Jean-Marie Le Clézio - Le procès-verbal

Здесь есть возможность читать онлайн «Jean-Marie Le Clézio - Le procès-verbal» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Город: Paris, Год выпуска: 1973, ISBN: 1973, Издательство: Éditions Gallimard, Жанр: Современная проза, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Le procès-verbal: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Le procès-verbal»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

«On me reprochera certainement des quantités de choses. D'avoir dormi là, par terre, pendant des jours; d'avoir sali la maison, dessiné des calmars sur les murs, d'avoir joué au billard. On m'accusera d'avoir coupé des roses dans le jardin, d'avoir bu de la bière en cassant le goulot des bouteilles contre l'appui de la fenêtre: il ne reste presque plus de peinture jaune sur le rebord en bois. J'imagine qu'il va falloir passer sous peu devant un tribunal d'hommes; je leur laisse ces ordures en guise de testament; sans orgueil, j'espère qu'on me condamnera à quelque chose, afin que je paye de tout mon corps la faute de vivre.
Prix Renaudot

Le procès-verbal — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Le procès-verbal», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Elle fut la première à regarder vraiment Adam. Elle le dévisagea avec des yeux sérieux, un peu cernés, lourds de compréhension et de culture. Puis elle croisa les bras, bloquant son petit doigt dans la commissure interne des coudes, agitant à peine la dernière phalange de l’index, le cou un peu plus tendu vers l’avant qu’à l’ordinaire. Il y avait un rien d’à la fois enfantin et maternel sur son front; haut, mais sans vulgarité, cédant naturellement la place aux racines des cheveux qui se séparaient d’abord de chaque côté, à droite et à gauche, pour remonter ensuite par l’arrière et retomber sous forme de rouleau au bout d’une raie tordue.

Elle était indéniablement celle qui avait le plus écouté les autres, aussi bien le médecin-chef que ses camarades d’étude. Cela se pressentait dans la pesanteur étrange de son visage, dans une espèce de symétrie qui, au lieu de durcir le bas de sa physionomie et notamment ses lèvres, les rendait au contraire plus tendres, plus inquisiteurs. Elle ouvrait un peu la bouche pour respirer, et son regard ne baissait pas; il triomphait imperceptiblement du regard d’Adam, se chargeait de mille émotions supposées, de mille délicatesses, d’intimités puissantes comme des péchés, parfaites comme un amour incestueux. C’était une citadelle de conscience et de savoir, non pas vindicative, non pas violente, mais presque sénile dans sa douce sûreté.

Elle parla la première; sur un signe d’acquiescement du médecin-chef, elle se pencha légèrement en avant, vers Adam, comme si elle allait lui prendre les mains. Mais elle resta les bras croisés. Elle dit. la voix grave:

«Il y a longtemps que vous êtes ici?»

«Non…» dit Adam.

«Combien de temps?»

Adam hésita.

«Un jour? Deux jours? Trois jours? Plus?…»

Adam sourit.

«Oui — c’est ça, trois ou quatre jours, je crois…»

«Vous croyez?»

Un garçon à lunettes noires demanda:

«Trois ou quatre jours?»

Adam hésita encore.

«Vous êtes content d’être ici?» questionna Julienne.

«Oui» dit Adam.

«Où êtes-vous?» demanda une autre fille, nommée Martin.

«Vous savez où vous êtes, ici? Comment s’appelle cet endroit?»

«Ah — l’asile d’aliénés» dit Adam.

«Et pourquoi vous y êtes?» demanda la fille Martin.

«Pourquoi vous êtes ici?» répéta Julienne.

Adam réfléchit.

«Ce sont les flics qui m’ont amené ici» dit-il. La jeune fille nota quelque chose sur son cahier d’écolier, la réponse sans doute. Un camion gravit péniblement un raidillon, quelque part au-delà de la fenêtre. Le rugissement assourdi de son moteur entra dans l’infirmerie comme une mouche à viande, tissant un réseau d’ondes cotonneuses entre le dallage blanc des murs; c’était un camion chargé de rebut, sans doute; il grimpait la côte bordée de mimosas qui mène à l’usine crématoire. Des tuyaux de zinc, des ballots de carton, des amoncellements de ressorts tomberaient pêle-mêle sur les flancs de la montagne artificielle, en attendant d’être poussés dans le brasier qui les anéantirait.

«Combien de temps on va vous garder?» demanda Julienne R.

«Je ne sais pas — on ne m’a pas dit.»

Un autre garçon, assez grand, au fond de la pièce, éleva la voix:

«Et il y a combien de temps que vous êtes ici?»

Adam le regarda pensivement.

«Je vous ai déjà dit. Trois ou quatre jours…»

La jeune fille tourna la tête et fit un signe de réprobation au garçon. Puis elle recommença, sa voix un peu plus douce.

«Comment vous appelez-vous?»

«Adam Pollo» dit Adam.

«Et vos parents?»

«Mes parents aussi.»

«Non, — je veux dire, vos parents? Vous avez vos parents?»

«Oui»

«Vous habitez avec eux?»

«Oui»

«Vous avez toujours habité avec eux?»

«Oui, je crois…»

«Vous avez habité ailleurs?»

«Oui — une fois…»

«Quand ça?»

«Pas longtemps»

«Et c’était où?»

«C’était sur une colline. Il y avait une maison vide.»

«C’est là que vous avez habité?»

«Oui»

«Vous étiez bien?»

