Hervé Bazin - L'huile sur le feu

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L'huile sur le feu: краткое содержание, описание и аннотация

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On ne dort plus guère à Saint-Leup du Craonnais : les femmes y brûlent avec une régularité qui exclut le hasard. Et le soupçon, plus encore que la menace, empoisonne le village.
L'incendiaire ? On le découvre au cours de péripéties hallucinantes où chaque personnage se révèle dans sa vérité : Monsieur Heaume, une manière de châtelain ; Degoutte, le menuisier, et son fils demeuré ; Ralingue, l'épicier chef des pompiers ; Eva Colu qui fuit une vie devenue insupportable ; Bertrand, son mari, contraint par une abominable brûlure de guerre à vivre masqué et qui, depuis, combat le feu avec acharnement.
Le cauchemar de Saint-Leup est raconté par Céline, la fille unique d'Eva et de Bertrand. A la lueur des incendies, c'est toute l'existence d'un village qui nous apparaît, dans sa profondeur, avec ses passions et ses rancunes.

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— Une femme du bas bourg, tu vois qui c’est, toi, Bertrand ?

Troche lui jeta un regard indigné. Mais rien n’apparut sur le visage de Papa, lisse comme un mur.

— Une femme du haut bourg, rectifia-t-il simplement. Le brigadier vient de me le dire.

Gras sourire ! Voyez, disait-il, comme j’essaie de ne pas laisser voir que je me retiens de m’esclaffer ! La mère Gourioux d’un coup sec guillotina un large croûton et, l’œil au plafond, le jeta sur la balance, comme si elle voulait peser toute la sottise du monde.

— Bon poids ! fit-elle.

Mais, avec un calme horripilant, Papa déplia une serviette, y mit son pain, sa pesée, la noua soigneusement, puis attendit Troche qui empoignait la dernière baguette. Ils sortirent ensemble, sans payer, tandis que M me Gourioux ajoutait une encoche sur le bâton Colu et sur le bâton Troche, pendus avec beaucoup d’autres le long de la cloison. Ils enfourchèrent ensemble leurs vélos et, leur pain sous l’aisselle gauche, tenant d’une seule main leur guidon, ils pédalèrent de concert jusque chez nous, sans dire un mot.

*

Julienne était en train de désherber sa courette et retirait les pissenlits d’entre les pavés avec un couteau de cuisine. Elle battit en retraite en nous voyant arriver. Il y eut une seconde difficile, puis mon père se débarrassa de son vélo et, me prenant contre lui, se dirigea vers la maison en me caressant les cheveux. Troche suivit, sans donner aucun prétexte, mais personne ne lui en demandait ; nous le remorquions comme notre ombre, secrètement soulagés par cette présence. À la porte, nouveau temps d’arrêt, hésitation du genou, suivie d’un sursaut des hanches, caractéristiques des timides qui se violentent. Je me serrai un peu plus contre lui, me laissant entraîner sur des jambes molles. Dans la cuisine, Maman battait une mayonnaise en écoutant distraitement les informations. Elle se retourna, aperçut son mari, sa fille, son voisin, et sourit aux deux derniers, tandis que ses prunelles s’esquivaient. À ce détail près, elle avait l’air parfaitement à son aise.

— Un petit coup de blanc, Lucien ? proposa-t-elle.

Offre inattendue, car, en principe, on ne servait chez nous ni vin ni alcool. Papa ne dit rien. Il s’était assis, la chatte lui avait sauté sur les genoux, je m’étais blottie contre son épaule, et il continuait à me caresser les cheveux de la main droite, tandis que de la main gauche il lissait le poil de la chatte. Lucien souriait, rassuré. Un peu plus et ça allait tourner au charmant tableau de famille. Mais Papa se mit à parler de ses réussites du matin. Maman d’un certain plat de riz aux moules, dont le fumet embaumait la pièce, et cela donna deux conversations séparées qui se chevauchaient sans tenir compte l’une de l’autre. Trois verres furent remplis. Trois et non pas quatre. Ceci pouvait s’expliquer, le maître de maison ne buvant jamais que de l’eau. Mais était-il normal qu’il n’y eût que deux couverts sur la table : le mien et celui de ma mère, reconnaissables à leurs ronds de serviette de plastique, l’un vert, l’autre bleu ? Manquait le rouge, celui de « Colu », Était-il normal que ma mère — la coupable — eût cet air insolent, amusé, analogue à celui qu’affichait tout à l’heure M me Gourioux, avec quelque chose en plus dans le regard : une assurance cruelle, une lumière impitoyable ? Était-il normal que Papa — la victime — poussât l’inconscience jusqu’à répéter au moment où Troche se levait :

— Du nanan, oui. Aujourd’hui, tout le monde avait le sourire. Pourvu que ça continue !

