Hervé Bazin - L'huile sur le feu

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L'huile sur le feu: краткое содержание, описание и аннотация

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On ne dort plus guère à Saint-Leup du Craonnais : les femmes y brûlent avec une régularité qui exclut le hasard. Et le soupçon, plus encore que la menace, empoisonne le village.
L'incendiaire ? On le découvre au cours de péripéties hallucinantes où chaque personnage se révèle dans sa vérité : Monsieur Heaume, une manière de châtelain ; Degoutte, le menuisier, et son fils demeuré ; Ralingue, l'épicier chef des pompiers ; Eva Colu qui fuit une vie devenue insupportable ; Bertrand, son mari, contraint par une abominable brûlure de guerre à vivre masqué et qui, depuis, combat le feu avec acharnement.
Le cauchemar de Saint-Leup est raconté par Céline, la fille unique d'Eva et de Bertrand. A la lueur des incendies, c'est toute l'existence d'un village qui nous apparaît, dans sa profondeur, avec ses passions et ses rancunes.

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— Combien de livres, cette année ? demanda-t-il.

— Rien, dit Papa, je leur ai laissé leur miel.

Besson lâcha la curette et d’un coup de talon trancha la glaise.

— À quoi ça sert, alors ? fit-il en soulevant la motte.

— Et ton chien ? Il ne garde pas, il ne chasse pas et il est plus vilain que moi. À quoi te sert-il ?… Tu l’aimes ?

— Dame ! fit Besson entre ses moustaches.

Papa remontait l’allée de ciment, enlevait sa canadienne, sortait de la remise l’échelle à coulisse qu’il releva lentement, barreau par barreau, pour l’appuyer contre la maison. Alors il tira sur la corde et fit monter le coulisseau, dont l’extrémité vint s’appuyer sur le bord du toit, près de la lucarne du grenier.

— Toutes les feuilles sont tombées maintenant, dit-il. Je vais curer les gouttières.

Travail répugnant, je le savais. Mais il faut bien que tout se fasse. Comme je ne tenais pas à recevoir sur la tête ou sur ma robe des échantillons de cette purée noirâtre qui croupit dans les chéneaux, j’allais faire les lits, en commençant par celui de mon père qui devait dormir comme un gisant, car ses draps n’étaient jamais chiffonnés et sa couverture à peine débordée. Une demi-douzaine de journaux étaient glissés sous l’oreiller. J’avais à peine eu le temps de me pencher sur cet exemplaire du Petit Courrier, numéro de l’avant-veille, qui titrait : « Du drame à la farce : on s’amuse à Saint-Leup » et dont certains passages avaient été soulignés au crayon rouge, quand un bruit sourd suivi d’un juron me fit bondir, haletante, vers le jardin. Papa était debout, indemne, l’échelle à ses pieds. Une longue éraflure sur le crépi montrait qu’elle était tombée par le travers, écrasant le seau que mon père se disposait à hisser.

— Elle m’a raté d’un cheveu, dit-il. Un peu plus, et je la recevais sur le crâne.

Là-haut, la lucarne bâillait, laissant passer un froissement de choses sèches, un glissement de pantoufles. Je respirais de l’ouate, mes côtes se resserraient comme un corset. Quant à mon père, littéralement paralysé, il n’arrivait pas à bouger, et son regard, bourré à quadruple charge, mitraillait au hasard devant lui. Enfin il débloqua ses dents pour mentir :

— C’est de ma faute : je ne lui avais pas donné assez de pied.

Je rentrai, raide comme la justice. Ma mère, qui descendait du grenier, une poignée d’oignons à la main, passa devant moi. Je la suivis, pas à pas, tiraillée entre deux soupçons. Papa était-il sublime ? Refusait-il de me dire : « On a dû pousser l’échelle, d’en haut ». Était-il infâme ? Si certaine absurdité proférée par ma mère au sujet de la lampe à souder avait une chance, une chance sur un million, mais une chance d’être vraie, n’était-il pas aussi capable d’essayer de perdre ma mère en simulant une tentative d’assassinat ? Je me rongeais les ongles, je me rongeais le cœur : Céline, il est peut-être sincère, et tout est simple ! Même si ta mère était en haut, où elle n’est pas dix secondes par semaine, l’échelle a pu tomber toute seule, à ce moment-là, sans que personne n’y soit pour rien, ni lui, ni elle. Pourquoi tout prendre au tragique ? Si peu vraisemblable que soit la chute par le travers d’une échelle disposant de deux bons mètres d’appui — car je les ai vus, ces deux mètres, — on ne peut pas en rejeter l’hypothèse. Mes côtes se resserraient toujours. Je vis mon père traverser le couloir comme un fantôme.

— Ne fais pas cette tête-là, mon petit lapin, murmura-t-il. Après tout, je n’ai rien.

