Hervé Bazin - L'huile sur le feu

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L'huile sur le feu: краткое содержание, описание и аннотация

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On ne dort plus guère à Saint-Leup du Craonnais : les femmes y brûlent avec une régularité qui exclut le hasard. Et le soupçon, plus encore que la menace, empoisonne le village.
L'incendiaire ? On le découvre au cours de péripéties hallucinantes où chaque personnage se révèle dans sa vérité : Monsieur Heaume, une manière de châtelain ; Degoutte, le menuisier, et son fils demeuré ; Ralingue, l'épicier chef des pompiers ; Eva Colu qui fuit une vie devenue insupportable ; Bertrand, son mari, contraint par une abominable brûlure de guerre à vivre masqué et qui, depuis, combat le feu avec acharnement.
Le cauchemar de Saint-Leup est raconté par Céline, la fille unique d'Eva et de Bertrand. A la lueur des incendies, c'est toute l'existence d'un village qui nous apparaît, dans sa profondeur, avec ses passions et ses rancunes.

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— L’occasion ! Puisqu’il aime les mariages, il en aura un dans quinze jours. Je marie la petite Dernoux…

Émergent les bustes, puis les têtes. Caré s’efface, laissant pénétrer chez lui, à la queue leu leu, M. Heaume, le curé, Papa, le docteur Clobe, Ruaux, Ralingue, le brigadier, Quelinet, mélange exceptionnel, impossible en toute autre circonstance. Céline suit.

— Ça m’aurait étonné que tu ne sois pas là, microbe ! dit M. Heaume en me cueillant le poignet qu’il tord un peu.

— Ce n’est pas ta place, petite, ce n’est pas ta place ! dit le curé.

Ce n’est pas non plus la sienne, et il hésite à entrer, comme s’il craignait, ce vieux prêtre tout blanc, qu’on ne voit jamais en dehors des offices, d’aventurer sa soutane, de compromettre son prestige — très affaibli d’ailleurs dans ce village dont un grand nombre d’hommes travaillent aux mines et qui se contente de conserver d’innombrables calvaires, niches à saints, ex-voto, vestiges d’une grande dévotion réduite à une mécanique de préjugés, de gestes, de conventions qui ne font plus de la religion qu’une annexe des bons usages. Il reste debout près du docteur Clobe et du brigadier qui, pour des raisons voisines, refuse de s’asseoir et de trinquer. La calotte branlante, il examine et manipule une sorte de godet noirâtre, qui fut sans doute une boîte de petits pois.

— J’en ai trouvé deux dans l’église, dit-il. Dans l’église !

— Ruaux en a trouvé trois dans le cimetière, dit le brigadier. Au jour, on en trouvera certainement d’autres. Il ne les a pourtant pas fabriqués lui-même, ses feux de Bengale.

— Non, fait le docteur Clobe, il y a du carton brûlé à l’intérieur. On a mis chaque feu dans une boîte de conserves, par prudence. Je peux même vous dire qu’il s’agit du gros modèle. À ma connaissance, il n’y a qu’un magasin à Segré qui en vende…

— Alors nous retrouverons l’acheteur.

Impossible bientôt d’entendre quoi que ce soit. De petits groupes d’hommes ne cessent d’entrer. Les tables sont pleines, bruyantes, martelées par le coup de poing d’honneur, qui se donne sur l’angle des phalanges et reste réservé à celui qui paiera la tournée. M me Caré et Michou, la blouse sur la chemise et les cheveux empaquetés dans un mouchoir, n’en finissent pas de servir du gris et du rouget. Le rire, repiqué dans les pots, va prospérer encore. Le brigadier, le docteur Clobe se laisseront gagner. Et Papa, campé devant son verre d’eau d’Évian et dont l’inutile pétoire, le passe-montagne noir, les yeux rouges rongés d’insomnie ne parviennent plus à avoir l’air farouche, Papa lui-même sera obligé de sourire quand Ruaux, brandissant une autre boîte de conserves, s’écriera joyeusement :

— Toujours Amieux !

Il est vrai que, s’emparant à son tour de la boite, Papa la tournera, la retournera dans ses mains, l’examinera sous tous les angles et cette fois sans sourire, sans exprimer autre chose que la plus évidente, la plus totale perplexité.

XXI

Dimanche matin. Encore une fois, je dus remettre un bol et surveiller ma mère pour qu’elle ne l’enlevât pas dès que j’aurais le dos tourné. Encore une fois, je fus obligée de servir Papa et de subir deux conversations, superposées comme l’huile et le vinaigre et où je jouais, moi, le rôle de la cuiller qui n’arrive pas à les battre ensemble. Exaspérée, je suivis mon père qui filait au jardin et dis assez haut pour que ma mère entende :

— Si ça continue, je sens que je vais devenir sourde et muette.

