Daniel Pennac - Chagrin d'école
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- Название:Chagrin d'école
- Автор:
- Издательство:Éditions Gallimard
- Жанр:
- Год:2007
- Город:Paris
- ISBN:978-2070396849
- Рейтинг книги:5 / 5. Голосов: 1
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Comme un roman
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De ne pas m’obéir ?
De ne pas travailler ?
De ne pas te concentrer ?
De ne pas comprendre ?
De ne pas même chercher à comprendre ?
De me résister ?
De me faire enrager ?
D’exaspérer tes profs ?
De désespérer tes parents ?
De céder à tes pires faiblesses ?
De saborder ton avenir en pourrissant ton présent ?
De te moquer du monde ?
C’est ça, hein, tu te moques du monde ? Tu nous provoques ?
Tout cela, oui, si on veut, admettons.
Se pose alors la question de l’adverbe. Pourquoi exprès ? À quelle fin ? Pour quelle raison ferait-il cela ? Il faut bien qu’il poursuive un but, puisqu’il le fait exprès.
Exprès pour quoi ?
Pour jouir du moment ? Tout simplement jouir du moment ? Mais l’inévitable moment suivant, celui qu’il passe avec moi, est un très mauvais quart d’heure, lui, puisque je l’engueule ! Peut-être veut-il vivre paisiblement en l’état de paresse, indifférent aux engueulades ? Une sorte d’hédonisme ? Non, il sait très bien que le bonheur de ne rien faire se paie au prix de regards méprisants, de réprobations définitives qui engendrent le dégoût de soi. Alors ? Pourquoi le fait-il néanmoins exprès ?
Pour s’attirer la considération des autres cancres ? Parce que s’appliquer, ce serait trahir ? Il joue volontairement les mauvais contre les bons, les jeunes contre les vieux ? C’est sa façon à lui de se socialiser ?
Si on veut. En tout cas, c’est la thèse favorite de la modernité : la tribalisation de la nullité, la fuite de tous les mauvais élèves dans le vaste marigot où grouille la racaille. Elle a ceci de commode, cette explication, qu’elle repose sur une certaine vérité sociologique, le phénomène existe, aucun doute. Mais elle évacue la personne, toujours unique, du gamin qui, phénomène de bandes ou pas, se retrouve seul à un moment ou à un autre, seul face à ses échecs, seul face à son avenir, seul, le soir, face à lui-même avant de se coucher. Envisageons-le alors. Regardez-le bien. Qui pourrait parier un centime sur son sentiment de bien-être ? Qui pourrait le soupçonner de le faire exprès ? Tu le fais exprès…
À vrai dire, aucune de ces explications n’est absolument satisfaisante. Toutes tiennent plus ou moins, mais…
Ici, une hypothèse :
Se pourrait-il qu’au mépris de toute règle grammaticale le pronom le désigne aussi un objet extérieur à la phrase ? Nous-mêmes par exemple… La dégradation de notre image à nos propres yeux. Notre image, qui a tant besoin, elle aussi, de son bon miroir.
Un le qui accuserait l’autre — ici le mauvais sujet — de me renvoyer l’image d’un adulte impuissant et inquiet, victime d’une incompréhensible fin de non-recevoir. Dieu sait pourtant qu’ils sont sains, les principes que je veux inculquer à cet enfant ! Et légitime le savoir que je dispense à cet élève !
À la solitude de l’enfant répond ma propre solitude d’adulte.
Tu le fais exprès.
Et quand il s’agit d’une classe entière, quand une trentaine d’élèves se mettent à le faire exprès, le professeur que je suis éprouve le net sentiment de devenir un objet de lynchage culturel. Et si ce le affecte toute une génération — « c’était inimaginable de mon temps ! » —, si des générations successives le font exprès, alors nous nous vivons comme les derniers représentants d’une espèce en voie de disparition, les survivants de la dernière époque où la jeunesse (nous-mêmes en ce temps-là) nous était compréhensible… Et nous nous sentons bien seuls en notre vieille vie, toujours lucides certes, vigilants et comment ! compétents ô combien ! entre nous en somme, comme lorsque nous étions jeunes, nous autres les quelques témoins des âges civilisés qui continuons de penser juste, exclus de ce qu’est devenu, malgré nous, le réel.
