Daniel Pennac - Journal d'un corps

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Journal d'un corps: краткое содержание, описание и аннотация

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13 ans, 1 mois, 8 jours
Mercredi 18 novembre 1936
Je veux écrire le journal de mon corps parce que tout le monde parle d'autre chose.
50 ans et 3 mois
Jeudi 10 janvier 1974
Si je devais rendre ce journal public, je le destinerais d'abord aux femmes. En retour, j'aimerais lire le journal qu'une femme aurait tenu de son corps. Histoire de lever un coin du mystère. En quoi consiste le mystère ? En ceci par exemple qu'un homme ignore tout de ce que ressent une femme quant au volume et au poids de ses seins, et que les femmes ne savent rien de ce que ressentent les hommes quant à l'encombrement de leur sexe.
86 ans, 9 mois, 16 jours
Lundi 26 juillet 2010
Nous sommes jusqu'au bout l'enfant de notre corps. Un enfant déconcerté.

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43 ans, 2 mois, 25 jours

Mercredi 4 janvier 1967

Renseignement pris, c’est bien un cor. Voilà donc ce qu’on appelle un cor. Il me semble d’ailleurs avoir subi ça dans le maquis : grolles trop étroites.

43 ans, 3 mois, 5 jours

Dimanche 15 janvier 1967

Le corps du père. À un camarade qui passe ici le weekend avec lui, Bruno déclare qu’il ne m’a jamais vu arriver en pyjama à la table du petit déjeuner. Toujours impeccable, papa, rasé peigné cravaté dès l’aube. Cette indiscrétion, un tantinet ironique, m’agace, et j’annonce à mon fils, le plus sérieusement du monde, que Mona et moi avons justement décidé de passer nos prochaines vacances familiales dans un camp de naturistes, je ne te l’avais pas dit ? Effet incalculable de cette plaisanterie idiote. Bruno rougit violemment, pose sa tartine et sort de la cuisine, suivi de son camarade, avec au front une honte biblique : Sem et Japhet marchant à reculons pour recouvrir la nudité du père. Ou trop de corps ou pas assez. Depuis Noé, tout est là.

43 ans, 5 mois, 19 jours

Mercredi 29 mars 1967

Mes chers polypes. J’en ai expulsé un ce matin en éternuant. Il obstruait ma narine gauche depuis mon dernier rhume — trois mois et quelques. Penché sur mon mouchoir, j’éternue donc à pleins tuyaux. Non pas un de ces éternuements bouche ouverte qui vous vident les poumons et remplissent la maison d’une joyeuse explosion, mais un éternuement purement nasal, bouche close, toute la pression de l’air concentrée dans la narine à déboucher. Habituellement, rien ne débouche une narine où prospère un polype adulte et déterminé. L’air bute sur l’obstacle, reflue et vous bouche hermétiquement les oreilles. C’est comme si votre cerveau se dilatait, rebondissait contre la paroi du crâne avant de retrouver son volume initial. Vous voilà complètement sonné. J’ai éternué quand même. (En matière d’éternuement l’expérience n’a jamais raison de l’espoir.) J’ai éternué avec préméditation. J’ai fermé la bouche et les yeux, j’ai obstrué mon autre narine, j’ai laissé l’envie chatouiller la muqueuse, grimper l’arête de mon nez, gonfler mes poumons, j’ai déployé mon mouchoir le plus largement possible pour prévenir l’éparpillement des projections, et j’ai éternué de toutes mes forces par la seule narine gauche (la fameuse énergie du désespoir). Miracle, elle s’est débouchée ! Un choc mou au creux de ma main, une longue colonne d’air vaporeux qui fuse et, merveille, le chemin du retour lui aussi dégagé ! Pour la première fois depuis toutes ces semaines l’air circule librement dans ma narine ! J’ai ouvert les yeux sur un mouchoir piqueté de rouge au centre duquel nichait ce que j’ai d’abord pris pour un gros caillot de sang mais qui, au contact, s’est révélé charnu. Je ne me suis pas évanoui. Je ne me suis pas dit que je venais de perdre un morceau de cerveau. J’ai nettoyé la chose à l’eau claire, elle s’est révélée tout à fait comparable à la noix d’une coquille Saint-Jacques : molle et dense, d’un blanc rosé, vaguement translucide et discrètement fibreuse. 21 mm de long sur 17 de large et 9 d’épaisseur. Te voilà donc, vieux polype ! Proprement inouï qu’un monstre pareil ait pu loger dans ma narine ! Le bon docteur Bêk (quel âge peut-il avoir ?) à qui je suis allé le montrer a littéralement sauté de joie. Expulsion spontanée d’un polype ? Mais c’est rarissime, vous savez ! Je n’en avais jamais vu ! Il l’a gardé pour analyse et ne m’a pas fait payer la consultation, aussi joyeux que si je lui avais offert une perle géante.

