Hervé Bazin - L'huile sur le feu

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L'huile sur le feu: краткое содержание, описание и аннотация

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On ne dort plus guère à Saint-Leup du Craonnais : les femmes y brûlent avec une régularité qui exclut le hasard. Et le soupçon, plus encore que la menace, empoisonne le village.
L'incendiaire ? On le découvre au cours de péripéties hallucinantes où chaque personnage se révèle dans sa vérité : Monsieur Heaume, une manière de châtelain ; Degoutte, le menuisier, et son fils demeuré ; Ralingue, l'épicier chef des pompiers ; Eva Colu qui fuit une vie devenue insupportable ; Bertrand, son mari, contraint par une abominable brûlure de guerre à vivre masqué et qui, depuis, combat le feu avec acharnement.
Le cauchemar de Saint-Leup est raconté par Céline, la fille unique d'Eva et de Bertrand. A la lueur des incendies, c'est toute l'existence d'un village qui nous apparaît, dans sa profondeur, avec ses passions et ses rancunes.

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— Un type comme ça, disait le géomètre à sa belle-sœur, M me Dagoutte, si on le prend, pas de pitié ! Il n’y a qu’à l’abattre !

Iaqualabatte, iaqualabatte ! répétait son neveu Jules, l’innocent, qu’on appelait Simplet-la-Goutte et qu’on apercevait toujours, la morve au nez, le sourire aux oreilles, remorquant au bout d’une ficelle un abominable corniaud, mi-roquet, mi-épagneul, qui répondait au doux nom de Xantippe.

Plus loin, un fermier soufflait dans l’oreille d’un autre fermier :

— Moi, maintenant, si j’entends du bruit, la nuit, je décroche mon fusil. Et je te jure que je n’y glisserai pas du sel ! Ni même du sept ! Des chevrotines, oui.

Partout ailleurs, aux abords du café Caré ou du café Belandoux, citadelles masculines, comme devant la Coopé, citadelle féminine, les mêmes phrases tombaient des mêmes moues. « Une honte, madame… Nous ne sommes pas protégés… Une pompe, ça ? Dites une seringue… Je vous accorde Bertrand, mais que voulez-vous qu’il fasse ? »

Cette rumeur l’emportait sur celle des commères qui discutaient d’ordinaire plus pointu. Dans le coin des épingles, c’est-à-dire des fermières vendant sur tréteau ou à même le panier, on ne savait plus saisir la cliente par le bras. L’antienne à deux voix, qui doit être clamée pour être efficace, se murmurait, ne franchissait pas son mètre. C’est à peine si j’entendis : « Ma bette !… Mon cardon !… À ce prix-là, vos douzaines !… C’est que la saison s’avance, ma jolie : l’œuf cher, c’est le poulet bon marché… » Marie du Massacre (une fermière, chez nous, porte le plus souvent le nom de sa ferme), la plus forte en gueule à trois lieues, ne disait rien et, mélancolique ou terrorisée, découpait comme une tarte une immense citrouille au cœur plein de graines retenues par des filets visqueux. À trois pas d’elle, un croupion de dinde sous le bras, Madeleine, la cuisinière du château, dodelinait du chignon en face de la bonne du curé, une Polonaise dont personne n’avait jamais pu prononcer le nom et qu’on appelait Varsovie (ce qui pour beaucoup passait pour un prénom, à peine plus bizarre que celui de la bonne précédente, qui s’appelait Octavie).

— Monsieur, disait-elle, c’est un homme qui ne s’affole pas ! Quand il est parti, cette nuit, il a dit à Madame : « Pas de poulets de redevance, cette année ! Mais, si ça continue, nous n’aurons bientôt plus que des fermes neuves… »

Comme je la frôlais, Madeleine interrompit tout net un commentaire, se tut une seconde et murmura :

— Tiens, voilà justement la petite Tête-de-Drap.

Mon nez se fripa. Colu, Colu… Il n’existait pas de Céline Tête-de-Drap, mais une Céline Colu, fille d’Eva et Bertrand Colu, et qui détestait être affublée du surnom paternel. Retenant une impertinence, je me mis à trotter plus vite, gagnée par l’inquiétude. Pourquoi la vieille avait-elle dit : « Tiens, voilà justement… » ? Était-il arrivé quelque chose à mon père depuis la nuit ? J’achetai en vitesse mon sucre chez Candel. Puis, traînant mon sac plein, je repartis à la recherche de Maman. Nous avions oublié de convenir d’un rendez-vous. Où était-elle ? Chez Coquerault pour le lard ou à la Ruche pour l’eau de Javel ? J’optai pour la Ruche et n’y trouvai personne. Mais, comme j’en ressortais, une caravane composée de la camionnette des pompiers, d’une 4 CV, d’une Simca-huit et de la Panhard déboucha sur la place. Un grand mouvement se fit dans la foule, dont le brouhaha devint plus intense, et qui s’agglutina autour des voitures, malgré les protestations du garde champêtre qui réglait vaguement la circulation.

