Daniel Pennac - Journal d'un corps

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Journal d'un corps: краткое содержание, описание и аннотация

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13 ans, 1 mois, 8 jours
Mercredi 18 novembre 1936
Je veux écrire le journal de mon corps parce que tout le monde parle d'autre chose.
50 ans et 3 mois
Jeudi 10 janvier 1974
Si je devais rendre ce journal public, je le destinerais d'abord aux femmes. En retour, j'aimerais lire le journal qu'une femme aurait tenu de son corps. Histoire de lever un coin du mystère. En quoi consiste le mystère ? En ceci par exemple qu'un homme ignore tout de ce que ressent une femme quant au volume et au poids de ses seins, et que les femmes ne savent rien de ce que ressentent les hommes quant à l'encombrement de leur sexe.
86 ans, 9 mois, 16 jours
Lundi 26 juillet 2010
Nous sommes jusqu'au bout l'enfant de notre corps. Un enfant déconcerté.

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53 ans, 5 mois, 2 jours

Samedi 12 mars 1977

Sous la douche, ce matin, me vient la chronologie suivante. Jusqu’à huit ou neuf ans Violette me « débarbouillait, » de dix à treize je faisais semblant de me laver, de quinze à dix-huit j’y passais des heures. Aujourd’hui je me douche avant de courir au travail. Retraité, me dissoudrai-je dans mon bain ? Non, nous devenons nos habitudes, c’est la douche qui me réveillera tant que je tiendrai debout. L’échéance venue je serai étrillé par un infirmier, à ces heures où l’hôpital n’autorise pas les visites. Enfin, on fera ma toilette.

53 ans, 7 mois

Mardi 10 mai 1977

Naissance de Grégoire. Naissance de mon petit-fils, nom d’un chien ! Sylvie très fatiguée, Bruno très père, Mona ravie, et moi… Peut-on parler de coup de foudre à la naissance d’un enfant ? Rien, je crois, dans ma vie, ne m’aura autant ému que ma rencontre avec ce petit inconnu si instantanément familier. J’ai quitté l’hôpital, j’ai marché seul trois heures sans savoir où j’allais. Cette impression persistante que Grégoire et moi avons échangé un regard décisif, signé un pacte d’affection éternelle. Deviendrais-je gâteux ? Ce soir, champagne. Tijo, égal à lui-même : Ça ne te dégoûte pas de coucher avec une grand-mère ?

53 ans, 9 mois, 24 jours

Mercredi 3 août 1977

Bruno et Sylvie depuis la naissance de Grégoire. Leur épuisement de jeunes parents : nuits hachées, sommeil aux aguets, rythmes perturbés, attention de chaque instant, inquiétude polymorphe, accès de précipitation (biberons égarés, lait trop chaud, lait trop froid, zut plus de lait ! zut la couche n’est pas encore sèche !), tout cela, ils s’y attendaient. Leur culture les y ayant préparés ils s’imaginaient le savoir d’instinct. Surtout Bruno. Mais la véritable cause de leur épuisement est ailleurs. Ce que le prétendu instinct parental leur a caché c’est la formidable disproportion des forces en présence. Les bébés développent une énergie sans commune mesure avec la nôtre. Face à ces vies en expansion nous faisons figure de vieux vivants. Même dans leurs pires débordements les jeunes adultes veillent à l’économie de leurs forces. Les bébés, non. Énergie prédatrice à l’état pur, ils se nourrissent sans vergogne sur la bête. Hors du sommeil, point de repos. Et justement, fort peu de sommeil chez les parents. Sylvie est vidée, Bruno, arc-bouté sur son rôle de père modèle, a les nerfs à fleur de peau ; ils se sentent dévorés vifs par l’objet unique de leur attention. Sans se l’avouer — grands dieux, jamais ils n’oseraient s’avouer une horreur pareille ! — , ils regrettent ces temps pas si anciens où, « dans nos milieux », comme disait maman qui pourtant n’en était pas, la marmaille était confiée à la valetaille. Siècles heureux où les enfants de la haute tarissaient les mamelles du peuple. N’ai-je pas moi-même été élevé par Violette ? Et en même temps, bien sûr, Grégoire leur fait fondre le cœur. Après tout — mais cela non plus, en parents modernes, ils ne se le disent pas —, monsieur est l’incarnation de leur amour : ils étaient deux pour l’accueillir dans la salle de travail, les voilà trois pour toujours. Ces petits doigts translucides, ces joues épanouies, ces bras et ces mollets potelés, cette paisible bedaine, ces replis, ces fossettes, ces solides fesses d’angelot, toute cette pneumatique si compacte est le fruit de leur amour ! Mais ce regard ! À quelle divinité muette appartient-il le regard que les nouveau-nés posent sur vous sans ciller ? Sur quoi ouvrent-ils, ces yeux à la pupille si noire, à l’iris si fixe ? Sur quoi ouvrent-ils de l’autre côté ? Réponse : sur tous les questionnements à venir. Sur l’insatiable appétit de comprendre. Après la dévoration de leur corps, les jeunes parents redoutent celle de leur esprit. Leur fatigue prend sa source dans la certitude que ça n’en finira pas. Mais chut… Les paupières de Grégoire se ferment… Grégoire s’endort… Sylvie le dépose dans son berceau avec des précautions bibliques. Car la ruse suprême de cette toute-puissance consiste à se faire passer pour le comble de la fragilité.

