Daniel Pennac - Journal d'un corps

Здесь есть возможность читать онлайн «Daniel Pennac - Journal d'un corps» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Город: Paris, Год выпуска: 2014, ISBN: 2014, Издательство: Éditions Gallimard, Жанр: Современная проза, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Journal d'un corps: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Journal d'un corps»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

13 ans, 1 mois, 8 jours
Mercredi 18 novembre 1936
Je veux écrire le journal de mon corps parce que tout le monde parle d'autre chose.
50 ans et 3 mois
Jeudi 10 janvier 1974
Si je devais rendre ce journal public, je le destinerais d'abord aux femmes. En retour, j'aimerais lire le journal qu'une femme aurait tenu de son corps. Histoire de lever un coin du mystère. En quoi consiste le mystère ? En ceci par exemple qu'un homme ignore tout de ce que ressent une femme quant au volume et au poids de ses seins, et que les femmes ne savent rien de ce que ressentent les hommes quant à l'encombrement de leur sexe.
86 ans, 9 mois, 16 jours
Lundi 26 juillet 2010
Nous sommes jusqu'au bout l'enfant de notre corps. Un enfant déconcerté.

Journal d'un corps — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Journal d'un corps», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

5

37-49 ANS

(1960–1972)

Hors de question que je m’institue le spécialiste de mes maladies.

37 ans, anniversaire

Lundi 10 octobre 1960

Pendant une réunion particulièrement soporifique concernant les problèmes de distribution, j’ai cédé à la tentation de vérifier que le bâillement est un phénomène contagieux. J’ai feint de bâiller, dans un formidable écartèlement de mon visage, suivi d’un bref « excusez-moi », et mon bâillement s’est propagé, disons aux deux tiers des participants — jusqu’à me revenir, en me faisant bâiller moi-même pour de bon !

37 ans, 3 jours

Jeudi 13 octobre 1960

De son côté, Bruno constate que bâiller rend sourd. Quand son instituteur l’ennuie, il bâille, non pour manifester cet ennui mais pour ne plus entendre le maître. Quand ses mâchoires s’ouvrent grand, dit-il, ses oreilles bourdonnent comme si elles étaient traversées par un grand vent. Alors, j’écoute le vent. Il ajoute que les éternuements, eux, le rendent aveugle. Il a observé que ses yeux se ferment à la seconde où ses narines explosent. Il constate qu’il ne peut bâiller et éternuer en même temps. Aveugle et sourd, mais alternativement. Exactement le genre d’observations que j’aurais pu noter à son âge si j’avais joui de mon corps au lieu d’avoir à le conquérir.

37 ans, 4 jours

Vendredi 14 octobre 1960

Affiné l’expérience du bâillement au cabinet G.L.R. Cette fois j’ai bâillé, mais en faisant mine de dissimuler mon bâillement. J’ai donc bâillé sans ouvrir la bouche, mâchoires crispées, lèvres raidies, et j’ai vu comme hier ce bâillement se propager, tentative de dissimulation comprise. Dans certaines circonstances donc, l’acquis se propage aussi naturellement que le geste réflexe. (Accessoirement, ce crépitement bref dans mes oreilles quand je bâille. Le bruit du papier alu autour des tablettes de chocolat.)

37 ans, 7 jours

Lundi 17 octobre 1960

Tijo, à qui je raconte mes expériences sur la propagation du bâillement, me dit qu’en fait de contamination mimétique lui-même s’intéresse depuis quelque temps à ce qu’il appelle la « variation des opinions de connivence ». Deux heures plus tard, il m’en fait la démonstration au restaurant où nous déjeunons avec trois partenaires de chez Z. S’adressant à toute la tablée Tijo déclare : Hier, ma femme (il n’est évidemment pas marié) m’a emmené voir le dernier Bergman, c’est vraiment… Et là, au lieu de conclure, il se tait, donnant à son visage une expression de réprobation qui confine au dégoût (narines pincées, bouche en cul-de-poule, sourcils froncés, visage rétracté, etc.), expression que je vois s’ébaucher aussitôt sur la tête de nos trois convives. Une fois qu’elle y est bien installée, Tijo achève sa phrase en s’exclamant, avec un sourire épanoui : C’est vraiment… génial , non ? manifestation d’enthousiasme qui bouleverse instantanément la géographie des visages, tout à coup ouverts, souriants, éclairés par l’expression d’une totale approbation.

