Daniel Pennac - Journal d'un corps

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13 ans, 1 mois, 8 jours
Mercredi 18 novembre 1936
Je veux écrire le journal de mon corps parce que tout le monde parle d'autre chose.
50 ans et 3 mois
Jeudi 10 janvier 1974
Si je devais rendre ce journal public, je le destinerais d'abord aux femmes. En retour, j'aimerais lire le journal qu'une femme aurait tenu de son corps. Histoire de lever un coin du mystère. En quoi consiste le mystère ? En ceci par exemple qu'un homme ignore tout de ce que ressent une femme quant au volume et au poids de ses seins, et que les femmes ne savent rien de ce que ressentent les hommes quant à l'encombrement de leur sexe.
86 ans, 9 mois, 16 jours
Lundi 26 juillet 2010
Nous sommes jusqu'au bout l'enfant de notre corps. Un enfant déconcerté.

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Vendredi 1 erfévrier 1974

Depuis toujours, Mona accumule savons liquides, lotions pour le visage (qu’elle appelle « notions pour le village »), crèmes, masques, laits, onguents, shampoings, poudres, talc, mascaras, ombres à paupières, fond de teint, blush, rouge à lèvres, eye-liner, parfums, bref, à peu près tout ce que la cosmétique propose à la femme pour approcher ce qu’elle désire paraître, quand mon seul outil de toilette est un savon de Marseille cubique avec lequel je me fais la barbe et me lave entièrement, des cheveux jusqu’aux orteils en passant par le nombril, le gland, le trou du cul et même mon slip, que je mets aussitôt à sécher. Le territoire de notre lavabo est entièrement occupé par les troupes de Mona : brosses, peignes, limes à ongles, pinces à épiler, pinceaux, crayons, éponges, cotons, houppettes, palettes de couleurs, tubes, petits pots et brumisateurs, qui mènent une bataille sans fin que j’ai toujours interprétée comme une quête quotidienne de l’exactitude. Mona au maquillage, c’est Rembrandt retouchant indéfiniment les autoportraits de sa vie. Moins une lutte contre le temps que le parachèvement du chef-d’œuvre. Tu parles, objecte Mona, Le Chef-d’œuvre inconnu , oui !

50 ans, 3 mois, 26 jours

Mardi 5 février 1974

Quant à moi, après la douche sans laquelle je ne me réveillerais pas, mon premier rendez-vous lucide est pour mon blaireau, un plaisir quotidien qui remonte à ma quinzième année : celui de me raser. Dans la main gauche le savon de Marseille, dans la droite le blaireau, trempé dans une eau tiède où j’ai préalablement plongé mon visage. Lente confection de la mousse, qui ne doit être ni trop liquide ni trop pâteuse. Barbouillage exhaustif jusqu’à obtenir un demi-visage parfaitement chantilly. Puis, le rasage proprement dit, qui consiste à rendre ce visage à lui-même, à retrouver une figure d’avant la barbe, d’avant la mousse, en ratissant large, de la peau du cou soigneusement étirée jusqu’aux bords des lèvres, en passant par les pommettes, les joues et les mâchoires, dont il ne faut pas négliger l’arête maxillaire où le poil ruse, avec la complicité de la peau qui se dérobe en roulant sur l’os. L’essentiel du plaisir tient au crissement du poil sous la lame, aux larges allées de peau dessinées par le rasoir, mais aussi à ce pari de chaque matin : avoir raison de toute la mousse par le seul usage du rasoir, ne pas en laisser le plus petit flocon à la serviette qui me séchera.

51 ans, 1 mois, 12 jours

Vendredi 22 novembre 1974

Je traverserais trois fois Paris à pied après certaines journées de travail ! Ravi par ma démarche si bien graissée, chevilles souples, genoux stables, mollets fermes, hanches solides, pourquoi rentrer ? Marchons encore, jouissons de ce corps en marche. C’est le bonheur du corps qui fait la beauté du paysage. Les poumons ventilés, le cerveau accueillant, le rythme de la marche entraînant celui des mots, qui se rassemblent en petites phrases contentes.

51 ans, 9 mois, 22 jours

Vendredi 1 eraoût 1975

Ce léger sursaut parfois quand, me mouchant, la pulpe de mon doigt fait à travers le kleenex humide une tache rosée que je prends pour du sang dilué. La surprise n’a pas le temps de m’apeurer, le soulagement vient presque aussitôt : ce n’est que le bout de mon doigt ! Cela ne m’arrivait jamais avant mon épistaxis.

52 ans, 2 mois, 4 jours

Dimanche 14 décembre 1975

J’étais, hier soir, en pleine argumentation à la table des R. — peu importe le sujet —, je marquais des points indiscutables (surtout contre l’ennui d’être là), j’étais à deux doigts d’emporter l’assentiment général quand tout à coup… le mot manquant ! Mémoire bloquée. La trappe qui s’ouvre sous mes pieds. Et moi, au lieu de recourir à la périphrase — à la création —, voilà que je cherche bêtement le mot en question, que j’interroge ma mémoire avec une fureur de propriétaire spolié ; j’exige d’elle qu’elle me rende le mot juste ! Et je cherche ce fichu mot avec une telle obstination qu’au moment où, vaincu, j’opte enfin pour la périphrase, c’est le sujet tout entier de la conversation que j’ai oublié ! Par bonheur on parlait déjà d’autre chose.