Ces dents serrées, ce pas dur, ce souffle court le démentaient. Le laissant fouiller dans la caisse à outils pour y prendre le marteau, les clous, qui lui permettraient de réparer son échelle, je glissai vers ma mère qui se préparait pour la grand’messe. Dans la glace, son regard me guettait. Mais sa main — celle qui avait peut-être essayé de tuer, tout à l’heure, — sa main évoluait, légère et faisant voltiger sur un sourire ambigu une houppette de cygne rose.

— Tu t’apprêtes ? demanda-t-elle. Mets ta robe neuve et ton chapeau à fleurs.

XXII

Papa n’allait jamais à la messe : omission qui l’aurait fait mal voir dans le pays si les gens n’en avaient pas connu la véritable raison : il lui aurait fallu se découvrir et, cela, décemment, il ne le pouvait pas sans gêner au moins vingt travées de fidèles. Certes, il aurait pu faire comme beaucoup de fermiers pour qui la messe est un acte de présence devant l’église et consiste d’abord à s’endimancher, puis à faire un stage sur la place, dans le coin des hommes, c’est-à-dire dans le périmètre compris entre la maison Belandoux et la maison Caré, où ils restent plantés, parlant chevaux, cours du blé, fièvre aphteuse, en attendant la sortie du conseil de fabrique, entré à l’évangile et qui, cinq secondes après l’ ite missa est , donnera le signal de la ruée en masse au café.

Maman et moi, au contraire, nous allions toujours à la grand’messe, où il est à peu près impossible pour une femme de ne pas se faire voir, sauf s’il est avéré que la malheureuse « n’a point d’habits » ou si les travaux de la saison sont tellement pressants que ce serait offenser le Seigneur en ses dons que de préférer l’office à la fenaison. Bien que cet office fût aussi pour les chapeaux à cerises et pour les dernières coiffes papillon à ailes tuyautées et nœud de satin azur une véritable réunion hebdomadaire, sur le parvis même, à bonne distance des hommes, nous étions tenues à l’assistance effective, de l’asperges à la retraite en sacristie, toute femme étant censée dévote et la fille perdue elle-même n’étant considérée comme telle que du jour où elle « n’assiste plus » (le genou sauve la cuisse, disait grand-mère Torfoux).

Ce vigoureux proverbe me hantait, ce dimanche-là, tandis qu’évoluaient les ornements violets de l’avent et que piaulaient les enfants de Marie entraînées par sœur Sainte-Hélène qui dactylographiait sur un harmonium essoufflé. Postée derrière elles, sur l’un des six bancs de côté réservés aux demoiselles qui, sans militer dans la confrérie, s’y rattachent jusqu’à la bague et se doivent donc d’y prendre place, par rang d’âge (rester au dernier banc signifie chez nous coiffer sainte Catherine), je lâchais le filet de voix de la piètre chanteuse toujours en retard d’un demi-temps sur le chœur. En fait, j’observais ma mère, seule au banc Colu, vers le milieu du transept. Toujours agenouillée, assise, debout, agenouillée, assise quand il le fallait, sans un retard sur la claquette, elle ne levait pas le nez ni même une paupière, elle tenait les coudes au corps et d’un doigt feuilletait ce paroissien de cuir plein de souvenez-vous à filets noirs, de bristols peinturlurés, de ces images à bords de dentelle où l’on voit, cierge en mains, des petits garçons en brassard tirer la langue à l’hostie. Sa lèvre ne bougeait pas, mais à l’élévation son nez disparut deux fois derrière son chapeau, rond comme une auréole. Je sentais monter en moi une sourde irritation. J’aurais voulu lui voir des yeux ardents, des mains nerveusement serrées pour une terrible prière ou, au contraire, les épaules effondrées, la tête molle de la suppliante. Où était donc sa vérité ? Rien dans son attitude n’exprimait autre chose que le souci de donner satisfaction aux usages, l’obéissance mécanique à l’horaire féminin du dimanche ; rien ne signalait cette fureur d’une âme aux prises avec elle-même et qui pousse devant elle, comme un bouclier, l’excuse de la passion. J’étais si distraite qu’au dernier évangile j’oubliai de me lever et que ma voisine dut me pousser le coude. Sans génuflexion, les hommes, M. Heaume en tête, quittaient l’église en faisant sonner les dalles. Je me levai, gênée par l’œil inscrit dans son triangle, au fronton de l’autel. S’il voyait vraiment toutes choses, comme il devait mal juger la famille Colu ! Les femmes refermaient leurs livres, équilibraient leurs chapeaux, donnaient un petit coup de genou, dans l’allée, au bord du banc, et descendaient, aiguisant déjà leur langue sur l’arête de leurs dents. Selon la coutume, le cantique, puis le chapelet nous retenaient encore, nous, les enfants, les nonnes — dont c’est le métier — et les vieilles — dont la piété obéit à l’urgence. Enfin la dernière dizaine fut achevée, je pus rempocher mon chapelet de nacre et m’échapper, mécontente de moi, de mon manteau qui laissait dépasser ma robe neuve et de tous les saints pesant leur poids de plâtre parmi les ex-voto, la poussière et l’odeur froide de l’encens.

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