Daniel Pennac - Chagrin d'école

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Chagrin d'école: краткое содержание, описание и аннотация

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Chagrin d’école
Comme un roman

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Parce que le cancre, lui, les limbes du zéro, ça lui va (croit-il.) C’est une forteresse dont personne ne viendra le déloger. Il la renforce en accumulant les absurdités, il la décore d’explications variables selon son âge, son humeur, son milieu et son tempérament : « Je suis trop bête », « J’y arriverai jamais », « Le prof ne peut pas me sentir », « J’ai la haine », « Ils me prennent la tête », etc. ; il déplace la question de l’instruction sur le terrain vague de la relation personnelle où tout devient affaire de susceptibilité. Ce que fait aussi le professeur, persuadé que cet élève-là le fait exprès. Car ce qui empêche le professeur de tenir la réponse absurde pour un effet dévastateur de la pensée magique, c’est très souvent le sentiment que l’élève se paie sciemment sa tête.

Dès lors le maître s’enferme dans son y à lui : « Avec celui-là, je n’y arriverai jamais. »

Aucun professeur n’est exempt de ce genre d’échec. J’en garde de profondes cicatrices. Ce sont mes fantômes familiers, les visages flottants de ces élèves que je n’ai pas su extraire de leur y, et qui m’ont enfermé dans le mien :

— Cette fois, je n’y peux vraiment rien.

19

— Ah, enfin !

— Quoi, enfin ?

Je connais cette voix. Elle rôde en moi depuis les premières lignes de ce livre. Elle guette, en embuscade. Elle attend la faille. C’est le cancre que je fus. Toujours vigilant. Plus enclin que mon moi d’aujourd’hui à porter un regard critique sur mon activité de professeur. Jamais pu m’en dépêtrer. Nous avons vieilli ensemble.

— Enfin quoi ?

— Enfin on arrive à ton y à toi ! Ton y de professeur. Ta zone d’incompétence. Parce qu’à te lire jusqu’à présent, tu m’avais tout l’air du prof irréprochable, dis donc ! Et que je te sauve tous les dysorthographiques de la création, et que je te remplis tout un chacun de littérature inoubliable, et que je te rends méthodiques les esprits les plus confus ! Jamais d’échecs, alors ?

— Un gosse sur qui ça ne prend pas, ça ne t’est jamais arrivé ?

Petit nul revanchard qui remonte de mes abysses pour réveiller mes fantômes ! Et ça marche. Trois visages apparaissent aussitôt. Trois visages de fond de classe, en terminale. Ils ont quelques dizaines de points à rattraper au bac de français mais restent parfaitement étanches à ce que je leur dis de Camus, dont ils doivent présenter L’étranger. Présents à tous les cours mais totalement ailleurs. Trois étrangers ponctuels, à qui je n’ai jamais pu arracher le moindre signe d’intérêt et dont le silence m’a acculé au cours magistral. Mes trois Meursault… Ils étaient devenus une espèce d’obsession. Le reste de la classe ne suffisait pas à me les ôter des yeux.

— C’est tout ?

— C’est tout ? Il n’y a que ces trois-là ?

Non, il y a Michel, en seconde, dix-sept ans et des poussières, renvoyé d’un peu partout, pris chez nous sur ma recommandation, qui flanque en un temps record une pagaille monstre dans l’établissement et finit par exploser sous mes yeux (« Mais je vous ai rien demandé, putain de merde ! »), avant de disparaître dans je ne sais quelle vie.

— Tu en veux d’autres ? Une bande de petits voleurs qui se faisaient les grands magasins malgré mes leçons de morale, ça te va ?

— Mettons que ça va mieux en le disant.

