah non» dit-elle en riant. «Pas de la police.»

«Qui alors?»

«Des messieurs qui s’intéressent à vous, grand curieux! Des messieurs très bien qui veulent absolument vous voir! Il faudra être sage, hein?»

«Qui est-ce?»

«Des messieurs très bien, je vous dis. Une demi-douzaine. Ils s’intéressent particulièrement à vous.»

«Des journalistes?»

«Oui, c’est ça. Un peu des journalistes.»

«Ils veulent faire un canard sur moi?»

«Eh bien, c’est-à-dire — ce ne sont pas vraiment des journalistes. Ils ne parleront pas de vous, c’est sûr…»

«Alors, ceux que j’ai vus en entrant ici?» L’infirmière ramassa tout ce qu’elle devait emporter et mit la main gauche sur la poignée de la porte.

«Non, non, pas ceux-là. Des jeunes gens comme vous. Ils vont venir dans l’infirmerie avec le médecin-chef. Ils vous poseront des questions. Il faudra être bien avec eux. Ils pourront peut-être faire quelque chose pour vous.»

Adam insista:

«Des flics, quoi? hein?»

«Des étudiants», dit l’infirmière. Elle sortit de la chambre en emportant le seau. «Des étudiants, puisque vous voulez tout savoir.»

Adam dormit à nouveau jusqu’à leur arrivée, vers 7 h 10.

L’infirmière le réveilla comme la première fois, en le secouant par l’épaule, le fit uriner, le fit rajuster son pyjama et peigner ses cheveux, puis l’amena à la porte d’une chambre, de l’autre côté du couloir. Elle le laissa entrer seul.

La pièce, plus exiguë encore que sa cellule, était pleine de gens assis sur des chaises. Une armoire à médicaments dans un angle, et une balance romaine dans un autre, indiquaient qu’on se trouvait dans une infirmerie. Adam passa entre les chaises et les gens, et, trouvant un siège libre au bout de la pièce, il s’y assit. Il resta ainsi, sans rien dire, pendant un moment. Les autres, dans l’infirmerie, semblaient ne pas s’occuper de lui. Sauf quand Adam demanda à une jeune fille qui était assise à côté de lui si elle n’avait pas une cigarette; elle dit oui, ouvrit son sac de cuir noir et lui tendit son paquet. C’était des cigarettes blondes assez chères, Black ou du Maurier; Adam demanda s’il pouvait en prendre trois ou quatre. La jeune Tille lui dit de prendre tout le paquet. Adam prit le paquet, la remercia, et commença à fumer. Après quelques minutes, il releva la tête et les regarda tous; ils étaient sept en tout, sept jeunes, mâles et femelles, entre dix-neuf et vingt-quatre ans, plus un docteur d’environ 48 ans. Aucun d’eux ne le regardait. Ils parlaient à voix basse. Trois des jeunes prenaient des notes. Une quatrième fille lisait dans un cahier d’écolier; c’était celle qui lui avait fait cadeau de son paquet de cigarettes. Elle avait vingt et un ans et quelque chose, elle s’appelait Julienne R., et il se trouvait qu’elle était svelte, étonnamment jolie; elle avait des cheveux blonds coiffés en chignon et un grain de beauté au-dessus de la cheville droite; elle portait une robe de coutil bleu foncé serrée à la taille par une ceinture de basane doublée vinyl doré. Sa mère était Suissesse. Son père était mort d’un ulcère dix ans plus tôt.

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