Jean-Marie Le Clézio - Le procès-verbal

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«On me reprochera certainement des quantités de choses. D'avoir dormi là, par terre, pendant des jours; d'avoir sali la maison, dessiné des calmars sur les murs, d'avoir joué au billard. On m'accusera d'avoir coupé des roses dans le jardin, d'avoir bu de la bière en cassant le goulot des bouteilles contre l'appui de la fenêtre: il ne reste presque plus de peinture jaune sur le rebord en bois. J'imagine qu'il va falloir passer sous peu devant un tribunal d'hommes; je leur laisse ces ordures en guise de testament; sans orgueil, j'espère qu'on me condamnera à quelque chose, afin que je paye de tout mon corps la faute de vivre.
Prix Renaudot

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Comme cette femme, Andréa de Commynes. La seule au visage un peu plâtré, un peu pâle au milieu des autres bruns et luisants; la seule qui cache des yeux verts derrière des lunettes noires, et qui lise, une main prise dans la boucle, de son collier de bronze, l’autre sur la reliure de son bouquin de cuir. Les vers ont mangé les pages, et le titre s’étale sur le dos du livre, martelé en lettres inégales, dont la couleur a disparu:

INGOLDSBY LEGENDS

Sans oublier cet avion qui traverse le ciel tout nu, silencieusement; sans oublier cette statue sur laquelle le soleil pleut depuis six heures du matin, et qui représente, elle aussi, un homme nu au centre d’une vasque. Et les pigeons, et l’odeur de la terre sous les trottoirs, et les trois vieilles femmes assises sur le banc, hochant la tête devant des tricotages éternels.

Ou bien le mendiant, qu’on appelle le Siffleur. Qui est un type comme on en voit peu. On l’appelle ainsi parce que lorsqu’il ne mendie pas, il se promène dans toutes les rues en sifflant un vieil air de tango: Arabella. Puis il s’arrête, il se tasse dans un vieux recoin de mur, de préférence où domine le jaune des urines de chiens et d’enfants; il relève la jambe de son pantalon, du côté du moignon, et il interpelle les touristes qui passent. Quand un s’arrête, il précise:

«Je vis comme je peux. Je me débrouille.

Je vends des vieux papiers. Dites, vous

n’auriez pas quelque chose? Une petite

pièce pour un pauvre infirme, quoi?»

L’autre dit:

«Ah non, je suis complètement fauché aujourd’hui.»

et:

«Vous aimez ça?… ce, heu, cette vie?» il dit:

«Ma foi, je ne me plains pas.» puis:

«Alors, c’est bien vrai? Pas même une petite cigarette pour moi? Monsieur? Pour moi, pauvre infirme?»

Son moignon fait des croûtes à l’air libre. Il ressemble souvent à cette espèce de légume qu’on vend au marché, l’été. Des milliers d’autos se rendent en file indienne au «Grand Prix Automobile». Il y aura peut-être un, deux morts. On mettra de la sciure par terre, et on attendra le journal du lundi. Ce sera: «Tragique bilan des Courses du Grand prix» et pas plus mal qu’ailleurs.

Hornatozi fait suivre sa femme. Hornatozi, le fils de la maison de graines Hornatozi Père et Fils. Il va travailler dans son bureau de bois clair, et de temps à autre, il tire de sa poche la photographie de sa femme. Hélène est grande, jeune et rousse. Comme Joséphine, comme M meRichers, elle porte souvent des robes noires. Hornatozi sait qu’avant-hier, entre 3 heures et 3 heures 30, elle est allée au numéro 99 de l’avenue des Fleurs. Sur la photographie, souillée par l’application de doigts, Hélène Hornatozi sourit face au néant, sa tête légèrement inclinée sur son épaule gauche. Elle porte ce sourire à la dérive, et de ses lèvres arquées s’envole le mystérieux saint-esprit qui crée les rapports entre hommes; il semble qu’elle soit morte là, couchée sur le marbre de la pellicule, et qu’elle offre, sous son effigie verglacée les derniers restes de son corps de femme, un paquet d’os blancs sur fond noir, un masque vidé de chair où les couleurs se sont inversées; flottant entre l’air et ce paravent translucide, le souvenir d’Hélène se contracte dans sa crampe négative et mortuaire, et les yeux, à prunelles blanches sur sclérotique noire, percent de deux trous le rempart des vivants, les faisant irréductiblement croire aux fantômes; c’est de cette mémoire fixée par les bains révélateurs que la femme tire toute sa puissance; un impondérable de malfaisance attire les regards sur son corps voluptueux, bâti pour l’amour; sous les doigts d’Hornatozi, la silhouette blanche doublée de noir brûle de mille feux de jalousie. Ses pouces plaqués sur la bordure transpirent doucement et vont laisser, une fois de plus, les rides graisseuses de leurs empreintes. Il se penche, maintenant, son regard hypnotisé droit dans les deux grandes orbites creuses où la nuit parait commencer; car il voudrait faire ce voyage, serait-ce en esclave, pour retrouver au bout de ses peines la délicieuse intimité de jadis, la tiédeur de l’être caché dans l’être, l’innocence, les envies assouvies, un enterrement presque alcoolique; mais elle, la femme dont il ne sait plus si elle est morte ou si elle l’a trompé, lui refuse d’une simple constatation de sa muraille de celluloïd, l’accès en son étrange domaine, et c’est en vain qu’il se courbe vers le carton luisant, et c’est en vain qu’il respire vite, la bouche jetant des halos de buée sur l’image, et c’est en vain que se gonfle sa veine temporale et que s’affaissent ses épaules. Voilà que déjà la méchanceté est abstraite, que les pouvoirs maléfiques se sont détruits; il ne demeure d’aigu sur la photographie, qu’un reflet venu de la fenêtre, répercuté par les ondulations du papier, et qui court d’un bord à l’autre, prisonnier, ridicule et par conséquent humain, comme une bulle sur un bol de bouillon.

