Jean-Marie Le Clézio - Le procès-verbal

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«On me reprochera certainement des quantités de choses. D'avoir dormi là, par terre, pendant des jours; d'avoir sali la maison, dessiné des calmars sur les murs, d'avoir joué au billard. On m'accusera d'avoir coupé des roses dans le jardin, d'avoir bu de la bière en cassant le goulot des bouteilles contre l'appui de la fenêtre: il ne reste presque plus de peinture jaune sur le rebord en bois. J'imagine qu'il va falloir passer sous peu devant un tribunal d'hommes; je leur laisse ces ordures en guise de testament; sans orgueil, j'espère qu'on me condamnera à quelque chose, afin que je paye de tout mon corps la faute de vivre.
Prix Renaudot

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Adam écoutait lentement, sans bouger les yeux d’un centimètre; il n’avait besoin de rien. Tous les bruits (le gargouillis d’eau dans les conduites, les coups sourds, les craquements des cossidés, les cris d’ailleurs entrant dans la chambre, coupés un à un, le murmure d’une chute de poussières voisine, quelque part sous un meuble, les légères vibrations des phagocytes, le réveil grelottant d’une paire de phalènes, à cause d’un coup plus fort porté de l’autre côté de la cloison) semblaient venir de lui-même. Au-delà des murs, il y avait d’autres pièces, toutes rectangulaires, tracées architecturalement.

Le même dessin était répété dans toutes les sections de l’immeuble, pièce, couloir, pièce, pièce, pièce, pièce, pièce, pièce, pièce, pièce, pièce, W.-C., pièce, couloir, etc. Adam était content de se désolidariser comme cela, avec 4 murs, 1 verrou, et 1 lit. Dans le froid et l’illumination. C’était aisé, sinon durable. On finissait tôt ou tard par s’en douter et par l’appeler.

Dehors, dehors il faisait peut-être encore soleil; il y avait peut-être des nuages en petits morceaux, ou bien seulement la moitié du ciel était couverte. Tout ça était le reste de la ville; on sentait que les gens habitaient autour, en cercles concentriques, grâce aux murs; on avait, n’est-ce pas, beaucoup de rues, en tous sens: elles découpaient les pâtés de maisons, en triangles ou en quadrilatères; ces rues étaient pleines de voitures, de bicyclettes. Au fond, tout se répétait. On était à peu près sûr de retrouver les mêmes plans cent mètres plus loin, avec exactement le même angle de base de 35° et les magasins, les garages, les bureaux de tabac, les maroquineries. Adam élaborait mentalement son schéma: il y ajoutait bien d’autres choses. Si on prenait un angle de 48°3’ par exemple, eh bien on était certain de pouvoir le noter quelque part dans le Plan. C’était bien le diable si à Chicago il n’y avait pas une place pour cet angle; alors, quand on le retrouverait, il suffirait de regarder le dessin pour savoir tout de suite ce qu’on avait à faire. À ce compte-là, Adam ne pouvait jamais se perdre. Le plus dur, c’étaient les courbes; il ne comprenait pas comment il fallait réagir. Le mieux était d’établir un graphique; le cercle, c’était moins compliqué: il suffisait d’en faire la quadrature (dans la mesure du possible, bien entendu) et de le décomposer en polygone: à ce moment-là, il y avait des angles et on était sauvé. Il prolongerait, par exemple, le côté GH du polygone et il obtiendrait une droite. Ou même, en prolongeant deux côtés, GH et KL, il tomberait sur le triangle équilatéral GLz & il saurait quoi faire.

Le monde, comme le pyjama d’Adam, était strié de droites, tangentes, vecteurs, polygones, rectangles, trapèzes, de toutes sortes, et le réseau était parfait; il n’y avait pas une parcelle de terre ou de mer qui ne fût divisée très exactement, et qui ne pût être réduite à une projection, ou à un schéma.

Somme toute, il aurait suffi de partir, avec, dessiné sur une feuille de papier, un polygone d’environ 100 côtés, pour être sûr de trouver sa route sur n’importe quel point du globe. Si on marchait dans les rues, si on suivait sa propre inspiration vectorielle, on aurait peut-être même pu, qui le dira? aller jusqu’en Amérique, ou en Australie. À Tchou-Tcheng, sur le Tchang, une petite maison creuse aux murs de papyrus patiente au soleil et à l’ombre, dans le bruit doux des feuilles qui se balancent, en attendant le messie-géomètre arpenteur qui viendra révéler un jour, son compas à la main, l’angle obtus qui l’écartèle. Et bien d’autres encore, au Nyassaland, en Uruguay, en plein Vercors, partout dans le monde, sur les étendues de terres sèches qui se craquellent, entre les buissons de genêts, couvertes de millions d’angles pullulant comme vermine, de millions de carrés fatals comme des signes de mort, de droites crevant le ciel au bout de l’horizon avec des gestes d’éclair. Il aurait fallu aller partout. Il aurait fallu un bon plan, plus la foi; une confiance totale dans la Géométrie Plane, et la Haine de tout ce qui est courbe, de tout ce qui ondule, pèche dans l’orgueil, le rond ou le terminal.