«Oui»

«Vous étiez seul?»

«Oui»

«Vous ne voyiez personne? Personne ne venait vous voir?»

«Non»

«Pourquoi?»

«Parce qu’ils ne savaient pas où j’étais.»

«Vous aimiez ça?»

«Oui»

* Mais vous ne pr—»

«C’était bien. Une belle maison. Et la colline était bien, aussi. On voyait la route en bas. Je prenais mes bains de soleil à poil.»

«Vous aimez ça?»

«Oui»

«Vous n’aimez pas être habillé?»

«Quand il fait chaud, non.»

«Pourquoi?»

«Parce qu’il faut se boutonner. Je n’aime pas les boutons.»

«Et vos parents?»

«Je les avais laissés.»

«Et vous êtes parti?»

Adam enleva un brin de tabac de sa bouche.

«Oui»

«Pourquoi êtes-vous parti?»

«D’où ça?»

La jeune fille nota quelque chose sur son cahier; elle hésita à son tour, baissant la tête. Adam vit que sa raie tournait sur le sommet de son crâne en prenant la forme d’un S. Puis elle releva la tête, et ses grands yeux lourds, chargés de sommeil, se posèrent encore sur Adam. Ils étaient immenses, ces yeux, bleus, intelligents, et inflexibles dans leur volonté hypnotique. La voix sembla couler le long du regard, et se glisser jusqu’au fond des entrailles d’Adam. Avant qu’elle parvienne à maturité, trois autres questions lancées par deux filles et un garçon restèrent sans réponse:

«Est-ce que vous êtes malade?»

«Quel âge avez-vous?»

«Vous dites que vous n’aimez pas les vêtements. Mais — vous aimez spécialement être nu?»

Enfin les paroles de Julienne R. éclatèrent, fusant au milieu d’une sorte de brouillard comme l’embrasement de poudre mouillée. Comme une allumette, utilisée pour se curer l’oreille, dont le phosphore maculé de cérumen se consume sans brûler; et répand une odeur âcre de chair brûlée. Comme un brandon écartelant les couches contraires de l’eau.

«Pourquoi êtes-vous parti de chez vos parents?»

Adam n’avait pas entendu; elle répéta, sans irritation, comme si elle parlait devant un micro:

«Pourquoi êtes-vous parti de chez vos parents?»

«Il fallait que je parte» dit Adam.

«Mais pourquoi?»

«Je ne me souviens plus très bien», commença-t-il. Tous marquèrent des notes sur leurs papiers. Seule, Julienne R. ne baissa pas la tête.

«Je veux dire —»

«Vous avez eu des ennuis?»

«Vous vous êtes disputé avec vos parents?»

Adam fit un geste de la main. La cendre de sa cigarette tomba sur la chaussure de Julienne; il murmura, «pardon…», puis continua:

«Non, pas exactement des ennuis, non — Si vous voulez, il y a longtemps que je devais partir. Je pensais —»

«Oui? Vous pensiez?» dit la jeune fille.

Elle semblait écouter vraiment.

«Je pensais que ça serait mieux», dit Adam. «Je n’ai pas eu d’ennuis avec mes parents, non, mais — Peut-être après tout ai-je cédé à un besoin de solitude infantile…»

«Les enfants sont assez sociables, d’habitude» dit le garçon à lunettes noires.

«Si vous voulez, oui — Oui, c’est vrai, ils sont assez sociables. Mais en même temps ils recherchent une certaine — comment dire? — une certaine communicabilité avec la nature. Je pense — ils veulent — ils cèdent facilement à des besoins d’ordre purement égocentrique — anthropomorphique. Ils cherchent un moyen de s’introduire dans les choses, parce qu’ils ont peur de leur propre personnalité. Tout se passe comme si les parents leur avaient donné un désir de se minimiser. Les parents chosifient leurs enfants — ils les traitent en objets poss — en objets qu’on peut posséder. Ils donnent cette psychose de l’objet à leurs enfants. Alors il arrive que ces enfants aient peur de la société, de la société des adultes, parce qu’ils sentent confusément qu’ils y sont d’égal à égal. C’est cette égalité qui leur fait peur. Ils doivent jouer un rôle. On attend quelque chose d’eux. Alors ils préfèrent battre en retraite. Ils cherchent un moyen d’avoir une société à eux, n univers un peu — heu, mythique — un univers ludique où ils sont de pair avec les matières inertes. Ou plutôt, où ils sentent qu’ils sont les plus forts. Oui, ils préfèrent se sentir supérieurs aux plantes, aux animaux et aux trucs, et inférieurs aux hommes, que se sentir égaux avec qui que ce soit. Même, à la rigueur, ils se transposent. Ils font jouer aux plantes leur rôle d’enfants, et eux, ils jouent le rôle des adultes. Vous comprenez, pour un gosse, un doryphore, c’est toujours plus un homme qu’un autre gosse. Je — oui…»

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Le procès-verbal»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Le procès-verbal» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Jean-Marie Le Clézio - Poisson d'or
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Ourania
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Le chercheur d'or
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Étoile errante
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Désert
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Tempête. Deux novellas
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Printemps et autres saisons
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - La ronde et autres faits divers
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Diego et Frida
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Coeur brûle et autres romances
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Fièvre
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - La quarantaine
Jean-Marie Le Clézio
Отзывы о книге «Le procès-verbal»

Обсуждение, отзывы о книге «Le procès-verbal» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x