Daniel Pennac - Journal d'un corps

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Journal d'un corps: краткое содержание, описание и аннотация

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13 ans, 1 mois, 8 jours
Mercredi 18 novembre 1936
Je veux écrire le journal de mon corps parce que tout le monde parle d'autre chose.
50 ans et 3 mois
Jeudi 10 janvier 1974
Si je devais rendre ce journal public, je le destinerais d'abord aux femmes. En retour, j'aimerais lire le journal qu'une femme aurait tenu de son corps. Histoire de lever un coin du mystère. En quoi consiste le mystère ? En ceci par exemple qu'un homme ignore tout de ce que ressent une femme quant au volume et au poids de ses seins, et que les femmes ne savent rien de ce que ressentent les hommes quant à l'encombrement de leur sexe.
86 ans, 9 mois, 16 jours
Lundi 26 juillet 2010
Nous sommes jusqu'au bout l'enfant de notre corps. Un enfant déconcerté.

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53 ans, 2 jours

Mardi 12 octobre 1976

Ce que j’ai noté hier n’a pas sa place dans ce journal. Ça fait du bien !

53 ans, 1 mois, 5 jours

Lundi 15 novembre 1976

Tijo, que l’anecdote amuse, me dit avoir vu son camarade R.D. pisser en douce contre la voiture du policier qui lui mettait une contravention. Il pleuvait et, pendant que le flic verbalisait, concentré sur la protection du carnet à souche qu’il ne voulait pas mouiller, R.D. pissait tout son saoul contre la portière ouverte de la voiture de patrouille, sa queue dissimulée par le pan de son imperméable. Évidemment, une telle liberté des sphincters face à l’autorité en action force l’admiration. J’en serais incapable. Pas seulement par peur, mais parce que ce genre d’histoires ne m’a jamais fait rire. Les péteurs, les pisseurs, les roteurs ostensibles m’horripilent plus que les sournois. C’est probablement ce qui m’a tenu à l’écart des sports collectifs. La chambrée, le vestiaire, la cantine, l’autobus d’équipe où fleurit ce perpétuel étalage de virilité, très peu pour moi. Sans doute mon côté fils unique. Ou trop longtemps pensionnaire. Ou tranquillement sournois…

53 ans, 1 mois, 10 jours

Samedi 20 novembre 1976

Bruno me demande tout à trac si j’ai assisté à sa naissance. Au ton de sa voix je sens que ce n’est pas sa curiosité qui m’interroge mais l’air du temps. (Fort suspicieux, l’air du temps sur ce genre de sujets.) De fait, non, je n’ai assisté ni à la naissance de Bruno ni à celle de Lison. Pourquoi ? Par peur ? Par manque de curiosité ? Parce que Mona ne me l’a pas demandé ? Par inappétence pour l’écartèlement des corps ? Par adoration pour le sexe de Mona ? Je l’ignore complètement. À vrai dire, la question ne s’est pas posée, cela ne se faisait tout simplement pas à l’époque d’assister à l’accouchement de sa femme. Mais l’air du temps réclame des réponses, particulièrement aux questions qui ne se posent pas. Suis-je de ces maris qui laissent leur femme gésir seule sur leur lit de douleur ? Suis-je de ces pères qui commencent par le déni de paternité ? Voilà ce que me demande mon fils, derrière ses yeux fixes. Certes pas, mon garçon, j’ai le vertige à la place de ta mère, je m’associe affreusement à ses migraines, à ses maux de ventre, son corps m’a toujours intéressé au plus haut point, et pendant que toi et ta sœur veniez au monde je me suis classiquement tordu les mains dans la salle d’attente de la maternité. Avec ta mère, je suis empathique au possible. Et j’étais fort curieux de ton arrivée. Et de l’arrivée de Lison. Alors ? La naissance de Tijo, les hurlements de Marta sur son lit poisseux, l’ouverture caverneuse et gluante de son con, la face blême de Manès parfumé à la gnôle m’auraient-ils vacciné à jamais contre l’obstétrique ? Peut-être bien. Mais de cela, à votre naissance, je n’avais pas le souvenir. Lot d’images profondément refoulées.

Toute chose que je ne dis pas à Bruno mais qui tournent très vite dans ma tête avant que je m’entende répondre : Assisté à ta naissance ? Non. Pourquoi ?

— Parce que Sylvie est enceinte et que je compte aller accueillir mon fils.