Dans la chambre, à ce moment-là, avec la lumière du jour qui pénétrait par la fenêtre, qui bondissait d’avant en arrière, dans tous les sens et le ceignait comme d’une nappe d’étincelles, avec le bruit frais et monotone des eaux, Adam se crispait davantage; il regardait et écoutait intensément, il se sentait grandir, devenir géant; il percevait les murs se prolongeant en droites, à l’infini, les carrés s’ajoutant les uns par-dessus les autres, toujours plus grands, toujours un petit peu plus grands; et peu à peu la terre entière était recouverte de ce gribouillis, les lignes et les plans se croisaient en claquant comme des coups de feu, marqués à leurs intersections par de grosses étincelles qui retombaient en boules, et lui, Adam Pollo, Adam P…, Adam, point séparé du clan des Pollo, était au centre, absolument au cœur, avec le dessin tout tracé, tout prêt pour qu’il puisse prendre la route, et marcher, aller d’angle en angle, de segment en vecteur, et dénommer les droites en gravant de l’index leurs lettres dans le sol: xx’, yy’, zz’, aa’ etc.

Très naturellement, Adam quitta des yeux la huitième intersection des barreaux, et se laissa aller en arrière, sur le lit. Il se dit qu’il avait encore, deux, trois heures, avant le repas du soir. Après, il fumerait la dernière cigarette de la journée, et il dormirait. Il avait demandé aussi qu’on lui apporte du papier et un crayon à bille noir, mais cela lui était sans doute défendu, car l’infirmière ne lui en avait pas reparlé, ni le matin, ni à midi. D’ailleurs il comprenait qu’il n’avait plus grand-chose à écrire. Il ne voulait plus rien faire qui fût une fatigue. Il voulait boire, manger, uriner, dormir, etc., en son temps, dans la fraîcheur, dans le silence, dans une espèce de confort. Il sentait vaguement qu’il y avait des arbres, par là, alentour. Peut-être qu’un jour on l’autoriserait à sortir dans le jardin, en pyjama. Il pourrait graver son nom en cachette sur les troncs, comme cette fille, Cécile J. avait fait sur une feuille de cactus. Il l’incrusterait, à l’aide d’une fourchette volée, en caractères romains. Puis la signature se cicatriserait doucement, au soleil et à la pluie, pour longtemps, douze, vingt ans, le temps que durent les arbres:

ADAM POLLO ADAM POLLO

Il enleva le traversin et appuya sa tête directement sur le matelas; puis, il étendit ses jambes le plus loin possible; ses deux pieds dépassaient le bout du lit. La table de nuit était à sa droite, tout contre sa tête; elle était composée de deux étagères, sans portes, faites de plateaux d’aluminium amovibles. Sur le premier plateau, il y avait: 1 vase de nuit, vide. Sur le deuxième: des lunettes noires à monture de fil de fer doré. 1 flacon de tranquillisants à base de Passiflore et de Quinine. 1 cigarette, mais pas d’allumettes — pour avoir du feu, il fallait qu’il sonne l’infirmière de service — 1 mouchoir. «La Sarre et son Destin», de Jacques Dicks-Dilly, provenant de la bibliothèque de l’Hôpital. 1 verre d’eau, à moitié plein. 1 peigne blanc, 1 photo de Zsa Zsa Gabor, découpée dans un magazine. Tout ce qu’il y avait de mobilier et de surface corrigée dans la pièce était supposé se concentrer sur la seule personne d’Adam, étendu à l’envers sur le lit, les bras obliques, les pieds joints, comme crucifié dans la mollesse et le repos.

&, peu avant 6 heures de l’après-midi, longtemps après qu’il eut fumé et en quelque sorte pensé, l’infirmière poussa le verrou extérieur et entra dans la chambre. Elle trouva Adam endormi. Elle dut le toucher à l’épaule pour qu’il se réveille. C’était une femme jeune, avenante, mais tellement envahie par son uniforme d’infirmière qu’il était impossible de discerner son âge, ou si elle était vraiment jolie, ou vraiment quelconque. Ses cheveux étaient teints en roux ambré, et sa peau plutôt blanche ressortait comme une tache parmi la couleur beige des murs de la chambre.

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