43 ans, 8 mois, 24 jours

Mardi 4 juillet 1967

Trop tiré sur la corde, ces derniers temps : dîners arrosés, soirées tardives, nuits brèves, réveils instantanés, travail acharné, rédaction de deux articles et de ma conférence, présence aux miens, présence aux amis, présence au bureau, présence aux clients, présence au ministère, attention de chaque instant, réactivité immédiate, autorité, aménité, convivialité, efficacité, contrôle, contrôle et cela depuis huit ou dix jours, en une débauche énergivore où mon corps suit sans renâcler l’étendard brandi par mon esprit sur un perpétuel pont d’Arcole.

Ce matin, plus la moindre énergie. Je l’ai senti dès le lever des paupières. L’influx n’y était plus. Après le « tirer sur la corde », voici la tentation du « lâcher prise ». Tout, aujourd’hui, a été question de volonté, tout a été de l’ordre de la décision. Non pas de ces décisions qui s’enchaînent avec naturel le long des journées ordinaires, mais une décision par acte, à chaque acte sa décision, à chaque décision son effort particulier, sans lien dynamique avec la précédente, comme si je n’étais plus alimenté par une énergie intime et continue mais par un groupe électrogène extérieur à la maison, qu’il faut relancer — à la manivelle ! — autant de fois qu’il y a de décisions à prendre.

Le plus exténuant c’est l’effort mental que je dois fournir pour dissimuler cette fatigue à mon entourage, me montrer aussi affectueux avec les miens (qu’elle me rend étrangers), aussi professionnel avec les autres (qu’elle me rend indûment familiers), bref œuvrer à ma réputation d’équanimité, veiller à l’équilibre de ma statue. Si je ne me repose pas, si je n’accorde pas à mon corps sa ration de sommeil, le groupe électrogène lui-même tombera en panne et je lâcherai prise. De jour en jour, le monde pèsera plus que son poids. L’angoisse s’insinuera alors dans ma fatigue et ce n’est plus le monde qui me paraîtra trop lourd, mais moi-même au sein du monde, un moi impuissant, vain et mensonger, voilà ce que murmurera l’angoisse à l’oreille de ma conscience exténuée. Je céderai alors à un de ces accès de colère qui laisseront à mes enfants le souvenir d’un père à l’humeur dangereusement inconstante.

43 ans, 8 mois, 26 jours

Jeudi 6 juillet 1967

Comme prévu, crise d’angoisse. L’angoisse se distingue de la tristesse, de la préoccupation, de la mélancolie, de l’inquiétude, de la peur ou de la colère en ce qu’elle est sans objet identifiable. Un pur état de nerfs aux conséquences physiques immédiates : poitrine oppressée, souffle court, nervosité, maladresse (cassé un bol en préparant le petit déjeuner), bouffées de fureur dont le premier venu peut faire les frais, jurons étouffés qui vous empoisonnent le sang, aucun désir et la pensée aussi courte que le souffle. Impossible de me concentrer sur quoi que ce soit, dispersion extrême, ébauche de gestes, ébauche de phrases, ébauche de réflexion, rien n’aboutit, tout rebondit vers l’intérieur, l’angoisse renvoie sans cesse au cœur de l’angoisse. Ce n’est la faute de personne — ou c’est celle de tout le monde ce qui revient au même. Je trépigne en moi-même, accusant la terre entière de n’être que moi. L’angoisse est un mal ontologique. Qu’est-ce que tu as ? Rien ! Tout ! Je suis seul comme l’homme !