37 ans, 13 jours

Dimanche 23 octobre 1960

Ce qui se lit d’abord sur nos visages quand nous sommes en société, c’est le désir de faire partie du groupe, l’irrépressible besoin d’en être . On peut certes attribuer cela à l’éducation, au suivisme, à la faiblesse des caractères — c’est la tentation de Tijo —, j’y vois plutôt une réaction archaïque contre l’ontologique solitude, un mouvement réflexe du corps qui s’agrège au corps commun, refuse instinctivement la solitude de l’exil, fût-ce le temps d’une conversation superficielle. Quand je nous observe, tous autant que nous sommes, dans les lieux publics où nous conversons — salons, jardins, brasseries, couloirs, métro, ascenseurs —, c’est cette aptitude à dire oui d’abord qui me frappe dans les mouvements de notre corps. Elle fait de nous une bande d’oiseaux mécaniquement opinant : Oui, oui, font les pigeons qui marchent côte à côte. Contrairement à ce que pense Tijo, cette adhésion de surface n’entame en rien notre quant-à-soi. La pensée critique va suivre, peut-être même est-elle déjà à l’ouvrage, mais, par instinct, nous sacrifions d’abord à la cohésion du groupe avant de nous entre-tuer. C’est en tout cas ce que nous faisons dire à nos corps.

37 ans, 6 mois, 2 jours

Mercredi 12 avril 1961

Au-dessus d’un étron irréprochable, tout d’une pièce, parfaitement lisse et moulé, dense sans être collant, odorant sans puanteur, à la section nette et d’un brun uniforme, produit d’une poussée unique et d’un passage soyeux, et qui ne laisse aucune trace sur le papier, ce coup d’œil d’artisan comblé : mon corps a bien travaillé.

38 ans, 7 mois, 22 jours

Vendredi 1 erjuin 1962

Lison en larmes. Son frère l’a injuriée. Lison est particulièrement sensible aux offenses. Les mots, chez elle, trouvent du sens. Renseignement pris, Bruno lui a dit : Va te chier . J’ai grondé Bruno et me suis renseigné sur l’origine de cette insulte si radicalement physique. C’est José ! Quel José ? Un copain de l’école. Un petit pied-noir, en fait, fraîchement débarqué d’Algérie avec son drame, sa famille, son accent et son vocabulaire. Je ne donne pas dix ans audit vocabulaire pour renouveler de fond en comble le catalogue de nos injures. « Va te chier » a tout de même une autre dimension que « pauvre con » ou « va te faire enculer ». L’impératif du verbe chier conjugué au sens pronominal réfléchi est une arme meurtrière. L’adversaire réduit à n’être que son propre excrément et à qui on ordonne de se déféquer lui-même, qui dit pire ?

38 ans, 8 mois, 7 jours

Dimanche 17 juin 1962

Autre injure ultraphysique du petit José, venu jouer entre-temps à la maison : La mort de tes os.

39 ans, 3 mois, 4 jours

Lundi 14 janvier 1963

Nuit blanche pour cause d’angoisse. Gorge serrée, poitrine pesante, sourde vibration des nerfs ! Levé tôt. Suis allé au boulot à pied en faisant un immense détour : République, Grands Boulevards, Opéra, Concorde, jardin des Tuileries, Louvre, Pont des Arts… Des pas purement mécaniques d’abord, le poids de mon corps tombant sur chaque pied, d’effort en effort, la créature de Frankenstein en vadrouille, l’œil fixe et le souffle bref, jusqu’à ce que ça se dissolve peu à peu, que les mâchoires et les poings se desserrent, que les membres s’assouplissent, que la marche se découple, que les poumons se remplissent, que l’esprit se dégage du corps, que le costume habille le bonhomme social et que le citoyen directeur fasse son entrée légendairement galvanisante au bureau : Bonjour tout le monde, comment va le moral des troupes ?

40 ans, 7 mois, 13 jours

Samedi 23 mai 1964

Accompagné les enfants au jardin du Luxembourg, cet après-midi. Vu du coin de l’œil une joueuse de tennis piquer son odeur sous son aisselle. Elle rentrait au vestiaire, sa raquette sous le bras, et hop, ce geste vif de pigeon, pour aller voir ce que ça sent sous son aile. Et moi, dans un de ces miraculeux instants d’empathie qui nous font tous membres de la même espèce, je sais exactement ce qu’elle éprouve : l’agrément d’un parfum familier aussitôt décodé comme odeur à combattre. Jouir de ses sudations, oui, mais sentir, non ! Dix contre un qu’à peine franchie la porte du vestiaire elle va tartiner son aisselle d’un quelconque déodorant, d’un déodorant qui la rendra quelconque.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Journal d'un corps»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Journal d'un corps» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Отзывы о книге «Journal d'un corps»

Обсуждение, отзывы о книге «Journal d'un corps» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x