Hervé Bazin - Un feu dévore un autre feu

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Un feu dévore un autre feu: краткое содержание, описание и аннотация

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Un feu dévore un autre feu, un grand roman d'amour, un drame de la passion, enchâssé dans un drame social dont les vingt dernières années nous ont fourni de bouleversants exemples. Imaginaire, se déroulant dans un pays non précisé, en vingt-six jours, cette histoire, où l'amour triomphe malgré tout, emprunte ses passages les plus intenses au tragique le plus réel de notre temps.

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— Décidément, chérie, nous choisissons nos postes ! Nous attirons le pandour ! La dernière fois, c’était en Grèce.

Selma, enfin, se retourne. Dans l’encadrement de la porte dont il donne toujours l’impression qu’il va faire éclater le chambranle, Olivier, époux géant issu d’une race pourtant moyenne, élargit ces coûteuses épaules qui réclament des vestes sur mesure. Aussi massif, mais bien moins débonnaire que de coutume, il gronde, secouant une tignasse sombre assortie au poil qui sort généreusement de l’échancrure de sa chemise :

— Joli travail ! Comme dit le patron, c’est la démonstration de l’impuissance d’un peuple face à la subversion d’une armée moderne. Chair contre char, aucune résistance possible.

Selma hoche la tête : il est comme ça, son brachycéphale brun ; il a l’indignation bavarde, il faut qu’il glose, sans se douter qu’il aggrave ce malaise, cette envie de vomir qui la point.

— Pas tendres, mais pas fous, d’ailleurs, ces messieurs de la Junte ! Rail, route, télé, ports, postes, journaux, ils ont d’abord sauté sur les media et sur les nœuds de communications ; ils ont émietté l’adversaire. Ça restera un modèle du genre.

— Tu parles comme s’ils avaient réussi, fait Selma qui se mordille un ongle.

— Malheureusement ça ne fait plus de doute.

Olivier s’est approché : un bras passé autour du cou de sa femme, il considère à son tour la foule des réfugiés dont trois seulement traînent une valise, tandis que les autres, dépossédés de tout, piétinent un sol dont leur sauvegarde exigera encore qu’ils se séparent. Un serveur distribue des sandwiches et des gobelets de carton paraffiné ; un autre passe avec un broc dont coule un liquide opalescent. Selma ouvre la bouche, puis se ravise… À quoi bon ? Mettre un nom sur un visage — et elle en connaît plusieurs —, c’est lui donner une importance que précisément il vient de perdre ; c’est en faire un privilégié du malheur. Elle murmure bizarrement :

— J’aimerais qu’il y ait moins de cravates.

Ce qu’aussitôt Olivier commente à sa manière :

— Ceux-là s’en tireront en effet. Mais c’est vrai que nous ne pouvons rien pour ces milliers d’anonymes qui se font hacher dans les usines et dans les bidonvilles… La Junte opère chez elle, donc elle a tous les droits. Pour les bourreaux d’enfants, les juges, partout, peuvent prononcer la déchéance paternelle. Pour les bourreaux de peuples, l’ONU devrait proclamer, avec devoir d’intervention, la déchéance de souveraineté.

Jag alsker dig, casque bleu ! dit Selma dont l’ironie — cette fois peu convaincante — aime mélanger les langues. Au fait, que me veux-tu ?

— Ordre du patron : on transforme les bureaux en dortoirs. Moi, je retourne à la porte accueillir les gens. Toi, tu descends t’occuper des enfants.

— Et le nôtre ? dit encore Selma, fronçant de pâles sourcils.

— Nous le récupérerons demain. Les demi-pensionnaires doivent coucher sur place. Toute circulation est interdite à partir de seize heures.

Le ton a changé : l’inquiétude le gagne à son tour. C’est en époux silencieux, attentif à sa femme — et à la fille espérée —, qu’il protège le tout des collisions éventuelles dans l’escalier que dévalent les uns, que remontent les autres, chargés de matelas et de couvertures récupérés Dieu sait où. Porteur d’oreillers, « Monsieur Mercier » lui-même — alias l’ambassadeur — s’est mis de la partie :

— Ménage-toi ! lance-t-il en passant à Selma qu’il tutoie pour l’avoir connue, enfant, quand il était lui-même en poste à Stockholm. Vous, Olivier, rappelez-vous, vous me devez une bouteille de champagne. Je vous l’avais bien dit : avant huit jours ils auront la peau du président. C’est fait : on ne sait même pas ce qu’il est devenu.

Il grimpe avec son barda. Le couple dégringole les dernières marches. En bas la cohue devient dense : Olivier la fend devant sa femme. Mais soudain, tournant la tête, il s’exclame rageusement :

— Bon sang ! Tu vois ce flic ? C’est Prelato, cet avorton de commissaire, qui fait du zèle.

