Jean-Marie Le Clézio - Le procès-verbal

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«On me reprochera certainement des quantités de choses. D'avoir dormi là, par terre, pendant des jours; d'avoir sali la maison, dessiné des calmars sur les murs, d'avoir joué au billard. On m'accusera d'avoir coupé des roses dans le jardin, d'avoir bu de la bière en cassant le goulot des bouteilles contre l'appui de la fenêtre: il ne reste presque plus de peinture jaune sur le rebord en bois. J'imagine qu'il va falloir passer sous peu devant un tribunal d'hommes; je leur laisse ces ordures en guise de testament; sans orgueil, j'espère qu'on me condamnera à quelque chose, afin que je paye de tout mon corps la faute de vivre.
Prix Renaudot

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Adam sourit à tout cela, d’une espèce de sourire qui voulait dire qu’il finissait de ne pas comprendre; il lécha lentement la crème glacée et, pour la première fois depuis des jours, il parla tout seul. Il parla avec une voix bien modulée, au timbre plutôt grave, articulant chaque son l’un après l’autre. Sa voix résonna belle et forte contre le panneau de verre, couvrant les éclats de la musique et les bruits de la rue. On n’entendit plus qu’elle, sortant de la bouche d’Adam, sous forme de pyramide, se répandant sur toute la surface de la vitrine ainsi qu’un brouillard de buée. Dès le premier instant, elle parut se suffire à elle-même, et n’exiger aucun rajout, aucune réponse, un peu à la manière des mots ceints de halos qu’on voit surgir des gorges des personnages, dans les journaux enfantins.

«Ce que je voulais dire. Voilà. Nous sommes tous pareils, tous frères, hein. Nous avons les mêmes corps et les mêmes esprits. C’est pour ça que nous sommes frères. Évidemment, cela semble un peu ridicule, vous ne trouvez pas, de faire cette confession — ici — en plein midi. Mais je parle parce que nous sommes tous frères et pareils. Savez-vous une chose, voulez-vous savoir une chose? Mes frères. Nous possédons la terre, tous, tant que nous sommes, elle est à nous. Voyez-vous pas comme elle nous ressemble? Voyez-vous pas comme tout ce qui y pousse? Et tout ce qui y vit a nos figures et notre style? Et nos corps? Et se confond avec nous-mêmes? Tenez, par exemple, regardez autour de vous, à gauche et à droite. Y a-t-il une seule chose, y a-t-il un seul élément — dans ce paysage qui ne soit pas nôtre, qui ne soit pas à vous, et à moi? Je vous parle de ce réverbère que je distingue en reflet dans la vitrine. Hein. Ce réverbère est à nous, il est fait de fonte et de verre, il est droit comme nous et porte à son sommet une tête semblable à la nôtre. La digue de pierre, là-bas, sur la mer, est aussi à nous. Elle est bâtie à la mesure de nos pieds et de nos mains. Si nous l’avions voulu, elle aurait pu être mille fois plus petite? Ou mille fois plus grande. C’est vrai. À nous les maisons, pareilles à des cavernes, percées de trous pour nos visages, remplies de chaises pour nos fesses, de lits pour notre dos, de planchers qui imitent la terre, et par conséquent nous imitent. Nous sommes tous les mêmes, camarades. Nous avons inventé des monstres — des monstres, oui. Comme ces postes de télévision ou ces machines à faire les glaces à l’italienne, mais nous sommes restés dans les limites de notre nature. C’est par cela que nous sommes géniaux — nous n’avons rien fait d’inutile sur la terre, comme Dieu lui-même, frères, comme Dieu lui-même. Et je vous le dis, moi, hein. Je vous le dis, il n’y a rien de différent entre la mer, l’arbre et la Télévision. Nous nous servons de tout, parce que nous sommes les maîtres, les seules créatures intelligentes du monde. Voilà. La TV, c’est nous, hommes. C’est notre force que nous avons donnée à une masse de métal et de bakélite, pour qu’elle nous réponde un jour. Et ce jour est arrivé, la masse de métal et de bakélite nous répond, nous attache, entre dans nos yeux et dans nos oreilles. Il y a un cordon ombilical qui unit cet objet à notre ventre. C’est la chose inutile, à splendeur multiple, qui fait que nous dérivons en elle, et que nous nous y perdons, dans un peu de plaisir, oui, dans la joie commune. Frères, je suis la Télé, et vous êtes la Télé, et la Télé est en nous! Elle a notre anatomie particulière, et nous sommes tous carrés, tout noirs, tout électriques, tout résonnants de ronrons et de musique, lorsque, tirés à elle par l’œil et l’ouïe, nous reconnaissons dans sa voix une voix humaine, et dans son écran une silhouette identique à la nôtre. Jugez-en, mes frères. Nous partageons cette image comme l’amour, et notre unité vague et obscure commence à apparaître; derrière ce glacis, c’est comme — un sang épais et chaud qui coule, c’est comme une série de chromosomes, avec une paire de plus, qui va enfin refaire de nous une race. Qui sait si nous n’allons pas soutirer de là les pires vengeances — d’être restés séparés si longtemps. Nous être méconnus. Avoir mécru. Qui sait si nous n’allons pas enfin retrouver quelque tyrannosaure, quelque cératosaure, quelque déinothériuin, quelque ptérodactyle énorme, couvert de sang, contre qui nous lutterions ensemble. Quelque occasion de sacrifice et d’holocauste, qui nous fasse enfin rejoindre les mains, et prier tout bas des dieux impitoyables. Alors, il n’y aura plus de TV, frères, ni d’arbres, ni d’animaux, ni de terre, ni de danseurs en collants; il n’y aura que nous , frères, pour toujours, nous les seuls!»

