Daniel Pennac - Journal d'un corps

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Journal d'un corps: краткое содержание, описание и аннотация

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13 ans, 1 mois, 8 jours
Mercredi 18 novembre 1936
Je veux écrire le journal de mon corps parce que tout le monde parle d'autre chose.
50 ans et 3 mois
Jeudi 10 janvier 1974
Si je devais rendre ce journal public, je le destinerais d'abord aux femmes. En retour, j'aimerais lire le journal qu'une femme aurait tenu de son corps. Histoire de lever un coin du mystère. En quoi consiste le mystère ? En ceci par exemple qu'un homme ignore tout de ce que ressent une femme quant au volume et au poids de ses seins, et que les femmes ne savent rien de ce que ressentent les hommes quant à l'encombrement de leur sexe.
86 ans, 9 mois, 16 jours
Lundi 26 juillet 2010
Nous sommes jusqu'au bout l'enfant de notre corps. Un enfant déconcerté.

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Le fin mot de l’affaire — je l’ai su aujourd’hui par Sylviane — c’est que Decornet a horreur de serrer des mains. Horreur, en vérité, de tout contact physique. Ce bon géant, sosie de Jacques Tati, vit dans la terreur constante d’ attraper quelque chose — un microbe, un virus, une maladie infectieuse. Il se lave les mains vingt à trente fois par jour et ne se sépare jamais d’un petit flacon de désinfectant au cas où, par malheur, de la chair viendrait à toucher sa chair. Il est alors contraint de déployer des ruses de Sioux pour nettoyer la souillure sans être vu. Combien de temps tiendra-t-il dans cette boîte sans sacrifier au rituel shake hand s ? Pour ma part, je n’ai jamais connu ce genre de phobie, persuadé depuis toujours que l’ennemi qui me tuera est déjà dans la place. Et c’est avec une certaine curiosité que je me demande par où mon corps va commencer à se déglinguer.

44 ans, 5 mois, 12 jours

Vendredi 22 mars 1968

Sylviane, toujours elle, m’apprend qu’une des sténos de la comptabilité vient de quitter son mari parce que en toutes circonstances il mangeait ses crottes de nez. Même à table. Un psychiatre ferait ses choux gras de cette persistance d’enfance. Et de cette épouse qui demande le divorce pour une raison aussi manifestement détournée.

44 ans, 6 mois

Mercredi 10 avril 1968

Découvert sur l’intérieur de mon avant-bras droit, là où la peau est la plus tendre, trois taches millimétriques d’un rouge très vif, qui dessinent très exactement la constellation du Triangle d’Été. Et qui m’ont rappelé mes jeux amoureux avec cette jolie fille, cadeau d’anniversaire de mes vingt-trois ans, Suzanne, ma Québécoise. Qu’est-elle devenue, Suzanne ? Je n’ai pu m’empêcher de réunir, au stylo bille, ces trois points rouges.

44 ans, 6 mois, 17 jours

Samedi 27 avril 1968

Ce sont, me dit le dermatologue, de minuscules angiomes dénommés taches rubis , qui vont se multiplier dans les années à venir. Un effet de l’âge, dit-il, en guise d’explication : la peau vieillit en s’allumant. Et d’ajouter mélancoliquement que, depuis des temps immémoriaux, les Chinois lisaient l’avenir dans la répartition de ces taches rubis sur le corps, mais que cette pratique a sans doute été bannie par la Révolution culturelle.

44 ans, 6 mois, 23 jours

Vendredi 3 mai 1968

« La peau vieillit. » Cette phrase anodine a fait mouche. C’est une vieille peau , disait maman en parlant des gens qu’elle n’aimait pas (qui aimait-elle ?). Vieille peau, vieille baderne, vieux con, vieille carne, vieux schnoque, vieux débris, vieux machin, vieux croûton, vieux cochon, vieille ganache, vieux dégoûtant : les mots, la langue, les expressions toutes faites laissent entrevoir quelque difficulté à entrer dans la vieillesse d’un cœur léger. Quand y entrons-nous, d’ailleurs ? À quel moment devenons-nous vieux ?

Mai 1968

La rue serait-elle en train d’écrire le journal du corps ?

44 ans, 9 mois, 24 jours

Samedi 3 août 1968

Ce matin, à Marseille, ma première impression d’été : la rapidité avec laquelle je me suis habillé. Deux temps, trois mouvements, slip, pantalon, chemise, sandales : c’est l’été. Ce ne sont pas mes vêtements en eux-mêmes, si légers soient-ils, qui m’ont procuré cette sensation de joie estivale, c’est la rapidité avec laquelle j’ai sauté dedans.