Ma mère en resta bouche bée une seconde, et les paupières de Lucien battirent trois fois sur ses bons yeux de veau. Pauvre bluff ! La chatte sauta, abandonnant les genoux de son maître, et je vis qu’ils frémissaient, qu’ils se secouaient, comme ceux des enfants qui se sont retenus pendant des heures et vont d’une minute à l’autre pisser dans leur culotte.

XIX

Premier vendredi de décembre. Premier gel. L’air a une pureté coupante, la nuit est nette. Le ciel dur et brillant comme une cassure d’anthracite. Nulle empreinte. La boue du chemin a pris la consistance du marbre, l’herbe fait brosse sur le bord du soulier. Ni grenouilles, ni chouettes : les unes ont plongé bas sous la pellicule de glace qui ternit toutes les mares, les autres se recroquevillent, transies, dans leurs plumes au creux des souches ou dans les greniers perdus. Le silence est d’une qualité rare, il refuse le bruit, et nos pas n’y peuvent rien : ils se brisent contre lui, ils ne l’entament pas, ils ne parviennent qu’à l’accentuer, à fournir une preuve de sa force et de sa profondeur.

— Eh bien ! Céline, ça boume ?…

À côté de moi, M. Heaume respire long, respire frais, puis fait la locomotive et souffle chaud, hô ! livrant à l’hiver qui la condense un jet de vapeur bleue.

— C’est le temps idéal, hein ? Quand il pleut, les distances sont faussées, la terre vous mange les pieds. On peut toujours se forcer, ma fille, mais forcer son plaisir, est-ce encore le goûter ? Ce soir, tout va bien.

Tout va bien pour M. Heaume, oui. Pour M. Heaume. Son pouls pousse vivement son sang dans ses artères, comme son pas le pousse dans les chemins et la clef de la tour pèse au fond de sa poche gauche, tandis que pèse au fond de la poche droite le podomètre qui ne le quitte jamais et fournit après chaque randonnée un chiffre scrupuleux destiné à enrichir un total précis, proche des quarante mille bornes. Le tour de la terre en quarante ans de marche contrôlée, nous savons cela. Poème du talon qui est aussi une sorte d’expérience, nous le savons aussi. Additionner des distances ne suffit pas, il ne faut rien oublier de ce qui justement les a empêchées d’être seulement des distances, de ce qui les a rendues vivantes, à chaque mètre, à chaque tournant. Si les églantines embaument, le dire au carnet ; si les fumiers puent, le dire encore. Et savoir ainsi que les parfums l’emportent. Nombre des nuits avec ou sans lune, avec ou sans pluie : à noter. Comportement des chaussures en terrain sec, en terrain mou, durée des semelles de corde, de cuir ou de caoutchouc : à noter. Nature de tous les bruits, de tous les cris qui ont besoin de l’ombre pour être ce qu’ils sont, depuis la frissonnante confidence de la rainette jusqu’au cri terrifiant de la proie éventrée par un rapace nocturne : à noter. Fréquence et réactions du passant (et, mieux, de la passante) surpris dans la nuit noire du bois ou la nuit claire de la plaine, forme et qualité de sa peur : à noter ; à noter. Cela surtout, à noter. Car la peur, pour peu qu’on en ait le goût, on peut s’en faire une vraie spécialité dans ce pays sinistre aux haies impénétrables, aux oiseaux lugubres, aux souches façonnées comme des monstres, aux cimetières humides où prospère sur les tombes de chouans la flamme bleuâtre des feux follets. Car la peur — pas la vôtre, vous ne pouvez plus l’éprouver, mais celle des autres, — voilà votre étude préférée, n’est-ce pas, monsieur Heaume. Et cela ne date pas d’hier. C’est la faute de cette patrouille… À propos, notez toujours que j’ai peur, parrain, que j’ai terriblement peur, ce soir. Le pire, je le sens, se rapproche de moi. Mais qu’est-ce que ça peut bien vous faire ? Et comment le devineriez-vous ? J’ai tellement l’habitude d’entendre les plaintes des autres que je ne connais plus les miennes. Vous dites ?

Il dit, M. Heaume, qui, lui, ne parle pas en dedans, mais en bon français un peu écrasé par un accent indéfinissable, il dit :

— Tu es une petite charogne, Céline, ou tu me prends pour un vieil imbécile. Ça fait dix fois que je te demande si ça va.

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