— Les voilà ! criait-on.

— Dégagez, voyons ! Dégagez !

Renonçant à me frayer un passage, je contournai la place pour aller me poster devant l’épicerie Ralingue. « Céline ! » cria Maman, qui bavardait devant la boutique. Avec Julienne évidemment. Avec l’indispensable Julienne Troche, sa « sœur de communion », voisine et confidente. Enveloppées dans les mêmes blouses de satinette bleue à pois blancs, coiffées ou plutôt casquées de la même manière — à la Jeanne d’Arc, — elles se tenaient toutes deux contre l’éventaire aux légumes, cabas jumelés, derrières jumelés, humeurs jumelées. Leurs sourcils n’annonçaient rien de bon, leurs quatre prunelles noires mitraillaient la foule qui s’entr’ouvrait enfin pour laisser passer une étrange cohorte, composée de M. Heaume, de l’adjoint, du brigadier Lamorne, de deux civils propriétaires de ces serviettes jaunes, de ces tranchants plis de pantalon qui dénoncent les gens de justice, et d’une demi-douzaine d’hommes méconnaissables, innommables, tenant du charbonnier comme de l’égoutier, enduits des pieds à la tête, visage compris, d’une véritable carapace de boue et de cendres. Tous étaient muets, sauf M. Heaume, aussi sale que les autres, mais qui poussait en avant sa grosse rosette du mérite agricole et s’appliquait à faire la petite bouche pour débiter des politesses :

— Vous devez être bien fatigués, messieurs… et vous n’avez même pas déjeuné… Je m’en voudrais de vous retenir plus longtemps. Ces dames, certainement, s’impatientent…

Maman et Julienne firent un pas en avant. Les hommes s’éparpillaient déjà, lourds, exténués. Je vis Dagoutte s’éloigner, titubant, comme s’il était ivre. Seul, Ralingue, qui, loin du danger, reprenait son assurance et son grade, faisait l’important, lançait aux échos :

— Ronflez bien, les gars. Mais tâchez de passer à la mairie ce soir. M. Giat-Chebé, le juge d’instruction, sera là.

Les deux mains sur le ventre, l’épicier rentra chez lui entre deux haies de clients. Alors seulement je vis s’avancer mon père qui, lui, au contraire, hors de l’action, redevenait toujours silencieux, effacé.

— Te voilà tout de même ! fit Maman.

Je me précipitai. Elle m’écarta d’une bourrade :

— Ne touche pas ton père, tu vas te salir.

Lucien Troche, qui suivait Papa, ne fut pas mieux reçu.

— Ah ! t’es beau ! jeta Julienne.

Les deux amis se regardèrent d’un air désabusé, haussèrent chacun une épaule et, sans mot dire, emboîtèrent le pas de leurs femmes.

— Tu ne pourrais pas porter quelque chose, non ? dit encore ma mère.

Papa prit un cabas : le mien. Puis il se ravisa et prit aussi celui de Maman.

*

Nous habitions, les Troche et nous, dans la rue des Angevines — donc dans le quartier bas, — deux maisons presque identiques, situées l’une en face de l’autre : le 6 et le 7. Mais Julienne, au premier tournant, fut accrochée par sa belle-mère. Maman continua seule, en prenant bien soin de garder deux mètres d’avance sur son mari. Depuis la guerre — plus exactement depuis la mutilation de Papa, — elle ne marchait jamais à côté de lui en public. Elle le distançait toujours de deux ou trois mètres et, si par hasard il essayait de remonter à sa hauteur, elle s’arrangeait pour raser le mur en me tenant par la main, très au large, sur les trottoirs étroits du village, de telle sorte que Papa n’y pût trouver place et fût obligé de descendre sur la chaussée. Depuis trois ou quatre ans, j’avais compris, je ne me prêtais plus à cette manœuvre. Mais Papa demeurait à sa place.

— Eva !

Ma mère tressaillit, suspendit son pas une seconde, puis repartit. Quand Papa avait quelque chose à lui dire, il attendait d’être à la maison : c’était l’usage. Et comme un échange de plus de dix phrases entre eux ne donnait pas un dialogue, mais une scène, c’était la prudence.

— Eva !

Maman allongea le pas. Une conversation dans la rue, jamais de la vie ! À peine daignait-elle, en cas de besoin, jeter quelques mots par-dessus son épaule, sans ralentir, souvent sans même tourner la tête.

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