43 ans, 9 mois, 2 jours

Mercredi 12 juillet 1967

Réveil ensanglanté. Le creux laissé par ma tête dans l’oreiller est rempli d’un sang noir en voie de coagulation. Une telle quantité que le kapok n’a pu tout absorber. J’ai dû saigner du nez pendant mon sommeil. Je me lève en douce pour ne pas réveiller Mona. J’escamote l’oreiller que je jette à la poubelle. Les draps ne sont pas tachés. Confirmation dans la salle de bains : ma joue est noire, poisseuse d’un sang craquelé, ma narine gauche encombrée de caillots. Débarbouillage, mouchage, douche, rien d’autre à signaler. Deux heures plus tard, en conseil d’administration, nouvelle hémorragie. Toujours la narine gauche. Le sang coule presque continûment et ma chemise en est maculée. Je reprends mon exposé, la narine bourrée d’un coton hydrophile que Sabine, descendue à la pharmacie du coin, remplace bientôt par une mèche cicatrisante. Elle a acheté une chemise propre par la même occasion. À 14 heures, nouvelle crise, en pleine négociation avec les R., chez V., au moment du café. Une véritable cataracte ! Tout juste si je n’éclabousse pas mes voisins. Nouvelle mèche hémostatique, nouvelle chemise, gracieusement proposée par le maître d’hôtel cette fois. (Ça c’est du service !) Retour au bureau et quatrième hémorragie à 18 heures. Méchage aux urgences ORL des Enfants malades. C’est, affirme Étienne, le meilleur service de Paris. Un interne aux yeux transparents me mèche . Cela consiste à vous fourrer une quantité effarante de tissu dans la narine jusqu’à colmater tous les sinus, lesquels protestent avec la dernière énergie. On n’imagine pas à quel point le crâne est creux ! Une mince croûte osseuse autour d’innombrables cavernes, galeries, fosses, anfractuosités, toutes plus innervées les unes que les autres. L’opération est si longue et si douloureuse que je me retiens de foutre mon poing sur la figure de l’interne. Vous pourriez prévenir, tout de même ! J’en ai les larmes aux yeux. Voilà, c’est fini, dit-il. Mais, au moment de me coucher, nouvelle hémorragie : la gaze compressée s’est gorgée d’un sang qui coule aussi dans ma gorge. Retour à l’hôpital. Nouveau toubib. Qui vous a fait ce méchage ? J’élude et précise que, les hémorragies ayant lieu toutes les quatre heures, celle-ci a respecté le délai. Mon confrère était-il au courant de cet intervalle ? Je ne me rappelle pas le lui avoir signalé. C’est embêtant, il va falloir vous remécher et vous garder cette nuit en observation. La perspective d’un second méchage ne m’enchante pas mais en matière de douleur je préfère l’appréhension à la surprise. L’intérêt que j’y prends rend la chose plus supportable. Pour autant que soit supportable une pelote d’aiguilles qu’on vous enfonce dans la narine comme les canonniers de jadis bourraient leurs pièces d’artillerie. Brève vision de Pierre Bezoukhov errant parmi les artilleurs russes à Borodino. Évocation du rat d’Orwell aussi, brave bête occupée à creuser une galerie dans le nez d’un supplicié pour accéder à son cerveau. Au fond, contrôler la douleur c’est admettre le réel pour ce qu’il est : riche en métaphores pittoresques. Combien de temps les métaphores font-elles diversion ? Tout est là. Il faudrait ordonner aux médecins de prévenir leurs patients : Un méchage, mesdames et messieurs, c’est trois minutes et quarante-huit secondes d’une douleur à grimper aux rideaux, pas une seconde de plus ; moi, je vous le fais en trois quinze, chrono en main, accrochez vos ceintures ! Et le médecin égrènerait le compte à rebours, comme on annonce aux astronautes l’imminence d’une mise à feu : plus que douze secondes… cinq, quatre, trois, deux, une… Voilà, c’est fini. On vous garde cette nuit, donc.

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