53 ans, 10 mois, 16 jours

Vendredi 26 août 1977

En rentrant de notre promenade avec Lison et les petits de Robert et d’Étienne, je n’ai pas sauté par-dessus la barrière. C’est la première fois que je ne saute pas cette barrière. Qu’est-ce qui m’a retenu ? La peur de « faire le jeune » devant les jeunes ? La peur de me prendre les pieds dans la barrière ? Une soudaine défiance en tout cas. De quoi ? De mon corps ? Douté de l’influx ? Le corps parle. Que dit-il ? Que s’amenuise la force de l’âge.

54 ans, 5 mois, 1 jour

Samedi 11 mars 1978

Depuis deux jours, Grégoire tripote ses oreilles avec un air fort concentré. Malgré mes efforts pour la rassurer (tous les bébés de ma connaissance jouent avec ce qui dépasse : orteils, nez, bourrelets, prépuce, langue, premières dents, oreilles…), Sylvie diagnostique un début d’otite. Il faut emmener Grégoire de toute urgence chez le pédiatre. Une otite mal soignée cela peut être très sérieux, père, votre ami H. en est devenu sourd ! Ascenseur, voiture, ascenseur, pédiatre. Lequel déclare que non, pas d’otite, ne vous alarmez pas chère madame, les bébés font toujours ce geste à cet âge-là, c’est tout à fait normal. Mais il omet d’expliquer « pourquoi ». Pourquoi les bébés de dix mois se tripotent-ils les oreilles avec une ardeur monomaniaque si lesdites oreilles ne les démangent pas ? Et nous voilà, ma belle-fille et moi, occupés à nous poser très sérieusement la question pendant la sieste de Grégoire. Comme nous ne trouvons aucune réponse convaincante, nous décidons d’étudier nos propres oreilles avec un esprit de découverte délibérément régressif, la question étant de savoir ce que ressent Grégoire depuis trois jours. Pour ce faire il nous incombe de rejoindre Grégoire en sa petite enfance, d’interroger nos oreilles avec l’innocence de nos dix mois. Nous tirons donc sur nos lobes comme s’ils étaient des chewing-gums (leur élasticité est d’ailleurs très relative), nous parcourons l’ourlet — que Sylvie a moins large mais beaucoup plus finement dessiné que moi —, nous triturons le tragus — que j’ai plus épais que Sylvie, et poilu surtout, tiens depuis quand ? Depuis quand ces poils rêches font-ils une crête d’Iroquois à ce triangle de chair dont j’ignorais jusqu’à notre recherche qu’il s’appelait le tragus ? — , nous explorons les profondeurs de la conque — si Bruno nous voyait, murmure Sylvie, les yeux fermés, en passant de la conque au dos bombé du pavillon — et tout à coup, Eurêka, elle trouve ! Je sais ! J’ai trouvé ! Fermez les yeux, père ! (Ce que je fais). Repliez les oreilles, comme un cocker. (Ce que je fais.) Qu’entendez-vous ? demande Sylvie en tapotant du bout de ses doigts le dos de mon pavillon. Du tam-tam, dis-je, j’entends ma belle-fille faire du tam-tam sur le pavillon de mes oreilles et ça résonne furieusement à l’intérieur de mon crâne ! Eh bien c’est ce que Grégoire vient de découvrir ! La musique, père ! La percussion ! Hypothèse que nous vérifions sitôt Grégoire sorti de sa sieste. Pas de doute, c’est bel et bien le dos de ses pavillons que le cobaye mélomane gifle des deux mains d’abord, puis qu’il tapote de ses doigts déliés, comme on pianote sur une table. Sur quoi, avec la déplorable inconstance des apprentis, il entreprend de porter un tracteur en plastique à sa bouche et je propose à Sylvie de descendre au garage goûter un peu la voiture, pour voir.

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