Hervé Bazin - L'huile sur le feu

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L'huile sur le feu: краткое содержание, описание и аннотация

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On ne dort plus guère à Saint-Leup du Craonnais : les femmes y brûlent avec une régularité qui exclut le hasard. Et le soupçon, plus encore que la menace, empoisonne le village.
L'incendiaire ? On le découvre au cours de péripéties hallucinantes où chaque personnage se révèle dans sa vérité : Monsieur Heaume, une manière de châtelain ; Degoutte, le menuisier, et son fils demeuré ; Ralingue, l'épicier chef des pompiers ; Eva Colu qui fuit une vie devenue insupportable ; Bertrand, son mari, contraint par une abominable brûlure de guerre à vivre masqué et qui, depuis, combat le feu avec acharnement.
Le cauchemar de Saint-Leup est raconté par Céline, la fille unique d'Eva et de Bertrand. A la lueur des incendies, c'est toute l'existence d'un village qui nous apparaît, dans sa profondeur, avec ses passions et ses rancunes.

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— Mais ça va, parrain, ça va.

On vous dit que ça va, monsieur Heaume. Marchons. Vous n’étudiez pas le chagrin, mais la peur. Nous disions ? Ah ! oui… C’est la faute de cette patrouille qui — vous me l’avez raconté vingt fois — ne devait être qu’une vadrouille et qui s’égara, voici trente ans, dans les lignes ennemies d’où il vous fallut toute la nuit de marches et de contremarches à travers une forêt truffée de casques à pointes pour réussir à vous échapper sans autre mal que la peur, mais après avoir subi cette peur à l’état pur, à l’état verdâtre (où l’on est si sûr de sa mort qu’on en a déjà la couleur), après vous être dissous dans la colique et délivré, une fois pour toutes, dans cet accès de panique suraiguë des menues frayeurs du pékin. Oui, monsieur Heaume, vous pouvez marcher la tête haute, indifférent à tout ce qui peut surgir, recherchant en vain le petit coup au cœur, le froid dans le dos, l’émotion blanche de l’insécurité. Ainsi ne marchait pas le caporal Heaume, chargé de s’assurer que le bois était vide et qui aurait sans doute sauvé sa compagnie s’il n’avait sombré dans la cacade, s’il n’était rentré sur le ventre huit heures après l’attaque. Passons. Marchons, parrain. Les temps sont changés, vous êtes solide, riche, important, vous sortez de la tour où ronflèrent quinze générations féroces, et la nuit, au surplus, cette nuit, toutes les nuits sont de bons pansements noirs pour ceux qui, sans raison, ressentent comme des blessures dans le dos. Pour moi aussi, d’ailleurs. Alors, quoi, on s’arrête ? C’est une grande scène tendre ?

— Masque de bois, tu es bien comme ton père ! Est-ce que tu te figures que je ne sais rien quand tout le village est au courant ? Si tu t’appelais Marie-Ange, je t’apprendrais à me faire une tête pareille.

Attention, Céline ! le nom de sa fille ne se prononce pas deux fois par an. Il est vraiment ému. Et ce ne sont pas des détails qu’il réclame : il demande à partager. Ce dessous de bras où tu enfouis ton nez ne vaut pas le sillon chaud entre les seins de ta mère ni même le gilet de ton père dont les petites poches sont toujours pleines de calendriers-réclames de la compagnie. Mais ailleurs que là, ce soir, il n’y a pas de refuge, pas d’endroit pour y aller de ta larme, tandis qu’une grosse voix bête te souffle dans l’oreille :

— Mon petit bouchon… Va ! On les étripera tous, tous… Tous ceux qui te font du mal.

Allons maintenant. Le froid gerce mes paupières humides. Pour se rassurer, M. Heaume sort son flacon. Et, glou ! (c’est du marc de pommes aujourd’hui). Mais, par pudeur, au croisement, il va oublier une de ses plus constantes manies. D’ordinaire, le choix n’appartient qu’à ses pieds, et, comme ils sont deux, il est obligé de procéder à une expertise : si le pied gauche est pointé vers la gauche d’une façon plus nette que le pied droit n’est pointé vers la droite, il l’emporte. (Il l’emporte souvent, car M. Heaume tourne du pied gauche.) Cette fois, sans hésiter, à droite toute, il a pris le chemin de Noisière. Par pudeur, également, il cherche à meubler le silence.

