Jean-Marie Le Clézio - Le procès-verbal

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Le procès-verbal: краткое содержание, описание и аннотация

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«On me reprochera certainement des quantités de choses. D'avoir dormi là, par terre, pendant des jours; d'avoir sali la maison, dessiné des calmars sur les murs, d'avoir joué au billard. On m'accusera d'avoir coupé des roses dans le jardin, d'avoir bu de la bière en cassant le goulot des bouteilles contre l'appui de la fenêtre: il ne reste presque plus de peinture jaune sur le rebord en bois. J'imagine qu'il va falloir passer sous peu devant un tribunal d'hommes; je leur laisse ces ordures en guise de testament; sans orgueil, j'espère qu'on me condamnera à quelque chose, afin que je paye de tout mon corps la faute de vivre.
Prix Renaudot

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Le papier:

à Prilux, un cahier d’écolier. (Celui-ci est déjà presque fini; quand j’en aurai rempli trois autres comme ça, je pourrai songer à me faire publier. J’ai déjà trouvé un titre qui accroche: les Beaux Salauds.)

Le plus important, c’était: si possible voir un peu.

C’est-à-dire, en marchant dans la ville, regarder les choses qui pourraient me servir plus tard, au besoin chercher une baraque vide même en ruine où je pourrais habiter quand celle qui est sur la colline sera plus possible, et tâcher de voir le chien, des tas d’animaux, jouer à des jeux, prendre un bain aux Bains Publics, et emprunter 5 000 francs à Michèle. N’oubliez pas avant tout que jeSi je pouvais trouver un travail quelconque à faire, quelque chose de peu absorbant, un truc manuel, plongeur au restaurant, habilleur à la Morgue, ou figurant aux Studios, je m’en contenterais. Je gagnerais juste de quoi acheter un paquet de cigarettes quand je veux, une fois par jour, par ex., & du papier pour écrire, et une bouteille de bière aussi, une fois par jour. Le reste, c’est du luxe. Je voudrais bien aller aux U.S.A on dit que c’est possible de vivre comme ça là bas, et d’avoir du soleil dans le Sud, et rien d’autre à faire qu’écrire, boire et dormir. Je pense aussi rentrer dans les ordres, pourquoi pas?

J’ai connu autrefois un type qui faisait de la céramique. Il s’est marié à une femme qui s’appelle Blanche, et il habite une maison dans la montagne. À trois heures, un jour, je suis allé chez lui: il faisait très chaud, et il y avait des fèves du Japon qui grimpaient sur la tonnelle. Le soleil faisait des croûtes partout. Il travaillait à moitié nu sous la tonnelle. Il gravait des dessins aztèques sur des espèces de potiches en terre; et le soleil faisait sécher la terre, formait de petits grains de poudre tout autour du vase; après, il mettait les émaux, et le four faisait cuire les couleurs: chaleur sur chaleur. Tout ça était harmonieux. Il y avait une salamandre à queue fendue qui donnait sur le sol cimenté. Je ne crois pas avoir jamais vu autant de chaleur sur chaleur de ma vie. Le paysage était à 39°et le four à 500°. Le soir, sa femme Blanche faisait bouillir les fèves du Japon; c’était un type bien: il était tous les jours presque mort. Tout blanc, un morceau d’air dansant, un cube équilatéral en train de cuire.

Je me suis dit que je pourrais avoir, moi aussi, une maison dans la campagne. Sur le côté d’une espèce de montagne caillouteuse; sous les pierres bouillantes, on aurait des serpents, des scorpions et des fourmis rouges.

Voici à quoi je passerais mes journées: j’aurais un bout de terrain plein de cailloux, exposé au soleil du matin jusqu’au soir. Au milieu du terrain, je ferais des feux. Je brûlerais des planches, du verre, de la fonte, du caoutchouc, tout ce que je trouverais. Je ferais des sortes de sculptures, comme ça, directement avec le feu. Des objets tout en noir, calcinés dans le vent et dans la poussière. Je jetterais des troncs d’arbres et je les ferais brûler; je tordrais tout, je noircirais tout, j’enduirais tout d’une poudre crissante, je ferais monter haut les flammes, j’épaissirais la fumée en volutes lourdaudes. Les langues orange hérisseraient la terre, secoueraient le ciel jusqu’aux nuages. Le soleil livide lutterait avec elles pendant des heures. Les insectes, par milliers, viendraient s’y précipiter, et s’enfouiraient la tête la première dans la base incolore du foyer. Puis, élevés par la chaleur, grimperaient le long des flammes comme sur une colonne invisible, et retomberaient en douce pluie de cendres, délicats, fragiles, métamorphosés en parcelles charbonnées, sur ma tête et sur mes épaules nues; et le vent des flammes soufflerait sur eux et les ferait frémir sur ma peau; il leur donnerait de nouvelles pattes et de nouveaux élytres, une vie nouvelle, qui les lèverait dans l’atmosphère, et les abandonnerait, grouillants, flous comme des miettes de fumée, dans les trous des cailloux, jusqu’au pied de la montagne.