— Va te faire voir ; je le connais trop bien, ton plaisir de nullard à faire la leçon au monde entier ! Si je t’avais écouté je n’aurais enseigné à personne, je me serais levé un matin très tôt pour aller me promener sur le baou de La Gaude. Ricanement :

— Résultat, je suis toujours là, avec toi. Le cancre marche en biais et s’accroche, question d’étymologie…

Fin de notre conversation. Jusqu’à la prochaine. Il s’éclipse dans mes profondeurs, me laissant tout de même le remords de quelques cours préparés à la va-vite, de quelques paquets de copies rendus en retard malgré mes résolutions…

Notre y de professeur… Le lieu clos de nos brusques fatigues où nous prenons la mesure de nos renoncements. Une sale prison. Nous y tournons en rond, généralement plus soucieux de chercher des coupables que de trouver des solutions.

20

Oui, à écouter le bourdonnement de notre ruche pédagogique, dès que nous nous décourageons, notre passion nous porte d’abord à chercher des coupables. L’Éducation nationale paraît d’ailleurs structurée pour que chacun y puisse commodément désigner le sien :

— La maternelle ne leur a donc pas appris à se tenir ? demande le professeur des écoles devant des bambins agités comme des boules de flipper.

— Qu’ont-ils fichu en primaire ? peste le professeur de collège en accueillant des sixièmes qu’il estime illettrés.

— Quelqu’un peut me dire ce qu’ils ont appris jusqu’en troisième ? s’exclame le professeur de lycée devant la propension de ses secondes à s’exprimer sans vocabulaire.

— Ils viennent vraiment du lycée ? s’interroge le prof de fac en épluchant son premier paquet de copies.

— Expliquez-moi ce qu’on fout à l’université ? tonitrue l’industriel face à ses jeunes recrues.

— L’université forme exactement ce que souhaite votre système, répond la recrue pas si bête : des esclaves incultes et des clients aveugles ! Les grandes écoles formatent vos contremaîtres — pardon vos « cadres » —, et vos actionnaires font tourner la planche à dividendes.

— Démission de la famille, déplore le ministère de l’Éducation nationale.

— L’école n’est plus ce qu’elle était, regrette la famille.

À quoi s’ajoutent les procès internes à toute institution qui se respecte. L’éternelle querelle des anciens et des modernes, par exemple :

— Honte aux « pédagogues bêtifiants » ! hurlent les « républicains » pourfendeurs de démagogie.

— À bas les républicains élitistes ! ripostent les pédagogues au nom de l’évolution démocratique.

— Les syndicats grippent la machine ! accusent les fonctionnaires du Ministère.

— Nous restons vigilants ! rétorquent les syndicats.

— Un tel pourcentage d’illettrés en sixième, ça ne se voyait pas de mon temps ! déplore la vieille garde.

— De votre temps le collège n’accueillait que des conseils d’administration en culotte courte, persifle le taquin, c’était le bon temps, n’est-ce pas ?

— Tout le portrait de ta mère, ce gosse ! fulmine le père courroucé.

— Si tu avais été un peu plus sévère avec lui il n’en serait pas là ! répond la mère outrée.

— Comment travailler dans une telle atmosphère familiale ? se lamente l’adolescent déprimé aux oreilles du professeur compréhensif.

Jusqu’au cancre lui-même, qui, après avoir usé d’une férocité méthodique pour envoyer son professeur soigner à l’hôpital une longue dépression nerveuse, est le premier à vous expliquer benoîtement :

— Monsieur Untel manquait d’autorité.

Et si tout cela ne suffit pas, nous avons toujours la ressource de désigner en nous-mêmes celui qui porte le chapeau de notre incompétence :

— Je n’y peux rien, je suis comme ça, écrivait à sa maman le cancre que j’étais en demandant qu’on exilât au fin fond de l’Afrique le mister Hyde qui m’empêchait d’être un bon docteur Jekyll.

21

Faisons un rêve rafraîchissant. La professeur est jeune, directe, non formatée, elle n’est pas écrasée par le poids de la fatalité, elle est parfaitement présente et sa classe est pleine de tous les élèves, parents, collègues et employeurs de France et de Navarre, à qui se sont joints — on a ajouté des chaises — les dix derniers ministres de l’Éducation nationale.

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