— Noisière, Noisière… Calivelle qui se pique de toponymie assure que Noisière ne vient pas de noix, et c’est vrai que la glaise d’ici a toujours détesté le noyer. Elle ne porte vraiment que les arbres en mier. Tu connais l’adage, hein ? Cent pommiers, un cormier, fais ton cidre, fermier. Noisière viendrait de noise qui, dans les temps, voulait dire tapage…

M. Heaume rit, brusquement, comme un soudard. Ses deux bras me soulèvent et m’emportent à hauteur de poitrine, tandis qu’il achève son cours :

— Tout simplement, ma fille, parce que le chemin pique droit sur Saint-Leup. C’est par là que les hommes de Gontran allaient pinter et chahuter Goton à la Taverne de la Couleuvre. Quand je pense que Caré, ce minable, a osé en reprendre le nom !

Je reprends contact avec la terre. C’est un fait, le chemin de Noisière file au bourg. Pourquoi le bourg ? Qu’allons-nous faire au bourg ? M. Heaume, souriant, suit ses pieds, s’enfonce vers le village dont les toits semblent avoir des arêtes plus vives, comme si elles s’aiguisaient sur cette matière dure faite de froid, de silence et de nuit.

XX

M Heaume m’a quittée avec sa brusquerie habituelle : « Onze heures, Céline ! Va te glisser dans les toiles. Si tu rentrais trop tard, tes parents pourraient m’en vouloir. » En fait, tandis que son pas décroît, je me glisse sous le colonnoir et j’escalade ce petit escalier qu’empruntent le secrétaire de mairie, logé au second, Ruaux, titulaire d’une soupente, et les vigiles, dont le local est constitué par la soupente voisine qu’on a débarrassée d’un poussiéreux amas d’archives pour y mettre une table, deux chaises et un lit de camp. Comme la plupart des maisons de Saint-Leup n’ont pas d’étage ou n’en ont qu’un, c’est — très relativement — un poste de guet, d’où l’on domine une partie des toits.

Me voici sur les briques du palier. La porte du local est fermée. C’est étonnant, car Blac a déclaré forfait, « les résultats obtenus étant vraiment trop ridicules », et Papa, encore une fois obligé de boucher un trou, n’est pas l’homme à se servir du lit de camp entre deux rondes. Mais, souvent, il va chez Ruaux, qui dort peu et perd rarement une occasion de dépendre sa langue. Un rai de lumière affirme qu’il n’est pas couché. Un coup, deux coups, trois coups : c’est mon signal. J’y ajoute un cri de souris :

— Céline !

— Cette Chouette ! fait Ruaux, en ouvrant la porte. Je disais tout à l’heure à ton père : « Pour ses étrennes, achète-lui trois tubes de somnifère. »

Il fait riche, le père Ruaux ! Une couverture jaunâtre de l’U.S. Army sur les épaules, le poing gauche enfoncé dans une chaussette (de même provenance) et la main droite brandissant une longue aiguillée de laine brune, il me regarde par-dessus les lunettes de fer qu’il chausse pour lire ou pour repriser.

— Ton père n’est pas là, ajouta-t-il, mais il ne va pas tarder. Comme Vantier non plus n’est pas venu ce soir, il est seul, il a décidé de ne faire qu’un petit tour. Si tu veux attendre là, tu auras moins froid qu’à côté.

Son derrière tombe sur le bord du lit de fer, et l’aiguille se remet à fonctionner, poussée par de gros doigts que ne saurait coiffer aucun dé. Installons-nous derrière la fenêtre, qui n’a pas de rideaux, sur cette unique chaise, seconde pièce de cet étonnant mobilier qui compte encore un poêle gringalet incapable de dévorer plus de trois bûchettes à la fois, une crasseuse commode de bois blanc et ce téléphone inattendu, annexe du numéro de la mairie, le 2 à Saint-Leup (le 1, pardi ! c’est le château), dont le secrétaire manipule chaque soir l’inverseur pour expédier au vieux les appels nocturnes. Pendu à son clou, le clairon rutile, non loin du tambour des criées. Je me détourne, j’écrase mon nez sur la vitre. Chez le coiffeur brille encore le peigne lumineux des persiennes. On veille aussi chez Caré, dans cette chambre qui fait le coin de la rue, en face de nous, et dont les volets sont percés de deux cœurs. Partout ailleurs, les contrevents, les rideaux de fer, les stores, donc les paupières, sont fermés. La place est une sorte de cirque, aux murailles uniformément sombres et d’égale hauteur qu’interrompent seulement la faille de la grand’rue et le pic du clocher. Un train qui n’en finit pas de lisser son rail, très loin, vers l’ouest, porte à Nantes l’ardoise de Noyant ou le minerai de fer de Segré. Pourquoi rester ainsi, bâillante, inutile ? J’attrape une chaussette.

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