Il s’échappe, il fonce sur une sorte de gnome vêtu, chevelu et moustachu de gris, emmanché de petits bras comme de courtes pattes et qui s’est campé en travers de la porte pour barrer le passage à de nouveaux venus :

— Suivez-moi, j’ai des ordres ! braille-t-il.

— De qui ? En vertu de quel mandat ? De toute façon vous n’avez pas le droit de vous installer à l’entrée de l’ambassade, fait Olivier empoignant si fortement l’argousin par la manche que la couture craque à l’épaule.

Le commissaire se retourne, haussant tout le corps pour hausser le sourcil. Il a l’air provocant des gens dont la cause est forcément la bonne puisqu’elle est en train de triompher. Il grince :

— Attention ! C’est vous qui vous rendez complice d’une rébellion en intervenant dans les affaires intérieures de ce pays. Ces gens ont été convoqués par radio : leur fuite est un flagrant délit.

— Rebelles pour rebelles, je préfère encore ceux-là ! jette — un peu vite — Olivier. Nous ne prenons pas parti, nous secourons des malheureux. Si vos amis échouent, si vous-même demain craignez pour votre peau, nous vous accorderons aussi le droit d’asile.

— Merci ! siffle le commissaire. Je n’oublierai pas de vous citer dans mon rapport. Mot pour mot.

Il s’en va, marchant de biais, crachant trois fois par terre. On entendra bientôt fonctionner à tout va un sifflet à roulette qui, sans doute, réclame du renfort.

III

La canonnade s’est tue ; les avions ont regagné leurs bases, livrant le ciel aux hélicoptères de surveillance qui, par moments, battaient de l’air à point fixe comme le font les tiercelets en train de scruter le sol pour y découvrir une proie. Eux-mêmes un peu plus tard, quand les étoiles se sont allumées, clignant jaune, autour de leurs feux de position, clignant vert, ils ont renoncé, ils se sont enfoncés dans la nuit parsemée de détonations lointaines, de plus en plus espacées ; et l’on aurait pu croire que tout était réglé si des salves, sèches et bien groupées, n’avaient de minute en minute aussi longuement épouvanté l’écho.

Dans l’ombre de ce réduit où règne une odeur indéfinissable, Manuel écoute la respiration de Maria qui dort, tout habillée, assommée par les barbituriques. Rien d’autre dans le silence depuis qu’ont cessé les bruits d’eau, furtifs et tardifs, de leurs hôtes. Rien d’autre, sauf des craquements infimes et, sur une note, quelque chose de plus mince, de plus étouffé qu’un chicotement de souris. Manuel, pour s’abstraire d’insolubles problèmes, s’attarde à celui-là et finit par comprendre. L’odeur ! Crotte et plume mêlées, c’est une odeur d’oiseau. La période des nids est terminée, mais les moineaux, pépiant menu dans leur sommeil, tiédissent sous les solives au duvet des reposoirs.

Manuel serre les dents. Ils s’envoleront demain, les moineaux, ou bien ils grifferont joyeusement les gouttières où les mâles à tête noire grimperont sur de rousses femelles. Paix aux oiseaux, malheur aux hommes ! Combien d’amis se sont comme lui cachés où ils ont pu ? Combien d’autres, cahotés sur les plateaux des ramasseurs, ont depuis deux jours été déversés dans les fosses communes, comme Jorge et Carmen pour leur nuit de noces ? Manuel n’y coupera pas : une fois encore la scène du massacre repasse devant ses yeux…

Alerte et bien graissée, roulant sur ses bons gros pneus, l’AML a ouvert le feu : en six rafales, en six secondes, fumant à peine, oscillant de gauche à droite, de droite à gauche, les tubes d’acier ont fauché le cortège. Arturo, prêt à crier vivat, Arturo qui levait le bras en signe d’amitié, qui n’a pas pensé à lever les deux, qui les aurait sans doute levés en vain, car lever les deux bras signifie qu’on se rend, donc qu’on se reconnaît coupable et dans la férocité de l’action un engin léger, nettoyeur de rues, n’a ni le temps ni les moyens de s’encombrer de prisonniers… Arturo est tombé le premier, en équerre, la colonne vertébrale cassée. José, que les Pacheco surnommaient José Coquelicot, s’est affaissé sur les genoux, puis sur le nez, comme Alfonso, comme tous les autres, criblés de balles dans le dos, et c’est seulement au dernier instant que de cette masse compacte, s’abattant dans un seul sens avec la rapidité d’un jeu de cartes mis à plat par une chiquenaude, s’est dégagée une forme blanche couronnée de fleurs d’oranger et qui, déjà, basculait pour s’étaler, inerte, dans un bouillonnement de tulle.

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