Zut, à la fin ! Elle me forçait à prendre parti. Comment faire autrement, je vous le demande ? Qu’elle continuât à s’échapper le soir pour rejoindre Claude ou le reçût en notre absence, passe encore ! Mais pouvais-je accepter que dans la maison mon père eût cessé d’exister ? M me Colu se comportait en veuve, elle ne faisait plus cuire que deux œufs, n’achetait plus que deux escalopes, ne mettait plus que deux couverts. Pas un mot à mon père. Pas un ! Pas même un méprisant : « Colu ! » Pas une réponse. Forcée de le trouver sur son passage en vaquant à ses occupations, elle tournait autour de lui comme on tourne autour d’une table. À moi, elle parlait gaiement, librement, comme si mon père n’était pas là. Devant lui, elle m’avait même dit une fois :

— Depuis que nous sommes seules, tu vois comme nous sommes bien !

En vain lui avais-je répondu : « Je t’en prie, c’est inutile, je n’entrerai pas dans ton jeu. » Elle s’y tenait, elle le poussait jusqu’à ses extrêmes limites. Il fallait que je surveille le téléphone pour l’empêcher de répondre aux clients :

— Non, monsieur, ce n’est pas ici, il y erreur.

Et, tous les jours, il fallait faire le lit de Papa dans cette chambre que ma mère avait rebaptisée « la chambre d’ami » et qu’elle me proposait constamment de transformer en chambre de jeune fille. Tous les jours, il fallait remettre un couvert, céder mon œuf ou la moitié de ma viande à mon père, cirer ses chaussures… Alors elle disait d’un air étonné : « Mais qu’est-ce que tu fais ? » J’en devenais folle ! Je regrettais les scènes de naguère qui duraient ce qu’elles duraient, mais comportaient au moins des repos, des rémissions. L’attitude de Papa, d’ailleurs, n’arrangeait pas les choses. Lui, il entrait dans le jeu, mais à rebours. Au lieu de faire une bonne fois acte d’autorité, d’user au besoin d’une saine violence, il poussait jusqu’au bout son attitude favorite : tout va bien, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Il parlait constamment à ma mère, jetant le harpon sur les phrases qu’elle me destinait et auxquelles il affectait de répondre. Et cela donnait, par exemple :

— Bigre ! Comme tu disais tout à l’heure, il m’a l’air de faire frisquet. Je vais mettre ma canadienne.

*

Il l’avait mise, sa canadienne, pour aller voir ses abeilles. Non qu’il fit tellement froid : l’alcool rouge du thermomètre accroché le long d’une ruche hésitait entre moins quatre et moins cinq. Mais il nous arrivait du haut ouest, de Bretagne pour mieux dire, un de ces méchants petits vents qui, à force de fouiner dans les landes d’ajoncs, en rassemblent l’épine pour vous carder le visage. D’immenses vols de canards, destinés aux marais de l’Authion, passaient à faible hauteur, cherchant la première jonchaie, l’inondé, le relais d’eau pour s’ébrouer une heure. Papa contrôlait toutes ses ruches, une par une, avec une pieuse minutie. En soulevant le chapeau de la quatrième, il murmura :

— Tu te rappelles, Céline, la barbe d’abeilles ?

J’étais en train d’y penser. Trois fois, il me l’avait offerte, en l’absence de ma mère. Trois fois, il avait réussi, pour moi, pour moi seule, ravie et terrifiée, cette démonstration d’un étrange pouvoir. Trois fois, l’essaim entier l’avait honoré de ce grouillement roux, mortel pour tout autre, mais qui chantait sur ses joues, sur son passe-montagne, sur son cou, frôlés par deux mille aiguillons. Une quatrième fois, il avait essayé — le jour de mes quinze ans. — mais ma mère n’était pas loin, il n’était pas totalement détendu, confiant, abandonné, il s’était fait cruellement piquer et n’avait jamais recommencé.

— Je ne pourrais plus. Il ne faut pas être ennuyé, comme nous le sommes.

Ennuyé, oui ! C’est un mot qui a gardé chez nous son vieux sens, violent, haineux (achalé suffit pour le reste). Papa continuait son inspection, tandis que je tripotais, nerveuse, la fermeture éclair de mon blouson. De l’autre côté des échalas, Besson cadet, frère du garde, retournait méthodiquement un carré avec de beaux efforts de reins et de luisants retours de pelle. Il s’arrêta un instant pour passer la raclette sur son outil souillé.

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