Exclus…
Car le sentiment d’exclusion n’affecte pas seulement les populations rejetées au-delà du énième cercle périphérique, il nous menace nous aussi, majorités de pouvoir, dès que nous cessons de comprendre une parcelle de ce qui nous entoure, dès que le parfum de l’insolite infecte l’air du temps. Quel désarroi nous éprouvons alors ! Et comme il nous pousse à désigner les coupables.
— Tu le fais exprès !
Un si petit pronom pour tant de solitude !
3
Une parenthèse à propos de ce sentiment d’exclusion des majorités inquiètes. Quand j’étais adolescent, nous étions au moins deux à le faire exprès : Pablo Picasso et moi. Le génie et le cancre. Le cancre ne faisait rien et le génie faisait n’importe quoi, mais exprès, tous les deux. C’était notre seul point commun.
Souvent, autour des tables dominicales, les adultes cassaient du sucre sur le dos de Picasso : Affreux ! Peinture pour snobs ! Le n’importe quoi érigé en art majeur…
Malgré cette levée de boucliers Picasso se répandait comme une algue : dessin, peinture, gravure, céramique, sculpture, décors de théâtre, littérature même, tout y passait.
— Il paraît qu’il travaille à toute allure !
Une de ces algues prolifiques venue d’un océan monstrueux pour polluer les golfes de l’art paisible.
— C’est une insulte à mon intelligence ! Je n’accepterai jamais qu’on se moque de moi.
Au point qu’un dimanche je pris la défense de Picasso en demandant à la dame qui venait de répéter cette accusation pour la énième fois si elle pensait raisonnablement que, ce matin-là, l’artiste s’était réveillé avec l’idée de torcher vite fait une petite toile dans le seul but de se moquer de madame Geneviève Pellegrue.
La vérité est que ces braves gens commençaient à souffrir d’un sentiment d’exclusion ; ils entraient en solitude. Ils prêtaient au peintre une effrayante capacité d’engloutissement. Le charlatan incarnait à lui seul un univers nouveau, un lendemain menaçant où une horde de Picasso transformeraient toutes les Pellegrue du monde en un seul et même gogo.
— Eh bien, pas moi ! Moi, il ne m’aura pas !
Geneviève Pellegrue ignorait que l’estomac, c’était elle, qu’elle allait digérer Pablo Picasso comme le reste, lentement certes mais inexorablement, au point que quarante ans plus tard ses petits-enfants rouleraient dans une des voitures familiales les plus hideuses jamais conçues, un suppositoire géant auquel les nouveaux Pellegrue donneraient le nom de l’artiste, et qui les déposerait, par un beau dimanche de prurit culturel, aux portes du musée Picasso.
4
Féroce candeur des majorités de pouvoir… Ah ! les tenants d’une norme, et quelle qu’elle soit : norme culturelle, norme familiale, norme d’entreprise, norme politique, norme religieuse, norme de clan, de club, de bande, de quartier, norme de la santé, norme du muscle ou norme de la cervelle… Comme ils se rétractent dès qu’ils flairent l’incompréhensible, les gardiens de la norme, comme ils se vivent en résistants alors, on les jurerait seuls face à un complot universel ! Cette peur d’être menacé par ce qui sort du moule… Ah, la férocité du puissant quand il joue les victimes ! Du nanti quand la pauvreté campe à sa porte ! Du couple estampillé devant la divorcée briseuse de ménage ! De l’enraciné flairant le diasporique ! Du croyant pointant le mécréant ! Du diplômé considérant l’insondable crétin ! De l’imbécile fier d’être né quelque part ! Et ça vaut pour le petit caïd de banlieue suspectant l’ennemi sur le trottoir d’en face… Comme ils deviennent dangereux, ceux qui ont compris les codes, face à ceux qui ne les possèdent pas ! Même les enfants doivent s’en méfier.
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