À bon entendeur…

*
NOTE À LISON

Ma chère Lison,

La relecture de cette passe d’armes entre ton frère et moi me remplit de honte. Ce « Non. Pourquoi ? », qui se voulait spirituel, creusait un peu plus le fossé qui nous séparait. Non seulement je n’ai pas cherché à combler ce fossé mais il semble que j’aie éprouvé un certain plaisir à l’approfondir. Au point qu’il est devenu le tombeau de nos relations. Bruno m’agaçait. J’en faisais une affaire d’incompatibilité. Différence de tempéraments, me disais-je, voilà tout. Et je m’en suis tenu là. Ce genre d’indignité paternelle constitue le fonds de commerce de la psychanalyse. J’aurais dû prendre le temps (l’énergie) de répondre à Bruno.

D’autant qu’en relisant ce journal je n’y trouve aucune description de Mona enceinte. Il me semble que la chose regarde le corps, pourtant ! Eh bien, non, pas la moindre allusion. Comme si Bruno et toi étiez les fruits d’une parthénogenèse. Un avant, un après, mais pas d’avent. Pire, je constate que même en y réfléchissant je n’ai aucun souvenir des deux grossesses de Mona. Voilà ce que j’aurais dû dire à Bruno. Aucun souvenir de ta mère enceinte, mon garçon, désolé, cela me stupéfie moi-même, mais c’est un fait. Et y réfléchir un peu avec lui. La chose ne doit pas être rare chez les hommes de ma génération. (Encore un domaine où je ne me suis guère singularisé.) La femme, en ces temps-là, travaillait seule à sa gestation, entourée d’autres femmes. Les hommes semblaient coincés au début du néolithique, à peine conscients de leur rôle actif dans la procréation. On disait d’une femme qu’elle attendait un enfant comme si c’était l’œuvre du Saint-Esprit. La femme « n’attendait » pas, d’ailleurs, elle travaillait à cet enfantement, c’est l’homme qui attendait et qui, pour tromper son attente, trompait sa femme avant d’en retrouver l’usage. Et puis depuis cinq cents ans l’ombre du concile de Trente voilait l’image de la grossesse : interdiction faite aux artistes de représenter la Vierge grosse, et même donnant le sein ! On ne peint pas ça, on ne le sculpte pas, on ne le regarde pas, on n’en tient pas compte, on ne s’en souvient pas, on l’efface de sa mémoire et on le sacralise ! Honte à l’animalité ! Cachez ce ventre que je ne saurais voir ! La Vierge n’est pas un mammifère ! C’était assez profondément ancré dans l’inconscient catholique de ma génération pour déborder sur le mien, en dépit de mon athéisme affiché. Ma tête était faite au moule de la tête commune.

D’un autre côté, Mona affirme que nous avons fait l’amour très tard pendant que vous étiez en route Bruno et toi. La chasteté n’était pas notre fort et si je ne me souviens pas de Mona enceinte aujourd’hui c’est, dit-elle, pour expier ces jeux amoureux dont elle garde, elle, un très bon souvenir ! C’est elle qui sonnait la fin de nos ébats, à une date précise de sa grossesse au-delà de laquelle elle « peaufinait le moulage final » ( sic ).

Vois-tu, Lison, à l’époque de votre naissance, nous n’étions pas encore entrés dans l’ère de l’homme enceint inaugurée par votre génération : inversion spectaculaire des rôles opérée par le père matriciel, captation mimétique du personnage de la mère au point, rappelle-toi, que ton ami F.D. se tordait de douleurs abdominales pendant que sa femme accouchait, et que Bruno se déclara beaucoup plus doué que Sylvie pour donner le biberon à Grégoire.

Enfin, ce que surtout j’aurais dit à Bruno si notre conversation avait vraiment eu lieu, c’est qu’à la seconde où je vous ai pris dans mes bras lui et toi, il m’a semblé que vous existiez depuis toujours ! Là est la stupeur : nos enfants datent de toute éternité ! À peine sont-ils nés que nous ne pouvons plus nous concevoir sans eux. Certes nous gardons la mémoire d’un temps où ils n’existaient pas, où nous existions sans eux, mais leur présence physique plonge en nous de si soudaines et si profondes racines qu’ils nous semblent exister depuis toujours. Ce sentiment ne vaut que pour nos enfants. De tous les autres êtres, si proches et tant aimés soient-ils, nous pouvons imaginer l’absence, mais pas l’absence de nos enfants, si nouvellement nés qu’ils soient. Oui, j’aurais aimé pouvoir parler de tout cela avec Bruno.

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