En bas, sur une longue étendue plate et poussiéreuse, toujours au soleil, en pleine chaleur, il y a des quais; des bateaux, des grues à charbon; la Maison des Douanes; sur les docks, onze dockers travaillent. Toutes les trois minutes, la poulie décharge par terre une balle de coton ou de bois. Dans la perle d’odeur fade, le bruit coulissant, le blanc et l’air qui sursaute, les charges s’affaissent sur les docks.

Dans une chambre d’hôtel obscure, un étudiant nègre lit un policier de la Série Noire. Les vieilles femmes regardent avec des jumelles au fond des mansardes.

Louise Mallempart, vague et claire au fond des replis soyeux des draps, pense à une table, garnie d’une nappe à fleurs, au milieu de laquelle trônerait un seul grand verre d’eau froide.

Tout cela, c’est la chaleur qui s’étend en ramures, qui rampe très bas sur la terre. Un souffle minuscule, tremblotant, fait des rides autour des objets. Le sol, l’eau, ou l’air sont des amas de particules noires et blanches, qui se brouillent comme un million de fourmis. Il n’y a plus rien de vraiment incohérent, plus rien de sauvage. On dirait que le monde a été dessiné par un enfant de douze ans.

Le petit Adam a bientôt douze ans; le son, dans la ferme, pendant qu’il pleut dehors, pendant qu’il entend qu’on ramène les vaches dans les chemins creux, pendant qu’il écoute que l’angélus sonne, qu’il sent que la terre se flétrit, il prend un grand carton bleu et il dessine le monde.

En haut du carton bleu, à gauche, il fait une boule rouge et jaune avec ses crayons de couleur; c’est comme le soleil, à ceci près qu’il n’y a pas de rayons. Pour équilibrer, de l’autre côté, en haut à droite, il fait une autre boule: bleue, avec des rayons. Celle-là est le soleil puisqu’il y a des rayons. Puis il fait une ligne droite qui barre le carton au-dessous du soleil-lune et de la lune-soleil. Avec son crayon vert, il trace de petits traits verticaux plantés dans l’horizon. Ce sont des blés, des herbes. Certains ont des barbes, et ce sont des sapins. En noir, dans le ciel de craie blanche, un cheval à pattes d’araignée rue dans un bonhomme fait de boîtes de conserves et de cheveux. Et en marron, en violet, cernées de jaune, il dessine de grosses étoiles, partout où le carton peut en contenir. Au centre des étoiles, une espèce de point noir métamorphose l’astre en animal vivant qui nous considère de son noyau de bactérie, de son drôle d’œil unique de ciron.

C’est un monde bizarre, tout de même, qu’il dessine, le petit enfant Adam. Un univers sec, quasi mathématique, où tout se comprend facilement, selon une cryptographie dont la clé est imminente; dans la ligne marron qui cadre le carton, on peut installer sans fatigue un peuple nombreux: les commerçants, les mères, les petites filles, les diables et les chevaux. Ils y sont fixés trait pour trait, et leur matière est indissoluble, indépendante, compartimentée. C’est presque à croire qu’il y a une sorte de dieu en boîte qui commande tout, au doigt et à l’œil, et qui dit à toutes choses, «soyez». C’est à croire aussi que tout est dans tout, indéfiniment. C’est-à-dire, aussi bien dans le dessin maladroit d’Adam enfant, que dans le calendrier de l’Alimentation Rogalle, ou dans un mètre carré de tissu Prince-de-Galles.

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