52 ans, 9 mois, 25 jours

Mercredi 4 août 1976

Avant de sombrer dans le sommeil, j’ai vu très distinctement, posée sur un billot de boucher, une cervelle teintée de sang. Quelque chose m’a fait penser que c’était la mienne et cette pensée m’a procuré un contentement ineffable, qui dure encore. C’était la première fois, je crois bien, que je voyais ainsi ma cervelle. Je me suis même demandé si, un boulet de canon m’ayant arraché un pied, une main ou tout autre organe projeté au loin sur le champ de bataille parmi d’autres débris humains, je l’aurais reconnu avec la même facilité que ma cervelle à l’étal de cette boucherie.

53 ans

Dimanche 10 octobre 1976

Encore pris une année. À qui ? Où sont passées les précédentes ? Les dix dernières, par exemple, pendant lesquelles, paraît-il, la totalité de mes cellules, sauf celles du cœur et du cerveau, se sont renouvelées ? À part les cadeaux des enfants j’ai décliné toute célébration officielle. Pas de dîner, pas d’amis, rien que Mona, une soirée sur notre radeau — qui a pris du poids mais flotte encore. Prévoyant cet accès de mélancolie, Mona a organisé la soirée de longue date ; deux places réservées salle Favart pour voir Bob Wilson : Einstein on the Beach . Cinq heures de spectacle ! Une symphonie de lenteur. Exactement ce dont j’avais besoin : qu’on me rende ma durée, que mes cellules ralentissent. J’ai immédiatement été fasciné par l’entrée millimétrique de la locomotive géante sur la scène, par l’interminable brossage de dents de tous les comédiens et par cette estrade phosphorescente, surtout, qui met une bonne demi-heure à passer de l’horizontale à la verticale dans une pénombre où l’on ne voit qu’elle. Et je l’ai reconnue, cette estrade : c’est l’obélisque qui, la nuit de mes quarante-trois ans, se dressait dans mon rêve avec une lenteur historique !

53 ans, 1 jour

Lundi 11 octobre 1976

En contrepoint d’ Einstein on the Beach , un couple assis devant Mona et moi a manifesté une autre conception de la durée. Pas un jeune couple pourtant, pas des amoureux de rencontre, pas un séducteur qui faisait à une conquête récente le coup du tu vas voir ce que tu vas voir, non, deux routards de l’amour unique qui, comme Mona et moi, avaient dépassé le stade de l’épate culturelle et dont une baby-sitter devait garder la progéniture. Ils étaient venus avec une thermos de café et un petit panier d’en-cas qui disaient nettement qu’on savait à quel genre de spectacle on aurait à faire, qu’on était solidement installé dans l’amour, dans le temps, dans le social, dans le goût en général et celui du jour en particulier. Le panier était en osier charmant. Ce n’était pas non plus un couple en fin de parcours venu combler au théâtre une solitude commune : nul doute que dans la grande cour du palais des Papes, en Avignon, ils se fussent pelotonnés sous un même plaid. D’ailleurs, la femme a posé la tête sur l’épaule de son compagnon dès que la vive lumière de la salle a fait place à l’inquiétante lueur boréale de la scène. Tout le monde fut englouti par la durée de Bob Wilson et le couple s’évanouit dans le halo de ma propre fascination. Tout juste vis-je l’homme, d’un très léger haussement de son épaule droite, remettre sa compagne à la verticale. Envoûté par l’entrée de la locomotive, l’interminable brossage de dents, l’estrade phosphorescente et le violon à deux notes de Philip Glass, j’ai perdu la notion du temps, la conscience de mon corps, et celle d’un entourage, quel qu’il fût. J’aurais été incapable de dire si j’étais bien ou mal assis. Mes cellules avaient dû cesser de se renouveler. À quel moment de cette éternité la jeune femme proposa-t-elle à son voisin une tasse de café qui fut refusée par un non sec de la tête ? À quel moment tenta-t-elle une réflexion qui fut tranchée net par un « ts ! » sans appel ? À quel moment gigota-t-elle sur ses fesses jusqu’à s’attirer ce « mais arrrrrête ! » exaspéré qui fit se tourner une ou deux têtes ? Je n’avais de ces brefs épisodes, disséminés sur plusieurs heures, qu’une conscience périphérique. Jusqu’au moment où l’homme hurla une phrase qui, pour quelques secondes, mit le spectacle dans la salle en précipitant le panier d’osier dans l’espace et la jeune femme dans une fuite où rien ne lui résista : Mais fous le camp, bougre de conne ! Voilà ce que venait de crier le compagnon d’harmonie. Et la femme s’enfuit, renversant tout sur son passage, tombant elle-même dans la travée, se relevant, forçant le passage comme on avance dans un courant contraire, une de ces déroutes qui vous font tout piétiner, spectateurs, sacs à main, lunettes (quelqu’un cria « mes lunettes ! ») et même les enfants en bas âge s’il s’en était trouvé.

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