Vers, disons, cinq heures de l’après-midi, le soleil gagnerait. Le soleil brillerait les flammes. Il ne laisserait plus, au centre du terrain, qu’une tache noire, parfaitement circonférique; tout le reste serait blanc comme un paysage de neige. Le brasier aurait l’air de l’ombre du soleil, ou d’un trou sans fond. Et il ne resterait plus que les arbres calcinés, les masses de métal foudroyé, fondu, le verre tordu, les gouttes d’acier parmi les cendres comme de l’eau. Tout aurait poussé comme des plantes obscures, avec des tiges grotesques, des bavures de cellulose, des crevasses où grouille le charbon. Alors je les prendrais toutes, ces formes tétaniques, et je les mettrais en tas dans une chambre de la maison. Je vivrais bien au milieu d’une montagne de cailloux blancs et d’une jungle incendiée. Tout ça est connecté avec la chaleur. Elle décomposerait tout pour recomposer un monde pourri par la sécheresse; la simple chaleur. Avec elle, tout serait blanc, et dur, et fixé. Comme un bloc de glace au Pôle Nord, ça serait l’harmonie matérielle, grâce à quoi le temps ne coule plus. Oui, ce serait vraiment beau. Le jour, ce serait, chaleur plus chaleur, et la nuit, noir plus charbon.

[

             [

Et un jour, je prendrais une bagnole. Je la mettrais au milieu du terrain et je l’arroserais d’essence. Puis je m’arroserais d’essence moi-même. Je me mettrais dans la voiture, et j’y bouterais le feu.

Et comme j’aurais gardé mes lunettes noires, on retrouverait sur mon corps calciné, sur mon crâne en boule, un drôle d’insecte noiraud, caricatural, dont le corps en matière plastique se serait inséré tout bouillant au fond de mes orbites. Deux tringles de fer, en forme de pattes, se dresseraient sur les côtés, et me feraient des antennes.

J’espère qu’on ne reconnaîtrait plus rien de moi dans cette momie gercée. Parce que je voudrais bien vivre tout nu et tout noir, définitivement brûlant, définitivement créé.

Michèle,

Je t’ai cherchée très sérieusement.

D’abord, il y a eu ce Gérard, ou ce François, je ne sais plus comment il s’appelle. Je le connaissais autrefois, du temps où je jouais au flipper. Ou du temps où j’étais étudiant en quelque chose. Il ne m’avait pas reconnu, parce que je me suis laissé pousser la barbe depuis, et que je porte des lunettes noires. Il m’a dit qu’il t’avait vue descendre vers le Vieux Port.

Je suis allé là-bas, et je me suis assis sur un banc, à l’ombre. J’ai attendu un peu, histoire de me reposer. J’étais en face de la digue, et il y avait deux Anglais déguisés en yachtmen qui parlaient. Ils affectaient de s’ennuyer mortellement sur la Méditerranée et l’un d’eux a dit:

«I am looking forward to the Shetlands.»

Pas mal de gens passaient et montraient les bateaux blancs à leurs enfants.

Au bout d’une heure, je suis remonté vers la Grand-Place, celle où il y a un jet d’eau. Dans le Café, j’ai trouvé une fille que tu dois connaître, elle s’appelle Martine Préaux. Je lui ai dit que Gérard, ou François, enfin ce type brun avec une chemise rose, t’avait vue descendre vers le Vieux Port. Elle m’a dit à peu près:

«Il est fou, je viens de voir Michèle dans l’autre Café, plus bas. Elle était avec un Américain.»

J’ai demandé:

«Un Américain? Un marin américain?»

Elle a répondu:

«Non, pas un marin, un type américain, c’est tout. Un touriste.»

J’ai demandé encore si elle pensait que tu y serais toujours. Elle m’a dit:

«Ça, je n’en sais rien, c’est possible, il n’y a pas tellement longtemps.»

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