En hiver, m’habiller me prend un temps de chevalier à l’armure. Chaque partie de mon corps exige la congruence du tissu protecteur : mes pieds sont tatillons quant à la laine des chaussettes ; mon torse, lui, veut la triple protection du tricot de peau, de la chemise et du pull-over. M’habiller en hiver consiste à trouver l’équilibre entre ma température intérieure et celle des différents dehors — hors du lit, hors de la chambre, hors de la maison… Il s’agit de baigner dans son juste jus de chaleur ; rien de plus désagréable ni de plus répréhensible que d’avoir trop chaud en hiver. Ce harnachement hivernal demande une attention et un temps considérables. « Sauter dans ses vêtements » est une expression estivale. En hiver on les met, verbe rudimentaire ; on les met et on les porte. Car il y a le poids, aussi. Bien avant ses vertus calorifuges, c’est le poids de mon manteau qui me protège contre le froid.

(Du point de vue du temps qu’ils y passent, les toréadors sont les seuls à s’habiller en été comme si c’était l’hiver. Un toréador ne saute jamais dans ses vêtements. Fichu métier.)

44 ans, 9 mois, 26 jours

Lundi 5 août 1968

« À trente-cinq ans j’aimais toujours », écrit Montesquieu dans ses Pensées . Je songeais à cela pendant que nous faisions l’amour, Mona et moi. Qu’entendait-il par là ? Aptitude à tomber amoureux comme en sa prime jeunesse ? Constat d’une virilité inentamée ? Dans ce cas, que faut-il penser de ce « toujours » ? Était-il fréquent, au XVIII e, de ne plus bander au-delà de trente ans ? C’est à cela que je songeais dans les bras de Mona, le désir en pleine ascension, quand tout à coup dévissage, l’alpiniste dégringole… Comme au temps de mes coups d’essai. Monsieur a le sexe ailleurs, conclut Mona qui s’est toujours intéressée à cette énigme masculine. Quant à moi j’atteins une fois encore aux limites de ce journal : la frontière entre le corps et la psyché. De la panique d’être trop jeune à la terreur d’être trop vieux, en passant par la maladie d’impuissance qui tua Pavese et envoya l’Octave de Stendhal mourir pour l’indépendance de la Grèce, l’esprit et le corps s’accusent mutuellement d’impuissance, en un procès effrayant de silence.

44 ans, 9 mois, 29 jours

Jeudi 8 août 1968

Emmené les enfants à la mer, sur la petite plage de Cagnes. Bien longtemps que je ne m’étais baigné ! Nagé sous l’eau, aussi longtemps que je le faisais à vingt ans. Sous l’eau je renoncerais volontiers à la respiration et à toutes les obligations de surface. Cette caresse totale de ma peau par la peau de la mer j’aurais pu en faire une passion exclusive, apprendre à ne pas respirer, mener une vie de marsouin, filer dans cette soie une existence sans pesanteur, ouvrir le bec parfois et me laisser aller à me nourrir. Mais nous faisons des choix qui réduisent nos passions les plus prégnantes à des idées de bonheur. Il suffit que je me sache bien sous l’eau pour me dispenser de baignade. C’est à quoi je pensais, ce matin, sous la Méditerranée, avant de reprendre pied sur la plage. Reprendre pied… Tu parles ! Dès que je sors de l’eau, les galets me disloquent comme un de ces petits jouets de bois — girafes le plus souvent — que les enfants font dégringoler sur eux-mêmes en appuyant sur leur socle. Pendant que je me retrouve à quatre pattes, Bruno et Lison, pieds nus comme moi, jouent au volley avec d’autres adolescents en galopant comme s’ils couraient sur du sable.

44 ans, 10 mois, 2 jours

Lundi 12 août 1968

Ce matin, je m’avance vers la mer après avoir refusé les affreuses sandales de plastique translucide que Mona me propose. Je me tiens (me maintiens) le plus droit possible sur les galets, un peu raide peut-être, un rien cambré, feignant la démarche rêveuse du type qui jouit de l’horizon avant de se décider à plonger. La plante de mes pieds, en accord avec mes chevilles, teste chaque dos de galet — consistance, température, surface, rotondité —, transmet ces renseignements aux genoux qui informent aussitôt les hanches, et ça marche, je marche, jusqu’à ce que la somme des informations à transmettre devienne telle que mon cerveau s’y perd et que le caillou inattendu, plus pointu que les autres, lui commande d’envoyer mes bras à la recherche de l’équilibre. Et c’est ainsi, mes bras moulinant l’air, que je me trouve réincarné en Violette ! Je ne pense pas à Violette, je n’évoque pas Violette, je ne me souviens pas de Violette, je suis Violette, oscillant sur les galets lorsque nous allions pêcher. Je suis le vieux corps flageolant de Violette, Violette marche en moi — pas avec moi, en moi ! Une absolue possession, délicieusement consentie. Je suis Violette en sa démarche branlante vers le pliant que je reculais toujours de deux ou trois mètres pour la taquiner. À mon âge toi non plus tu ne tiendras plus debout sur les galets, disait-elle, mais moi je pourrais toujours tenir un poisson vivant dans la main ! Sauf que quand tu auras mon âge, je serai morte. Oh, Violette ! Tu es là ! Tu es là !

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