Adam était maintenant sur le trottoir d’en face. Il avait posé par terre, à côté de lui, son paquet d’affaires et sa Revue. Il se tenait le dos tourné à la mer, et le vent faisait baller ses pantalons jaunes. Il y avait quelque chose de légèrement pédantesque dans la façon dont il s’était placé: derrière lui, la rambarde étalait un quadrillage de madriers en fer peint; on voyait entre les vides l’étendue des quais ou des docks avec les ouvriers débardeurs. Toute cette agitation était censée contraster avec le visage impavide, vaguement oblong, d’Adam. On sentait que, s’il y avait eu là un banc, Adam y serait monté. Pourtant, son attitude n’était pas celle d’un orateur public; il avait su afficher sur toute sa silhouette un air général de désinvolture. Sa voix, à présent, vibrait moins dans les notes graves, et atteignait par instants un registre plus aigu, assez faux. Il ne cherchait d’ailleurs pas à parfaire une harmonie; en fait, rien n’était plus discordant que la présence de cet homme parfaitement debout et immobile au milieu des clairs-obscurs mouvants du paysage; et rien de plus désagréable que l’idée de cet homme parlant tout haut, tout seul, devant la foule des badauds, sous le soleil d’environ 13 heures 30.

Ce qu’Adam disait était plus clair; il avait adopté un ton, entre le prêche fanatique et la harangue de repas de noces. Il disait:

«Mesdames et messieurs, arrêtez-vous. Écoutez un peu ce que je dis. Vous ne faites pas assez attention aux discours qu’on vous fait. — Et pourtant, on vous en fait quotidiennement, à longueur de journée, et d’heures. À la radio, à la télévision, à la messe, au théâtre, au cinéma, dans les festins et dans les fêtes foraines. La parole est pourtant facile, et rien n’est plus agréable qu’une fable ainsi contée à bout portant. À bâtons rompus. Vous êtes des habitués. Vous n’êtes pas des hommes, parce que vous ne savez pas que vous vivez dans un monde humain. Apprenez à parler. Essayez, vous aussi. Même si vous n’avez rien à dire. Puisque je vous dis qu’on vous donne la parole. Pourquoi ne pas essayer, tant que vous êtes, de remplacer vos propres machines: allez, parlez, de droite et de gauche. Propagez la bonne parole. Vous verrez, bientôt vous n’aurez plus besoin de radios ou de télés. Vous vous rencontrerez simplement au coin d’une rue, comme moi aujourd’hui, et vous vous raconterez des histoires. N’importe lesquelles. Et vous verrez vos enfants et vos femmes s’attrouper, et vous écouter avidement. Vous pourrez leur raconter les plus belles choses, indéfiniment…»

Maintenant, l’auditoire était formé; il était composé à peu près de:

1°) une dizaine de femmes, d’hommes et d’enfants, en nombre fixe.

2°) une vingtaine d’autres qui s’en allaient après un moment.

En tout, une trentaine de spectateurs, en moyenne, qui formait un bouchon sur le trottoir.

«Je vais vous raconter quelque chose. Écoutez. Je — il y a quelque temps déjà, j’étais assis sur les marches d’un escalier, dans la montagne. Je fumais une cigarette. Du point où j’étais, la vue était belle, et je la contemplais avec grand plaisir. On voyait, en face, une colline, puis la ville, qui s’étendait jusqu’à la mer, et la courbe longue du rivage. Tout était bien calme. Le ciel occupait les trois quarts du panorama. Et la terre, en dessous, était si paisible qu’on aurait dit — qu’elle continuait le ciel. Vous voyez le genre. Deux montagnes, une ville, une rivière, une baie, un peu de mer, et une colonne de fumée qui montait en vrille jusqu’aux nuages. Un peu partout. Tout ça, ce sont les éléments que je vous donne pour que vous compreniez bien la suite. Vous comprenez?»

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